H08-161 [ Acolyte ]

En ouvrant les yeux, la première chose qui me frappe, c’est la lumière. Éblouissante, étincelante. Étourdissante, mais ça c’est peut être aussi à cause du mal de tête que je ressens, ou des courbatures vrillant mon corps. Je me retourne pour me mettre de côté, ramenant mes jambes contre moi en regardant de côté, dans un petit gémissement de douleur sonore qui se répercute sur les murs de la petite pièce. J’essaye de me souvenir de ce qui est arrivé avant, mais rien ne me vient. Ni mon nom, ni ma vie. Mais ça ne m’inquiète pas plus que ça. Je me contente de réfléchir. La douleur et la nausée vient probablement d’une quelconque drogue. Pour oublier comme ça, je ne vois aucune autre explication. Je finis par réussir à me redresser, me mettant debout tapotant sur mon corps pour tenter de calmer les tremblements qui me prennent. C’est étrange. J’ai l’impression d’être effrayé, mais c’est comme si mon esprit voyait ça de l’extérieur, comme si mon corps n’était plus à moi. Un esprit libre et perdu qui se promène dans une enveloppe charnelle inconnue. Je suis interrompu dans mes pensées par un mouvement que je fais malgré moi. Mes doigts caressent le mur. Ce blanc est magnifique. Je le contemple pendant de longues secondes, avant d’entendre le son de la porte qui s’ouvre sur un couloir aussi vide que la pièce où je me trouve.

Je m’avance pour voir un bras mécanique sortir du mur pour me tendre un papier alors qu’une voix se fait entendre. Et je redécouvre ce que c’est que d’entendre des mots. La sensation est… étrange. Je me fais l’effet d’un enfant qui apprend. Et pourtant, je raisonne comme un adulte, ou du moins c’est ce dont j’ai l’impression.

“- Bonjour H08-161. Bienvenue dans la Ruche. ”

Je récupère le papier. Un règlement. Je le parcours rapidement avant de remercier silencieusement le bras qui rentre dans le mur alors que la trappe se ferme. H08-161. Je connais ce numéro. Je n’arrive pas à me souvenir de ce qu’il signifie, mais je le connais. Secouant la tête, je me force à avancer. Ce n’est qu’un mystère de plus. Ce n’est pas le moment pour ça.

Je me sens bien. Je redécouvre la vie et je suis sûr que l’expérience pourrait être intéressante. C’est un retour aux sources. Une nouvelle découverte. Qui sont-ils, qui suis-je ? Nous vivons au jour le jour. Que ce soit une mise en scène ou non, nous faisons parti de ce qui se passe dans la Ruche et quelque soit les raisons qui nous ont amené ici, il nous faut vivre avec. Je ne sais pas si les autres pensent comme moi, s’ils sont inoffensifs, dangereux, s’ils veulent sortir ici ou y rester. Mais dans tous les cas, je suis prêt à tracer mon propre chemin entre ces murs blancs. Il y a tant à retrouver, tant à gagner à nouveau. Cet endroit, c’est peut-être une deuxième chance, finalement. Je ne sais pas pourquoi ce sont les mots auxquels je pense, mais ils me semblent parfait pour ce que je vais vivre ici.

J’agirai comme me le dicte mon instinct et mon esprit. Je ne suis pas un leader. Je ne me sens pas l’âme d’un meneur, mais je ne veux pas faire de vagues non plus. Je veux me contenter d’être comme… Le sable, je crois. Je veux savoir m’adapter peu importe ce qu’on me lance à la figure. Résister à la tempête et repartir de plus belle. Ne jamais flancher. Je pense pouvoir être utile. Je pense être quelqu’un d’assez calme, d’assez sensible, en un sens. Si je peux aider quelqu’un, je le ferais. Quant aux mystères de la Ruche… Je suis curieux, oui. Comme tous les autres, non ? Mais je pense qu’on aura des réponses en temps et en heures, même si ça prend des mois. En attendant, je ne vais pas me forcer à examiner chaque indice, chaque piste. Je vais juste suivre le mouvement et agir en conséquence...

Rien. Si ce n’est un petit tatouage, au niveau de la hanche, juste au-dessus du bassin, à droite. Une phrase écrite en encre noire. “ Esclave de mon art. ”