Tout est devenu flou, complètement fou. (F01-142 & F01-702)

Contre toute attente et après un énième grognement de la part de son estomac, 702 daigne enfin s’aventurer toute seule à l’extérieur de sa chambre, délaissant déjà l’idée de n’être que l’ombre de sa colocataire pour quelques temps. Si hier l’idée lui a semblé plutôt bonne afin de favoriser son adaptation à son nouvel environnement, la jeune femme se sent aujourd’hui prête à apprendre à se débrouiller par elle-même. Une forte conviction poussé par la crainte de paraître vulnérable devant des gens – des numéros – dont elle ignore tout ou encore celle d’être dépendante de quelqu’un qui est tout autant dans l’ignorance qu’elle. Ce serait ridicule, n’est-ce pas ? Puis finalement, l’endroit n’est pas si grand, on en fait vite le tour  et en plus chaque coin est bien délimité. Difficile de se tromper quand on sait où aller. Le coin repas, dans son cas. Son dernier repas ne l’a pas franchement inspiré alors ce n’est sûrement pas par gourmandise qu’elle y retourne, seulement par nécessité. De se nourrir tout d’abord, mais également pour voir un peu de monde et essayer de communiquer avec les autres. La solitude elle a essayé, sans grand succès. Peu importe qui elle était avant, si il y avait réellement un avant, la jeune femme n’a pas l’air d’apprécier de rester seule avec elle-même et ses états d’âme. Est-ce un indice ou est-ce simplement normal ? Difficile de faire la différence quand on rne sait rien sur soi ou encore la soit-disant normalité. Quand on ne sait rien sur rien et que personne ne peut nous renseigner plus que ce que le règlement des lieux fait déjà. Alors sûrement que le mieux que puisse faire 702 dans cette situation, c’est de se fier à ses instincts qui l’ont pour l’instant mener devant des tables et des chaises en bois massifs ou d’autres numéros sont déjà installés pour prendre leurs petits-déjeuners. La jeune femme est satisfaite de constater qu’elle a du choix, cela va lui permettre de jauger vite fait les autres et de se diriger vers la personne potentiellement la plus adaptée à avoir une discussion posée en sa compagnie, et ce même si elle est bien incapable de comprendre ses propres critères. Mais pour l’instant peu importe, une chose à la fois seulement.

Maintenant que 702 a récupéré son plateau dont le contenu est personnalisé grâce à la lecture de son bracelet électronique, elle se dirige vers une fille assisse toute seule, une beauté naturelle et silencieuse. 702 imagine que c’est plus simple d’entamer une discussion de cette façon plutôt que de s’incruster dans un groupe déjà formé et passer pour une plante verte, être seulement à l’écoute ne lui dit rien. Elle a besoin d’interaction, enfin, après avoir passer plusieurs longues heures à se murer dans le silence. « Je crois que le petit-déjeuner est le repas le plus appétissant ici. » En vérité, elle n’a assisté qu’à un  seul autre repas et n’a donc pas beaucoup de points de comparaison mais déjà tout de suite, la différence est flagrante. Maintenant reste à savoir si ce n’est que d’un point de vue extérieur ou si le goût sera également au rendez-vous. « Je peux m’asseoir ? » 702 sent ses lèvres s’étirer pour accompagner sa question, le sourire s’imposant comme une façon évidente de tenter d’inspirer la sympathie à autrui et l’attente d’une réponse comme un indispensable de politesse.