Comme je l'ai noté dans le titre : je n'ai pas les mots.
Ou plutôt, j'ignore ce que je souhaite dire, ni par où commencer.
Je ne vais pas vous mentir, je le connais bien ce forum. Avant tout, il a été une curiosité, comme lorsque vous vous promenez dans un endroit désert et que vous percevez un mouvement du coin de l'oeil. Vous auriez pu l'ignorer, parce que votre intention de départ était toute autre, mais vous ne le faites pas. Pourquoi ? Qui sait. Vous tournez la tête et vous regardez. C'est ce que j'ai fait, en juillet 2017 : mon curseur a glissé, et j'ai cliqué. Et la Ruche m'a happée.
La Ruche, c'est comme une fleur. Elle bourgeonne et les pétales s'ouvrent sur le monde. Elle s'épanouit et fait profiter à tous de l'éclat de ses couleurs, elle accueille généreusement les pollinisateurs, elle abrite les uns et donne aux autres, elle dédie sa raison d'être à tous ceux qui l'entourent en se satisfaisant de peu. Et puis, les forces la quittent, et celle qui fut si rayonnante autrefois lutte contre les affres du temps.
La Ruche, c'est une fleur, et moi j'étais l'abeille bourdonnante qui voletait au hasard, et qui au détour d'un buisson avait découvert ce havre. C'est l'abeille qui eut l'occasion d'en rencontrer bien d'autres, de partager tant de joies, un vent d'euphorie, des CB enivrantes, des liens fabuleux, des réflexions consciencieuses, des rp savoureux, des dessins moqueurs, des Loups Garous désinhibés, du réconfort, des rires, des secrets, des blagues. Oh, j'étais une abeille tantôt bourdonnante, tantôt fatiguée, se débattant incessamment contre le temps, blessée dans sa fonction, et un peu démoralisée. Mais l'abeille s'accrochait à sa fleur, parce que depuis leur rencontre elle lui faisait un bien fou malgré les tempêtes de la vie, jusqu'à ce qu'elle prenne conscience que nous étions aux portes de l'hiver. La fleur l'avait susurré. Et l'abeille voulait garder le souvenir d'un printemps heureux.
Alors l'abeille a, un jour de pluie, décidé de ne plus s'envoler vers sa fleur. Dire au revoir s'était toujours révélé difficile, alors qu'il semblait falloir dire adieu. Elle n'en avait pas envie, et il lui a paru à l'époque plus facile de s'en aller. Peut-être l'aurait-on oubliée, et tout aurait été plus simple.
Et l'abeille que j'étais est partie pour ne pas être témoin de ce dépérissement. Elle en voyait assez dans la vraie vie. Elle a toujours regretté, mais elle s'est concentrée sur ses nouvelles perspectives.
Alors, que dire lorsque, dans un élan de mélancolie - confinement oblige - je me mets à revisiter tous les vieux forums que j'avais créés quand j'étais ado. Allez savoir pourquoi, je retape l'adresse de Hive alors que ce forum-là n'a jamais été l'une de mes créations... et je me rends compte que la fleur ne s'est pas fanée. Que c'était probablement moi qui me suis perdue, qui ai sombré, et qui ai eu l'impression que tout chavirait autour de moi.
Quand j'ai commencé à rédiger ce post, je ne savais toujours pas quel était la réelle raison de mon envie de vous écrire. Le coeur de mon message. Que j'étais heureuse de voir que le forum vivait toujours ? Que j'étais désolée d'être partie sans rien dire ? Que ce forum fait partie des meilleurs que j'ai connus depuis mes douze ans ? Même si je le pense, il s'avère que ce n'était pas mon sentiment principal.
Et maintenant que j'en suis à ces mots, je sais ce qui a motivé ma décision de vous écrire.
En fait, vous me manquez, vous tous que j'ai connus dès mon arrivée en juillet 2017. J'ignore si certains d'entre vous sont toujours là, mais si tel est le cas, sachez que vous aurez toujours une petite place particulière dans mes souvenirs.
Et vous tous qui venez d'arriver, bourdonnez, profitez, et ayez autant de plaisir que j'en ai eu.
Je vous remets ce montage que j'avais réalisé pour la nouvelle année sur Hive, parce que ça résume plutôt bien mon attachement pour ce forum et ses membres.
Prenez soin de vous, surtout en cette période particulière.
Votre bactérie préférée
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