F03-437 [RÉFLÉCHIS]

Comment vous êtes-vous senti lors de votre éveil? Quel était votre état d'esprit, vos premières pensées?
Un oeil d'abord, puis l'autre. Elle laisse la lumière l'inonder quelques instants avant de rouvrir de nouveau les yeux. Non, elle va garder les paupières closes, se rendormir calmement et rêver à d'autres choses. Mais quelque chose en elle se froisse. Les rêves, c'est quoi ? Pourquoi est-ce que ce mot lui vient en tête subitement lorsque ses yeux se ferment ? Son front se barre d'inquiétude. Petit à petit, elle prend conscience de ce corps qui la pèse, de la froideur de la table sur laquelle elle est allongée. Est-ce une table ou un lit ? Elle ne le sait pas. Elle rouvre un oeil, le laisse s'habituer difficilement à la lumière, le referme plusieurs fois avant de se jeter à l'eau. Elle ouvre le second, et laisse son regard se fixer sur un point au dessus d'elle. Tout semble immaculé, ça l'effraie. Elle essaie de se rappeler où elle se trouve, mais elle n'y arrive pas. Elle se heurte sans cesse à un mur. Qu'est-ce qu'un rêve ? Elle frissonne. Ne rien savoir, ça lui fait peur. Elle tente de s'asseoir, mais un mal de tête lui vrille le crâne et la colle contre la table. Elle se contente alors juste de bouger les yeux. Bouger, pour quoi faire ? Elle aperçoit quelques petites choses, qui lui paraissent floues. Une porte, quatre murs. Un semblant de sol. Et sous ses doigts, le froid mordant du carrelage. Non, ce n'est ni une table ni un lit. Un bruit sourd envahit la pièce, la fait paniquer. Il s'arrête mais son coeur continue de battre à tout rompre dans sa poitrine. Elle prend alors conscience d'une faim monstrueuse s'est installée là depuis un moment et lui tord les boyaux. Prenant son courage à deux mains, elle se redresse, s'assoit et essaie de faire taire le mal de tête qui la submerge en même temps qu'une vague nausée. Son regard se promène sur la pièce. Son mal de tête, comme des marteaux qui tapent partout. Elle porte sa main au front, sans savoir ce qu'elle cherche vraiment.
Soudainement, tout s'arrête. Des secondes accrochées les unes aux autres, suspendues dans les airs. Et lorsqu'elles recommencent à tomber, comme des gouttes de pluie, une vague glacée la fait frissonner. Un drôle de sentiment qui s'infiltre dans les vêtements qu'elle porte, dans sa peau, s'infiltre entre ses muscles, perce jusqu'aux os. Elle se sent seule.
Un vague sentiment de solitude, tissé de tristesse.
Est-ce un rêve ? Après tout, c'est quoi, un rêve ?

Comment vous sentez-vous par rapport à la perspective d'être lancé dans un endroit inconnu peuplé de gens qui, comme vous, n'ont aucun souvenirs de leurs vies passées? Craignez-vous que tout ceci ne soit qu'une mise en scène? Croyez-vous devoir cohabiter avec des gens dangereux?
L'inconnu lui fait peur. Elle sursaute au moindre bruit, au moindre souffle d'air qui l'effleure. Elle n'ose pas s'aventurer dans des pièces qu'elle ne connaît pas – pas toute seule, en tout cas. Elle essaie de se rappeler comment elle s'appelle – mais elle se heurte à un mur. Une page blanche qui lui faudrait réécrire. Un grondement sourd monte en elle et un instant, elle est désarçonnée. Comme si elle venait de se réveiller d'une sieste et qu'elle avait perdu tous ses repères. Mais combien de temps a duré sa sieste ? Le grondement persiste, s'amplifie. Elle ne peut pas rester sans rien savoir ; ça la rend folle, de ne rien savoir. Elle ne sait pas trop qu'en penser.
L'inconnu, ça fait peur et ça rassure.
D'un côté, être entourée d'inconnus, ça lui permettrait de tout recommencer. De refaire une vie, de s'octroyer la vie qu'elle n'avait pas pu avoir quand elle se souvenait encore de qui elle était. Elle se permettrait des choses qu'elle n'aurait jamais osé faire avant. Encore faut-il qu'après, elle s'en souvienne… Mais elle se rassure en se disant qu'elle n'est pas seule dans cette galère, que les autres aussi doivent réapprendre à vivre, malgré d'affreux manques à combler. Alors du coup, elle essaie tant bien que mal d'agir comme si elle s'en fichait.
Mais cet inconnu, c'est horrible, il fait peur. Parce qu'elle ignore si, au quotidien, elle côtoie des criminels. Elle ignore si elle-même, elle en a été une. En même temps, si elle, elle ne se souvient pas de qui elle était, de ce qu'elle était avant, il y a peu de chances qu'elle s'en souvienne.
Peut-être qu'au final, avoir tout oublié, c'est un peu une rédemption, une façon de se racheter, de se refaire, si auparavant, les actes commis n'étaient guère glorieux. Alors oui, peut-être que son voisin est un violeur d'enfants, que sa voisine de table, à la cantine est une effeuilleuse qui tuait ses victimes une fois ses services corporels donnés. Peut-être qu'elle-même était la chef d'un gang de mafieux qui, pour résoudre les problèmes, envoyait ses membres faire office de boucliers humains pour se protéger...

Comment pensez-vous agir dans ce nouvel environnement ? Allez-vous suivre le mouvement ? Les règles ? Êtes-vous un leader naturel qui cherchera à regrouper les gens? Voudrez-vous vous rendre utile auprès des autres ? Chercherez-vous à percer le mystère de la ruche ?
Au début, ses yeux se poseront sur tout ce qui l'entourent, décrypteront les moindres choses, décoderont les moindres phrases. Elle cherchera à savoir qui elle est, ce qu'elle fait là. Elle écoutera les autres parler, pour se faire une idée de comment elle doit agir. Elle cherchera à savoir à qui accorder sa confiance pour ne pas être seule si elle vient à aller fouiner à droite à gauche. Non que l'immédiat, elle veuille faire cela, mais si un jour, l'occasion se présentait…
Elle suivrait le mouvement, oui, mais pourtant, suivre le mouvement l'embête. Elle sent qu'elle préfère évoluer à côté, mener sa petite vie, ne rien demander aux autres, ne rien leur devoir. Pourtant, elle sait que si elle veut pouvoir mener cette petite vie tranquille, il lui faut suivre le mouvement. Mais franchement, ça l'agace. Alors, elle fait semblant. Elle fait semblant que tout va bien. Elle encaisse, encore et encore, et prépare tout un tas de plans farfelus qu'elle ne mènera sans doute jamais à terme. Mais ce n'est pas une leader née, bien au contraire. Elle ne se sent pas de diriger des troupes, elle qui semble si attachée à une liberté perdue.
Malgré son côté un brin solitaire et libertaire, elle n'hésite pas à aider les autres quand elle en ressent le besoin – et l'envie aussi. Elle ne fera jamais quelque chose quand un truc la chiffonne. Elle préférerait alors régler ses propres problèmes avant plutôt que de se noyer dans l'aide aux autres pour oublier que ses tracas existent. Mais si on lui demande, alors oui, elle aidera. Cependant, s'il y a des abus, elle arrêtera tout du jour au lendemain, sans justification.
D'un côté, elle veut percer le mystère de la Ruche, elle veut savoir qui elle est, comment elle s'appelle, ce qu'elle est. Elle veut ressentir ce frisson exaltant de se sentir pleinement vivant, de sentir que l'on vaut quelque chose. Elle veut se retrouver, savoir si elle a une famille, un ou une amante, des enfants, savoir qui sont ses parents. Savoir si elle a un travail, où elle vivait, si elle avait une bonne ou une mauvaise réputation – ou bien si elle était neutre.
Mais, d'un autre côté, elle est effrayée par ce qu'elle pourrait découvrir. Et si celle qu'elle découvrait n'était pas celle qu'elle s'était figurée ? Et si c'était une personne qui passait son temps à dénigrer les autres, à se moquer ouvertement des opinions de ses pairs pour les amener plus bas que terre et pour se rouler ensuite dans leur honte, qu'elle leur rebalancera au visage dans de grands éclats de rire ? Et si c'était une personne dépravée, dont les conquêtes amoureuses étaient aussi nombreuses que de petites perles sur un collier sautoir à multiples rangs ?
L'inconnu est pareil au monstre sous le lit.
En plein jour, les ombres s'effacent, et ce puits de lumière rassure, berce. Et la nuit, si le pied dépasse, les ombres la saisissent, la tordent, et on crie jusqu'à se prouver qu'on est réel.

Possédez-vous un signe distinctif? Un bijou? Une alliance? Un tatouage?
Elle a, à l'intérieur du poignet droit, un petit renard et une rose de tatoués. Elle le trouve joli, ce tatouage, et elle aimerait bien savoir d'où il vient. A l'autre poignet, elle porte un bracelet, fait de perles multicolores et de gabarit différents. Avec une perle sur laquelle une lettre est notée. Un O. A moins que ce ne soit un 0. Elle ne saurait pas le dire. C'est comme si ce bracelet avait été fait par des enfants.

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Elle se lève, esquisse quelques pas. Le mal de tête lui vrille toujours le crâne et elle sent toujours la nausée la submerger. Tiens-bon, ma fille, se dit-elle. Tiens bon ! Elle fourre une main dans ses cheveux, comme pour se donner un semblant de contenance. Ses yeux sont interpellés par les contours d'un dessin qui se dévoile de sous une longue manche blanche. Elle fronce les sourcils, s'interroge et relève la manche avant de le . D'où vient-il ? Pourquoi un renard et une rose, et pas de typiques étoiles et cœurs ? Tout en hochant négativement la tête, comme pour chasser de mauvaises pensées, elle détache son attention de son poignet et pose son regard sur la porte. Elle va vers elle essaie de l'ouvrir d'une façon ou d'une autre, sans succès. Alors, elle cherche une autre issue, tâte les murs, commence à paniquer. Dans sa poitrine, son cœur tambourine. Dans sa tête aussi.
Et ça résonne contre les murs. Drôles de tambourinements qui égrènent les secondes puis les minutes. Elle fixe la porte, sans savoir ce qu'elle attend. Elle tente désespérément de calmer les cavalcades dans son corps.
Son cœur.
Sa tête.
La cavalcade.
Alors, elle s'adosse contre un mur, relève la tête vers le plafond et laisse ses yeux s'absorber dans la lumière tremblotante et maladive du néon. Une nouvelle vague nauséeuse la surprend en plein dans ses pensées. A ce moment-là, la porte s'ouvre, dans un petit déclic. Elle sent son cœur reprendre ses cavalcades de plus belle. Elle angoisse de ne pas savoir ce qu'elle trouvera de l'autre côté. Mais une poussée d'adrénaline coule en elle, un feu rassurant l'apaise, fait taire les nausées. Accompagnée de son mal de tête, elle sort de la pièce.
Sous ses yeux, un couloir s'étend. Blanc, nu, vide. Du blanc à perte de vue. Overdose de blanc, elle va vomir. Elle fait quelques pas et se retient à un mur, une main posée sur le cœur. Un vertige soudain la force à inspirer expirer par la bouche, à plusieurs reprises. Elle reste de longues minutes ainsi, à essayer de se ressaisir. Après ce qui lui semble être une éternité, elle se redresse, fixe le couloir et affiche un air déterminé avant de s'y engager pleinement.
Au bout du couloir, une forme étrange se dessine. Et plus elle s'en approche, plus les contours lui sont nets. Elle n'est qu'à quelques mètres de cet étrange bras articulés quand elle s'arrête. Entre les doigts de la chose, il y a une feuille. Elle esquisse de nouveau quelques pas pour s'emparer de la feuille, mais déjà, le bras se tend vers elle pour lui donner le bout de papier, qu'elle prend non sans appréhension.
Ses yeux survolent la feuille, se posent sans ménagement sur le matricule. F03-437. Elle l'avait entendu, bien des minutes auparavant, dans cette pièce vide, pendant qu'elle cherchait une issue. Il avait résonné un moment à ses oreilles avant de se perdre dans les battements de son cœur. Elle avait eu le temps de l'oublier depuis. Le revoir sur cette feuille… Elle a alors l'entière conviction que c'était comme ça qu'elle s'appelait, finalement. F03-437.
Ses yeux sombres se relèvent et observent un instant le bras robotique. Elle tourne la tête et regarde le couloir derrière elle. Et si elle s'en retourne dans la petite pièce vide, qu'adviendrait-il d'elle ? Elle fait un pas en arrière puis un autre, mais elle sent un blocage en elle. Non, tu ne peux pas revenir en arrière. Tu ne peux pas, tu le sais. Avance, alors, avance ! Dans un hochement de tête décidé, ses pieds se meuvent avant qu'elle ne le réalise.
Perdue dans ses pensées, elle ne fait pas attention aux chemins qu'elle emprunte. Elle ne réagit que lorsqu'elle croise son premier être vivant. Une fille à l'air chétif. Elle a de ces yeux bleus, qui semblent percer la moindre personne. Ses cheveux roux bouclés encadrent un joli visage rond. Ses joues légèrement rougies, un vague sourire aux lèvres.
« Pardon, excusez-moi de vous déranger, je… On est où, exactement ? »
La jeune fille sursaute et affiche un air affolé avant de l'apercevoir. Elle ferme les yeux, inspire plusieurs fois profondément avant de rouvrir les paupières et de la fixer. Elle lui adresse un timide sourire.
« Oh, vous venez d'arriver ? Oui, ça arrive parfois, ça arrive… »
« Qu'est-ce qui arrive parfois ? »
La jolie rousse tourne la tête derrière elle comme pour vérifier s'il n'y a pas quelqu'un qui l'observe. D'un air conspirateur, elle se penche vers elle.
« Mais moi, je me souviens, vous savez, je me souviens. Ils pensent que non, mais je me souviens de tout… De tout ! »
Elle est agitée par un rire un peu fou, avant de continuer son chemin et de doubler F03-437. Elle s'arrête soudainement, se retourne vers elle, et lui dit :
« Continuez tout droit. Vous tomberez sur la cantine. Évitez de manger leurs pâtes, elles sont ignobles ! »
Elle lui adresse un petit signe de la main avant de disparaître au détour d'un couloir.
F03-437 est seule.

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Derrière l'écran je m'appelle Alinoé et j'ai 25 ans. J'ai connu le forum grâce à @F01-509 et mes premières impressions sont étranges. J'ai hâte de découvrir plus en profondeur ce que ça va donner !. Je confirme avoir lu les règlements du forum et les règlements de la Ruche et je m'engage à les respecter dans la joie et la bonne humeur, OUI. Ce personnage N'EST PAS UN DC. Dernière chose, J'ACCEPTE UN jumeau pour mon avatar.

JE SOUHAITE UN parrainage individuel par les parrains et marraines après ma validation.