Ca faisait un moment que tu étais là, assise devant ce carré de toile blanche déposé sur la table de bois. Tu avais dîné, un peu, puis, cherchant quelque chose à faire puisque tu n'avais personne avec qui parler, tu t'étais dirigée vers cet endroit. Tu te demandais ce que tu faisais là, un pinceau déniché dans un tiroir alors à ta main, prêt à être utilisé. Tu te cherchais, sans doute, à travers toutes les activités que tu pouvais faire dans ce lieu si étroit pour toi; tu étais en quête constante de savoir qui tu étais. Tu aurais bien aimé que ce pinceau et cette toile t'aident, mais cette première restait blanche, et ce dernier restait immobile entre tes doigts. Tu voulais le faire glisser avec des couleurs sur la surface immaculée, mais rien ne te venait. Une pulsion, puis plus rien; tu ne savais pas, ou plus, comment faire.
Un soupir. Une pensée. L’ennui. Une idée. Puis finalement, ce “flash”. Comme un éclair dans ta tête, une image t’était apparue, claire et nette, et les couleurs, les lignes, les contours, un décor commençaient à prendre place sur ton support.
Depuis que tu t'étais réveillée dans ce lieu, cette "prison", tu n’avais parlé qu’à très peu de personnes, et contrairement à certains, tu ne fouillais pas la Ruche, tu n’essayais pas d’aider les autres, tu ne dirigeais personne non plus. La seule chose que tu faisais, c’était analyser et avoir peur, mais surtout te retrouver. Alors, certaines personnes avaient beau passer non loin de toi dans cette pièce, tu préférais ignorer leur passage car de toute façon, ton esprit était bien trop concentré sur ce que tu faisais pour entendre et faire attention à quoi que ce soit autour de toi.
Tu finis par déposer ton pinceau à côté de la palette sur laquelle toutes les couleurs étaient mélangées, de façon à ce que l’aquarelle qui était encore imprégnée dans les poils du pinceau ne touche pas la table, et tu regardas ton travail, silencieuse.