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 Transcendance ▲ 609

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MessageSujet: Transcendance ▲ 609   Transcendance ▲ 609 EmptySam 13 Juin - 19:00

Indécision devant un verre d’eau. Assise bien droite, le corps roide, les mains moites, elle scrutait sa boisson comme si le liquide allait prendre forme et se mettre à lui parler. Tout ici avait une voix, pour dire des choses absurdement futiles, alors pourquoi pas… Bien sûr, elle avait déjà bu depuis son arrivée, mais, à chaque fois, elle était saisie d’appréhension. Est-ce qu’on les droguait ? Jetant un regard circulaire sur la pièce de vie, elle ne voyait que des individus blancs, sereins, passifs. Elle se demanda combien d’entre eux brûlaient comme elle, intérieurement. Combien voudraient foutre le feu à cet immonde mobilier de bois lourd, pesant, omniprésent. S’ils avaient peur, ils ne le montraient pas. Elle avait envie de hurler. Elle l’avait déjà fait, sans que cela ait eu un grand effet, d’ailleurs. On avait levé les yeux vers elle, peut-être certains avaient-ils compati en silence, se souvenant de leurs propres débuts dans la ruche, mais, globalement, les regards qu’elle avait croisés étaient vidés de toute émotion. De deux choses l’une : soit tout le monde était bien meilleur comédien qu’elle, soit ce liquide insipide contenait de puissants anxiolytiques. Ou peut-être même pire.
609 & 216
TRANSCENDANCE.
Peut-être qu’on les médicamentait pour les lobotomiser à petit feu. Partant de là, tout devenait source d’angoisse. Elle avait parfois des mouvements saccadés de chat qui approche la patte d’un objet potentiellement dangereux, même quand cet objet n’est rien qu’un verre d’eau. Des tressaillements incontrôlés lui parcouraient l’échine tandis qu’une sueur froide lui coulait entre les omoplates à chaque fois qu’elle franchissait le seuil d’une nouvelle pièce. Elle s’attendait toujours à ce qu’on lui fasse du mal. Ou que les murs se mettent encore à lui parler, comme ils le faisaient si souvent, à tout moment. Enfin, lui parler… Plus précisément, les murs parlaient d’elle, ils n’attendaient pas de réponse de sa part, ne faisant qu’énoncer sans pudeur des détails insignifiants, mais pourtant intimes, à son propos. Elle ne savait pas ce qui était pire, entre cette voix sans corps sortie des murs qui s’adressait à elle d’un ton doucereux, et ces meubles d’une tonne chacun, placés là comme pour être pénibles à chaque instant, difficiles à manipuler, difficiles à déplacer, difficiles à apprécier, comme de constants rappels que les habitants de la ruche ne pouvaient que crouler sous le poids de la fatalité.
Finalement, elle ferma les yeux et avala d’un trait le contenu de son verre. Par pur esprit de défi, bien qu’elle sache cela inutile et dérisoire, elle écrabouilla le verre dans sa main. Le plastique craqua, et elle prit le temps d’imaginer le plaisir qu’elle prendrait, si cette voix insupportable avait un corps, à en écraser le frêle squelette, qui ferait un bruit semblable en se brisant.  

Aujourd’hui, elle avait pris la décision d’essayer plusieurs activités. Elle avait l’espoir de vivre un moment d’épiphanie personnelle, si, s’exerçant à une quelconque activité, elle finissait par se souvenir l’avoir déjà pratiquée par le passé. Un déclic salutaire qui la mettrait sur la voie des réminiscences. Peut-être que tout prendrait enfin sens, si elle savait qui elle était avant. Et peut-être qu’elle découvrirait un moyen de pression, ou une façon de quitter cet endroit. L’espace où se trouvaient les tapis de course et les haltères était entièrement vitré, de telle sorte que les personnes présentes dans la salle commune avaient une vue imprenable sur les exploits sportifs des plus téméraires. Mais, admettons qu’après avoir couru de long en large en criant partout à travers la ruche, le jour de son arrivée, la jeune femme était au moins sûre d’une chose à son sujet : le ridicule ne l’embarrassait pas. Les regards interloqués non plus. Lorsqu’elle passa les portes de la salle, la voix féminine sortie des murs l’accueillit de son ton trop aimable et, après avoir énoncé de manière parfaitement intelligible et probablement audible pour les personnes situées à l’autre bout de la pièce des données quant à son poids et sa masse musculaire, elle lui suggéra plusieurs activités, mais lui conseilla toutefois de commencer la séance par un échauffement sur un des tapis. La jeune femme roula des yeux et se dirigea d’un pas conquérant en direction du meuble qui contenait les haltères. Autant être fixée tout de suite. Elle posa d’abord la main sur une pièce de dix kilos, puis elle se ravisa. Sait-on jamais, si elle se foulait le poignet, elle ne serait plus bonne à rien pendant les jours à venir. D’ailleurs, elle ignorait si quiconque serait en mesure de la soigner. Mieux valait être modeste, pour un début. Elle prit deux haltères d’un kilo, une dans chaque main. S’éloignant du meuble de quelques pas, elle s’ancra bien dans le sol, les jambes légèrement écartées, le dos droit. Cette posture lui semblait-elle familière ? Elle n’aurait su le dire. Elle essaya de s’étirer de toute sa hauteur, de sentir chacun de ses muscles, chaque articulation, de se connecter à une part peut-être oubliée d’elle-même. Les bras le long du corps, elle ne chercha pas à soulever les haltères, se contentant de fermer les yeux et de rejeter la tête en arrière. Inspire, expire. Inspire, expire. Inspire, expire. Inspire… le niveau d’ennui qu’elle venait d’atteindre en moins de trois minutes était époustouflant, mais elle n’éprouvait pas de sentiment de déjà vu, même en se concentrant fort. Enfin, elle sentit une crampe se former lentement, insidieusement, dans son mollet droit, et la douleur sourde la fit grimacer. Elle rouvrit les yeux, s’assit par terre, laissant rouler les haltères qui suivaient une déclivité du sol en direction d’un des murs de la pièce, et massa son muscle déjà endolori. Oui, elle avait été une sportive de haut niveau, à n’en pas douter ! Déçue, elle se laissa aller en arrière et s’allongea sur le dos. C’était frais et reposant. Le plafond était d’un blanc d’oubli. Comme les murs. Comme leurs vêtements. Ils étaient tous comme des personnages dessinés au crayon qui auraient soudainement reçu des coups de gomme dans le corps. Ils étaient en voie de disparition. Peut-être que personne ne s’inquiétait de leur sort. Peut-être qu’ils étaient oubliés. C’était finalement pire que d’avoir perdu la mémoire. Imaginer que, quelque part, quelqu’un qui aurait dû se préoccuper de son sort n’a même plus aucune pensée pour elle. Qu’elle n’existe plus à l’esprit de personne. Que personne ne la cherche, que toute trace d’elle est effacée. Poussant un soupir las, elle embrassa sa nouvelle condition de déchet échoué sur les rivages de l’oubli. Elle ne renoncerait pas tout de suite. Mais ce premier échec était suffisamment piteux pour qu’elle s’accorde un moment de méditation morose.
« Et dire que tu espérais accéder à la vérité », murmura-t-elle à part, avec un petit sourire amer d’autodérision.

Code par Jules


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MessageSujet: Re: Transcendance ▲ 609   Transcendance ▲ 609 EmptyDim 14 Juin - 21:27


Transcendance
F06-609. La journée était loin d’être terminée (sa montre ridicule qui semblait être soudée à son poignet affichait quatorze heures) et pourtant, elle avait assez entendu cette suite de chiffres pour l’avoir déjà retenue. Elle ne pouvait se résoudre à se dire que c’était désormais son nom. C’était un matricule, son matricule. Elle était prisonnière, ils l’étaient tous et à défaut d’avoir eu leur "nom" marqué au fer rouge ou tatoué sur la peau, ils l’entendaient tellement à longueur de journée que cela avait le même effet. Ces quelques chiffres étaient incrustés dans leur cervelle et déjà elle se reconnaissait en entendant ce 609 qui la différenciait des autres. Et encore, s’il n’y avait que cela, ce serait relativement supportable mais le pire était cette voix guillerette qui semblait la regarder en permanence et qui commentait absolument chacun de ses gestes. Elle ne pouvait pas se rendre quelque part sans que celle-ci ne lui recommande quelque chose à faire, et lui dicte presque comment le faire. Sans parler du fait qu’elle exposait des détails parfois très personnels sur elle sans se soucier de qui pouvait bien entendre. Mais tout le monde semblait habitué et ne pas y prêter attention. Pourtant, 609, elle, n’en était pas à ce stade et peinait encore à ignorer cette voix qui s’imposait sans cesse à elle. Elle allait la rendre dingue. Et pour éviter de se mettre à hurler et cogner dans tous les murs, voire les autres pensionnaires (le fait que tout le monde semblait se tenir à carreau lui intimait de rester tranquille sous peine de représailles qu’elle n’était pas encore prête à subir pour le moment), elle battit en retraite et se mit en tête de dormir pour échapper à sa nouvelle réalité.

Rester confinée dans sa chambre n’était clairement pas la bonne idée. Elle n’arrivait pas à dormir, ni même à somnoler, ni même à rester allongée à vrai dire. Elle avait d'abord longuement fixé le plafond, puis elle s’était tournée et retournée dans toutes les positions possibles et imaginables avant de se mettre en tailleur. Elle ne pouvait s’empêcher de penser à sa condition, au pourquoi du comment, à la possibilité que le reste de sa vie – dont elle avait oublié le début – se passerait dans cet endroit et cela l’angoissait beaucoup trop. Elle n’était pas encore prête à réfléchir à tout cela. 609 avait alors pris une longue inspiration puis soufflé par la suite toute la lassitude qui l’animait. Il semblait évident que la médiation n’était pas faite pour elle. Elle sauta alors du lit et, à présent comme un lion en cage, elle fit les cent pas. Puis les cent trottinements. Puis les cent pas chassés. Puis les cents bonds. Elle avait visiblement besoin d’évacuer en se dépensant et le lieu n’était pas le plus adapté. Elle se mit alors en quête de son échappatoire et fonça comme si elle faisait la course avec quelqu’un jusqu’à la salle de sport qu’elle avait aperçue plus tôt. Ainsi, comme une biche, elle sautilla jusqu’à sa destination. Elle les avait trouvés ridicules, la première fois qu’elle les avait vus alors qu’elle errait pour découvrir les lieux, ces gens qui s’exerçaient à la vue de tous. Pourtant, maintenant qu’elle ressentait ce besoin oppressant de se remuer, elle se fichait pas mal de devenir l’une d’entre eux. De toute façon, si ce n’était pas eux, c’était cette espèce de Big Sister qui paraissait les observer vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Alors à quoi bon essayer d’avoir un semblant d’intimité et pourquoi craindre d’avoir l’air risible quand tout le monde l’était et que personne n’avait l’air de s’en soucier ? Elle mordit sa lèvre inférieure de rage quand madame-je-n’arrive-pas-à-la-fermer fit son bilan et lui conseilla quelque chose qu’elle n’écouta pas puis, sans prêter attention à ceux qui l’entouraient, elle sauta sur le premier tapis de course disponible.

Était-elle habituée à ce genre d’exercice ? Elle semblait savoir comment s’y prendre instinctivement. Quand augmenter la cadence, quand et comment respirer et à quel intervalle le faire. Peut être que dans l’avant elle avait été une grande marathonienne. Elle roula des yeux à cette pensée qui sans savoir pourquoi ne l’enchantait guère. De toute façon peut être que pas du tout et peut être que c’était simplement un hobby. Il semblait néanmoins assez certain qu’elle était relativement sportive puisque tout lui venait avec une certaine facilité et que son corps qui était loin d’être accablé paraissait entraîné et apprécier l’effort. Quelque chose qu’elle n’aurait su nommer semblait pourtant lui manquer. Cela faisait bien une trentaine de minutes qu’elle courrait sur place tout en réfléchissant à cette sensation de manque lorsqu’une jeune fille à la carrure ma foi pas très impressionnante fit son apparition dans la salle. Tous ceux qui étaient présents avaient en commun – et c’est ce qui les rendaient tous invisibles à ses yeux – qu’ils semblaient tous taillés pour être là. Ils avaient tous des têtes et des corps de "j’aime le sport". Allez savoir comment elle avait déduit cela, toujours est-il que la jeune femme qui venait d’entrer avait quant à elle une tête de… pas de sportive pour le plaisir en tout cas, c’est pourquoi elle avait remarqué son arrivée. Elle avait encore moins une tête de "je pèse trois grammes mais je peux soulever dix kilos avec chaque main" et 609 manqua de tomber de son tapis alors qu’elle observait l’étonnante nouvelle venue. Elle décida d’éteindre la machine dont elle descendit pour souffler un peu… et surtout pour observer tranquillement sans risquer une blessure fatale.

Elle s’essuya son front en sueur et s’étira doucement tout en examinant du coin de l’œil les gestes de celle qui avait finalement décidé de se munir de poids dix fois moins lourds. Elle haussa ensuite les sourcils. Qu’est-ce qu’elle fabriquait à présent ? Qu’est-ce que c’était ? De la yogaltérophilie ? La version hardcore de la méditation où chaque chaque haltère représente un fardeau qu’il faut oublier tout en le portant ? 609 secoua légèrement la tête, autant fascinée par le non-sens du "sport" que pratiquait la jeune femme que par le fait qu’elle ait quant à elle essayé de trouver un sens profond à tout ceci. L’auteure de cette étrange discipline abandonna de toute façon très vite et s’allongea à même le sol. C’est alors qu’elle murmura quelque chose qu’elle pensait que probablement personne n’entendrait, mais c’était sans compter sur celle qui épiait ses moindres faits et gestes depuis quelques minutes.

« Et dire que tu espérais accéder à la vérité. » avait-elle murmuré.

Elle était journaliste, c’était certain ! Elle avait essayé de dénoncer cet endroit quand elle était encore dans le monde extérieur et cela lui avait valu de se faire kidnapper et de se retrouver à l’intérieur de ce qu’elle avait voulu exposer. Elle était néanmoins parvenue à garder sa mémoire intacte grâce à une technique préventive et se souvenait donc de tout. Peut être qu’elle avait des contacts qui la cherchaient et voudraient la sauver ? Peut être qu’elle avait des informations précieuses sur cet endroit qu’elle avait étudié et qu’elle était sa meilleure chance de sortir d’ici. Si pour le moment elle était encore visiblement déprimée de s’être fait avoir, 609 saurait la motiver pour ne pas abandonner et les faire tous (enfin surtout elle) sortir d’ici. Notre coureuse oublia alors tout le mépris que lui avait inspiré sa performance physique et, pleine d’espoir, bondit au-dessus de celle dont elle venait d’inventer la vie. Debout, une jambe de chaque côté du corps allongé, elle croisa les bras, baissa la tête et la fixa de ses yeux presque frénétiques.

« Tu es en plein dedans maintenant, tu n’as jamais été si proche d’elle ! » cria-t-elle presque pour réveiller sa future complice.

Consciente que dans cette posture elle devait plus avoir l’air de la menacer que de l’inviter à se confier, 609 s’accroupit alors à côté d’elle comme si elle continuait ses exercices tout en planifiant son évasion prochaine et cette fois-ci lui murmura :

« Tu peux me faire confiance. Je suis là depuis pas longtemps et je sais encore rien de cet endroits, mais je peux quand même t’être utile. Avec tes connaissances puisque tu n’as pas perdu la mémoire et ma… ma… on trouvera bien... on peut y arriver, et tu pourras enfin finir l’article de ta vie ! »

Complètement intrusive, elle approcha alors sa bouche au plus près de ses oreilles pour que vraiment elle seule puisse l’entendre.

« On peut essayer de trouver d’autres personnes de confiance mais si tu ne préfères pas pour rester plus discrètes c’est pas grave. On pourra toujours revenir les libérer plus tard quand nous on sera sorties... »

Elle se redressa alors, étira tout son dos puis se releva.

« Perds pas espoir on va y arriver ! » conclut-elle en lui souriant avant de se mettre à sautiller sur place.

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