Pestilence ou Pénitence ft. F01-234

Pestilence ou

Pénitence

24/01

F01-234 et F01-023

Froid, froid, FROID !!! Elle grelottait ayant l’impression d’être congelée sur place. Reprenant doucement conscience, elle comprit que c’était de l’eau qui coulait sur son corps. Sans réfléchir, elle s’accroupit, ignorant toutes les douleurs et se mit à boire de longues gorgées à même le jet d’eau glacé. Les gerçures de ses lèvres, sensibles, se craquelèrent et elle se mit à saigner. L’eau, autour d’elle, prit une teinte légèrement rougeâtre, mélange d’eau, de sang et de la crasse dont elle était couverte.

Quand elle eut trop bu, elle vomit devant elle, éclaboussant ses genoux d’eau et de biles, elle n’avait rien mangé depuis longtemps. Ses paupières collées lui faisaient mal mais elle commença à ouvrir les yeux. Elle se trouvait dans une douche qui ressemblait à celle de sa chambre avant la venue d’Aleksa. Elle ne s’en préoccupa pas outre mesure et se remit à boire, plus lentement cette fois et garda l’eau dans son estomac.

Son corps lui faisait mal et elle peinait à se relever mais elle avait besoin d’en savoir plus. Que lui réservait Aleksa cette fois-ci ? Elle quitta la salle de bain pour arriver dans un logement. Il avait tout d’un logement ordinaire mais elle n’osait aller vers les chambres, elle était sûre que tout ceci était là pour la troubler. Ils ne l’avaient pas laissée au bord de la mort pour ensuite simplement la faire revenir. Elle était forcément dans une zone nouvelle, bien plus dangereuse que la précédente ou les pires sévices lui seraient infligés, comme ceux qu’elle venait de vivre, en somme.

Tremblante et sujette à de forts vertiges, elle s’appuyait sur un mur, chancelant à chaque pas, comme une ivrogne et se dirigea vers la sortie du logement. Elle arriva dans le couloir mais ne vit tout d’abord personne à l’horizon. Cela confirma ses idées, elle n’était plus dans la ruche, elle était ailleurs, peut-être dans une autre ruche, peut-être seule ? Cela lui semblait un sort bien enviable après ce qu’elle venait de vivre.

Elle progressa dans le couloir et tomba enfin sur quelqu’un : une jeune femme un peu plus jeune, jolie, avec de beaux cheveux bruns et de grands yeux. Elle était propre, elle sentait bon, augmentant le contraste avec 023. Les cheveux gras, les yeux cernés, injectés de sang, les lèvres en sang, son visage montrait son désespoir. Au-delà de ça, son odeur devait imprégner les lieux : son uniforme gris étaient couverts de tâches brunâtres et d’autres plus claires. Trempée, cela ne suffisait pourtant pas à masquer les effluves d’urines, de déjections et maintenant de bile qui émanaient d’elle. 023, prise d’un vertige, retomba contre le sol, prostrée :

- Ai…dez… mo…i.

Pestilence ou Pénitence

@F01-234 ✧ @F01-023

Le carnet sur tes genoux, tu fais tourner ton crayon à couleurs entre tes doigts, pensive. Sur la première ligne, on peut lire Me llamo M. M pour Myra ? Si depuis ton premier jours dans cet endroit tu étais persuadée que ton prénom commençait par un M, tu l’étais nettement moins pour le Myra. À moins que ce ne soit parce que tu fais un blocage ? Parce que malgré le fait qu’il résonne en toi tu préfères fermer les yeux et faire comme si ce n’était pas le cas ? Car après tout, c’était lui qui l’a trouvé, ce garçon bizarre, et pas toi. Et si depuis le début il insinue que vous vous connaissez d’avant, toi, pour une raison obscure, tu refuses de le croire. Parce que ça soulève de nouvelles questions que tu ne souhaites pas te poser, comme : mais qui est-il ? Ou encore, quelles relations vous aviez pour qu’il te reconnaisse et qu’il décide, pendant plusieurs jours, de te suivre et de t’épier de loin ? Il a été attiré par toi, il l’a dit tout de suite. Mais quoi ? Parce que c’était ton voisin, ton frère, ton mari ? T’as pas de bague au doigt, rien qui puisse t’aiguiller sur cette piste. Et ça te fait peur. Tu culpabilises de ne pas le reconnaître. De ne pas, comme lui, être capable de dire quelque chose sur son identité, ou sur vous.

Dans un soupire lasse, tu fermes ton carnet d’un coup sec, fermant les yeux de longues secondes pour tenter de chasser ces sombres pensées. Quoi que tu dises, quoi que tu fasses, c’est pourtant ce qui tourne en boucle dans ta tête. Qui est-il ? Que représente-t-il pour toi ? Et toi, t’es qui ? Myra, comme il a semblé l’indiquer ? Ou est-ce qu’il n’invente pas tout ça ? La confusion règne et t’enlise l’esprit. Alors il faut que tu fasses autre chose, que tu t’occupes. Que fait Stormy ? Tu ne l’as pas vu depuis votre réveil. Peut-être qu’elle est encore dans votre logement ? Faudrait peut-être que tu lui en parles. Parce que ça te bouffe, toute cette histoire. Alors d’un geste résolu, tu reposes le livre vierge dans un coin (après tout, pour le peu que t’as écrit, il peut bien servir à quelqu’un d’autre) et montes les marches en direction de votre logement.

Tandis que tu t’apprêtes à pénétrer dans ton logement, une silhouette, un peu plus loin, t’interpelle. Tu te stoppes net, son côté sale t’alertant. Parce qu’ici tout est beau, tout est propre. Alors où est-ce qu’elle a bien pu aller pour se mettre dans un état pareil ? Tu te stoppes, analysant ses mouvements saccadés. Elle semble à bout de force, et alors qu’elle redresse sa tête, vos regards se croisent. T’hésites, un bref instant, à tourner les talons et à rebrousser chemin. Faire comme si tu n’avais rien vu et la laisser dans ses problèmes. Mais elle a l’air tellement mal… Et t’es si curieuse… C’est rapidement, au final, que tu te diriges vers elle, bien que méfiante car on ne sait jamais, même si la règle de non agression est en vigueur elle pourrait avoir un élan de folie ? Imaginez qu’elle a passé plusieurs jours dans son logement sans en sortir, sans se laver et sans se changer ? Ça pourrait être une explication… « Tout va bien ? Visiblement non, tu sais même pas pourquoi t’as posé cette question idiote, Je suis là, ça va aller. » Tu te penches et t’accroupis à ses côtés. L’odeur se faisant suffocante, tu te mets immédiatement à respirer par la bouche pour ne pas avoir de haut le cœur et potentiellement lui vomir dessus. « Qu’est-ce qu'il t’est arrivé ? » Là la question devient plus pertinente.

(c) nightgaunt

Pestilence ou

Pénitence

24/01

F01-234 et F01-023

Fort heureusement, la jeune ne la laissa pas. Elle aurait pu pourtant, elles n’étaient que des inconnues finalement et si une certaine solidarité s’était mise en place dans les rencontres qu’elle avait fait jusqu’à présent dans la ruche, cela pouvait n’être qu’une question de chance. Rien ne les obligeait à s’entraider, rien ne les obligeait à être aimable les uns envers les autres et elle aurait tout aussi bien pu la laisser crever là sans que ça n’ait de conséquences particulières.

Evidemment, cela n’allait pas bien. Cela se voyait et se sentait. Elle n’avait plus rien mangé depuis trois jours et ne pouvait dès lors que très difficilement se tenir debout, n’ayant plus de force. Elle essaya tout de même de répondre à la question mais comment expliquer ce qui lui était arrivé ? La croirait-on ? Ses lèvres sèchent saignèrent de plus belle quand elle commença à essayer de raconter :

- Je crois que… j’ai été… punie.

Cet endroit commençait à montrer son côté sombre et tous ceux qui, après, la première panique du réveil avait commencé à y mener une vie insouciante allaient bientôt avoir un réveil difficile, c’était certain. Une fois que l’on s’habituait à l’endroit, les règles, les mystères, tout cela ne semblait être qu’un jeu, un puzzle géant à résoudre. Alors, on se retrouve à tester des choses mais les conséquences ne sont pas aussi douces que les repas de la cantine.

En repensant à sa punition, 023 tenta de s’agiter. Elle regarda furieusement de tous les côtés et ressentait le besoin de vérifier qu’elle pouvait bouger, que rien ne la confinait dans un endroit étroit. Mécaniquement, elle tendait les bras autour d’elle comme pour sentir une coque de verre qui l’isolerait à nouveau. Elle devait paraître folle mais ne s’en rendit pas compte. Les yeux rougis, elle continua :

- Il ne faut pas faire confiance à la ruche, cet endroit est horrible, ne te laisse pas berner. Aleksa n’est pas là pour nous aider. Ne crois pas son sourire.

Son estomac gargouilla. Elle avait des crampes permanentes à cause de son manque d’alimentation mais n’était pas sûre de pouvoir se rendre dans le réfectoire : autant à cause de son manque de force que de son traumatisme. C’était là-bas qu’elle avait été punie et cet endroit lui semblait terriblement dangereux. Brusquement, elle se rappela de sa camarade :

- Et 003, vous l’avez vue ? Elle est rousse ? Elle a disparu aussi ou elle va bien ?

023 imaginait déjà le pire. Dire qu’elle l’avait entraînée là-dedans. Elle ne pouvait qu’espérer qu’Aleksa n’avait puni que la personne à l’origine de la désobéissance et non sa compagne. Dire qu’elle ne la connaissait que depuis cinq minutes… Fixant la brune devant elle, elle ajouta :

- Toi… je ne t’ai jamais vue, je ne sais pas qui tu es, merci.

Pestilence ou Pénitence

@F01-234 ✧ @F01-023

Ton sang qui se glace et ton corps qui se crispe quand elle murmure, tant bien que mal, qu’elle pense avoir été punie. Tu fronces les sourcils, ayant un instant de tétanie, avant, cependant, de prendre une grande inspiration –toujours par la bouche parce que vive l’odeur- pour essayer de rester calme et surtout de ne rien laisser transparaitre quant à ton émoi. Tu aimerais lui poser plus de questions, comme par exemple lui demander ce qu’elle entend par punie, mais y’a son regard, soudainement, qui se voile et la voilà en proie à une agitation. « Calme-toi, tu es en sécurité à présent, que tu souffles en tentant de lui attraper ses mains pour les envelopper avec douceur. » Mais elle ne t’écoute pas. Semble paralysée par ce qu’elle vient de vivre. Traumatisée. Est-ce qu’il faudrait que tu appelles de l’aide ? Des renforts ? Ton regard qui se porte sur les environs, à la recherche d’une deuxième âme charitable pour t’aider à la maintenir si par malheur la situation venait à dégénérer. Mais il n’y a qu’elle et toi sur les balcons, et tant pis, il va falloir faire avec.

De nouveau un frisson qui t’hérisse l’échine quand elle clame que cet endroit est dangereux et qu’il ne faut pas croire les sourires d’Aleksa. En soit, tu ne faisais pas confiance en cet endroit, et il faudrait être naïf pour croire qu’ici tout est beau et tout est rose. Mais c’est bien la première fois que quelqu’un porte un tel discours, avec de telles accusations. Qu’a-t-elle pu bien faire pour en arriver là ? Que s’est-il donc passé ? Là encore tu aimerais lui poser d’autres questions, mais tu sens que vu son état fébrile ce n’est pas vraiment le moment. Pendant un instant, tu te demandes si elle ne serait pas dérangée. Si elle n’était pas tout bonnement folle. Après tout, ça ne serait pas si étonnant que ça que quelqu’un pète un câble. Si elle s’est réveillée dans cet endroit, qu’elle n’a vu personne pour lui expliquer et qu’au final elle est restée cloitrée dans sa chambre sans oser en sortir… ?

Mais elle a nommé Aleksa, donc c’est qu’elle a eu des contacts avec elle. Tout comme elle nomme, ensuite, un matricule. 003. Tu fronces d’autant plus les sourcils, ne sachant pas du tout de qui elle parle. Les matricules ça n’a jamais été ton truc, et ajouté à ça le fait pendant plus de deux semaines t’as évité tout contact avec autrui… Tu finis par hausser les épaules, déconfite. « Non, je ne vois pas qui c’est. Mais ma colocataire aussi a disparu il y a une semaine, et elle n’est jamais réapparue… » Parce qu’il doit bien y avoir un lien entre sa disparition et celle de ta colocataire, non ? Maintenant qu’elle en parle, et surtout que tu y penses… Peut-être que c’est ce qui est arrivé à 509 ? Elle aussi a été punie ?

Elle finit par te remercier d’être venue à sa rescousse. « Je suis M. Tu préfères la sobriété, la simplicité. Et toi tu es ? » Plus par politesse que par réel intérêt. Car de toute façon avec tous les chiffres qui s’emmêlent dans ta tête, tu doutes de réussir à le retenir. T’espères, d’ailleurs, qu’elle se soit trouvé un surnom, comme toi, ce qui rendrait les choses plus faciles. « Viens, t’as besoin d’une bonne douche. Et agrippant toujours sa main, tu l’entraines doucement vers une porte non loin de vous. C’est mon logement, que tu précises, au cas où elle croirait à un piège, ou quelque chose comme ça. » Une fois dans la salle de bain, tu commences à faire couler l’eau et l’aides à se déshabiller, lançant des c’est bien ou des doucement de temps à autre pour l’encourager à continuer ce qu’elle est en train de faire. Tu la laisses, finalement, sous la douche, lui laissant un peu d’intimité, avant finalement de revenir avec un « Tout va bien ? qui n'attend pas vraiment de réponse, suivi rapidement de, Pourquoi t’as été punie ? que tu retiens depuis bien trop longtemps maintenant et que tu ne peux plus ignorer. »

(c) nightgaunt

Pestilence ou

Pénitence

24/01

F01-234 et F01-023

En sécurité ? Vraiment ? Elle a quitté la ruche ? Elle avait mal vu, elle est dans un hôpital ? La personne qui s’approche d’elle est-elle une personne normale et non pas un numéro ? Après tout, elle a dérogé aux règles de la ruche, peut-être qu’après son expérience, ils l’ont punie en l’excluant. Ce serait merveilleux e retrouver la civilisation. Elle n’a toujours pas de souvenirs mais ça ne veut rien dire, elle pourra être aidée, suivie, ils pourront revenir ou alors, elle pourra se reconstruire bien loin de cette horrible prison.

Mais non, en regardant plus attentivement, elle voit que la jeune femme porte l’uniforme réglementaire et l’endroit, bien qu’aussi blanc qu’un hôpital est bien la ruche qu’elle avait reconnu au départ, pour son plus grand malheur. Elle n’est donc pas en sécurité et ne sait pas si elle le sera à nouveau un jour.

En plus, 003 n’est pas réapparue et ne réapparaitra peut-être pas. Elle dit ne pas la connaître mais 003 ne passe pas inaperçu. 023 est encore plus abattue, elle se sent coupable car elle est à l’initiative de l’acte qui a causé leur punition. Visiblement, d’autres disparaissent et elle ne l’avait même pas remarqué. Cela l’enfonce encore plus : ces gens étaient des personnes comme elle et des gens ne se rendent pas compte de leur disparition, comme s’ils n’avaient jamais existé. Est-ce que quelqu’un s’était rendu compte de sa propre disparition ou alors personne ne l’avait remarquée. Est-ce que les gens préfèrent supposer que les disparus quittent la ruche et retourne à leur vie normale pour ne pas devoir s’inquiéter, ne pas devoir y réfléchir ?

La brune la sort de sa bulle, elle se rend compte qu’elle tremble et pas seulement de froid. Elle voit flou et doit prendre quelques secondes pour réaliser le focus sur le visage de la jeune femme et la voir à nouveau convenablement. La question, toute simple, lui permet de reprendre le contrôle, au moins un peu, de revenir dans une sorte d’innocente normalité.

- Mon numéro est 023, je n’ai pas d’autre nom.

Elle se laisse entrainer comme une petite fille en s’agrippant à la main qui la raccroche à la réalité et qui lui semble si rassurante. Elles entrent dans un logement et se dirigent vers la douche. 023 ne cherche pas vraiment à dissimuler sa pudeur, elle n’est pas vraiment en état. Elle a un peu peur de l’eau mais en passant sa main, elle sent que celle-ci n’est pas glacée comme celle où elle a repris conscience mais tiède. Sa compagne sort et elle se laisse envelopper par la chaleur rassurante. Elle se décrasse vigoureusement, retrouvant un peu de vigueur, comme si cela pouvait la débarrasser de l’expérience vécue et, propre, elle s’enveloppe dans une serviette moelleuse. M. revient et l’interroge. 023 sourit pour la première fois depuis son retour. Elle n’a rien à cacher, n’a reçu aucune instruction à ce sujet.

- Oui, ça fait beaucoup de bien, je vais un peu mieux, merci beaucoup. J’ai été punie parce que j’ai échangé mon plateau repas avec une autre personne : 003, celle dont je demandais des nouvelles. Je ne sais pas combien de temps je suis partie par contre. C’est difficile de n’avoir aucun repère temporel. L’endroit où j’étais n’indiquait pas l’heure. J’ai fait 3 nuits sur place dont je me rappelle mais je ne sais pas combien de temps je suis restée inconsciente…

Sujet: Re: Pestilence ou Pénitence ft. F01-234