A l'aube... d'une révélation ? ft. H01-88

Zone sportive. Le dernier endroit où j’aurais mis les pieds depuis que je me suis éveillé. Ma préférence a été tout de suite à la zone de détente et surtout la bibliothèque. Les livres, le savoir. Deux choses qui me rassurent clairement. Là bas je suis bien. Pas de surprise à part mes camarades parfois. Puis je suis allé à la zone de création mais ce n’est pas forcément ce que je préfère. Enfin ce n’est pas tout à fait exact, j’ai juste l’impression que mes capacités de créations ne peuvent être satisfaites avec ce qui s’y trouve, comme si j’étais capable de créer mais pas ainsi. Très étrange sentiment que celui-ci. Que j’ai bien du mal à analyser d’ailleurs car j’ai beau découvrir certaines de mes capacités, sans les souvenirs il est difficile de comprendre exactement de quoi on est capable car ce sont des situations, des rencontres, des apprentissages qui font de nous ce que nous sommes. Pas juste le fait de pouvoir mettre de la peinture sur une toile. Cette expérience me donne décidément beaucoup à penser depuis mon réveil.

Mais même si les livres ont ma préférence il est temps que je fasse un peu de sport. Ce n’est clairement pas vers cela que mon instinct tend mais comme il n’y a rien à faire des journées à part aller de la zone commune à son appartement, je sens que j’ai besoin de courir un peu pour garder la forme. J’ai donc pris des affaires… blanches… et mon regard se porte naturellement sur les tapis de course. Je ne suis pas là pour faire du sport comme certains semblent en avoir besoin, je suis juste là pour entretenir ma forme. Je me décale pour laisser passer une des rares personnes déjà debout quand je me retrouve nez à nez avec toi. Mon souffle se coupe quelques instants alors que je plante mes yeux dans les tiens. J’allais pour m’excuser mais mon souffle se meurt sur mes lèvres et je reste interdit. Cette sensation. Je ne sais pas pourquoi mais ton regard, je suis persuadé que je le connais. Comment est-ce possible ? Je reste assez idiot face à toi et soudainement me reprend en le réalisant. « Ex… Excusez moi je ne vous avais pas vu, je ne désirais pas vous faire peur. » Un doux sourire accompagne cette excuse. C’est réel, je ne désirais pas t’inquiéter.

Je me recule pour te laisser passer, ayant du mal à détacher mon regard du tien mais réalisant que cette situation me dérange. Quelque chose m’échappe. Il est vrai que ma vie passée avant la ruche est un beau vide mais là, toucher du regard un souvenir qui semble à la surface de mon esprit sans pouvoir le voir c’est agaçant. « Médecin ? » C’est vrai que les rumeurs circulent vite ici et je n’ai pas pu m’empêcher de donner quelques conseils à une ou deux personnes. « Oh je ne sais pas si je suis médecin mais je semble avoir quelques notions pour soigner le corps humain oui » Après, est ce que je suis médecin je ne sais pas car je n’ai rien eu de vraiment important à soigner. « Allez-y je vous en prie. » Je ne saurais peut être pas répondre mais ce n’est pas grave, cela permet de discuter. « Je suis H01-88 mais vous devez déjà le savoir » Puisque tu sais que je suis possiblement un médecin. Et puis clairement tu m’observes comme si tu me connaissais. Tout comme moi déjà. Je reste un court instant à te dévisager avant de m’en rendre compte de nouveau. « Excusez moi, j’ai l’impression de vous connaitre. C’est une sensation assez étrange à avoir dans cet endroit » Où nous sommes coupés de tout.

Codage par Magma.

Je souris doucement. « Oui c’est étrange comme sensation. Parfois des choses reviennent soudainement, sans qu’on ne sache pourquoi. »  C’est comme ça que j’ai découvert que j’avais au moins quelques connaissances médicales. Cela ne fait pas de moi un médecin pour autant mais comme je semble être le seul à avoir ce genre de réflexes pour le moment, c’est une supposition qui se tient. Ça pourrait expliquer mon appétit pour les livres, la découverte et peut être ma compréhension des langues étrangères. Un médecin qui parcourt le monde ? Je ne me sens pas physiquement fait pour ça mais il est encore un peu tôt pour en découvrir plus de toute façon.

Mais il n’y a pas que cette sensation qui est étrange. Je suis dans la ruche depuis peu mais je n’ai jamais eu cette impression de déjà vu que j’ai avec toi. Enfin ce n’est pas vraiment ça, j’ai du mal à mettre le mot sur le sentiment que je ressens en te regardant. Je sens juste que c’est fort, ça me prend aux tripes et ça me fait te dévisager, ce qui est fort peu poli. Je m’en excuse, ne voulant pas te gêner par mon attitude et pourtant… Qui peux-tu bien être ? Le fait que tu ressentes la même chose me rassure et en même temps me laisse encore plus songeur. Bien entendu je pense à un lien fort comme peuvent avoir un homme et une femme entre eux mais j’ai l’impression que c’est encore plus important que ça. Que c’est désagréable de ne pas pouvoir mettre un souvenir sur un sentiment comme celui-ci. « Ne vous excusez pas, je comprends ce que vous ressentez »  Puisque je fais exactement pareil.

« Une cicatrice ? »  Cela me sort de mes songes. Je n’ai jamais encore eu l’occasion de voir si j’étais capable de m’y connaitre sur un sujet comme celui-ci aussi je te suis quand tu t’écartes légèrement de la zone sportive. Je te laisse remonter légèrement ton haut et m’accroupit pour regarder ton bas ventre, étant bien trop grand pour juste avoir à me pencher. « Puis-je ? »  Je ne veux pas te toucher sans ton accord et je pose ma main sur ta peau. Ce contact va me créer tout de suite une légère décharge qui va me faire frissonner. Je vais en toussoter pour cacher ma gêne, ôtant légèrement ma main avant d’essayer de me concentrer sur ta cicatrice. Juste ça. Pas ta peau. Rien d’autre. Mais c’est bien pire quand je pose ma main sur la peau douce, rosée et fragile que tu veux que j’observe. Je décale donc rapidement ma main, me rendant compte que je sais où appuyer pour vérifier la profondeur possible de la blessure et vérifier que les organes sont à leur place. « Vous pensiez à une césarienne ? »  Penser médecin… Penser médecin…

Codage par Magma.

« Je le pense aussi » Que cela a été fort entre nous. Je ne sais dire dans quel sens, il me manque les souvenirs comme toi pour mettre un terme exact sur tout ce que je ressens, mais je sais que c’est puissant. Peut être avons-nous été intimes, peut être avons-nous été ennemis mais dans tous les cas nous nous connaissons. Sinon pourquoi est ce que je réagirais autant à ta présence ? Ou alors est ce possible que ce soit encore une expérience ? Difficile de savoir jusqu’à quel point nous sommes des cobayes ou des marionnettes dans cette ruche. Mon regard est accroché au tien et il va me falloir toute la volonté du monde pour sortir de mes pensées quand tu vas me parler de ta cicatrice. Penser en médecin est une bonne chose, cela me permettra de savoir si quelque chose de nouveau me revient ou pas.

Le contact avec cette peau plus fine, plus délicate, celle qui a vécu un traumatisme et s’en relève en devenant plus douce que le reste, me fait frissonner. J’ai déjà ausculté plusieurs personnes ici, même si ce n’était pas pour des cicatrices, et je n’ai pas réagit ainsi. C’est toi, juste toi et cette cicatrice qui me rappelle des souvenirs mais impossible de me souvenir. Ma mâchoire se crispe quelques instants car la frustration et une légère colère vont me gagner mais je l’oublie quand tu réponds à mes questions, passant mes mains sur le reste de ton ventre pour essayer de sentir des traumatismes au niveau de tes muscles. Une césarienne laisse de profondes marques sur un corps. Je ne sais pas pourquoi je le sais mais je le sais. « C’est possible mais je n’ai pas l’impression que cette cicatrice est très profonde. En tout cas elle ne semble pas avoir nécessité de points, ce qui n’est pas normal si c’était une césarienne. Bien entendu il me faudrait plus de matériel pour le confirmer mais j’opterais plutôt pour une blessure à première vue. » Les mots sortent sans que j’y pense vraiment. Au moins cela confirme ma première idée, je connais bien la médecine.

Je me redresse doucement en te laissant cacher de nouveau ta marque et ferme les yeux quand tu poses ta main sur ma joue, la mienne venant se poser sur la tienne un court instant, le temps que tu l’ôter rapidement en m’expliquant que tu portes une alliance. « Ne vous excusez pas, ce n’est pas grave. » Je sais à quoi tu penses, cela vient de traverser aussi mon esprit vu ô combien j’apprécie le contact entre nous. « Je ne porte pas d’alliance. J’ai une chevalière. » Cela fait étrange en bague de mariage du coup, même si c’est possible. Par automatisme je vais faire un pas en avant quand tu vas te reculer, te prenant la main comme si c’était vital pour moi de te toucher. Je vais m’en rendre compte et te rendre ta liberté rapidement, trop rapidement d’ailleurs, car je l’ai fait par réflexe. « Je porte aussi un tatouage mais je ne sais pour quel événement j’ai pu le faire » Je finis par sourire doucement à cette situation délirante. « C’est étrange de mener des enquêtes sur soi. On se croirait dans un mauvais jeu » Plutôt terrible que mauvais d’ailleurs.

Codage par Magma.

« Aucun en effet. » Maintenant que tu me le fais remarquer je n’ai vu aucun enfant dans la ruche depuis mon réveil. Et je n’en ai pas entendu parler non plus. C’est étrange. Il y a toujours des enfants normalement, c’est l’avenir de l’humanité. Bien plus que moi par exemple qui ai déjà une cinquantaine d’années. Cette constatation est intéressante et je note dans un coin de ma mémoire de me la marquer dans mon carnet une fois que je serais dans ma chambre. En attendant je te laisse remettre correctement tes affaires, essayant de calmer mon esprit même si je me rends compte que j’ai du mal à ne pas te toucher. Pourrions-nous avoir été intimes ? Je n’en sais rien. C’est fort mais ça peut être tellement de chose…

Je souris au petit surnom que tu viens de me donner. Oui peut être que ce serait une idée de me faire appeler ainsi, c’est toujours mieux que 88. « Si c’est un accident je ne pense pas qu’il ait été grave. Je pense à une coupure. Pas superficielle car la cicatrice est quand même bien visible mais pas de quoi tuer non plus. Si j’avais du matériel je saurais être plus précis mais là je ne pourrais dire mieux. » Et ça me gène car j’aime que les choses soient claires et nettes et là je ne peux faire qu’un demi diagnostic. Et ça me frustre. Par contre je ne comprends pas cette réaction que j’ai eue en la touchant. Est-ce que je sais comment tu l’as eu si on se connait ? Ou a-t-elle une signification pour moi ?

Je ne sais pourquoi j’ai des réactions aussi instinctives envers toi alors que je suis un homme si calme depuis mon réveil. Tu sembles réveiller une facette à ma personnalité que je n’ai jamais vue encore. C’est étrange et légèrement… Je ne saurais dire le mot qui colle le mieux à ce sentiment… excitant ? Non ce n’est pas vraiment ça car j’ai l’impression de ressentir aussi un léger danger, minime mais présent. J’essaie donc de reprendre mes distances pour devenir calme quand tu viens te coller à moi. Ça brise clairement la tranquillité que je me suis imposé quelques secondes auparavant. « Si tu veux… » Ce n’est presque qu’un souffle… Je suis passé au tutoiement par instinct, ne te quittant pas des yeux alors que tu poses tes mains sur mon torse. Je déglutis doucement, ne me sentant plus maître de mon corps alors qu’une de mes mains vient se poser sur ta nuque pour attirer ton visage vers le mien. Un très court instant, ton visage semble se confondre avec un autre et je papillonne des yeux, mes lèvres touchant presque les tiennes…

Et quelqu’un nous rentre dedans, me faisant émerger soudainement cette transe dans laquelle je suis. Je lance un regard assassin à l’homme qui vient de passer et qui s’excuse avant de reprendre mes esprits. Je te regarde de nouveau et réalise ce qui allait se passer, me reculant pour reprendre mes distances. Pourquoi, je ne sais pas… Pourtant il y a quelques secondes je ne voulais que toucher ta peau et t’avoir contre moi et soudainement il y a quelque chose qui me dit que c’est juste la plus mauvaise idée du siècle. « Excusez-moi » Vouvoiement de protection et je fais de nouveau un pas en arrière. Je venais pour faire du sport à la base donc il est temps que je m’y mette… N’est ce pas ?

Codage par Magma.