Flash aveuglant. - ft. H01-88

La zone sportive. Ce n’est clairement pas vers cet endroit que mes pas m’attirent par instinct mais je me rends bien compte que ce n’est pas d’aller et venir de mon appartement à la salle commune qui va me permettre de garder une forme physique correcte. J’ai l’air plutôt en bonne santé de base, avec un corps pas très musclé mais loin d’être maigre pour autant donc c’est que je l’ai entretenu pendant les… cinquante dernières années. En tout cas c’est à peu près l’âge que je me donnerais si je devais choisir. Je viens donc pour la première fois ici, me disant que courir tranquillement serait certainement le meilleur sport à faire pour m’entretenir sans trop forcer. Ça manque peut être un peu de nature pour courir mais je n’ai pas l’impression que je suis le genre de personne à apprécier courir au milieu de la foret, je suis clairement un homme d’intérieur et très bien dans un canapé près de livres.

Je commence donc doucement, marchant vite avant de me prendre compte que je peux courir sans soucis. Finalement ce n’est pas si dure. Cela n’a rien de passionnant mais en tout cas ça fait du bien. Mon esprit se perd dans les dernières découvertes que j’ai faites sur moi. Les langues étrangères qui semblent m’être si faciles et mes réflexes fassent aux gens qui ont des soucis de santé. Suis-je médecin ? Je ne saurais le dire, je n’ai pas l’impression d’avoir pour vocation d’aider les gens et pourtant je trouve très intéressant ce que j’étudie. Peut être que cela me reviendra un jour. Mais pouvons-nous vraiment nous souvenir ou est ce qu’on reviendra de nouveau sans souvenir dès qu’on commencera à vraiment savoir ce que nous sommes ? Sommes-nous des expériences ? Sommes-nous des victimes ou des bourreaux qui devons rester ici pour le bien des autres ? Tellement de questions.

Je sors de mes pensées quand tu t’écroules à mes côtés et manque de tomber aussi, n’ayant clairement pas des masses de réflexes. Je me récupère comme je peux et arrête mon tapis avant de venir rapidement t’aider à te relever. « Attendez, je vais vous aider. » Je te propose mon bras pour que tu puisses reprendre ton équilibre et te propose d’un geste de la main de t’asseoir sur un banc derrière. « Comment vous sentez vous ? » Je frissonne un court instant, cette situation me parait étrangement familière mais pourquoi ? Enfin ce n’est pas le moment de penser à ça aussi je chasse cette impression de ma tête pour rester à tes côtés. « Je semble avoir quelques notions de soins, voulez-vous que je regarde votre cheville ? » Puisque tu sembles fragile sur tes appuis. « Je me nomme 88. » Ca me fait toujours étrange de me présenter ainsi mais c’est toujours mieux que de ne pas avoir du tout d’identité même si c’est un matricule.

Codage par Magma.

Je ne relève pas le « oh ça va ». J’ai l’impression que dans cet endroit il y a beaucoup de gens qui n’ont pas envie de parler d’eux ou bien de dire ce qu’ils ont. Tout le monde cache ce qu’il ressent, ce qu’il possède. Je ne sais pas si ce sont les gens qui sont comme ça de base ou bien cet endroit qui rend les gens ainsi. Certainement un peu des deux avec un bon pourcentage sur la dernière hypothèse. Je me contente donc de te sourire en ne touchant pas à ta cheville si tu ne le désires pas. J’ai tendance à respecter ce que les gens désirent aussi je me contente de me poser à tes côtés, cherchant du regard si tu as une bouteille d’eau pour que tu puisses boire un peu comme je ne peux te donner de la mienne. Le tutoiement ne me dérange pas, je note que tu y passes naturellement, moi qui suis de base au vouvoiement. Il faut de tout pour faire un monde et clairement il  y a un monde entier dans cet endroit.

« Je peux t’aider ? » Même si tu dis que ça va, si je peux t’être utile, je le ferais. Si tu le désire pas je te laisserais tranquille tout simplement. Après tout on ne supplie pas les gens de les soigner. En tout cas, clairement, ce n’est pas dans mon état d’esprit. « Tu n’es pas le premier à faire cela. Je me dis qu’il serait temps que je fasse pareil » Je réfléchis quelques instants. 88 fait androïde, machine voir prisonnier en effet et cela fait plusieurs personnes qui me parlent de prendre un surnom pour que cela fasse moins impersonnel. « Doc peut être. C’est ainsi que plusieurs personnes me nomment. C’est une fonction mais c’est toujours mieux qu’un matricule » Car je n’ai aucune idée de surnom et je sens que prendre un prénom qui ne sera pas le mieux m’est assez… désagréable. Cela manque de précision.

« Javier ? C’est espagnol non ? » Je parle anglais pour ma part. En tout cas c’est la langue qui me parle le plus et dans laquelle je suis le plus à l’aise pour le moment. Parfois j’ai l’intuition que ce n’est pas ma langue natale mais plutôt celle que j’ai apprise pour parler à tout le monde. D’un autre côté, si je suis réellement médecin, il n’est pas délirant que je parle anglais. C’est une langue internationale. Mais je ne parle pas espagnol. Italien oui, je viens de le découvrir mais l’espagnol je dois juste savoir le décrypter à peu près sans pour autant le parler. Par contre clairement j’ai pas du tout compris le coup de la blague aussi je t’observe un peu surpris. « Une blague ? » Je ne dois pas être un grand humoriste. « Tu es espagnol ? » Ou c’est justement ça la blague ?

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Flippant je ne trouve pas. Impersonnel oui mais je préfère encore avoir un matricule que rien du tout et je me dis qu’assumer l’avoir est aussi une façon de lui faire comprendre qu’on n’est pas prêt de plier même si on nous déshumanise. Mais vu qu’on commence pas mal à m’appeler Doc c’est une autre solution pour se trouver un surnom et évoluer en attendant de retrouver ses souvenirs. Ce surnom me parle de toute façon. Comme si c’était normal même si je me rends compte en soignant des blessures plus générales que je sais le faire mais que clairement ce n’est pas ma spécialité. Après tout j’ai du commencer par des études générales avant de m’orienter peut être. Je sais juste une seule chose : je n’étais pas psy.

Je m’installe à tes côtés en buvant de mon eau et en observant ta cheville comme tu sembles avoir mal. « Tu permets que j’y touche ? » Parce que je ne peux pas le dire comme ça, sans avoir fait un examen. Je me relève donc pour m’installer en face de toi, posant ton pied contre ma cuisse après avoir viré ta chaussure. « Je risque de te faire un peu mal mais ça ne va pas durer longtemps. » Juste le temps de vérifier les mouvements qui te font mal et comment ta cheville bouge. « Tu es tombé ? Ou tu as pris un coup ? » Parce que ça peut aussi être une autre cause mais ce sera bien plus compliqué à gérer qu’une foulure vu le peu de ressources dont je dispose pour pouvoir soigner les gens. Si c’est une foulure et que tu écoutes les conseils que je vais te donner ça devrait aller mieux. Tu garderas une fragilité mais tu pourras marcher.

Hélas pour toi je suis un homme très terre à terre et je découvre aujourd’hui que l’humour n’est clairement pas un de mes traits de caractère. Je peux faire des remarques amusées ou jouer sur les mots mais là je passe clairement à côté. « Je vois » C’est vrai que plusieurs pays parlent espagnol. Moi je suis particulièrement à l’aise en anglais mais je sens que ce n’est pas vraiment la langue qui m’est la plus naturelle. Impossible de mettre la main dessous pour le moment. En tout cas je ne vois toujours pas la blague mais le rajout que tu fais me faire sourire quand même. « Pourquoi pas ! Après tout on peut aussi se réinventer. » Puisque nous n’avons plus nos souvenirs on peut choisir aussi de refaire sa vie non ? « Peut être qu’on nous offre une semaine chance. » Même si c’est une drôle de façon de le faire : de nous enfermer pour nous offrir cela mais pourquoi pas après tout. On ne sait pas ce qu’on était avant, peut être que c’est normal qu’on soit là voir qu’on l’a choisi. Tellement de questions… « Je te fais pas trop mal ? » Je demande, sensible à tes réactions quand je bouge ta cheville.

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« Non je ne l’ai pas vécu » On m’en a parlé car tu n’es pas le premier que je soigne après le tremblement -je me suis déjà occupé de l’épaule de 7- mais je n’étais pas encore éveillé à ce moment là. « Je me suis éveillé il y a 6 ou 7 jours » J’ai pris mes marques mais je découvre encore pas mal de choses comme la salle de sport dont je foule le sol pour la première fois. Je m’installe donc en face de toi pour pouvoir toucher à ta cheville en écoutant ton explication. « Ça va ta tête du coup ? Pas de vertige ou c’est ce qui t’as fait chuter à l’instant ? » Maintenant que tu me parles de commotion tu peux être tombé à cause de ta cheville mais aussi d’un malaise. Voir des deux. Mécanisme de médecin, je préfère poser des questions et savoir exactement la situation pour te venir en aide. Il semblerait que certains automatismes ne se perdent pas.

Comme ta cheville que je sais comment bouger et masser pour vérifier son état. Pourtant je n’ai aucun souvenir de l’avoir déjà fait ou bien d’en avoir les connaissances mais le fait est là : je sais le faire. « Le plus important est que tu ailles bien. » Simplement. Je ne peux pas deviner ce que tu ne me dis pas de toute façon. Si je peux soigner tes soucis physiques je ne peux pas t’aider pour ce qui est de tes phobies. Je continue de bouger doucement l’articulation, regardant l’inflammation et les bleus qui s’y trouvent, sans trop faire attention à ton humour. Si la réflexion sur Michel m’a fait sourire je suis clairement passé à côté du reste. Certainement un homme trop terre à terre…

« Rien ne t’est revenu… d’instinct ? » Comme moi et la médecine par exemple. Après j’ai la « chance » d’avoir trouvé rapidement des gens qui avaient besoin d’aide aussi cela m’est paru évident mais il y a beaucoup de métiers qui ne peuvent pas revenir aussi facilement. Mon regard passe sur ton torse quand tu me réponds que tu as un piercing au téton avant de revenir vers ta cheville. « Ce n’est pas forcément de la dépravation. Tu pouvais tout simplement l’avoir toujours voulu. Ou c’est une zone sensible, ce qui donne un moyen de la stimuler. » Puisqu’en touchant au piercing ça réveille alors tout le corps. « C’est juste une façon comme une autre de se faire plaisir » Pas de la dépravation. Tout le monde a le droit d’avoir ses délires après tout. J’ai dit ça le plus naturellement du monde, comme si je connaissais.

J’ai en effet senti le souci quand tu retiens ton souffle et je manipule plus doucement ta cheville. « Il va falloir qu’on la bande correctement car il faudrait qu’elle soit bloquée pour se remettre bien. Tu t’es foulé la cheville. » Il va falloir qu’on se serve d’une chemise comme j’ai fait avec 7 pour faire quelque chose d’efficace. « J’ai un tatouage sur l’avant bras et des tatouages que j’ai fait effacer certainement. » Je te montre le dessus de ma main droite où un tatouage a clairement été brûlé. Ça a l’air de former une étoile mais plus rien n’est visible à part la peau fine et sensible qui se forme après une brûlure. « Rien de plus, pas de cicatrices ou autre. » J’ai bien aussi une chevalière mais pour le moment ça ne me dit vraiment rien. « Et toi ? »

Codage par Magma.

« Si tu as encore des vertiges il faudrait que tu fasses attention. Pas de douleurs en plus au niveau de la tête ou des cervicales ? »  Je ne pense pas qu’une commotion cérébrale puisse avoir des effets à aussi long terme mais par contre quelque chose à pu bouger au niveau de ses cervicales pour te créer des vertiges. A voir. Je ne me sens pas l’âme d’un ostéopathe mais faut tester pour le savoir. En attendant je m’installe face à toi pour regarder ta cheville, la bougeant doucement jusqu’à ce que tu me parles de cette histoire de dépravation. Comment est ce que je sais ce que je viens de te raconter ? Du bon sens tout simplement. Je pense en médecin et je sais bien qu’une légère douleur peut être désagréable comme électrisante. De ce fait il peut être intéressant de se faire poser un piercing sur certains endroits du corps pour que le frottement a lui seul créé ce genre de décharge. C’est une évidence pour moi et je te le dis comme ça, sans penser à faire une blague et très loin d’une quelconque drague, c’est juste… une évidence.

Concentré sur ta cheville je suis surpris quand tu éclates de rire et t’observe de nouveau, me rendant compte que tu ne t’attendais peut être pas à ce genre de réflexion. C’est vrai que tu as l’air de jouer surtout avec l’humour, sentiment que j’utilise peu, étant du genre assez terre a terre en premier lieu. Cela m’arrache donc un sourire car je réalise que je dois être le premier à te dire ça. Pourtant. En plus il suffit de tester pour le savoir. Enfin pour le moment je suis occupé sur ta cheville, on reprendra ce sujet plus tard et je t’explique ce qu’il faut faire avec ta cheville. Je vais pour te proposer d’aller dans une de nos chambres pour récupérer une chemise quand tu ôtes simplement la tienne. Soit. C’est une solution aussi et je la récupère. Je me redresse pour emprunter un couteau sur la table de la salle de repas et pouvoir faire des entrées dans le tissu. Une fois fait je reviens et tire sur la chemise pour faire des bandes de tissus. Elles ne sont pas bien grandes mais pour avoir déjà testé avec 7 je sais comment faire pour me servir de tout le tissu.

Avec douceur je commence à bander ta cheville. « Cela va être inconfortable comme il aurait fallu le faire avant mais la douleur va passer. » Hélas je n’ai rien à te donner pour que ça passe plus vite, on se moque bien qu’on puisse souffrir ici. Je fais un premier essai pour voir si ça tient alors que tu me parles de tes particularités. Je relève donc le nez de mon ouvrage pour regarder ton tatouage. « Un prénom ? J’ai une citation de mon côté. » Je remonte ma manche pour te montrer une écriture sur mon avant bras droit : The long awaited gift bearer. Peut être une personne proche, peut être quelque chose que j’ai beaucoup attendu. Compliqué de savoir. Mon regard se pose sur ta jambe quand tu me parles de cicatrice. J’observe avec intérêt l’endroit, penchant la tête sur le côté. Avec douceur je pose mes mains chaudes pour ton mollet, le bout de mes doigts suivant la ligne qui va se ta cheville au genou.

Comme chaque cicatrice que j’ai touchée jusqu’à présent je sens un frisson remonter le long de mon échine à sentir la ligne absolument parfaite qui sillonne ta peau. Je n’ai pas besoin de plus pour te confirmer que… « C’est une opération chirurgicale » C’est bien trop net pour que ce soit autre chose. Je suis doucement de mes doigts la cicatrice en essayant de sentir quelque chose qui pourrait me donner plus d’informations. « Sans radio je ne vais pas pouvoir te dire précisément ce que tu as eu mais je dirais que c’est une blessure qui a nécessité une chirurgie pour remettre correctement l’os et certainement rajouter des vis. » C’est ce qui me parait le plus logique mais c’est compliqué à sentir à mains nues. Je pense que j’en sens mais elles peuvent s’être intégrées à l’os aussi. Je mets quelques temps à lâcher la cicatrice avant d’avoir le regard attiré par une jeune femme qui passe pas loin et t’observe avec intérêt, passant son regard sur ton piercing. J’ai l’impression que la zone sportive intéresse du monde pas seulement pour ça et ça me tire un sourire. « Tu devrais tester pour savoir à quoi t’attendre. » Et pour que tu comprennes de quoi je parle j’effleure juste ton piercing en me redressant.

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Je laisse ta cheville tranquille, je t’ai fait assez mal et te donne mon avis sur ta cicatrice. Mon diagnostic serait plus précis si on avait une radio mais c’est mieux que rien. En tout cas cela a été bien soigné, tu peux être tranquille. J’observe avec un petit sourire la façon dont tu te comportes face à la jeune femme qui avance, clairement intéressée par toi et le piercing que tu arbores. Cela ne semble pas bien m’atteindre alors qu’elle m’observe ensuite. Elle est fort jolie mais cela s’arrête là, j’ai tendance à ne pas faire attention aux gens pour une autre raison que professionnelle. Sauf une personne dont j’apprécie l’absence d’ailleurs même si mon regard s’est porté sur l’endroit où je l’ai rencontré la première fois. Ce sentiment étrange continue de me poursuivre mais je le repousse, comme si c’était trop dangereux de s’y plonger…

Simplement, comme ci c’était naturel, je me redresse et frôle ton piercing, très conscient de ce que je fais. Je pars du principe qu’il faut tout savoir de soi si on veut pouvoir maîtriser son entourage aussi je te le fais remarquer. Nous ne savons déjà pas à quoi correspondent nos tatouages, nos cicatrices, on peut au moins essayer de comprendre certains détails physiques et celui-ci en est un. Je croise ton regard quand tu rougis, surpris de ce que je viens de faire. Je me dis que je n’ai clairement pas tort en pensant que tu es juste sensible. Qui ne le serait pas après tout ? C’est typiquement le genre d’endroit qui l’est.

Je te tends la main pour t’aider à te redresser, voir si tu es capable de marcher avec le bandage que je t’ai fait, mais n’insiste pas vu la gène qui vient de t’emparer, pas du genre à juger ou bien vouloir savoir coûte que coûte quelque chose. Au moins tu vas peut être te poser des questions. Ou bien plus jamais parler de ton piercing, c’est possible aussi. « Oui tu peux. Fais quelques pas pour voir. » Je t’observe, regardant ta cheville et la façon dont tu compenses le manque de mouvement pour voir si cela ne va pas te faire mal mais c’est correct. « Ce serait bien que tu gardes cela au moins trois jours donc évites de le mouiller sous l’eau. Ensuite viens me voir et on verra si ça va mieux ou si on refait un bandage. » C’est le mieux que je peux te proposer pour le moment avec ce que nous avons dans la ruche. « N’hésites pas si tu as besoin de quoique ce soit. » Et je te laisse tranquille, revenant à mon tapis de course car tu veux certainement récupérer une chemise de nouveau et te reposer comme j’ai appuyé sur des endroits sensibles.

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