Qu'est-ce que tu sais toi ? ft. H01-064

C’est comme si rien n’avait changé. Tout est comme je l’ai laissé. Je crois que j’ai été enfermée pendant plusieurs jours. Mais j’ignore combien de temps exactement. Il n’y avait pas d'horloge dans “la salle sans fond”. J’ai décidé de l’appeler comme ça. C’est bizarre de voir autant de personnes après un isolement. J’ai la sensation que tout est décuplé, exagéré. Trop de monde, trop de mouvement, trop de lumière. C’est plus fort que quand je suis arrivée ici.

Je vais aller au réfectoir. Je sens que j’ai faim. Il faut que je mange pour ne pas m’affaiblir. Je remarque quelques nouvelles têtes. Encore des nouveaux. Combien sommes-nous ? La structure n’est pas extensible. Combien pouvons-nous être ici ? Je me faufile dans la file. J’écoute ce que les gens se disent. Tout le monde ne parle pas. Il y en a beaucoup qui ne parle pas. Alors ceux qui le font je prête plus l’oreille. J’arrive au niveau d’un distributeur sans même m’en rendre compte. Je ne sais pas quoi prendre.

Je me rend compte maintenant que j’évite les contacts. Je ne veux pas voir Aleksa, son sourire et sa prison. Je prend le potage et un thé. On dirait que pour l’instant mes droits sont restreints. J’espère que ça ne durera pas. Je n’ai pas envie d’être avec trop de monde. Il y a une table qui n’est pas encore prise d’assaut. Je pose le plateau et j’enjambe le banc. J’attrape la cuillère pour remuer le liquide.  Je fais un geste circulaire et lent. Mes pensées se perdent.

Je regarde l'homme qui se retrouve en face de moi. La table en bois nous sépare d'un bon mètre. Mais ça n'empêche que son aura est là. Je vais prendre un air assuré. Je suis dans une course à la survie. C'est encore plus vrai qu'avant.

_“... salut. Je vous ai entendu dans la queue. Qu’est-ce que vous savez sur la Ruche ?” Je regarde l’homme dans les yeux. Je ne sais pas son matricule. Pour l’instant je m’en fiche. J’ai commencé à parler très bas. Maintenant je chuchote carrément. “ Sur… les IA ? ” Je me penche vers lui qu’il entende bien mon murmure. Discrètement, je lance un regard à droite, à gauche. Pour le moment, personne ne fait attention à nous. Tant mieux, que ça continue comme ça. Je n’ai pas du tout envie d’être interpellée. Mais… Il faut que je sache.