Besoin d'une place au congel' ? ft. F02-042

Depuis combien de jour étais-je la ? Je ne sais plus, mon cerveau est aussi vide qu’au premier jour. Mes nuits s'enchaînent sans rêves et j’évite les gens au maximum. J’ai bien comprit qu’on est tous dans la même galère, mais je n’ai confiance en personne. Je doute même de moi à vrai dire. Comment me faire confiance alors que je n’ai aucune idée de qui je suis ? Impossible. Alors je passais la plupart de mes journées dans ma chambres, à attendre que le temps passe. Je n’ai jamais autant fixer un plafond de toute ma vie. L’espoir d’y trouver un quelconque indice sur mon passé était évidemment nulle, mais j’y croyais. Après tout, je n’avais que ça pour y croire.

Avec les jours qui passaient, j’ai aussi prit l’habitude de passer régulièrement la main sur mon ventre légèrement rond. Je n'étais pas assez avancé dans ma grossesse pour le sentir bouger, mais je ne sais pas, je ressens ce besoin de le sentir au plus prêt. Je ne sais pas non plus qui il est, et qui est le père de ce petit-être grandissant en moi. Comment je pourrais l’élever ici, sans savoir quoi que ce soit sur nous deux ? Un long soupire s’échappe de mes lèvres. Mon futur est aussi vide que mon passé, et cette idée ne me réjouis pas des masses. Je sens sous mes doigts un gargouillis émaner de mon estomac. Le bruit qu’il fait résonne dans la pièce et  me fait sourire. Au moins, mon corps n’a pas oublié que je devais le nourrir, lui. Les besoins primaires semblaient bien au dessus de ce qui nous arrivait au moins.

Avec une flemme spectaculaire, je décide d’aller vers les espaces communs. Je m’y limite tellement que je ne connais pas encore les lieux propres à chacun de mes besoins. Je traîne les pieds en y allant et en espérant croiser personne.  Par chance, tout le monde semble être occupé ailleurs que la ou je me dirige. Je ne croise personne et c’est presque avec honte que je jubile devant ce calme. Dans mon malheur, j’ai de la chance. Je me dirige vers ce que je crois être l’espace restauration. Je remarque la fontaine abimé, sans vraiment la remarquer. Après tout, je l’ai toujours vu comme cela, alors pourquoi j’y ferais attention ? Alors que mon cerveau bloquait sur la machine à nourriture, attendant patiemment ma ration je ne fis pas attention à ce qu’il pouvait se passer autours de moi. Dans mon monde, j’attrape mon repas quand à quelque centimètre de moi j’entends une voix féminine me poser une question bien personnel.

Sous le coup de la surprise je lâche un petit cri aigu et renverse une partie de mon repas sur ma chemise en sursautant. Heureusement, ce n’était pas chaud, seulement une  truc à la couleur verdâtre dégoûtante qui coule lamentablement sur ma chemise blanche. Je la regarde étonnée, réalisant sa question si directe. Presque impertinente. En l’observant brièvement, je remarque que son visage ne reflète pas une grande sympathie sur le sujet de la conversation, bien au contraire. Cette femme semble… dégoûté de me regarder. Et même si le doute est permis sur la cause de ce dégoût quand on voit le reste de nourriture à l’aspect peu ragoûtant qui s’écoule sur mes vêtements, je ne me fais pas trop d’illusion. Ma grossesse semble la choquer profondément. Je rougit en faisant ce constat et tire nerveusement sur ma chemise de ma main libre dans l’espoir de dissimuler un peu mon gros ventre. Au final, ce geste ne fait que l’accentuer mais je suis trop gêné pour y faire attention. J’ai honte d’être enceinte, c’est un comble ! Moi aussi je suis choquée d’être enceinte ! Surement pas qu’elle ! Alors pourquoi je me sens si bête face à cette jolie brune effrontée.  J’arrive à murmurer d’une petite voix presque inaudible.

“Oui… Ca vous pose problème ?”

Je me rend compte que cette répartie, essayant de me donner l’air sûre de moi est ridicule avec cette petite voix. Pourtant, je me sens gêné et triture le bout de ma chemise nerveusement. Je ne sais même pas quoi faire de ce plateau à moitié renversé que je tiens. Le simple fait de parler à quelqu’un m’a définitivement coupé l’appétit.

“Je ne dois pas être la seule dans ce cas… n’est ce pas ?”

Je me doutais malheureusement de la réponse, mais j’avais encore espoir de ne pas être unique. Moi qui voulais paraître invisible, comment pourrais-je le faire si j’avais quelque chose sur moi que personne d’autre ici n’a ? En plus, je me sentais gaudiche, la, au milieu du réfectoire , toute tâché et ne sachant que dire.

“Je suis arrivé ici il y a quelques jours..je crois… Je préfère ne pas sortir de ma chambre… Les gens me font peur..”