Tu es là, face au miroir, une chemise mouillée qui ruisselle encore de la douche froide que tu viens de prendre. La chaleur précédent la torpeur gelée a délacée ton dos et fait cesser les cris agonisants de ton corps. Les gouttes d’eau qui tombent éclatent sur le sol en une mélodie, claquant le plancher de sons quelques peu chaotiques. Ton rythme cardiaque reprends peu à peu sa fréquence monotone alors que ton esprit s’apaise lentement. Ta respiration se fait plus lente, plus sereine et régulière. Face à face avec toi même, tu découvres, ou plutôt, tu
redécouvres ce visage qui fut, est et sera le tien. Tu n’avais plus conscience de ton apparence il y a quelques instants mais ces traits te paraissent tout de même familiers à mesure que tu les observes. Tu fronces un sourcil, puis l’autre, tu te souris, grimace et tord ton faciès, observant chaque pli quelle mouvement donne à ta peau. Puis, bientôt, ta main vient s’apposer sur cette membrane lactée, puis monte jusqu’à tes cheveux roux. Ok. Il est maintenant tant d’explorer ce monde qui t’entoure..
Alors tu reviens sur tes pas, dans cette chambre inconnue et impersonnelle qui ne semble te communiquer aucun souvenir, aucune émotion si ce n’est celle d’un réveil plus que déroutant. Tu trouveras probablement des vêtements dans cette armoire alors tu l’ouvres et reste quelques instant à scruter ces piles de vêtements tous similaires. Au moins tu n’auras pas à réfléchir à ce que tu vas mettre.. Même si à vrai dire tu aurai préféré avoir le choix. Tu te change rapidement après t’être essuyé et tu t’assois sur le lit. Ton regard opaque balaye la pièce qui ne dégage à proprement dire qu’un vide d’âme. Seul les meubles peuvent un temps soit peu dégager des émotions ici. Tout semble aseptisé, tout comme l’atmosphère dans laquelle règne une légère odeur, mélange de produits javellisant ou chlorés et de vieux meubles, comme dans un grenier.
En traversant le logement tu as pu observer d’autres chambres très similaires à la tienne et un salon où trône trois imposants canapés. Tu n’es probablement pas seul, cependant, tu n’as encore croisé personne et le silence qui s’installe en maître sur ce lieu commence à t’oppresser.. Respire.. Tu prends une profonde respiration et une fois tout l’air expulsé de tes poumons, tu décide de sortir.
Tu avances lentement, prudemment, même, jusqu'à ce qui semble être la sortie, du moins en toute logique. Tu entrouvres le panneau et observe le calme du dehors, d’abord en écoutant, puis tu jettes un œil furtif. C’est bien ce qu'il te semblait.. Là dehors, pas d’extérieur, pas de bruit de vent, de chants d’oiseau, ni même de bruissement d’herbe..
Bientôt des pas feutrés se font entendre.. que faire ? Qui arrives ? Ou quoi.. ? Et alors que tu vois passer un jeune homme de dos, ton bras semble agir sans y être invité et saisie délicatement le poignet de ton congénère. Tu restes là, planté comme un piquet, stupéfait et bouche bée sans savoir quoi dire alors que tu tiens toujours le poignet de ce inconnu entre tes doigts fins, ton regard vissé sur l’arrière de sa tête, sans parvenir à articuler le moindre mot, sans arriver à produire le moindre son.
(c) AMIANTE