Tourbillon sensoriel ft. H01-626

Sujet: Tourbillon sensoriel ft. H01-626 Dim 9 Fév - 20:19

Tourbillon sensoriel

14/02

H01-626 et F01-023

023 se réveille dans une pièce minuscule, elle émerge doucement. Au départ, elle ne voit presque rien et se met donc à s’agiter, croyant se retrouver à nouveau punie. Elle essaya de se relever et se cogna la tête au plafond, cela la fit se rabaisser d’un coup en se tenant la tête, elle poussa un grand « Aïe » en même temps d’un grand « BOUM » annonçait la collision. Cela calma temporairement, lui permettant de voir où elle se trouvait.

En se massant le crâne, elle laissa ses yeux s’habituer à la faible lumière. Devant elle, une table présentait une énorme tartiflette fumante. Elle pouvait voir d’ici la croute de fromage dorée et imaginait déjà le bruit que ferait celle-ci quand elle la briserait pour se servir. Elle salivait d’avance et la peur s’éloigna encore un peu. La pièce était particulièrement petite et elle ne pouvait se relever mais elle était tout de même assez longue en tout cas, suffisamment pour qu’elle ne soit pas trop consciente des murs de celle-ci. Elle aurait pu être gênée par l’absence de fenêtre si elle ne vivait pas déjà dans un enclos sans lumière naturelle depuis 1 mois et demi. Au fond de la pièce, elle pouvait apercevoir un corps, était-il vivant ? Il bougeait un peu, il devait l’être, elle parla :

- Bonjour, qui est là ?

De là où elle se trouvait, elle ne pouvait pas voir son visage. Elle s’avança vers la table et remarqua qu’il portait probablement la même tenue informe qu’elle. Pourquoi est-ce qu’ils les avaient groupés dans ces alcôves ? Elle espérait en tout cas que c’était bien quelqu’un de la ruche, cela la rassurerait car aucun des membres de la ruche rencontré ne s’était montré agressif. Elle ne put s’empêcher de s’interroger tout haut :

- @Aleksa, les règles de la ruche sont-elles d’application ici ? Je ne voudrais pas froisser par erreur le « créateur ».

Aleksa ne se montra pas. 023 ne savait pas exactement quelles conclusions elle devait en tirer. Est-ce qu’ils allaient pouvoir partager leur repas ou non ? Prendrait-elle seulement le risque d’essayer, pas sur…

Elle se rapprocha de la table et voyant la décoration et la lumière tamisée ressentit un frisson courir dans l’ensemble de son corps. Selon le calendrier de la ruche, on était le 13/02 la veille donc, aujourd’hui, le 14/02 soit le jour de la St Valentin si le calendrier de la ruche suivait un calendrier réel. Pourquoi cette ambiance et ce duo ? Attendaient-ils qu’ils se… reproduisent ? Elle exprima sa crainte de façon directe, sans tourner autour du pot. Après ce qu’elle avait vécu, elle savait qu’elle avait largement le droit de s’attendre au pire :

- Est-ce qu’ils attendent qu’on couche ensemble ? … Est-ce qu’ils vont nous y ... forcer ?

Tourbillon Sensorielft. @F01-023

Son sommeil était agité. Dans son esprit endormi, de fugaces silhouettes venaient le tourmenter. Des ombres sur lesquelles il n'arrivait pas à apposer de visage mais lui semblant pourtant si familières. Leur voix, distordues et lointaines, ne parvenaient jusqu'à lui que dans un brouhaha alambiqué. Les réponses à toutes ses questions étaient là, juste devant lui et pourtant hors d'atteinte malgré sa course effrénée et ses cris désespéré. L'une des voix, paraissant plus lointaine et paradoxalement plus intelligible, arriva cependant jusqu'à lui, le tirant ainsi de son cauchemar.

626 ouvrit un œil et cela lui suffit pour comprendre que quelque chose n'allait pas. Putain, pas encore ! ne put-il s'empêcher de penser. Son corps, ankylosé, regrettait le confort pourtant sommaire de son lit. Le lieu dans lequel il se trouvait était trop sombre, trop restreint. Impossible de se souvenir comment il était arrivé ici. Créateur à la con. C'était encore un de ses délires de déviant, à coup sûr. Sa bouche était pâteuse et son esprit englué dans les relents de drogues qu'on avait dû lui administrer pour le traîner jusqu'ici. Il se frotta les yeux dans l'espoir de chasser le brouillard régnant dans ses pensées et entreprit d'analyser l'endroit. Sombre, petit. Ça, on sait déjà, merci Sherlock. Une seule source de lumière émanait de ce qui semblait être le centre de la cage en verre. Il s'en rapprocha et une douce odeur vint lui chatouiller les narines. Elle provenait de toute évidence de la nourriture qui jonchait la table mais 626 s'attarda plutôt sur la femme lui faisant face et qu'il remarquait pour la première fois, son esprit retrouvant peu à peu sa lucidité. Était-ce la voix qui l'avait tiré de son sommeil ? Probablement.

« Est-ce qu’ils attendent qu’on couche ensemble ? … Est-ce qu’ils vont nous y ... forcer ? »

Whaaaaaaaaaaat ? Comme entrée en matière, on faisait difficilement plus direct ! Cependant les raisons ayant amené la question lui parurent vite évidentes. La bougie, les fleurs, l'ambiance tamisée, la table pour deux... Dans le genre "scénario menant à un dessert charnel", on ne pouvait faire plus clair. Cependant, il ne fallait pas compter sur lui pour ça. Sans vouloir jouer le difficile, elle semblait en âge d'être sa mère ! Bon, peut-être pas, mais au moins sa tante. Et pour ce qu'il en savait, c'était peut-être le cas, son amnésie l'empêchant d'identifier qui que ce soit, la personne eut-elle été de sa famille !

« Qu'ils essayent ! Cela dit, ça ne m'étonnerait pas de l'autre malade. Déjà pour se faire appeler le créateur, faut être pas net. »

Son attention finie par se porter sur les mets recouvrant la table face à lui. Sushis, makis, gyozas, onigiris, tempuras en tous genres et encore bien d'autres. De mémoire de 626, il voyait ses plats pour la première fois et pourtant, il était capable de tous les nommer et même d'en expliquer la composition, ce qui le laissa particulièrement surpris. En revanche, il ne se souvenait aucunement du goût, étrangement. Dieu qu'il avait faim. Son estomac criait famine comme s'il n'avait pas été nourri de la journée. Ce qui était peut-être le cas ? Laissant son regard glisser, ses yeux se posèrent sur une bouteille en verre teinté. Du vin rouge. Tel un interrupteur qu'on aurait quelque part en lui allumé, une grande soif l'envahi. Une tension se créa dans sa poitrine alors que son cœur s'accélérait et c'est machinalement qu'il attrapa la bouteille.

« Je.. euh... Je suis pas fan de jouer leur jeu et j'imagine que si on nous a placé ici, c'est pour qu'on mange. Donc, c'est forcément un piège et on devrait faire l'inverse. Et en même temps... S'ils voulaient nous empoisonner, pourquoi ne pas le faire avec nos repas habituels... ? »

A la limite, il aurait pu se passer de la nourriture. Alors oui, son estomac n'était pas forcément d'accord avec cette affirmation. Mais l'esprit de contradiction du jeune homme était bien plus gros que n'importe lequel de ses organes, alors il aurait certainement pu le faire. En revanche, le vin... 903 l'avait prévenu. Le tremblement de ses mains que 626 n'arrivait à expliquer et que la jeune femme avait aussi pouvait s'expliquer par un manque d'alcool suite à une forte dépendance. Il sentait qu'il n'avait pas ce qu'il fallait en lui pour résister. Qu'il était bien trop faible face à l'envie irrépressible qui l'assaillait. Alors, il lui fallait une excuse pour céder. Avec un peu de chance l'inconnue irait dans son sens et le sentiment de faiblesse et de culpabilité qui l'envahissait de plus en plus disparaîtrait ? En tout cas, quitte à rentrer dans le jeu, autant en profiter au maximum et se péter le bide, non ?

« On ne s'est jamais vraiment parlé dans la ruche, il me semble. Moi c'est... j'ai le nombre 626. » Il n'aimait pas se définir en tant que 626. Ce n'était qu'un numéro, pas la personne qu'il était. « Et toi ? »

Tourbillon sensoriel

14/02

H01-626 et F01-023

Il avait vraiment eu l’air choqué par l’idée et son « qu’ils essaient » montrait une opposition. Intérieurement cela la vexa tout en l’amusant. Elle n’était plus de première fraicheur après tout et devait paraître bien âgée à ce jeune homme. Elle n’en prenait pas ombrage mais ça restait désagréable à percevoir quand même. En même temps, elle trouvait cela amusant, il était mignon et sans qu’elle soit ouvertement attirée par lui – il était clairement trop jeune pour lui plaire – elle se disait qu’elle aurait pu tomber sur pire. Par exemple, sa situation à lui en se retrouvant face à un homme de 70 ans comme lui se retrouvait face à une femme dans la cinquantaine (enfin, cinquantaine présumée en tout cas).

De toute façon, elle restait d’accord avec lui. C’était une supposition à laquelle elle voulait se préparer mais si elle n’avait pas une lourde menace en parallèle, elle ne s’exécuterait pas.

- Il faut surtout être un fou mégalomane mais si c’est ta définition « pas net » alors je suis d’accord.

La nourriture devant elle l’attirait également. Elle ne savait presque rien sur elle et elle se retrouvait avec une certitude : elle adorait la tartiflette. Ça lui faisait une belle jambe par rapport à son identité mais ça la faisait surtout être d’accord avec lui. Elle avait terriblement envie de goûter à tous ces plats et surtout, de se servir une énorme assiette dégoulinante de fromage. Bien sûr, ça pouvait être un piège mais elle était tellement tentée et, encore une fois, elle trouvait son raisonnement correct.

- Effectivement, s’ils voulaient nous empoisonner que ce soit dans le but de nous tuer ou non, il avait franchement plus simple que toute cette mise en scène. Peut-être qu’il s’agit d’une expérience. Peut-être qu’ils veulent voir jusqu’où une ambiance romantique peut mener deux personnes.

Elle voyait cela comme une hypothèse acceptable dans le cadre de son hypothèse principale sur la ruche qui serait une expérience psychologique ou sociologique géante. Cette situation serait alors une sous-expérience dans l’expérience, à leur place, elle exploiterait aussi au maximum les personnes présentes pour récolter le plus de données possibles.

- Dans notre cas, on peut juste profiter de la nourriture et j’aime la nourriture. J’ai le nombre 023 et effectivement, on ne s’est jamais parlé. Je suppose que c’est une bonne occasion pour commencer. Alors, que fais-tu dans ta vie ruchienne qui je suis sure, est captivante ?

Elle avait posé la question avec un grand sourire sarcastique et exagéré en battant outrageusement des cils, mimant le genre de conversation que l’on pourrait avoir dans une soirée normale de rencontre. Sauf que rien n’était plus normal dans leur vie.

Elle attrapa la bouteille et le verre de son compagnon d’un soir et attendit confirmation pour le remplir. Elle-même n’était pas une grande amatrice de vin rouge mais un verre ou deux d’alcool la tentait suffisamment pour passer au-dessus de ses goûts. De plus, il avait un bouquet très fruité et la forme de la bouteille indiquait que c’était du Bourgogne. Avec un peu de chance, il serait doux et elle pourrait même l’apprécier au-delà du taux d’alcoolémie.

- Je te sers ?

HRP :: J'ai mis que c'était du bourgogne mais si tu préfères autre chose, je change/retire sans souci ^^

Tourbillon Sensorielft. @F01-023

Le jeune homme était bien trop idiot et attiré par l'alcool pour se douter que sa remarque avait pu être mal accueillie. Un homme, me direz-vous. Mais d'un autre côté, mieux valait être clair dès le début. Peu importe ce qu'on attendait d'eux dans cette boite, ça ne finirait pas comme ça. Puis après l'alcool et la nourriture, il doutait de pouvoir faire quoi que ce soit de toute façon.

« J'ai tellement de synonymes en tête pour qualifier cet idiot de créateur que je pourrais en faire une chanson. Mais fou mégalomane, ça me plait bien ! »

Les effluves de la nourriture l’envoûtaient et creusaient son appétit déjà conséquent. Son instinct de survie lui disait certes que ce n'était pas forcément une bonne idée, mais survivre, c'est déjà ce qu'il faisait au quotidien dans la ruche. Là, il comptait vivre et tant pis pour les conséquences. Chose positive, l'inconnue avec qui il partageait la cage de verre abondait dans son sens, le réconfortant dans ses idées.

« Des expériences c'est tout ce qu'on doit être pour lui, donc tu dois avoir raison. Mais ça serait idiot de pas en profiter... »

Ses yeux passaient d'un plat à l'autre, comme s'il tentait de déterminer sur lequel il se lancerait en premier. Mais en réalité, il savait déjà par quoi il allait commencer. Le vin. Hein ? Une question sur sa vie dans la ruche ?

« Captivante ? Tu n'as pas idée ! Je ne sais plus où donner de la tête tant il y a à faire. Du coup, je passe une bonne partie du temps à ne rien faire, dans le doute. » Ce n'est pas totalement faux mais surtout pas totalement vrai. Mieux valait préciser avant qu'elle ne le prenne pour une larve sans vie. « Faute d'avoir trouvé une activité me plaisant plus, je passe pas mal de temps à lire. Dans ma chambre, au calme. Ça doit expliquer le fait qu'on ne se soit pas encore parlé. »

Lorsqu'elle prit son verre pour le servir il acquiesça de la tête, un peu trop vivement peut-être, laissant entrevoir son enthousiasme. D'un autre côté, à quoi bon le cacher ? Ce vin aurait pu être la pire piquette au monde qu'il l'aurait bu quand même. S'il n'était pas honnête avec les autres, il pouvait au moins l'être avec lui-même.

« Et j'imagine qu'après le repas de ce soir, il faudra aussi que je passe par l'espace sportif pour éliminer le surplus. Et toi alors, raconte moi tout. » Il tendit son verre à 023 pour trinquer dans l'attente de pouvoir ENFIN boire. Bien sûr, devoir partager avec quelqu'un l'embêtait. Genre, vraiment. Mais la bouteille n'étant pas la sienne et se voyant mal assommer la femme pour tout garder pour lui, il n'avait pas vraiment le choix.

Tourbillon sensoriel

14/02

H01-626 et F01-023

Il était plutôt drôle ce jeune homme. Avec un bon verre de vin, la soirée allait être drôle, c’était certain. Son compagnon d’un soir accepta le verre de vin et elle le servit donc. A deux, cela représentait un peu plus de trois verres chacun. Pas assez pour se soûler mais suffisamment pour être joyeux. Sa réflexion pouvait lui permettre de se rendre compte qu’elle devait tenir l’alcool de façon correcte pour considérer que trois verres de vin, ce n’était vraiment pas grand-chose. Elle devait pourtant se montrer prudente, cela faisait un bon mois qu’elle n’avait plus rien bu, elle pouvait être surprise.

Elle ne remplit pas son verre complètement, elle se contenta d’un service élégant, comme dans un restaurant. Elle se servit ensuite elle-même tout en lui répondant :

- Comme je m’en doutais, c’est très varié, tu n’as pas un instant à toi pour te consacrer à autre chose que ce rien ambiant dans lequel nous baignons à longueur de journée.

Elle-même avait beaucoup de mal avec ça. C’était probablement ce qui la rendait le plus folle ; si on oubliait le fait d’être prisonnière et d’avoir perdu la mémoire bien sûr. Ne rien avoir à faire de ses journées lui donnait un sentiment d’inutilité qui n’était pas facile à supporter.

Elle se servit ensuite de tartiflette et plongea sa fourchette dans celle-ci. Elle dévora une première bouchée avec enthousiasme et toute pensée de méfiance s’en fut. C’était absolument délicieux, à la fois fondant et avec de la mâche, salé avec un très léger goût d’ail et surtout, surtout, gras et fromagesque. La Ruche ayant mis tout en œuvre - et ayant réussi – pour lui faire perdre ses quelques kilos en trop, la sensation de graisse lui avait beaucoup manqué.

- Tu devrais essayer, c’est trop bon. Ca c’est vraiment du fromage : ça a du goût. Pas comme la plupart des fromages fades qu’ils nous servent.

Un amour immodéré du fromage était-il un indice sur elle-même ? Pas sûr mais en tout cas, elle appréciait et c’est donc de bonne grâce qu’elle répondit à 626 :

- Moi ? Eh bien, je passe mon temps en lisant, résolvant les mystères de la Ruche, subissant un jeûne forcé de quatre jours, la routine je suppose quand on devient complètement cinglé à force d’être enfermé.

Elle continuait à manger et commençait à ressentir une sorte d’euphorie de plus en plus forte. Elle se sentait particulièrement joyeuse comme si cette soirée était la meilleure de sa vie. Bon, objectivement, la tartiflette faisait que c’était effectivement le cas pour sa courte vie de moins de 40 jours (en souvenir) mais tout de même. Elle ne s’arrêta pourtant pas et continua la conversation gaiment :

- J’ai appris que certains recouvraient des souvenirs, c’est ton cas ? Moi je pense être totalement inutile à la société, c’est déjà pas mal comme information.

Son sourire immense n’allait pas vraiment avec ce qu’elle disait mais elle se sentait bien… si bien…

Hahahaha. Elle s'inquiétait pour sa santé, ou bien était-ce une blague que ce verre sous rempli ? Tout le monde sait que, lorsqu'on ne boit pas à la bouteille, il faut remplir le verre au maximum ! Le jeune homme fut violemment tenté de reprendre la bouteille et de terminer de remplir son verre. Mais ça n'était pas quelque chose que l'on fait, n'est-ce pas ? Tant pis. Il se contenterai de boire vite pour se resservir plus vite encore !

Il ne perdit d'ailleurs pas de temps et amena le verre à ses lèvres. 626, du moins son corps, n'avait attendu que ça depuis un mois qu'il était là et ça allait enfin se réaliser. Il était fébrile, ne sachant pas bien à quoi s'attendre. Certes, son addiction prouvait bien que ce n'était pas la première fois, mais dans sa mémoire, si. Il commença doucement, se limitant à une gorgée. Et ce fut suffisant pour lui faire comprendre que face à l'alcool, il n'était pas grand chose. Il pouvait jouer au dur devant les autres dans la ruche, se passer de liens avec ses codétenus, mais cette boisson avait un pouvoir sur lui qu'il n'était même pas sûr d'entièrement percevoir. Son corps, assoiffé depuis trop longtemps, vivait de nouveau. Il aurait pleuré de joie s'il ne s'était pas retenu de laisser transparaître quoi que ce soit, bordel !

D'accord, l'alcool, c'est le bonheur. Au même titre que 42 et l'univers, c'était sa réponse à lui. Mais il devait se concentrer un peu sur ce qu'il se passait ici et aussi sur la personne lui faisant face. Un rien ambiant de lequel, tous ici, baignaient qu'elle disait ? Ça résumait plutôt bien leur situation, en effet. Ce petit dîner en tête à tête avec alcool et bon petit plat n'étaient que quelques remous dans la grande mer sans vague qu'était devenu leur existence. Et il comptait bien en profiter !

Difficile de décider par quoi commencer. Ce qui était chaud, peut-être ? Les baguettes en main, il attrapa un gyoza qu'il porta à sa bouche. Encore un délice auquel son palais n'était pas prêt. Croustillant juste ce qu'il fallait, la farce intérieur était garni à la perfection, les légumes s'équilibrant à merveille avec la viande. Si tout le reste était aussi bon que ça, il n'allait plus jamais vouloir quitter cette boite. 023 lui proposa de goûter à son plat et il ne put retenir une grimace légère.

« C'est très gentil hein, mais je suis pas sûr que j'aime tant le fromage que ça. Enfin ça a l'air bon, hein ! Mais... trop de fromage, non ? » L'odeur qui s'en dégageait n'était pourtant pas mauvaise. Mais il n'était pas prêt à prendre le risque de noyer ses papilles gustatives avec un parfum si fort alors que tout ce qu'il aimait était de son côté de la table. « En revanche si t'as rien contre le poisson cru, n'hésite pas à te servir en maki et sushi ! » S'il n'était pas si clairement caucasien, il en serait arrivé à souhaiter découvrir qu'il était en fait asiatique. Bordel, qu'ils sont doués pour la bonne bouffe !

« Un jeûne forcé de quatre jours ? Mais pourquoi !? Tu devais mourir de faim ! En plus, manger, c'est genre le moment favori de mes journées ici ! C'est la seule chose qui varie dans nos journées. Le menu. Sinon, elles se ressemblent toutes. »

Oui, sa vision des choses étaient plus ou moins similaires à celle d'un enfant en bas âge. ET ALORS, hein ? Les gyozas terminés, il était passé aux fritures et tout était toujours aussi bon. Son verre de vin se vidait sans même qu'il le remarque vraiment. Mince, il avait du perdre pas mal de sa résistance à l'alcool car déjà sa tête et son esprit se faisaient plus léger. Était-ce dû à son sevrage d'un mois ?

« Des souvenirs ? J'aimerais ! Tout ce que je sais de moi-même se trouve sur ce bras. » Il remonta sa manche pour découvrir son bras gauche marqué par plusieurs tatouages. « Ça et... » Il s'apprêtait à parler de son addiction pour l'alcool qu'il avait découvert récemment grâce à 903. Mauvaise idée. « ... et c'est tout. Juste ça. Et je sais même pas ce que ça signifie, en vrai. » Que ce soit les fleurs, le monsieur au chapeau, l’œil, les points d'exclamations un peu partout ou même le monstre étrange, rien ne lui était familier. Juste les touches du piano qui elles, lui parlaient.

« Inutile ? Comment ça, inutile ? J'en doute ! Je t'imagine bien comme une femme de caractère à la vie débordante, avec un boulot ultra important et chronophage. Médecin, peut-être ? Non non. Avocate ! Je te vois bien avocate, c'est exactement ça. Alors que moi, quand il s'agit d'être inutile... Je devais être au top ! »

Il ne savait pas bien pourquoi sa langue s'était tant déliée. Il se sentait juste bien, à manger ses plats préférés.

Tourbillon sensoriel

14/02

H01-626 et F01-023

Elle hocha la tête pour le fromage : ça ferait ça de plus pour elle, elle n’allait pas insister. De plus, elle comprenait très bien sa réflexion et fit un geste de la négative quand il lui proposa des sushis. Dans les faits, elle adorait ça mais le fromage qui était beaucoup plus fort en goût allait clairement masquer le gout du poisson dans un premier temps et probablement donner un coup bizarre au fromage dans un second. Bref, ces deux plats ne semblaient pas très bien s’accorder ensemble et elle préféra donc se concentrer sur ce qui était de son côté de la table et attaquer voracement sa tartiflette. Chaque bouchée la faisant se sentir plus joyeuse.

- Oui ! Exactement, c’était horrible genre vraiment !

On pouvait avoir du mal à la croire vu le grand sourire et la joie manifeste de sa voix au moment où elle disait cette phrase.

- En plus, c’était tellement injuste, tout ça parce que j’avais échangé mon plateau avec quelqu’un. Mais en même temps, dans mon plateau, il n’y avait presque rien : rien qu’un minuscule morceau de viande et des légumes verts. Pas de sauce, pas de crème, même pas un jus de viande ! Si ça ce n’est pas de la torture.

Étrangement, elle ne se sentait pas stupide en disant ça. Au contraire, elle avait un certain niveau de contentement. Elle commençait à ne plus pouvoir retirer l’immense sourire de son visage et ses pupilles s’étaient fortement dilatées.

- Quand je suis rentrée, j’étais dans un état lamentable, déshydratée, affamée et puante, étant enfermée dans une bulle, j’avais longuement pu fréquenter mes excréments.

Pourquoi elle lui racontait ça ? Elle n’en avait aucune idée car c’était sans aucun doute l’épisode le moins glorieux de sa vie dans la Ruche mais sur le moment, elle ne ressentit ni dégoût ni gène, elle ferait peut-être moins la fière le lendemain…

- En tout cas, tes tatouages sont jolis. Je n’en ai aucun pour ma part, j’aurais dû me faire tatouer mon nom, ça aurait été pratique. J’aime bien les points d’exclamation, c’est… original et très expressif de façon littérale, j’aime bien le concept.

Elle se mit à rire bêtement de plus en plus et avait l’impression que tout autour d’elle commençait à onduler comme une représentation théorique d’un astigmatisme sévère par quelqu’un qui n’avait pas ce problème de vue. Cela ne l’empêchait pas de manger, elle semblait retrouver instinctivement son assiette. Elle but une gorgée de vin pour faire passer la sensation et, oh surprise, ça ne passa pas du tout : mauvais réflexe.

- Hum, je pense être philosophie, si tu trouves plus inutile que ça comme métier dans la Ruche, tu peux avoir tout le reste du vin !

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