PREMIÈRE NUIT (Doc et F03-066)

Sujet: PREMIÈRE NUIT (Doc et F03-066) Dim 8 Mar - 21:57

Première nuit ... × ft. Doc & F03-066

Bon récapitulons. Je me suis réveillée ce matin dans cette chambre inconnue à côté d’un homme que je ne connaissais pas. Depuis ce matin j’ai beau essayer de me creuser la cervelle rien ne vient. Ni mon nom, ni qui je suis, ni où je suis. Bon bref rien de rien. Puis la voix m’a parlé et m’a indiqué qui j’étais et comment je devais me comporter. Enfin qui j’étais selon elle. Avant de quitter la chambre où j’étais, j’ai fait un tour dans la salle de bain car je voulais me voir. Je me suis dit que si je voyais mon visage les souvenirs me reviendraient. J’en ai profité pour observer de près mon corps, mes mains pleines de cicatrice m’avaient choqué, j’ai donc voulu voir le reste de mon corps. Et là, pas de surprise, le reste de mon corps est dans le même état. Seul mon visage semble avoir été épargné, même si j’ai découvert des petites cicatrices qui sont bien présentes à la base de mon cuir chevelu et près de mes oreilles. Encore un mystère à résoudre.

J’ai passé ma journée à tourner dans tout l’édifice en mémorisant tout ce que je pouvais. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que c’est important que je fasse cela et que cela me servira un jour. J’ai lu et relu les règles qui sont affichées en plusieurs langues et là j’ai fait une première découverte, je comprends plusieurs langues. Je n’ai trouvés aucune porte de sortie, je suis prisonnière. Enfin je devrais plutôt dire nous sommes prisonniers, car l’endroit est rempli. Je dirais à vue de nez que j’ai croisé environ 70 à 100 personnes il me semble. Pour le moment je me suis contenté de suivre les règles et de visiter je n’ai pas encore osé aborder les autres. Mais il va falloir que je le fasse au moins pour ce soir car je viens d’apprendre que je dois changer de chambre chaque soir, je vais donc devoir me trouver un endroit pour dormir. J’ai beau savoir qu’une des règles est d’interdire la violence je ne me sens quand même pas à l’aise de dormir avec des inconnus. Ce n'est pas grave je ne dormirais que d’une oreille.

Pendant la journée, j’ai aussi observé les gens qui m’entouraient. Je ne sais pas si je suis physionomiste mais certaines personnes semblent plus rassurantes que d’autres. J’ai repéré un homme qui me semble bienveillant. Je vais essayer de voir où il s’installe pour passer la nuit dans la même chambre. Je ne sais pas si ce que je fais est intelligent, mais comme je n’ai aucun autre repère, je vais suivre mon instinct. Je me dirige vers la chambre où il est rentré et je vais tenter ma chance. Je pousse la porte coulissante et rentre dans la chambre, me dirigeant vers le salon. Je m’arrête sur le pas-de-porte du salon et me présente. « Bonjour, je m’appelle ….. » J’ai un temps d’hésitation avant de donner mon matricule « Pardon je m’appelle F03-066. Cela vous dérange si je m’installe dans cette chambre pour la nuit » Je ne bouge pas d’où je suis en attendant sa décision, je n’ai pas encore bien intégré les coutumes du lieu et je ne sais pas comment les chambres se répartissent le soir.

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Première nuit

F03-066 & DOC

Tenderness is the name for a lover's most exquisite sensation; protection is implied in his most generous and heart-thrilling impulse. - William Godwin

Cette nouvelle règle ne m’enchante clairement pas. J’aime mes habitudes et n’apprécie pas particulièrement de devoir dormir dans les draps d’une autre personne mais ce n’est pas comme si nous avions le choix aussi je me plie à ce changement. Les amusements de celui qu’on appelle le créateur me laissent dubitatif. Parfois je peux « comprendre » et d’autre j’ai l’impression que c’est un enfant avec ses jouets. Mais sommes-nous autre chose après tout ? Heureusement pour moi j’ai peu de chose à déplacer aussi je me contente de prendre mes affaires de toilettes et mon livre avant de chercher une chambre avant le couvre feu. Partager l’appartement ne me dérange pas comme je le fais déjà avec 17 donc je cherche juste un endroit où je peux m’installer lire avant que le couvre feu n’éteigne complètement les lumières et nous oblige à dormir. J’ai espoir qu’un jour on puisse avoir un peu de lumière plutôt que ce changement ridicule.

Je viens de rentrer dans un appartement, frappant à la porte pour vérifier qu’il n’y a personne. C’est un appartement de deux personnes et je semble être seul aussi je pose mes affaires dans la chambre avant de revenir vers le salon pour voir si ceux qui y habitent normalement ont laissé de la lecture ou autre. Je viens de prendre un livre en main quand j’entends la porte d’entrée coulisser. Je ne serai donc pas seul. Soit. Je me retourne au moment où tu arrives sur le pas de porte et marque un petit temps d’arrêt en t’observant. Un sourire plutôt doux nait sur mes lèvres sans que je puisse le contrôler, comme si je te connaissais. Pourtant c’est la première fois que je te vois. Je n’ai pas eu de réaction de ce genre à part face à 22 et cela n’a clairement rien à voir. Tes traits… Quelque chose me les rappelle sans que je sache quoi… Etrange sensation de nouveau et je me rends compte que je te dévisage aussi je me reprends. « Bonsoir 66. Enchanté de vous rencontrer. On m’appelle Doc » C’est plus simple ainsi, même si mon matricule est toujours 88.

D’un geste de la main je t’invite à t’installer dans la seconde chambre qui est identique à la mienne. De toute façon tout est pareil ici. Le blanc prédomine, un territoire aseptisé dans lequel nous vivons depuis quelques temps désormais. Quoique je t’ai jamais vu ton visage et je suis sur que je t’aurais remarqué donc tu dois être nouvelle. « Je vous en prie. Elle ne m’appartient pas et je n’ai aucun souci à partager l’endroit avec vous. » Après tout ce n’est pas chez moi et il est toujours plus agréable d’avoir de la compagnie. Je regarde l’heure à ma montre, voyant qu’il reste un peu de temps encore, et m’installe sur le canapé, reposant le livre que j’ai pris mais gardant celui où j’écris toutes mes notes sur mes genoux. « Vous venez d’arriver n’est ce pas ? » Même si je ne suis pas là depuis aussi longtemps que les toutes premières abeilles je commence à avoir aider quelques personnes à leur réveil aussi je le ferais si tu en as besoin.

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Je reste sur le pas de la porte, attendant de voir quel sera sa réaction face à ce que je peux considérer comme une intrusion. Le peu que j’ai glané lors de mes pérégrinations de la journée m’ont appris qu’il y a peu de temps tout le monde avait une chambre attitrée mais que les règles avaient changée récemment. Quand je me suis réveillée ce matin je n’avais rien avec moi, donc pour le moment cela ne me dérange pas de changer de chambre à chaque fois. En plus j’ai la sensation que c’est quelque chose que j’ai l’habitude de faire. Dormir n’importe où sous n’importe quelles conditions. J’espère pouvoir comprendre pourquoi cela m’est si familier. Mais si je ne pars pas vite d’ici et que j’arrive à avoir quelques affaires auxquelles je tiens, cela va devenir problématique de tout déplacer chaque soir.

Pendant qu’il prend le temps de me répondre, je l’observe de plus près. Je l’ai suivi car il me semblait bienveillant et je ne regrette pas mon choix. Quand il me sourit, je suis comme une gamine et lui rends son sourire sans réfléchir. C’est la première fois depuis mon réveil que je ressens quelque chose de positif. Je sens qu’avec cet homme je suis protégée. Comme entourée dans un cocon. C’est complètement dingue, je ne le connais pas, je ne sais toujours pas ce que nous faisons ici, je ne devrais pas être aussi confiante en sa présence.

Je vois bien qu’il me dévisage et instinctivement je passe mes mains dans mon dos. Si mon visage à belle allure le reste de mon corps n’est pas beau à voir. J’ai bien observé les autres résidents. Certains ont quelques blessures, mais pour le moment je n’ai vu personne aussi abîmée que moi. Et pour une raison que j’ignore, je ne veux pas que l’image qu’il garde de moi soit celui de mes cicatrices.

Lorsqu’il m’indique de la main la seconde chambre je pars y poser mes affaires de toilette et je retourne dans le salon le rejoindre et répond à ses questions.« En général je suis assez chaude pour les nouvelles expériences mais là ça dépasse tout ce que je pouvais imaginer ». Depuis ce matin je vais de découverte en découverte mais je suis encore perdue. Il va falloir que je m’adapte rapidement. Je regarde avec envie, le livre qu’il a près de lui. J’ai vu qu’il y avait une bibliothèque mais je n’ai pas eu le temps de voir comment on pouvait emprunter des livres. Cela va faire partie de mes prochaines recherches.

Je m’installe moi aussi dans un des canapés. « Merci de votre accueil Doc. Ce n’est pas facile de débarquer comme ça. Si vous avez des conseils je suis preneuse »

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Je vois le mouvement que tu fais pour mettre tes mains dans ton dos mais ne le relève pas. Tout le monde a le droit d’avoir ses secrets. Dans la ruche encore plus qu’ailleurs. Depuis mon réveil j’ai parlé à pas mal de personnes et j’ai rapidement compris qu’il fallait faire avec les rares souvenirs des gens et les nombreuses choses qu’ils ne voulaient pas dire. Une façon comme une autre de fonctionner mais ayant moi même mes secrets, je peux comprendre. Peu de personnes font facilement confiances. Je me contente donc juste de te montrer de la main la chambre que tu peux prendre même si, à vrai dire, tu pourrais prendre la mienne sans soucis. C’est juste une habitude, un comportement très humain. Je ne suis pas forcément du genre à chercher la conversation mais puisque tu reviens me parler, je m’y prête avec plaisir. Et puis ce sentiment de protection que j’ai vis-à-vis de toi m’interpelle, j’ai envie de comprendre.

Le seul sentiment fort que j’ai ici est envers 22 et se transforme petit à petit en quelque chose de dangereux que je ne sais comprendre. Mais avec toi ce n’est pas la même chose. Est-ce que ça va changer aussi ? Non… La base n’est pas la même… Ta réflexion me fait sourire, tu as le mérite d’être nature et directe. Bien, cela me convient. Pas de jeu de mot, pas de faux semblant, c’est tout de suite beaucoup plus facile pour moi qui suis très terre à terre. « C’est en effet très difficile d’imaginer qu’on puisse se retrouver dans cette situation. » Dans un endroit qui ressemble à un hôpital ou bien à un asile avec aucune mémoire, un règlement qui nous régit et l’impression d’être des animaux de laboratoire sous la surveillance d’une entité qui joue avec nous.

Je t’observe t’installer, te détaillant un peu du regard, profitant que nous ne soyons pas encore dans le noir. Je donnerais beaucoup pour qu’on nous permette enfin d’avoir la lumière le soir dans nos logements, même si je profite que notre montre fonctionne pour m’occuper quand le sommeil ne vient pas. « Nous sommes tous arrivés ainsi. Certains font comme vous ou moi et sortent tout de suite pour affronter le monde extérieur, d’autres sont terrifiés. Cette situation n’est facile pour personne mais encore moins pour certains. » J’ai la chance de ne pas être terrifié facilement heureusement. « Je pense que vous avez lu le règlement. » Compliqué de le rater comme il est écrit partout. « Respectez le bien. Les sanctions sont toujours importantes et ils ne laissent rien passer. N’enlevez donc pas votre montre, elle vous servira tout le temps ici, y compris pour manger vous avez du le voir. » Si tu t’es levée dès ce matin tu le sais forcément. « Elle vous permet aussi d’envoyer des messages aux autres personnes de la ruche. » Toujours bon à savoir. « Il y a plusieurs zones en bas : créative, sportive, détente avec une bibliothèque et la salle de repas. Une infirmerie est apparue aussi depuis peu. Vous aurez vite fait le tour vous verrez donc n’hésitez pas à vous trouver des activités car on tourne vite en rond. » Heureusement que je ne suis pas un grand actif d’ailleurs, je supporte mieux la routine que les autres.

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Je m’installe confortablement et l’écoute avec attention. Je ne sais pourquoi mais le ton de sa voix et son attitude m’apaisent. Je me sens comme enveloppé dans un cocon protecteur. Je ne suis pas une petite chose fragile loin de là. Mais à cet instant précis, face à cet homme, mes barrières défensives se baissent et je redeviens comme une enfant. Fort de cette sensation je me lance à demander « Ça vous dérange si on se tutoie ? Je ne sais pas pourquoi me le tu me viens naturellement lorsque je te… enfin je vous parle» S'il refuse je resterais au vouvoiement mais je sens que quelque chose nous connecte et le tutoiement devrait nous aider à nous ouvrir l’un à l’autre.

Je suis d’accord avec lui je n’aurais jamais pu imaginer me retrouver dans ce genre de situation mais maintenant que j’y suis-je vais devoir m’adapter. Je l’écoute attentivement m’expliquer comment les autres résidents sont arrivés là et les différentes réactions que chacun peut avoir. « Cela doit être très compliqué pour certains. Peut-on faire quelque chose pour les aider ? » J’ai assez confiance en moi pour ne pas me cloîtrer dans une des chambres sans oser en sortir et au fond de moi je sens que je suis aussi faite pour aider les autres j’ai juste besoin de savoir si c’est possible ici. « Le règlement est écrit partout, j’ai largement eu le temps de le lire et dans plusieurs langues» C’est comme ça que j’ai compris que je parlais au moins trois langues. « Les sanctions ? Que peuvent-ils nous faire de pire que de nous priver de nos souvenirs et de notre liberté ? » Je suis encore révoltée par ce qui m’arrive et je ne comprends pas quel genre de punition je peux avoir pour juste avoir partagé mon repas ou de ne pas changer de chambre chaque nuit. Je regarde ma montre de près. Je l’ai utilisée dans la journée pour manger. Très déséquilibré au demeurant, je vais devoir faire attention si je veux garder la forme. Ce matin j’ai eu un hamburger et un milkshake au petit déjeuner si je continue à ce régime, j’aurais beau faire du sport en intensif je vais prendre trop de poids et je ne peux pas me permettre de mettre mon corps à l’épreuve. Il semble avoir déjà assez souffert. Je regarde de près la fonction message elle peut être très utile « On peut utiliser le système de message sans restriction d’horaire ? » Si c’est le cas c’est génial. « J’ai vu les différents espaces en faisant le tour aujourd’hui mais je n’ai pas eu le temps de tout visiter en détail. » Je sais que je vais devenir rapidement une habituée de la salle de sport, mais la bibliothèque m’attire et l’infirmerie aussi mais je ne sais pas encore pourquoi. « Merci du conseil, je vais m’organiser un emploi du temps pour m’occuper. On doit devenir rapidement claustrophobe ici »

Je me tortille un peu sur le canapé, j’hésite à lui demander un service, mais comme je me sens rassurée je me lance. Je positionne mes mains en avant et lui demande doucement. « Avec votre nom, je me doute que vous avez des connaissances médicales. Pourriez-vous jeter un œil à mes cicatrices ? Je ne sais pas d’où elles viennent mais pour le moment cela n’est pas mon problème. Elles me font encore mal comme si elles étaient récentes et je ne sais pas quoi faire pour les assouplir et réduire la douleur » Je sais que je dois faire quelques chose pour les entretenir mais je ne sais pas quoi. Et au fond de moi je sais que Doc a la solution. C’est une évidence.

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« Ca ne me dérange pas » Je sens bien aussi qu’on se connait plus que nos souvenirs veulent bien nous le dire. Un petit quelque chose de familier que je ne saurais décrire mais qui me donne envie de te protéger et qui me fais sentir que je peux être naturel avec toi. C’est étrange et en même temps apaisant. Pas de petite voix dans mon esprit pour me faire sentir qu’il y a un danger quelconque qui peut se déclencher sans que je m’en rende compte. Ce tutoiement je ne le refuse jamais en général, acceptant que les gens puissent préférer ce mode de conversation alors ce n’est pas avec toi que je vais commencer. Surtout que, pour une fois, j’étais prêt à y passer naturellement moi aussi, sans me poser de questions.

Je réponds à tes questions, t’expliquant comment déjà les différences de comportement entre les gens. Je ne jette la pierre à personne, y compris à ceux qui nous compliquent la vie mais je me rends compte aussi qu’au bout d’un moment il va falloir leur parler, leur faire comprendre que c’est ensemble ou ça ne fonctionnera jamais. « Je vais leur parler. Je ne suis pas forcément un bon psychologue mais j’essaie au moins de voir s’ils ont besoin de quelque chose. » Je ne suis pas le genre d’homme qui rassure par de belles paroles je suis très franc mais j’essaie au moins d’entrer en contact avec eux, de voir s’ils ont besoin d’aide. Ce n‘est pas grand-chose et je ne sens que ce n’est pas ma compétence première mais ça ne coûte rien après tout.

« Je lis aussi plusieurs langues. C’est ce qui m’a fait partir vers la bibliothèque pour voir si j’en connaissais plus ». Ce qui est le cas, ce qui me permet d’en savoir un peu plus sur moi de ce fait. « Privation de nourriture, de sommeil aussi. Ca dépend des personnes apparemment. » Pour ce qui est des sanctions. Je ne connais pas ce que tout le monde vit, je ne sais pas si c’est lié à l’infraction ou à ce que nous sommes, comme il le sait forcément, mais c’est une autre façon de faire mal et cela fonctionne. J’ai bien vu l’état de 23, Ivy ou Sixteen en sortant de ces enfermements plus ou moins longs. « Oui tu peux, je discute parfois la nuit avec d’autres personnes. » Comme tout s’éteint à 22h ça permet de ne pas forcément devoir se retourner pendant des heures dans son lit en attendant que le sommeil finisse par venir. En tout cas je te transmets les quelques conseils que j’ai. Je ne sais pas s’ils te seront utiles mais je le fais par instinct comme si je te conseillais souvent. Cela fait maintenant une quarantaine de jours que je suis là, autant que cela puisse servir à ceux qui arrivent. Surtout toi.

Mon regard se pose sur tes mains couvertes de cicatrices et remontent vers tes bras, comme si je devinais tout à fait ce qui pouvait se trouver sous le coton blanc de nos uniformes. Des cicatrices partout et je tends une de mes mains pour t’inviter à poser la tienne et venir me rejoindre sur mon canapé. « Tu permets ? » Je prends ta seconde main et les observe, passant mon pouce sur les cicatrices. Elles ne sont pas chirurgicales, ce sont des blessures directes. Le côté irrégulier ne laisse pas de doute. « Tu en as sur tout le corps n’est ce pas ? » Je demande en te laissant seul juge si tu veux me les montrer ou pas. Je commence doucement à masser tes mains. « Il faut les masser pour empêcher la peau d’adhérer et se tendre trop. Je n’ai pas de baume pour les détendre agréablement mais je peux au moins te masser. Ce sera douloureux les premiers jours comme ça n’a pas du être fait depuis quelques temps puis ça ira mieux. » Tout est une question d’assouplissement.

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Cela me fait du bien de l’entendre me tutoyer, cela paraît tellement logique.

Ses explications sur l’aide que je peux apporter aux nouveaux et surtout comment les approcher vont surement m’aider à m’intégrer ici. Je ferais attention à qui je m’adresse et me fierais à mon instinct qui aujourd’hui ne m’a pas trahie. Je comprends bien que nous sommes tous différents avec des caractères et des manières de gérer notre vie dans la ruche différemment les uns des autres et je m'adapterais en fonction de ceux qui seront devant moi. Je ne suis pas la pour créer un conflit.

« Je vais suivre ton conseil et aller leur parler si je sens qu’ils en ont besoin. »

Après libre à chacun d’accepter ou pas de se lier.

« J’irais aussi à la bibliothèque pour voir les livres qui sont à disposition, je ferais peut-être d'autres découvertes sur moi et mes goûts. »

Cela risque d’être un travail de longue haleine mais je ne resterais pas les bras ballants sans chercher qui je suis et ce que je suis.

Je ne sais pas si je dors bien ou pas et si je vais arriver à m’endormir facilement. Savoir que je peux communiquer avec d’autres grâce à mon bracelet me rassure.

Je n’ai pas l’intention de ne pas suivre les règles de la ruche mais connaître les risques en cas d'infraction est toujours un plus. Je prends donc en compte chacune des informations qu’il veut bien me donner.

Je le laisse prendre ma main et je m’assois à côté de lui sur le canapé. Je hoche la tête positivement lorsqu’il affirme que tout mon corps doit être recouvert de cicatrices. Je le laisse commencer à me masser. Passé la douleur initiale, j’apprécie de sentir ses mains sur les miennes. J’oublie tout ce qui m’entoure. Je ferme les yeux et j’entre dans une bulle de calme et de plénitude. Il n’y a plus que lui et moi et ce sentiment intense de protection que je ne m’explique pas.

Lorsque ses mains arrêtent doucement le massage, je rouvre mes yeux et serre délicatement ses mains pour le remercier. Je me lève doucement et commence à me déshabiller pour lui montrer le reste de mon corps. Je trouve ça naturel de me présenter dans mon plus simple appareil devant lui. Une fois nue, je tourne sur moi-même lentement pour qu’il ait le temps de visualiser ce qui m’est arrivé. Puis je repense à un détail que j’ai vu ce matin en m’observant dans la glace de la salle de bain, et je penche vers la table à côté du canapé pour lui emprunter un stylo avec lequel j'attache mes cheveux en chignon lâche très rapidement.

Comme tu t’en doutais tout mon corps est recouvert de ces blessures, mais ce matin, j’ai vu aussi cela »

Je soulève le devant de mes cheveux et les mèches qui passent derrière mes oreilles.

« Derrière mes oreilles et à la frontière de l’implantation de mes cheveux, il y a d’autres cicatrices, mais elles sont différentes.Beaucoup plus propres. Cela te dit quelque chose ? »

Si une personne peut m’expliquer à quoi elles correspondent, c’est bien lui.

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Je me contente d’hocher la tête quand tu me dis que tu vas suivre mes conseils. C’est une bonne chose de venir en aide aux autres. Sans forcément être une personne particulièrement avenante ou bien ayant envie de passer pour un héro il est agréable de pouvoir aider les autres à son échelle, même si elle est petite. Mais je sens que je n’ai pas besoin de chercher à te convaincre on est naturellement sur la même longueur d’onde. Ce sentiment reste étrange mais il me donne plus de douceur que celui avec Ivy et cela m’apaise. C’est une bonne chose que tu sois entrée dans cet appartement, je sens que ma nuit serait moins désagréable que les autres. Non pas que j’ai du mal à dormir mais quelque chose, au fond de moi, depuis mon attaque dans l’infirmerie, met mon esprit en éveil et ne me laisse pas serein.

Je masse doucement tes mains, trouvant mes gestes terriblement familiers aussi je laisse faire mon instinct, mon regard posé sur ta peau, me doutant que le reste de son corps est dans le même état. Sauf ton visage qui est en tout point parfait. Je te souris avec douceur quand tu me remercies d’une pression de main et te laisse t’échapper pour t’observer faire tomber doucement toutes tes affaires tomber à tes pieds. Je penche légèrement ma tête sur le coté en observant ton corps nu alors que tu tournes sur toi-même, mon regard passant des cicatrices à la peau épargnée par la douleur avant de revenir vers une nouvelle cicatrice. J’avance légèrement mes mains pour les poser sur tes reins, mon pouce passant sur plusieurs cicatrices. Des blessures, toute l’œuvre d’une terrible blessure, rien n’est assez précis pour être chirurgicale.

Je te libère pour que tu puisses te pencher et attraper un stylo, m’offrant une autre vue sur les lignes rosacées qui parcourent ton corps et je me recule dans le canapé en écartant mes jambes pour que tu puisses t’y installer dos à moi. « Viens » Ce serait plus facile pour que je vois les cicatrices que tu veux me montrer et aussi pour te masser. Je te laisse t’installer avant de passer ma main chaude dans ta nuque pour enlever les quelques derniers petits cheveux qui restent et que je ne veux pas tirer. Ton odeur me surprend, c’est terriblement familier et je ferme quelques instants les yeux espérant que cela me fasse souvenir mais rien… Juste un sentiment de bien être… Je regarde alors ce que tu veux me montrer et passe mon pouce dessus. Ce fourmillement… Ce frisson… Je sais ce qui rend mon corps aussi réactif désormais aussi je te fais légèrement bouger la tête pour mieux voir. « Ce sont des cicatrices chirurgicales. Certainement une opération importante sur ton visage. »

Et cette façon de faire… Les reliefs… L’indétectable courbe que prend la fin de la ligne… Je ne vois plus que ça et je frissonne quand mon esprit me flashe plusieurs cicatrices du même genre qui ne sont pas les tiennes. J’en tremble quelques instants avant de toussoter et me reprendre. « Tu avais certainement autant de cicatrices sur le visage mais celui-ci a été reconstruit contrairement au reste de ton corps. » Je me fais violence pour détacher mes mains des cicatrices parfaites que tu possèdes et les mettre sur tes épaules puis ton dos, te massant plus doucement même si je ne ménage pas tes cicatrices pour qu’elles cèdent doucement sous mes mains chaudes. Je fronce les yeux en remarquant le tatouage que je n’avais pas remarqué au premier abord. « Celui-ci ne te dit rien ? » Contrairement au mien il est plus « parlant » en tout cas.

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Je te laisse prendre le temps d’observer mon corps et de parcourir des yeux et des mains chaque cicatrice pour te faire une idée. Je vois sur ton visage que tu es énormément concentré. Tu sembles être dans ton élément et j’ai cette sensation que pour toi ce n’est pas réellement une découverte mais juste une évidence. Lorsque tes doigts commencent à parcourir mes cicatrices pour mieux les analyser, je n’ai pas de mouvement de recul, ni aucune sensation de gêne, ce geste me paraît tellement évident et naturel venant de toi.

Je m’installe entre tes jambes sur le canapé à ta demande pour que tu puisses observer de plus prêt et commencer à me masser. Je ferme les yeux et te laisse faire profitant du moment de calme et de sérénité qui se sont installé entre nous. Je penche la tête sur le côté à ta demande te laissant plus facilement accès à mon cou et aux cicatrices si particulières qui me posent tant de question. Et j’entends bien lorsque tu parles de cicatrices chirurgicales mais je n’assimile pas l’information au premier abord. Je reste fixé sur la sensation de tes doigts qui les parcourent avec toute la délicatesse qui te caractérise. Puis je te sens frissonner, et je t’entends tousser légèrement dans mon dos cela me fait revenir sur terre et assimiler ce que tu es en train de me dire.

« Donc si je comprends bien, non seulement je n’ai plus aucun souvenir, mais la seule chose à laquelle je pouvais me fier, c’est-à-dire qui je suis physiquement, est aussi une illusion ? »

A quoi puis je me fier maintenant si mes souvenirs reviennent. Peut-être que je ne serais jamais qui je suis. Est-ce que je dois prendre cette expérience comme un nouveau départ ? Faire une croix définitive sur ce passé oublié ? Très rapidement je décide que non, je suis qui je suis il suffit juste que je me rappelle et que je choisisse ce que je veux faire des souvenirs qui reviendront. Qu’importe ce que je découvrirais sur moi. Une personne s’est donné du mal pour me refaire un visage, je ne peux pas le trahir en refusant ce cadeau.

« Si mon visage a été entièrement reconstruit, celui qui a fait ça à des mains en or. »

Je ressens ton léger malaise comme si quelque chose te perturbait et je ressens le besoin viscéral de te soutenir et de t’aider. Je pose ma main sur ta jambe pour te transmettre mon soutien et te laisse reprendre ton massage jusqu’à ce que tu m’interpelles sur le tatouage que j’ai sur le biceps droit

« Je l’ai vu en arrivant mais je ne sais pas ce qu’il représente p Je voulais faire des recherches dessus mais je n’en ai pas encore eu le temps. Ça te parle à toi ? »

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« Le physique ne fait pas tout. » J’ai réussi à me détacher de la contemplation de tes cicatrices et reprends doucement mon massage, commençant par tes épaules avant de descendre le long de ton dos, prenant tout mon temps pour essayer de détendre les cicatrices qui ont eu le temps de se raidir de nouveau. C’est clairement encore récent pour qu’elles réagissent ainsi mais je sais faire, c’est juste comme si mes mains trouvaient naturellement leur place sur ton corps. Je descends vers le creux de tes reins tout en repensant à cela. Est-ce moi qui t’ai fait ce magnifique visage ? Cela peut expliquer ce sentiment vis-à-vis de toi et de tes cicatrices. « Même si ton visage a été reconstruit il y a des choses qui n’ont pas changé : tes yeux. Souvent la structure osseuse reste aussi. » Et puis… « Et ce n’est pas ton visage qui fait de toi ce que tu es. Même si tu te souviens de choses soudainement, ce n’est pas ton visage que tu verras ce sont tes mains, tes sentiments, tes envies. Tu n’es pas spectatrice de ton corps, tu es juste toi-même. »

Je souris en sentant ta main sur ma cuisse et te laisse faire, appréciant ton geste. Oui je suis encore un peu perdu face à cela. Surtout que la seule personne qui m’a créé des sentiments forts jusqu’à présent me trouble plus que me rassure. Contrairement à toi. Je pose le regard sur ton tatouage. « Cela me fait penser aux symboles des unités de soins mais il faudra vérifier dans les nombreux livres de médecine qu’il y a dans la bibliothèque pour plus de précisions. » Je ne veux pas te dire de bêtise mais il y a des symboles liés à la médecine qu’on ne peut pas rater comme le serpent et cette étoile particulière dont le nom m’échappe pour le moment. Serais-tu infirmière ? Cela pourrait expliquer ce lien fort entre nous peut être, je ne me rends pas compte et mes souvenirs restent derrière un immense mur impénétrable.

Je suis passé avec plus de douceur sur ton ventre car je sais que c’est une zone sensible et remonte mes mains pour continuer de masser tes cicatrices jusqu’à ta gorge. Je sens ton corps se réchauffer sous mes mains et ta peau rougir. Un mal pour un bien. Je me rends bien compte que ça ne doit pas être très agréable pour toi mais tu ne dis rien. « Allonges toi. » Il me sera plus facile de continuer si tu t’allonges sur le canapé aussi je t’y invite d’un mouvement de mes mains, restant assis et te laissant reposer tes jambes sur les miennes. Ainsi je peux les masser sans que cela ne soit gênant pour toi comme pour moi. « Il faudrait qu’on fasse cela tous les matins pour que cela ne te fasse pas souffrir au court de la journée. Le soir pourrait être une bonne idée aussi » Que tu puisses reprendre des activités sans souffrir de tes cicatrices. Bien entendu tu fais comme tu le désires. « Je pense qu’on ne va pas tarder à être dans le noir d’ailleurs » Il vaut mieux faire attention au couvre feu avant de devoir se déplacer dans le noir.

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Tes mains massant mes épaules et descendant le long de mon dos m’apportent un bien-être sans nom. Tes paroles me rassurent aussi. Même si se dire que j’ai perdu ma mémoire et aussi mon visa ge me fait quand même mal .Mais tu es rassurant, calme et tu m’apaises. Pendant que tu m’expliques je suis tes conseils et je regarde mes mains et je plonge au plus profond de moi pour y trouver les sentiments qui m’habitent et qui sont les forts. La première sensation est la peur. La peur de ne pas savoir où je suis, pourquoi je suis là et une peur plus forte, plus effrayante qui effleure ma psyché mais que je n’arrive pas à discerner. Une peur si forte que je me demande si je veux vraiment qu’elle se manifeste. Et toutes ces émotions négatives sont enveloppées dans un cocon protecteur comme si rien ne pouvait m’arriver car tu es près de moi. Je ne comprends pas ce qui nous lie, ni pourquoi je me sens si bien à tes côtés mais je n’ai pas envie que ce sentiment s’arrête.
Tes explications sont très convaincantes, tu sembles l’avoir vécu et très bien connaître le processus dont tu me parles. Je ne peux m’empêcher de te poser la question. Je parle tout en touchant mon visage du bout des doigts comme pour comprendre ce qui m’est arrivée.

« En fait tu penses que la base de mon visage reste la même ? Et tu as raison je n’avais pas pensé à mes yeux

Il semble comprendre ce qui m’est arrivé et comment l’opération s’est déroulée. Je comprends de mieux en mieux pourquoi on l’appelle Doc

« Est-ce que toi aussi tu as eu des souvenirs qui sont revenus de cette manière ? Grâce à des sensations ou des envies particulières ? »

Puis tu poses les yeux sur mon tatouage. Des symboles médicaux ? Je ne suis pas étonnée par cette affirmation mais je vais devoir faire des recherches. J’irais voir à la bibliothèque, j’y trouverais peut-être des réponses à mes questions. Je m’allonge à ta demande pour que tu puisses terminer de me masser les jambes plus facilement. La douleur est devenue supportable et je sais que c’est un bien pour un mal donc cela n’est pas grave de souffrir un peu. Je hoche la tête à ta proposition de soin.

« Je passerai te voir matin et soir si tu as assez de temps pour me masser. Si cela est trop compliqué je chercherai quelqu’un d’autre pour prendre le relais. Je ne veux pas m’imposer »

Je ne veux pas perturber ta routine journalière, car je me doute qu’ici tout le monde adopte rapidement un rythme de vie particulier, pour ne pas devenir fou.
À la mention du couvre-feu, je regarde ma montre et vois l’heure. Je me redresse doucement, je récupère les vêtements que j’ai laissés au sol et commence à me rhabiller.

« Tu peux me montrer dans quelle chambre je peux dormir ? »

Tu as déjà dû poser tes affaires dans une des chambres mais je ne sais pas laquelle, alors autant demandé avant d’envahir ton espace personnel.

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Première nuit

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Tenderness is the name for a lover's most exquisite sensation; protection is implied in his most generous and heart-thrilling impulse. - William Godwin

Je réfléchis à ta question avant de confirmer. « Je pense que si la structure même du visage avait été touché pour aller jusqu’à la déformation, cela serait plus visible » Alors que clairement ton visage a été touché pour le rendre parfait, vierge de toutes cicatrices visibles mais je ne détecte pas de blessures plus importantes. En tout cas tes cicatrices n’y font pas penser. Et puis tes yeux restent parfaits. Même si tes paupières peuvent avoir été réparées, la profondeur d’un regard ne change pas. Je pense qu’on peut même reconnaître des gens juste grâce à cela. « Je n’ai pas vraiment de souvenirs qui sont revenus en tant que flash de mon passé. Aucune image vraiment nette ou morceau d’un film que pourrait être ma vie. Mais quelques sensations reviennent parfois. » Je réfléchis comment expliquer cela correctement. « Mon instinct de médecin revient quand je suis confronté à des blessures que je peux expliquer. Surtout de la chirurgie. » Après les autres sensations que je ressens depuis quelques temps je ne sais les expliquer et les range dans un coin de ma mémoire.

Je t’invite à t’allonger pour continuer de te masser, te disant à quoi me fait penser ton tatouage même si je ne suis pas capable d’en avoir une explication précise. Les livres t’aideront certainement mieux que moi et je reviens à ton corps qui a besoin d’être massé. Si seulement j’avais de quoi rendre cela plus agréable je le ferais mais hélas rien de ce qui se trouve à l’infirmerie peut y aider. « Tu ne t’imposes pas. Je prendrais soin de toi avec plaisir. » Je n’ai pas besoin que tu cherches quelqu’un et ma routine peut tout à fait être chamboulée pour que je t’aide. Je dois même avouer que savoir que quelqu’un d’autre va le faire à ma place me crispe quelque peu donc autant dissiper tout de suite un possible malentendu. « Nous pouvons prendre l’habitude de dormir dans le même appartement, cela sera plus facile pour se retrouver pour tes massages. » Comme ça je peux le faire avant le coucher et au lever. Moment facile à trouver si on est ensemble sans avoir besoin de déranger l’autre à un moment de la journée.

Je te libère avant de me redresser aussi, t’indiquant la seconde chambre pour que tu puisses t’y installer. « Si tu as besoin je suis dans l’autre » Je te l’indique simplement. « Bonne nuit » Je t’adresse un doux sourire avant de rejoindre mon lit. J’ai à peine le temps d’ôter mes affaires que la lumière s’éteint. J’ai toujours un peu de mal avec ce moment. Pas que le noir m’inquiète mais je n’aime pas ne pas décider de ce genre de « passage. » Je me glisse dans les draps avant de soupirer longuement. Mes nuits ne sont pas toujours parfaites, je mets surtout un long moment à m’endormir mais je finis toujours par m’assoupir.

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« Alors je vais continuer à suivre mon instinct» je me suis fier à lui toute la journée et il ne m’a pas déçu. Et ton explication sur mon visage et sa transformation ainsi que sur les sensations que tu as face à certaines situations me conforte dans mon idée. Puisque je n’ai plus de mémoire je vais commencer par me fier à mes sensations.

Je souris heureuse de t’entendre me dire que je ne suis pas une contrainte pour toi et que tu prendras soin de moi. Cette réflexion me fait chaud au cœur. Je ne comprends pas toujours pas pourquoi ton approbation et ta présence compte tant pour moi, mais elle m’aide à mieux vivre cette expérience. « Oui on pourrait partager un appartement cela sera plus facile » Et en plus cela me fera super plaisir de te voir tous les jours. Je me lève lorsque tu me libère et après m’être rhabiller, je repère où se trouve ta chambre « Bonne nuit Doc. Et encore merci pour tout » Je te serre la main délicatement avant de partir, une manière pour moi de te remercier une nouvelle fois.

Je rentre dans la chambre que tu m’as désignée et je prends le temps d’en faire le tour pour repérer. Une nouvelle fois je suis mon instinct, je ne sais pas pourquoi mais il me semble important de bien connaître mon environnement avant de m’endormir.

Je pars me laver les dents avant de me coucher et j’en profite pour retirer mes vêtements et les poser dans le bac à linge sale de la salle de bain. De toute façon tu m’as déjà vu nue dont je n’ai aucun complexe à me balader en tenue d’Eve jusqu’ à ma chambre.

Je me glisse dans les draps, j’apprécie la fraîcheur qu’ils m’apportent. Tes massages ont été efficaces mais ils m’ont légèrement irrité la peau. C’est bien dommage que l’on n’est pas de baume ou d’huile de massage ce serait tellement plus agréable avec. La lumière s’éteint d’un seul coup et mon cœur fait un petit bond lorsque le noir se fait mais je retrouve rapidement un rythme cardiaque normal. J’essaye de me détendre, mais le film de la journée que je viens de vivre se lance. Je le laisse aller jusqu’au bout refusant de lutter contre mon inconscient. Et je laisse le sommeil m’envahir.

La nuit vient de tomber, je retire mes rangers et me déshabille pour aller me coucher. Je souhaite bonne nuit à la fille qui dort dans le lit sous le mien. Autour de moi les autres filles dorment et je fais attention à ne pas faire de bruit. Je vais m’endormir rapidement chaque minute de sommeil est bonne à prendre. Une déflagration déchire la nuit puis c’est le noir, je ne vois plus rien, je ne peux plus bouger. Un poids énorme me bloque et m’empêche de bouger et de respirer, Mon dieu …… Aidez-moi …. Sortez-moi de là ! J’étouffe ! J’ai mal et j’essaye de crier mais aucun son ne sort. Ne me laissez pas mourir !!!!

Je me réveille en sursaut. Je n’arrive pas à m’arrêter de crier. Mon cœur bat la chamade. Je me réfugie dans le fond de mon lit, le bras autour de mes genoux. La panique m’empêche de réfléchir. Je me balance d’avant en arrière répétant comme un mantra. « Ne pas me rendormir, ne pas me rendormir, je ne dois pas me rendormir….. »

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Mon sommeil est difficile à trouver mais il m’est paisible pour le moment. Je m’éveille parfois avec une sensation trop présente pour moi, un visage féminin qui semble essayer de se rappeler à mes souvenirs mais je suis plutôt paisible. Je pense à toi, dans l’autre chambre, essayant de comprendre pourquoi j’ai ce sentiment aussi important de protection vis-à-vis de toi. Je me suis d’ailleurs mis sur le côté, le corps tourné vers ta chambre comme si je pouvais te sentir de là. Moi qui n’ai eu l’occasion que d’avoir un lien très complexe avec Ivy je me demande comment ça se fait que mes sentiments peuvent être aussi importants aussi et pourtant totalement opposés. Vous êtes clairement très importantes pour moi mais ce n’est pas du tout la même chose, tu ne me fais pas ressentir cette envie terrible voir cette colère que la belle rousse peut déclencher quand je la vois ou que je pense à elle. Et je sens de nouveau ce visage qui me hante depuis mon attaque qui revient à mon esprit. Mais je le repousse, comme si c’était un danger… Un terrible danger…. Est-ce que je pourrais le faire encore longtemps ?

Je finis par m’assoupir, las de mes réflexions, mon esprit voguant dans des rêves faits surtout de sensations, d’impressions. Mon esprit ne semble pas vouloir me faire découvrir quoique ce soit, il se contente de me faire rêver de ce que j’ai fait dans la journée. Quoique non, j’ai l’impression de retrouver des souvenirs avec toi car je te vois à mes côtés mais pas comme ce soir, pas comme nous nous sommes découvert dans cet appartement. C’est ton hurlement qui me fait faire un bond dans mon lit. Je me redresse tout de suite, inquiet. Je ne cherche pas à passer de nouveau mes affaires, ton mal être est trop important pour que je perde du temps en futilité. Surtout que tout est dans le noir donc il est difficile de me repérer dans l’appartement, la montre ne faisant qu’une faible lumière tout juste pratique pour lire des messages. Et encore…

Les mains devant moi, tel l’aveugle que je suis dans ce noir complet, je finis par trouver le chemin de ta chambre. Heureusement qu’elle est en face vu le temps que j’ai mis déjà à me repérer. Je pousse la porte et t’entends. Je connais ce mantra et même si je ne vois rien je sais exactement la position dans laquelle tu te trouves. Comment puis-je le savoir ? Ce n’est pas le moment d’y penser aussi je m’avance vers ton lit doucement, finissant par toucher les draps et je cherche son corps. Je pose sur lui ma main chaude, caressant doucement ton dos. « Je suis là… Tu n’es pas seul… » Il manque ton prénom et tout un tas d’autre chose mais je sais que je t’ai déjà dit cela, je le ressens au fond de moi et je viens tout doucement t’envelopper de mon corps pour te faire sentir que tu es en sécurité, que rien ne peut t’arriver tant que nous sommes ainsi. « Tu es en sécurité… » Rien ne peut t’arriver ici, je suis là…

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Le noir, l’écrasement, la douleur qui vrille tout mon corps et l’impossibilité de crier d’appeler au secours, dès que j’ai le malheur de fermer les yeux ces images viennent me hanter. Je ne dois me rendormir, plus jamais. Tant pis si pour cela je dois me faire vivre le martyr et trouver des solutions pour rester éveiller. Il doit bien y avoir des moyens de s’empêcher de dormir. Comment pourrais-je me rendormir un jour si c’est pour revivre cela encore et encore. Je n’arrive pas à me calmer ni à arrêter les battements de mon cœur qui sont en train de m’amener vers une mort certaine si je ne me calme pas. Mais peut-être que la mort serait la solution. Si je dois subir cette torture à chaque fois que je ferme les yeux je préfère mourir de suite la douleur sera plus rapide et après je serais libéré.

Pourquoi m’avoir effacé la mémoire et m’avoir laissé ces images en tête ? Que veulent-ils donc ? Que l’on se suicide pour que leur expérience soit complète? Je ne sais pas d’où viennent ces images, ni ce qu’elles représentent, mais je sais une chose je ne pourrais pas vivre si elles m’assaillent sans cesse.

Je ne peux pas m’arrêter de me balancer d’avant en arrière et de répéter cette phrase sans fin. Plus rien ne compte je suis centré sur moi et oublie le monde qui m’entoure. Je ne t’entends pas ouvrir la porte et rentrer dans la chambre. Mais je te sens t’asseoir sur le bord du lit, je ne me fais pas attention à ta présence, plus rien ne m’importe.

Lorsque ta main se pose sur mon corps et caresse mon dos, je frissonne à ton contact arrêtant petit à petit de me balancer. Ta voix me rassure pour je ne sais quelle raison et au bout de quelques secondes j’arrête mon mantra. Mon cœur reprend petit à petit un rythme à peu près normal. Qui est tu pour me calmer aussi rapidement ? Comment sais-tu ce que tu sois faire ou dire pour me rassurer ? Je me poserais ces questions plus tard. Pour l’heure je suis heureuse de te savoir là. Je me déplace lentement pour me glisser dans tes bras et me retrouver dans ce cocon protecteur. Je sais que tu ne mens pas en m’affirmant que je ne suis plus seule et que je suis en sécurité avec toi. Mes pleurs se tarissent et je m’allonge collant mon corps au tien. Ma voix est cassée tellement j’ai hurlé, mais j’ai encore la force de murmurer.
« Je t’en prie ne pars pas. Ne m’abandonne pas » Allongée contre ton corps, tes bras m’entourant, je plonge petit à petit dans un sommeil qui je l’espère sera plus serein.

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Sujet: Re: PREMIÈRE NUIT (Doc et F03-066)

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