Le bonheur est en chaque jour ft. F02-006

Je me réveillai doucement dans une chambre qui n’était pas la mienne. Cette règle était vraiment étrange et il n’y avait plus tant de chambre de libre dans la Ruche, nous étions nombreux par ici. On pouvait rapidement se retrouver dans la chambre d’une autre personne et jouer au jeu des lits musicaux. Heureusement, l’hygiène de l’endroit était proche de la perfection, il fallait le souligner. Quittant mon lit, je retournai vers mon logement initial afin de me laisser le temps de me réveiller et de profiter des premiers instants de la journée pour faire un peu d’activité. Mon corps était toujours plus volontaire pour se mouvoir le matin. Le soir, il était rapidement épuisé.

De bonne humeur donc, je se demandai comment je pouvais commencer cette belle journée et me décidai pour un peu de ménage. L’endroit était déjà très propre mais je tenais à apporter ma participation en frottant les meubles et en aérant les lits utilisés la nuit. En effet, c’était mon premier véritable moment dans mon logement. Le premier jour, j’étais arrivé tard le soir et n’avais croisé personne en sortant et étais allé dormir dans un autre appartement comme le règlement l’imposait. Le second jour, j’avais eu quelques problèmes digestifs et un mal de tête certain dont je préférais nier la cause et ne pas y penser. Bref, j’étais resté toute la journée dans mon lit de la nuit précédente.

Je savais que les logements étaient partagés et j’avais vraiment hâte de savoir qui allait partager mon quotidien, probablement une personne formidable comme tout le monde ici. J’espérais lui faire plaisir en aérant ses draps, tapotant ses oreillers. Ensuite, je passai à l’espace commun et en frottant chaque meuble avec une serviette humidifiées d’eau savonneuse afin de donner une bonne odeur fraiche à notre pièce partagée.

Je chantonnais d’une voix grave, un sourire aux lèvres une chanson en Italien que je connaissais sans savoir comment ni où je l’avais apprise. Bref, je voulais rendre hommage à cet endroit qui m’accueillait en me fournissant tout ce dont j’avais besoin : nourriture, logement, compagnie et possibilité de me redécouvrir moi-même.

La porte coulissante s’ouvrir, penché sur un meuble, torchon improvisé à la main, je me retournai vers la porte en souriant de toutes mes dents vers le nouvel arrivant pour l’accueillir de mon mieux :

- Bonjour, bienvenue chez toi ! C’est une belle journée qui commence, j’espère que tu accueilleras la joie de celle-ci avec enthousiasme.  

J’étais d’excellente humeur mais elle n’était visiblement pas dans le même état que moi. Elle avait l’air bien sombre et semblait ne pas vraiment accueillir cette journée avec autant d’enthousiasme que moi. C’était bien dommage de voir un si jeune visage déjà fermé alors qu’il était si tôt le matin. Il était évident que j’allais tenter de lui remonter le moral même si elle ne semblait pas très réceptive au premier abord, cela me semblait la bonne chose à faire. Je commençais donc à lui répondre concernant la chambre :

- Toutes mes excuses si cela vous a gêné, je pensais qu’une couette bien aérée serait agréable mais je comprends que vous souhaitez garder votre intimité chère enfant, c’est important pour les jeunes femmes. Rassurez-vous, je n’ai pas trouvé de journal intime caché.

Car évidemment, toutes les jeunes filles tenaient un journal intime, c’était bien connu. Il était là pour raconter tous les malheurs et autres troubles dans leurs sentiments quotidiens. Souvent des bagatelles mais tout ce qui pouvait aider les gens à se sentir mieux était le bienvenu. Je s’inclinai légèrement mais ma grande taille faisait du geste un mouvement assez ample.

Je l’écoutai concernant le ménage et je devais reconnaître qu’elle avait peut-être raison. J’avais très envie d’apporter ma contribution à ce bel endroit et de simplifier la tâche de ceux qui s’occupaient avec un soin impeccable du ménage. Cependant, la fatigue que je ressentais déjà n’avait rien de feinte et je devrais probablement ne pas oublier que je n’étais plus un jeune homme et que m’agiter autant dès le matin était une mauvaise idée. Je la remerciai de sa sollicitude.

- Je vous remercie de vous inquiéter de ma santé alors que nous venons à peine de nous rencontrer. Concernant le lit, je ne le ferai plus, selon votre désir. J’espère que notre cohabitation se passera bien, j’ai hâte de mieux vous connaître.

Il était dommage que nous n’ayons pas de soleil, un matelas exposé au soleil rendait la sieste plus réparatrice. D’un autre côté, la sieste pouvait être considérée péchée de paresse et je supposai que c’était pour nous protéger de celui-ci que nous n’avions pas d’accès au soleil. Décidément, la personne qui avait conçu cet endroit avait pensé au moindre détail.

- Je viens effectivement d’arriver, c’est ma troisième journée dans cet endroit pour être exact. Mon bracelet indique que je suis le numéro 40, un nombre lourd de symbole.

Avoir ma colocataire sous la main était une excellente occasion d’en savoir plus sur ma nouvelle maison. Si elle était ici depuis plus longtemps que moi, elle pourrait me renseigner sur le mode de vie qui se déroulait dans cette communauté qui s’annonçait, comme tout, charmante.

- Et vous ? Etes-vous ici depuis longtemps ? Vous plaisez-vous ici ? Partager la vie de nos compagnons au quotidien sans aucun souvenir doit être très stimulant au niveau spirituel.

En prononçant ces paroles, j’hochai la tête, sans aucun doute, cette fraternité devait être source de beaucoup de bonheur au quotidien.