Who's behind the freckles (18 & 304)

Réveillée depuis hier, 304 avait cependant arrêté seulement aujourd’hui de se croire dans un rêve. C’était la réalité, une nouvelle réalité étonnante, et c’était encore bien mieux qu’un rêve. Elle avait beaucoup conversé avec Aleksa via sa montre-bracelet -tellement pratique ce truc- et si la raison de son existence au sein de cette ruche n'était pas clairement justifiée, certains points d’ombre s’étaient envolés. Il n’en restait pas moins qu’elle ne savait pas qui elle était, et que cette situation étrange la rendait plutôt curieuse qu’effrayée.

Et puis après tout : à quoi bon savoir qui on est quand on peut être ce qu’on veut ?

La jeune femme continuait son exploration au sein de la ruche, et elle s’habituait enfin à cette odeur singulière qui se répandait dans tout l’endroit. Elle ne plissait plus des yeux lorsqu’elle recevait la lumière éclatante de toute la ruche dans les mirettes. Un jour, se disait-elle, je connaitrais tout par cœur, et je n’aurais plus rien à explorer. Que me restera-t-il alors à découvrir ? Bien évidemment, lorsqu’elle comprendra que la ruche dissimule des pièces çà et là, que potentiellement, il reste encore un bon nombre d’endroits à révéler aux abeilles de la ruche, elle sera rassurée.

C’était probablement le cas de la serre : dans le salon, elle avait surpris des bribes de conversation. Ils étaient encore beaucoup à parler de la serre et de ce qu’elle renfermait comme s’il eut s’agit d’un évènement. 304 sourit : si chaque découverte se déroulait ainsi, si chaque ouverture de pièce -s’il y en avait d’autres- s’apparentait à une odyssée, les habitants de la ruche ne s’ennuieraient jamais !

À son tour, la petite nouvelle qu’elle était eut envie de visiter la serre. Un jour peut-être, elle serait pionnière, elle serait la première à découvrir une nouvelle pièce. Elle y pénétra en silence, observant partout autour d’elle et arrêtant son regard sur l’herbe qui semblait tellement extraordinaire autour de tout ce blanc. À sa droite, elle aperçut une femme rousse assise en tailleur sur la pelouse, un livre à la main. « Ouah, j’adore ton look ! » s’écria-t-elle en réalisant au même moment qu’elle venait probablement de troubler un instant de paix.

Tâches de rousseurs, tatouages, chevelure rousse… Cette fille était incroyable ! Aux yeux de 304, elle lui apparut comme une œuvre d’art. Elle eut l’envie de la serrer dans ses bras, mais au fur et à mesure qu’elle s’approchait d’elle, elle crut voir la rousse se recroqueviller. Sans doute lui avait-elle fait peur à s’écrier ainsi et maintenant, se ruer vers elle de cette manière ! Qui sait ce qui se passait dans la tête de celle-ci. « Oh pardon, j’oublie que tout le monde n’est pas tactile ! dit-elle en faisant la moue. Tu lis quoi ? » Avec un peu de chance, parler ce qu’elle semblait aimer faire, lire, serait un bon moyen de lui faire oublier cette introduction tonitruante.