Les maisons explosent ~ 109

Elle n'arrive pas à avancer correctement, il y a trop de boue, la pluie n'aide pas non plus. Elle ne sait pas trop ce qu'elle doit faire ni où elle doit aller. C'est le chaos. Il y a des explosions se font entendre un peu partout ainsi que des armes à feu qui tirent dans tous les sens. Elle se retrouve dans une tranchée sans trop savoir comment, plus au moins à l'abri alors que tout continue autour d'elle. Les explosions, les tirs, la pluie. Elle se couvre les oreilles, ferme les yeux, protège sa tête avec ses bras, ses cris se perdent dans l'air, elle arrive à peine à les entendre. Elle relève la tête lentement lorsqu'elle pense avoir perçu des sons, des voix, mais elle ne voit personne, que des vagues silhouettes plus loin. « Il y a quelqu'un ? » Elle crie encore une fois, essaie de se faire entendre malgré tout. Ils sont couverts par les détonations diverses qui se produisent de plus en plus régulièrement. Puis, tout devient noir.

Elle se met à crier, s'assoit dans son lit, pour de vrai cette fois elle arrive à s'entendre, pendant quelques secondes alors qu'elle est réveillée... est-ce qu'elle dormait ? Elle ne peut pas dire. La lumière s'allume d'un seul coup, l'aveugle, et Aleksa se met à faire son monologue du main comme si de rien n'était. À moins qu'elle ne lui dise que son pouls est trop élevé, qu'elle devrait se calmer, de toute façon, elle n'y porte pas attention. Elle a porté ses bras à ses yeux pour se protéger de la lumière dans un déjà-vu assez troublant et trop récent, elle les baissent donc rapidement. Elle vient de pleurer, c'est humide, ses cils sont trempes, ses joues aussi. Son cœur bat la chamade, ses oreilles sifflent mais elle ne sait pas trop pourquoi. Ce n'était qu'un rêve, enfin plutôt un cauchemar. Bien qu'elle ne sait pas trop en quoi en penser. Si ce n'est qu'un rêve, pourquoi est-ce que ses oreilles siffleraient vraiment ? Est-ce un souvenir ? Tout passerait si réel. Réel, mais pas tellement non plus. Ça ne fonctionne pas du tout avec le peu dont elle se souvient de son passé. À moins que tout le monde n'ait été obligé de prendre les armes à un moment ou à un autre. Ce qui serait bien effrayant.

La porte s'ouvre sur un homme qu'elle n'a jamais vu avant. Elle vient de crier au meurtre, ou presque, elle a dû attirer son attention. « J'ai fait un mauvais rêve... » explique-t-elle. Elle est secouée, toujours essoufflée. Elle a encore l'impression de sentir ses pieds être coincés dans la boue, de sentir la pluie lui tomber dessus, d'entendre les bombes et les tirs. Elle sent quelque chose sous son nez, vers la narine gauche. Elle frotte, regarde, sa main tremble un peu. Du sang. Il est séché, il ne semble pas y en avoir beaucoup, mais c'est tout de même du sang. « Un très mauvais rêve... » chuchote-t-elle ne comprenant pas trop cela non plus. Elle ramène la couverture sur elle. Non pas dans un geste de pudeur, car elle enlève son pantalon pour dormir, mais dans un geste de protection.

Le nouvel arrivé ne dit rien et quitte sa chambre. 013 ne dit rien non plus. Après tout, il voulait peut-être vérifier qu'elle n'était pas en train de se faire assassiner. Elle est vivante et c'est le plus importante. De toute façon, elle a un très gros sujet à devoir penser à présent. Quelque instant plus tard, l'inconnu est de retour avec une serviette humide dans les mains. « C'est gentil... » dit-elle. Elle se serait bien levée pour aller se nettoyer, mais elle doute que ses jambes soient très coopératives. Elles sont fortes, sauf que là il ne s'agit pas de supporter le poids de son corps sur une. C'est psychologique, émotionnel, ce n'est pas exactement la même chose. Il se met à nettoyer le dessous de son nez et elle le laisse faire, touchée par son geste. « C'est pas grave... c'est attentionné. » Elle lui sourit, doucement, elle ne lui en veut pas. Elle n'a pas trouvé que c'était déplacé. « C'est aussi le genre de truc que je ferais alors... » Elle n'est pas très regardant niveau approche des autres ou envers les autres. Elle sait qu'elle est plutôt tactile, essaie de faire attention de ne pas l'être envers ceux qu'elle ne connait pas, sauf qu'elle est assez impulsive aussi. Parfois, elle y pense juste après. Elle ne peut pas lui en vouloir pour une action qu'elle ferait elle aussi.

« J'vais... j'sais pas. » C'est bizarre, habituellement, elle dit toujours qu'elle va bien. C'est assez rare lorsqu'elle n'est pas de bonne humeur. Ce n'est pas vraiment dans sa nature, elle arrive presque toujours à voir le positif même quand ça semble impossible. Là, son rêve (son souvenir ?) est encore trop présent, trop réel, trop vif dans son esprit pour qu'elle puisse se sentir comme elle l'est d'habitude Ce qui n'est pas très étrange en soit après ce qu'elle a pu voir. « J'espère que c'était juste un cauchemar et pas un souvenir... j'étais dans une zone de guerre. Y'avait des explosions et des tirs. Il pleuvait. J'me suis retrouvée dans une tranchée sans trop savoir ce que je faisais là. J'entendais des voix, je voyais des silhouettes, mais personne me répondait ou me voyait... » Elle frissonne, ferme les yeux un instant. « J'ai les oreilles qui cillent, je sens encore la pluie sur ma peau et j'ai l'impression d'être plein de boue. » Un cauchemar beaucoup trop réel. Elle serre ses genoux encore plus contre elle, alors qu'elle regarde une de ses mains pour vérifier leurs états. Propres, sans boue. Elle ne comprend pas. Elle ne sait pas ce qu'elle doit tirer de cela. « Vous êtes nouveau ? » demande-t-elle. Elle ne se souvient pas de l'avoir déjà vu avant, mais on ne sait jamais. Puis, elle trouve qu'elle a beaucoup parlé d'elle, ce n'est pas dans ses habitudes. Bon, il le lui a demandé, mais tout de même. Elle peut se montrer bavarde, mais n'est pas du genre à monopoliser une conversation.