Talent d'artiste ? ft. F03-998

Je me levai de bonne humeur et regardai dans la pièce principale si ma colocataire était là. Comme elle ne l’était pas, je me permis de faire un peu de ménage – je savais que ça l’agaçait et ne voulais donc pas le faire en sa présence -. Cela me détendit et me donnait toujours l’impression que je faisais ma part de travail. Sans que je sache pourquoi, cette notion m’était très chère et je regrettais presque que cet endroit soit si bien entretenu que nous n’ayons rien à faire pour participer à sa bonne tenue.

Il était temps pour moi d’aller un peu explorer cet endroit. Les autres l’appelaient la Ruche et certains s’en méfiaient visiblement. Il me semblait qu’il n’y avait aucune raison à cela et qu’au contraire, le lieu était particulièrement accueillant. J’avais parcouru quelques-unes des salles nécessaires à la vie de tous les jours comme le réfectoire et l’espace central où tout le monde circulait mais certaines pièces m’étaient encore inconnues. Je n’avais soit pas ressenti le besoin de m’y rendre soit je ne voyais pas ce qui j’y ferais. La salle de sport entrait dans la seconde catégorie, mon corps n’était clairement pas en état d’aller s’agiter sur des machines de courses.

Pour le premier, c’était surtout que je n’en avais pas vraiment eu l’occasion.
La salle d’art ne m’attirait pas particulièrement comme une nécessité et j’avais passé plus de temps assis, prêt de la fontaine, à regarder les gens passer et à leur sourire. Dans certains cas, s’ils le souhaitaient, j’avais également fait un brin de causette. Je ressentais un véritable plaisir à apprendre à reconnaître chacun des visages de cette nouvelle communauté à laquelle j’étais fier d’appartenir.

Je me dirigeai donc vers le local où il y avait souvent une certaine émulation, on entendait de loin les habitants de la Ruche s’activer et ça donnait envie d’aller les rejoindre pour voir un peu ce dont ils étaient capables et cela ferait un divertissement agréable. Tandis que je traversais la pièce centrale, je fus pris d’un vertige, comme une soudaine fatigue. Je me sentis partir sur le côté et me rattrapai donc à la première chose qui passa sous mon nez : le bras d’une jeune femme blonde. Rapidement, je repris le contrôle, la fatigue qui m’avait traversée n’étant que passagère et je m’excusai platement :

- Toutes mes excuses, j’ai eu comme un vertige, pourtant, j’ai bien mangé ce matin. Je crains de ne plus avoir vingt ans. J’espère que je ne vous ai pas fait mal mademoiselle… ?  

J’en profitai également pour me présenter puisque je cherchais à connaître un peu tout le monde, c’était l’occasion :

- On me nomme H03-40, je me dirigeais vers la salle d’art, c’est bien dans cette direction, n’est-ce pas ?

Je pointai du doigt la direction où je me rendais. J’avais constamment un voile devant les yeux et cela rendait parfois mon orientation compliquée, tout se ressemblait tellement dans ce lieu…