After the Storm (Ft Doc)

C’est en me posant enfin sur le lit que je me rends compte que je suis éreinté. Je ne suis pas un homme d’action, je n’ai pas besoin de souvenirs pour le savoir aussi le contre coup de toutes nos actions du matin arrivent doucement. Je n’ai pas eu peur, j’ai agi comme je pensais cela juste, mettant les autres abeilles en danger par notre action avec Friday mais ne pouvant rester sans agir face à la possibilité de personnes blessées de l’autre côté de cette porte. Cela aurait pu avoir des conséquences bien plus désastreuses que celles que nous avons mais si je devais le refaire, je ferai exactement la même chose. Cela me permet de savoir que si je dois agir je sais le faire même si je préfère largement l’observation à l’action. En attendant mes mains ne tremblent pas, je suis d’un calme absolu mais je suis fatigué. Contrarié aussi…. Je respire profondément en fermant les yeux, réalisant pourquoi je suis contrarié. Parce que mon esprit s’est concentré sur mes actions et mes connaissances, sans lui laisser ses divagations habituelles et cela me rend seul.

Mes affaires tombent au sol, je prendrais ma douche ensuite, je préfère laisser 66 ôter tout le sang qui l’a recouverte et m’allonge sous la couette. D’un mouvement du bras je récupère la musique que j’ai depuis quelques jours et mets les écouteurs. Mon souffle s’apaise, ma tension aussi alors que je sais exactement quelle musique déclencher pour me détendre, pour ranger dans un coin de mon esprit cette matinée forte en émotion, mes habitudes de médecins et faire de la place pour une des rares personnes qui m’accompagne de nouveau. Je n’ai pas besoin de plus pour sentir de nouveau sa présence, pas depuis que mes souvenirs reviennent et je souris légèrement, serein, alors que tu viens me rejoindre dans le lit. J’étends mon bras à mon habitude pour que tu viennes t’y installer, tu es la seule personne qui peut s’inclure dans ma vie sans me déranger et je dépose un léger baiser sur ton front, restant dans ma bulle. Je n’ai aucun soucis à vous avoir toutes les deux dans ce moment de paix, je sais exactement la texture de vos peaux, aucune ne peut se confondre.

Quand j’ouvre de nouveau les yeux je ne sais combien de temps s’est passé, je ne sais quelle heure il est et je ne regarde pas ma montre, je n’en ai pas le désir. Tes yeux papillonnent aussi alors que je suis éveillé depuis quelques instants, observant ton nez que je dois encore finir de soigner pour que tu puisses être tranquille. Je sais que tu ne le désires pas mais je ne t’en laisse pas le choix. « Ton repos a été doux » Et serein, ce qui est rare depuis que tu t’es éveillé dans cet endroit. Mon lecteur de musique est éteint à mes côtés depuis quelques temps déjà, je sais que nous devons parler, je te connais assez pour cela. Mais en premier mes réflexes de protecteur et de médecin reviennent. « Il faut que je finisse de soigner ton nez. Une fois qu’il sera bien protégé, tu pourras mieux bouger. » Et dormir aussi parce qu’on bouge toujours en dormant et il serait bête que tu l’abîmes en changeant simplement de position.

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Je souris doucement à ton affirmation. C’est la première fois que tu me dis avoir dormi aussi bien, c’est une bonne chose. Peut-être est-ce la fatigue ou la chute de tension, peut être est-ce plus. Tu m’en parleras si tu désires le faire de toute façon, je n’aime pas forcer les confessions, tu le sais. « Oui. La musique me détend toujours. » Surtout certaines musiques. J’étais juste fatigué par ce qui venait de se passer, un peu sous le choc d’avoir du agir autant mais rien de plus. Je n’ai pas été blessé,  je suis plus contrarié que tu le sois et d’avoir été quelques instants sans sa présence. Moi je vais parfaitement bien et avais surtout besoin de fermer les yeux et me plonger dans la bulle de douceur et de sa présence que la musique me procure. Je suis serein, fermant quelques instants les yeux, respirant son odeur avant de les rouvrir, calme.

J’observe ton nez, tu sais que je dois m’en occuper aussi je me redresse, passant un boxer avant d’aller chercher mes affaires pour pouvoir te soigner correctement. Le chemin n’est pas bien grand comme les appartements ne sont pas des palaces et même si je passe par la salle de bain pour aller chercher de l’eau je reviens rapidement sur le lit, sortant compresses et un peu de plâtre. Je prépare le pansement de fortune que je vais te faire. On ne plâtre normalement pas ce genre de blessure mais je n’ai pas d’atèle pour sécuriser ton nez donc nous allons faire avec les moyens du bord. Comme toujours. J’hausse un sourcil quand tu tapotes mon épaule, mon regard allant de ta main à toi. Tu es clairement la seule personne qui peut te permettre ce genre de choses et mon regard va se faire plus sombre quelques instants avant de s’adoucir car je comprends le message que tu veux passer. Pourtant, je n’y réponds pas tout de suite.

Je pose une compresse pour protéger ta peau avant de doucement y étaler du plâtre. Je n’appuie pas, le tout est surtout de faire un moulage pour que ton nez reste tel que je l’ai remis. « Je n’avais aucune raison de te demander de faire cela à ma place » Point. J’ai décidé de le faire avec Friday parce que nous étions les deux seuls à vouloir agir pour venir en aide aux personnes à l’intérieur, je n’avais pas de raison de te demander de prendre des risques à ma place. Justement, je connais les conséquences d’enfreindre une règle, je ne te laisserai pas le faire pour moi. Un frisson me parcourt quand tu touches à mes cicatrices. Oui je suis marqué de mon premier passage mais si je dois y retourner, j’y retournerais. « Je ne suis pas un général et tu le sais » Je te regarde plus intensément pour appuyer mes paroles. « Je ne l’ai jamais été, je ne le serais jamais. Je ne t’enverrais jamais faire quelque chose à ma place. J’ai choisi d’agir, j’en acceptais les conséquences. » Tout simplement. « Ils ne m’auraient pas tué. » Elle m’aurait fait souffrir mais ne m’aurait pas tué, comme la première fois. Avec douceur j’essuie de mon pouce les larmes qui coulent le long de tes joues, gardant mes mains sur ton visage pour maintenir la compresse le temps que le plâtre sèche.

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Je te soigne doucement, essayant de faire au mieux sans trop te faire souffrir, ce qui est très compliqué. Mais je sais que tu en as conscience, que tu es assez solide pour supporter la douleur même si des larmes coulent le long de tes joues. Une fois que cela sera fait les soins quotidiens te paraîtront bien plus doux que ces quelques heures depuis l’incident de l’infirmerie. Quant à cet événement justement je sais très bien ce que tu penses. Je ne suis pas d’accord et je ne le serais jamais. « Si je l’étais je n’aurais pas agi, j’aurais choisi les bonnes personnes pour le faire à ma place. » Mais cela ne sert à rien d’en discuter. Pour moi un général choisit ses hommes et les placent correctement pour être efficaces. Ici il est compliqué d’être un leader car personne n’a envie d’agir ensemble. Friday a été le seul à comprendre qu’il fallait faire quelque chose tout de suite vu la gravité de la situation. Que les autres soient pétrifiés par la peur, l’inquiétude, l’inconnu ou tout simplement ne veuillent pas agir jugeant que la situation était plus safe en laissant les gens mourir à l’intérieur c’est leur choix. Chacun à le droit de les faire mais ce chaos ne peut pas avoir un général à sa tête. Et je ne pense pas qu’il y en aura un à jour. Peut être plusieurs qui pourront collaborer ensuite. Qui sait ?

Je réponds à ton baiser avant de m’installer à mon tour, passant mon bras derrière tes épaules pour que tu puisses t’appuyer contre moi si tu le désires. Je t’écoute m’expliquer ce que tu as ressenti dans l’infirmerie. Je ne me souviens pas de ton passé, j’ai déjà du mal avec le mien même si cela commence à revenir mais je comprends ce que tu ressens. Que ma voix t’apaise et te permette de revenir est une bonne chose, cela fait un point d’ancrage pour avancer dans ton combat contre tes cauchemars. « Je suis heureux si cela t’aide » Tu es bien une des rares personnes qui comptent énormément pour moi donc si je peux continuer de t’aider je le ferais. Je trouve ça même terriblement naturel de le faire depuis que nous nous sommes croisés et pourtant tous nos souvenirs communs ne me sont pas encore revenus. Tu as été une de mes patientes j’en suis sur car tu portes la signature de mes chirurgies mais à part ça… Un message sur ma montre me tire de ma rêverie et je lis le message d’Ivy. Je ne peux m’empêcher de soupirer de lassitude. Il faut que je mette les choses au clair avec elle, même si je ne sais pas quoi en penser.

Mais tes paroles me font sortir de cet agacement qui se créé quand on arrive sur le sujet d’Ivy alors que j’étais si tranquille et je reprends mon calme, fermant les yeux quelques secondes en réfléchissant à ce qui peut me calmer ainsi mais je trouve vite la réponse… « Je commence à me souvenir. Ce ne sont pas que des bons souvenirs... » Puisque je me souviens de la mort de l’être que j’ai le plus aimé sur cette terre, rendant son dernier souffle dans mes bras. Mais le fait de pouvoir enfin commencer à me souvenir d’elle m’apaise parce que c’est un morceau de mon passé qui est terriblement important pour moi et cela me permet de commencer à retrouver le fil de ce que je suis, pourquoi je le suis et comment je le suis. « … mais ils composent une partie importante de mon passé et j’en ai besoin pour avancer. » Parfois la tristesse me gagne de nouveau et parfois je me souviens juste d’elle, de sa façon de danser, de bouger, de se mettre dans mes bras et j’ai juste besoin de fermer les yeux pour m’en souvenir. Pour le moment je ne demande pas plus. « Retrouver la musique me fait du bien aussi, je sens que c’est une partie importante de ma vie. » Je sais que je n’ai jamais aussi bien travaillé qu’en musique. Cela me permet de me concentrer.

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Tu me connais, tu sais que cela ne sert d’insister quand j’ai décidé quelque chose. Je sais très bien que nous ne sommes pas d’accord et que cette conversation reviendra si une situation similaire se produit mais tu ne cherches pas à parler dans le vide, ce qui est une qualité pour moi. Tu sais que je suis difficilement conciliant quand j’ai décidé de quelque chose. Je l’étais déjà peu à mon éveil dans cet endroit mais plus les souvenirs reviennent et plus mon caractère revient : celui d’un homme sûr de lui, ouvert à la conversation et en même temps difficile à faire changer d’avis, ne permettant pas qu’on lui impose quoique ce soit sur sa façon de pensée et de vivre. Il est bien que tout cela revienne une fois que j’ai pris l’habitude de vivre ici, cela m’aurait été bien plus pénible dès le début. Maintenant je me fais aux changements qu’on nous impose, en prenant le temps nécessaire pour les intégrer et en me les appropriant pour qu’elles soient moins difficiles.

Mon bras autour tes épaules je caresse avec douceur ton bras aussi, chassant la tension que le message d’Ivy vient de créer pour revenir à la conversation. Chaque chose en son temps et je n’ai pas envie qu’elle détruise ce moment entre nous. Surtout après un bon moment passé avec de la musique avant de retrouver tes bras. J’apprécie le cadeau qui m’a été fait, ne comprenant pas pourquoi j’y ai eu droit mais cela me permet de m’apaiser quand j’en ai besoin. Je ne suis pas homme à m’énerve facilement ou à me stresser mais la musique me plonge dans mes souvenirs, me permet de rester dans ma bulle. Espace où personne ne vient me déranger à part Elle mais elle en a le droit. Je crois qu’elle a eu tous les droits…

J’écoute ce que tu as sur le cœur, silencieux, te laissant finir et restant un peu pensif face à tout cela car je n’y avais pas pensé. Je n’ai pas de vie personnelle, je crois que je n’en ai jamais eu puisque mon travail est passé avant toute chose dans ma vie jusqu’à Elle. Puis elle est morte et de nouveau je n’ai plus aimé. Je ne suis pas contre une relation éphémère, ne pensant pas être capable d’aimer de nouveau de toute façon mais il est vrai que cela me vient rarement à l’esprit. Ce serait donc certainement plus pour pouvoir retrouver ma tranquillité certains soirs. « Je comprends ce que tu veux dire. » Réellement. « Et je pense aussi que c’est une bonne idée que nous prenions du temps pour chacun de nous certains soirs mais il ne faut pas que tu le fasses pour moi. Tu sais que je suis seul et cela me convient, tu ne m’empêches pas de m’épanouir. Tu mérites aussi d’avoir des moments à toi. » Parce que tu es bien plus séductrice que je ne le suis et je peux comprendre aussi que tu aies besoin de moment de pause comme moi ou de moments de complicité avec une autre personne.

« Je t’aime aussi, tu es comme ma petite sœur, ma protégée, quelqu’un dont je prends soin bien avant cet endroit. » C’est une évidence en effet, je sais que tu portes mes marques de chirurgien, je t’ai offert un nouveau visage pour que tu avances mais nous avons eu le temps de nouer un lien bien plus important que cela pendant ton rétablissement. Lequel je ne sais pas mais je tiens à toi c’est évident. Je n’ai pas besoin d’en savoir plus. « Nous pouvons dormir une première fois loin l’un de l’autre. Si tu sens que c’est trop pour toi nous pouvons communiquer par montre. » Si jamais tu as un cauchemar je peux rester éveillé pour y répondre, cela ne me dérange pas. Cela nous donnera un premier indice si c’est possible. Car tant que ce ne sera pas possible, je n’ai aucun souci à rester à tes côtés. Comme je l’ai dit je peux recréer cette bulle à un autre moment de la journée si tu as besoin de temps encore et pour le reste je suis seul.

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Si tu me promets de le faire aussi pour toi, je suis d’accord pour tester cela. Je veux que ce soit une décision commune et équitable pour nous deux. Je ne passe pas mes nuits avec toi par devoir mais parce que je te protège, comme je l’ai fait bien avant la ruche et comme je le ferais autant qu’on me le permet ici. Je sais que tu as besoin d’une vie privée comme j’en ai aussi besoin donc ta demande est dans la suite logique de notre évolution. Je resterais cependant éveillé les premières nuits pour que tu puisses me contacter si tu as le moindre souci et pour pouvoir te rassurer si tu as de nouveau des cauchemars. Je pense que c’est un bon début. Je ne rajoute donc rien puisque tu es d’accord et réagis à ta déclaration par la mienne. Simple. Tu es de ma famille et pourtant je ne pense pas en avoir eu une. Depuis le temps que je suis là je n’ai pensé à personne en particulier -sauf Elle- et je me rends bien compte que je suis bien seul. Si j’accepte ta présence tu es la seule que je supporte aussi intimement, ce qui serait certainement autre si j’avais eu une famille.

Je ne me souviens pas que de toi, j’ai même beaucoup moins de souvenirs que toi sur notre relation, mon point d’ancrage étant tout autre mais je suis touché de savoir que je suis le tien. Cependant je me contente juste de répondre à cette phrase en caressant avec douceur ta peau, trouvant les paroles fort peu adaptées et pensant à tout ce dont je me souviens depuis que les souvenirs ont commencé. C’est revenu tout doucement avant que la punition et la séance avec Sleven ne forcent les portes de mon esprit pour faire revenir des souvenirs peu doux mais importants. Étonnamment j’ai réagi très calmement à ce souvenir d’Elle même si ses traits sont encore flous. Je me souviens surtout de sa chevelure, de son parfum, de la douceur de sa peau. Mon esprit n’arrive pas encore à  « voir » aussi ce sont mes autres sens qui ont pris le relai. C’est étrange mais pas désagréable, comme une présence toujours à mes côtés.

Je réfléchis à ta question, prenant toujours mon temps avant de parler. « Je me souviens de la femme que j’ai aimé. Quelques sensations familières me reviennent parfois. J’ai revu aussi sa mort, dans mes bras. » Je n’ai pas de raison de te cacher cela, c’est un élément important de mon passé. « Je m’en suis souvenu lors de mes soins pour Sleven dans l’infirmerie. » C’est surtout à ce moment là que tout est redevenu. « Ce qui s’est passé lors de l’action de Rouky et Sixteen n’a pas fait resurgir d’autres éléments, je ne lui ai pas parlé longtemps, juste le temps de lui dire qu'ils avaient été assez punis. » J’ai commencé à me souvenir lors de mon attaque neurologique avant que cela devienne plus présent lors de ma punition mais la quantité de sang lors de mes soins à Sleven ont fait ressortir ce moment où je l’avais en sang dans mes bras. C’était si étrange comme souvenir. Douloureux et en même temps je peux enfin me souvenir d’elle, une part si importante de mon passé. Ma cicatrice.

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« Parce que même si c’est un moment douloureux de ma vie il me rappelle aussi tous ceux que j’ai vécu avec Elle. » Même s’ils sont flous pour le moment car je me suis souvenu réellement en premier de sa mort avant du reste, cela a déclenché un ensemble de souvenirs quand même. Incertains certes mais je ne me souviens de ses cheveux, de sa voix, de son odeur, de ses courbes mais pas exactement d’elle. Je me souviens de certains de nos moments à deux aussi. Tout reste vague mais je sens que cela a déclenché une ouverture dans mon esprit que je ne peux qu’apprécier. Et puis se souvenir, même si c’est douloureux, ça permet d’avancer, de comprendre enfin ce qu’on est. Je ne rejette pas ce que je suis dans cet endroit mais j’ai dépassé la moitié de mon espérance de vie, je ne vais pas changer comme le feront peut être les plus jeunes et je sais qu’une partie importante de ma vie est derrière moi. Je ne peux pas l’oublier même si j’accepte les changements que cet endroit m’oblige à faire pour m’adapter. Et l’adaptation n’est pas une de mes qualités pourtant. Plus je me souviens et plus je m’en rends compte.

Je dépose un léger baiser sur ton front quand tu essaies d’en savoir plus sur les créateurs. « Il peut y avoir beaucoup de raisons à ce que nous vivons. Je pense qu’ils nous observent et testent aussi. » Puisque nous avons parfois des événements étranges qui se produisent dans la ruche et dont les raison ne nous semblent pas évidentes. « Je ne pense pas qu’on nous veuille du mal. » Que nous soyons des prisonniers, des expériences ou autres je continue de penser, et ce depuis le début, qu’on ne nous veut pas du mal sinon on n’aurait pas tout ce que nous avons. « Nous avons une nourriture équilibrée, de quoi dormir, de quoi nous occuper. Bien entendu nous pouvons trouver cela « trop peu » mais ils prennent plutôt soin de nous. » Je trouve que c’est une bonne base pour prendre soin des gens. Un environnement et une nourriture adaptés permettent de tenir les gens en forme. Un peu de sport, quelques activités pour l’esprit. Réellement c’est une base saine.

Mais il est vrai que les derniers changements sont étranges et les objets que nous trouvons parfois aussi. Moi j’ai eu une tasse dans mon œuf alors pourquoi est ce que toi tu as eu une molaire ? « Je me demande s’ils ne nous étudient pas, comme si nous étions un mystère pour eux. » Mais on peut trouver d’autres idées comme une dont nous avons parlé à la réunion. « Ou alors ils cherchent à nous occuper. Quoi de mieux qu’un mystère pour occuper l’esprit humain et lui permettre de ne pas tourner en rond. » Des cadeaux permettent d’amadouer les gens et ce qui est étrange leur occupe l’esprit. Mais d’autres ont eu des cadeaux bien plus terribles comme des éclats de verre par exemple. Pour blesser gratuitement ou pour obliger les gens à se côtoyer et à s’entraider ? Encore des expériences. « Je pense que cela dépend comment on voit ce qui nous entoure car chaque chose peut être prise de façon négative comme positive mais dans tous les cas on nous observe et nous donne de quoi réfléchir » Après je ne saurais dire vers quoi je penche, j’ai besoin de plus d’éléments, restant assez neutre face à tout cela et continuant de penser que l’extérieur n’est peut être pas si amical que ça.

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Son prénom… non je ne m’en souviens pas… Je sais que cela a un rapport avec la façon dont j’ai appelé 22 quand je l’ai rencontré. Car je réalise aujourd’hui que je l’ai certainement nommé ainsi parce qu’elle ressemble à la femme que j’ai aimé. Ivy… Un prénom ? Non un surnom… Ce n’était pas cela son prénom mais il m’échappe encore… Instinctivement je vais vers les prénoms russes, sentant bien que cela fait parti de moi, comme si j’avais toujours eu une attirance vers ce pays si loin du mien. « Je pense que j’ai nommé à mauvais escient 22 avec un surnom que je lui donnais : Ivy car elles se ressemblent. Mais je ne me souviens pas de son prénom. » Tu es la première personne à qui j’avoue cela pour Ivy. Et cela me fait réagir dès que j’entends qu’on la nomme près de moi désormais mais c’est une erreur de ma part, je ne peux lui demander de changer désormais alors qu’elle se construit sa nouvelle identité dessus. « Je me souviens de ses cheveux flamboyants, de sa silhouette, de la façon dont elle se comportait face à moi mais le reste est flou encore… » Trop flou à mon gout même mais j’espère que chaque nouveau pas en avant me permettra de découvrir un peu plus d’elle…

Je reste silencieux face à tes réflexions et tes questions. « Je ne saurais dire qui nous sommes mais je continue de penser que nous ne sommes pas des prisonniers et que nous pouvons même avoir choisi ce qui se passe. » Si cette étude ou cette « action » avait des conséquences importantes et surtout était possible pour la survie de l’espèce ou toute autre raison, je pense que j’aurais pu accepter. Je ne suis pas du genre à faire des expériences mais qui sait ce qui se trouve dehors ? « Peut être sommes nous mieux ici que dehors. » En fait on peut envisager vraiment beaucoup de solutions et je n’ai pas les réponses à tes questions. Tout simplement parce qu’il n’y a qu’en continuant notre vie, d’essayer de les comprendre qu’on finira par savoir ce qui se passe. Peut être se souvenir aussi si c’est possible. « Si tu penses à 404 il n’est pas mourant, nous ne pouvons soulager sa douleur mais les machines fonctionnant de nouveau il est tout a fait capable de vivre. C’est lui qui ne prend pas soin de lui. » Et même moi je ne vais pas passer mes journées à lui faire comprendre qu’il devrait prendre soin de lui alors nos « dirigeants ». « J’ai pu soigner toutes les personnes que j’ai croisé pour le moment. Comme j’ai pu mais je l’ai fait. Nous avons beaucoup de ressources. »

Peut être faut-il une véritable mort liée au bâtiment ou une de leur décision pour que cela change et qu’ils réalisent que l’homme a aussi besoin de matériels. Pour le moment on s’en sort très bien tout seul. Pourquoi changer cela ? Je ne saurais dire. Je me contente de les étudier pour le moment, ne cherchant pas forcément à agir. Je l’ai fait pour la première fois ce matin parce qu’il y avait des blessés et que c’est mon rôle de docteur mais sinon je laisse l’action aux autres. « Je ne m’inquiète pas, tu finiras par trouver. » Tu es comme Ivy, têtue, donc je ne me fais pas vraiment de soucis. Je me renseignerais voir si d’autres personnes ont reçu ce genre de cadeaux ou bien ce qui a pu sortir de ces œufs. Pourquoi des choses aussi aléatoires ? L’est-ce seulement ? Aléatoire ? Je ne sais pas… « Désires-tu manger ? » Je regarde l’heure et il est encore temps de se lever pour pouvoir nous restaurer, ce que nous n’avons pas fait depuis pas mal d’heures pour décompresser de ce début de matinée trop intense.

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