What the fucking bloody hell... |ft H04-9

What the fucking bloody hell...

H05-65 + H04-9

21 mai:

 Il s'était réveillé dans des draps propres -première impression étrange- et il avait l'impression de ne pas avoir dé-cuité de la veille -ça aussi, c'était très très TREEEES étrange-. Notre ostrogoth de la brousse avait à peine entrouvert un oeil qu'il se fit brûler la rétine, sans autre forme de procès, par cette lumière artificielle. Il lui semblait, au gaillard, que d'habitude c'était le soleil qui lui faisait ouvrir les yeux. Ou alors un bon gros seau d'eau dans la gueule suite à une soirée. Mais là il n'y avait rien.

Il avait juste la bouche pâteuse, un goût désagréable dans cette dernière, comme si il s'était amusé à lécher le parquet du perron jusqu'à plus soif. Notre blondinet se passa une main pensive sur son menton, grimaçant à ce seul mouvement. Ce que c'était désagréablement douloureux et insupportable ! non... Mais c'était presque pire ! En réalité, si c'était son seul bras qui faisait souffrir sa merveilleuse petite personne... Il n'en serait rien. Mais c'était l’entièreté de son corps qui semblait grincer. Une voix dans sa tête eut un rire gras, glissant qu'il aurait sans doute besoin d'huile, et pas de n'importe quelle huile. Il aurait sans doute pouffé comme un con si son corps n'était pas dans un tel état de décrépitude absolue. Quel gâchis.

65... Quelque chose 65. C'était le nom que la voix qu'il avait entendu avait donné. Etait-ce le sien ? Il était bien infoutu de le savoir le bougre. C'était étrange comme nom nan ? Et puis... D'après lui, ça manquait de panache, c'était pas assez flamboyant.

Il s'était levé tant bien que mal et s'était traîné dans l'autre partie de l'endroit où il avait atterrit. Il s'était d'ailleurs cogné un des orteils contre un pied de meuble. Autant dire que sa mère, sa grand mère et toute la descendance du mobilier y était passé et avait été gratiné de mots fleuris rimant avec  étain, Europe et chandelle ? Ou sexuel ? Enfin il s'en donnait à cœur joie, et ceux qui passèrent à côté de la porte purent légitimement se demander quel était le drôle d'oiseau qu'on était en train d'égorger. Sans doute un des ces cacatoès à crête colorée.

Mais non... La tignasse avait beau être couleur soleil -à défaut... partons sur un châtain clair- elle n'avait rien à voir. Les crêtes ça manquait de classe, de standing. Enfin... Ce que notre mulet sur pied ignorait, c'était que sa coupe à lui, si un jour, avait représenté classe et standing -et encore, c'était hypothétique- ne la représentait pas tout à fait de nos jours. Disons qu'il donnait juste l'impression d'avoir quitté son feuilleton du mercredi après midi, une de ces vieilles séries des années 80 où les pieds se balançaient, et c'était souvent dans la gueule.

Il se traîna en se tenant aux murs, notre bougre, pour boire une grosse goulée d'eau, et focalisa sa vue sur le miroir, tout en se soutenant. A sa place, sans doute laisseriez-vous échapper un rictus horrifié à la découverte de l'opulente masse de bouclettes que formait sa chevelure. Mais pas lui, il se contenta de hausser les épaules face au massacre capillaire qui avait lieux, passant avec soin un peigne sur ces derniers pour leur donner un semblant de forme. Le grand machin de la brousse se traîna à l'extérieur, peut être qu'il avait été un coup particulièrement bon au lit la veille, et c'était ce qui l'avait mené à cet appartement étrange ? Il avait grappillé auparavant des vêtements  qu'il avait enfilé en bougonnant. Rien de bien intéressant. Que du classique. Il n'était pas fait pour le gris. ça c'était sûr et certain. Et puis comment voulez-vous mettre votre corps en valeur avec ces vieilles frusques immondes ? Enfin il sortit de la chambre, s'approchant de la source du brouhaha ambiant, finissant par se glisser d'une démarche digne d'un zombie passé de fraîcheur depuis un mois, à une table, s'installant en face d'un type qu'il ne connaissait pas. Il était dans un espèce de grand centre pour toxicos c'est ça ? Ou un asile pour les fous ? Une nouvelle voix lui souffla qu'il se trompait. Mais il plissa tout de même les yeux, contrarié par le sens que prenait les choses.

"Hey... Psst... Machin !"

Sa voix lui sembla égale à un croassement d'un vieux corbeau en fin de route, sans doute mort depuis trois heures. Enfin il allait devoir garder cette voix encore un petit moment. Il toussota, avant de se pencher vers son vis à vis.

"Ouais  C'est à toi que je cause, tu... On est où ? C'est un genre de purgatoire ?"

On ne sut jamais ce qui l'avait poussé à dire ça. Lui non plus. Il ne s'en souvenait plus.
 

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21 mai:

Il sentait une tension palpable dans ses veines l'animal. Comme un feu qui courrait, qui s'était éprit de lui. Un feu que rien ne pourrait calmer. Et pourtant pour l'instant, l'idiot était relativement calme. Il pianotait doucement sur sa cuisse, alors que son regard était posé dans celui du brun qu'il avait interpellé. Pas de la meilleure façon me direz-vous... Mais que voulez-vous, parfois... Il semblait que monsieur 65 avait été élevé par une troupe de zouaves des Carpates doté d'une éducation, d'une délicatesse et d'un raffinement tout relatif, voir carrément absent. Le gaillard en face semblait grand, et bien bâtit... Comme toute créature sauvage et doté d'une propension au savatage de rue, le blondinet évalua ses chances de victoires au cas où. Sait-on jamais... Il ignorait son nom, son âge, mais il savait que sans ce petit quelque chose qui siégeait contre ses reins, il n'était pas de taille. Bien qu'il ignorait de quoi il s'agissait...Il ressentait ce manque comme une impression d'insécurité. Il ne pourrait pas être le plus fort dans cette manche. Fallait croire que le cerveau reptilien de notre lascar était souvent à l'oeuvre. Blondie écouta avec attention les propos de l'autre. Avait-il les réponses à ses questions ? Au sens de la vie ? Aux lois de l'univers ? -bien que le blond ignora bien des choses sur les étoiles et l'univers, ce genre de savoir, c'était pas son truc, il ne l'apprendrait que bien plus tard, mais y'avait pas mal de sujets et de domaines qui "n'étaient pas son truc"-. Il se fit pensif, notre kéké de la savane, méditant sur les paroles du gaillard une demie seconde, avant d'éloigner ces concepts. Penser... C'était risquer de se faire souffrir, c'était manquer de rouvrir de vieilles blessures. Il ne valait mieux pas trop penser. C'était la défense qu'il s'était trouvé face à ce monde. Une défense pourrie, inefficace qui l'entraînait dans un tas de péripéties... Mais c'était son bouclier face au monde... ça, son sens de la provocation, et sa belle gueule d'ange, tête brûlée qu'il était... Il se doutait qu'il avait dû se prendre des roustes, et en de rares cas, en donner en retour. Il haussa les épaules. La voix grave de son vis-à-vis n'était pas désagréable à l'oreille, et était bien plus appréciable que la sorte de croassements que 65 arrivait à émettre. Mais il sentait que d'ici quelques heures-jours, sa voix serait de nouveau moins rocailleuse, moins âpre.

"Si tu le dis... J'n'ai pas vraiment d'avis sur ce genre de questions... Je crois... Et... Ouais je viens d’émerger dans ce bordel. D'habitude j'aime bien ça, le bordel, le chaos, tout ça, mais là... Non."

Sa bouche était pâteuse, et un putain de lutin de merde était en train de jouer du tamtam dans sa caboche. Lui vrillant les tempes. Il s'écrasa avec toute sa non grâce sur la table, son front contre la surface froide de la table. Ce contact lui fit du bien. Lui permit de souffler, et de remettre le peu de ses idées en place, puis son regard se ficha à nouveau dans celui de son vis à vis. Quelqu'un lui disait toujours que parfois il fallait jouer de sa gueule d'ange pour avoir ce qu'on voulait. Et souvent... La blondasse était trop nature pour le faire. M'enfin... L'homme en face avait été correct avec lui. Il se souvenait que ce qui le mettait habituellement en rage, c'était le mépris qu'il lisait dans tous les regards. Cette expression de supériorité qui lui faisait voir rouge. Alors il se fendit d'un petit sourire, avant de glisser.

"Expliques moi un peu tout ça, s'te plait. J'suis pas sûr de tout comprendre, mais je vais essayer. "

Ouais... Il avait sortit le grand jeu notre animal. Il s'était fendu d'une politesse, fait très rare. Mais il fallait dire qu'il était bousculé dans ses habitudes... Tout était trop blanc, trop propre, trop parfait, et surtout... Surtout... Il y avait bien trop de monde, partout.
 

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21 mai:

Il le regarda, le blondinet, il le regarda avec une lueur d'incompréhension dans le regard face à ses mots... Attends, attends attends... De quoi ? Il dû faire un effort pour comprendre, avant de finalement comprendre... Notre crétin de la brousse national avait la tendance à considérer le "cadrage" et les "règles" comme un fameux "Bordel", enfin en réalité au delà de la notion de bordel, ça l'agaçait, ça le mettait en rogne. Il était allergique au cadrage, à l'ordre, et il le sentait, il ferait tout pour passer outre, le garçon... Il n'en avait rien à foutre. Ce genre de mentalité jouait des tours... Mais, comme souvent, 65 ne tirait jamais vraiment de leçons de ses erreurs. Le blondinet se drapa de sa petite fierté, glissant un simple.

"Si tu le dis, moi j'suis là que depuis à peine une heure après tout ! Ce que je sais... C'est que ça me plait pas."

Bon ça au moins il pouvait en être sûr. Il sentit le regard du brun sur lui, et par pur provocation, fit de même. Laissant glisser ses prunelles sur sa personne. En réalité cela lui rappela un bien étrange spectacle... Celui de deux fauves s'évaluant, en train de décider lequel sauterait sur le poil de l'autre. Bon... 65 était peut être un idiot finit, mais il savait reconnaître quand un combat était perdu d'avance. Et il avait tendance à se plier à cette hiérarchie. Aujourd'hui il était faible et vaseux, et le type en face de lui était loin d'être un petit gabarit. Il décréta que ce n'était ni le bon jour, ni le bon moment pour se mettre à chercher des noises à qui que ce soit. Son expression se fit plus neutre, moins belliqueuse. Sa posture se modifia légèrement, il ne carrait plus les épaules, il ne se redressait plus pour paraître plus haut. L'homme en face de lui se présenta. 9. Un numéro, comme lui. Il posa son coude sur la table, reposant son menton sur la paume de sa main.

"9 hein ? Hé bien... Enchanté, 9, moi c'est... Je crois que la grognasse a dit quelque chose se terminant par 65... Donc... 65, j'supposes."

Un surnom... Cette idée lui laissa un goût amer dans la bouche... il ne valait mieux pas... Ce serait quoi ? Du con ? Connard ? Mauvaise idée, mais il n'en dit rien. Etre vu comme un numéro pour l'instant n'était pas si dérangeant, du moins il n'y pensait pas. Il sélectionnait un peu ce qui lui passait par la caboche. L'homme était calme... Et patient, mais ça notre blondinet ne le voyait pas vraiment, centré sur son petit nombril. Il réfléchit un petit moment face à cette question. "ce qu'il voulait savoir". Ah... Grande question, enfin... pas si grande que ça...

"Si je résume bien... On sait pas où on est, on a aucun souvenirs de qui on est... ET c'est ni le chaos, ni le purgatoire... On fait des trucs ici ? On a un travail ? Un peu comme... " Il claqua plusieurs fois des doigts à la recherche d'un mot "... Les travaux d'intérêts généraux... Y'a quelque chose à faire ?"

Un bruit se fit entendre, un grognement des plus élégants -sans blague- et le jeune homme baissa le nez un instant, avant de glisser avec une grimace.

"Y'a un endroit où manger?"

Ouais... Peut être aurait-il dû faire comme toujours, et aller directement à ses besoins primaires... La pièce qu'il avait quitté avait de quoi subvenir à quelques besoins... Mais restait la bouffe. C'était con... Mais il avait tendance à être chafouin quand il avait faim. En réalité... Il avait tendance à se voiler un peu le minois... Car le manque de nourriture n'était qu'un point MINIME parmi toutes les choses capables de le mettre dans un état de presque bouderie. Brave garçon qu'il était.
 

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21 mai:

Peut être était-ce ce réveil mouvementé et angoissant qui le rendait aussi calme, ou alors y avait-il une autre raison. Mais blondie ne cédait pas à la panique ou à l'angoisse de quelque chose de nouveau, d'inconnu. Peut être juste... N'en était-il pas capable. Il sentait, que cet univers était en réalité à des lieux du sien. Oh oui... Il pressentait qu'il vivait sans règles, dans un monde des plus anarchiques. Ici... C'était nouveau et surtout... Il y avait des gens, absolument partout, trop, à tout endroit. Il n'avait pas l'habitude, 65, de voir autant de monde... Une masse grouillante, des "meutes" dispersés un peu partout. Alors il s'était rapproché du "solitaire" c'était plus simple. Quand il entendit son patronyme dans la bouche du brun, il lui offrit un sourire en coin ainsi qu'un clin d'oeil. Bon... 65 ça sonnait pas si mal. Il finit par se racler la gorge.

"Une gonzesse... Transparente, une projection ? J'sais pas quoi."

Ouais... En réalité il avait grogné, il avait insulté la terre entière et il était retourné s'enfouir sous ses draps, car il était bien trop tôt pour ces conneries, ou alors bien trop tard. Sa grogne avait cependant rapidement été mise de côté. Effectivement le jeune homme avait finit par comprendre qu'il n'était pas au bon endroit. Il n'était pas terrorisé loin de là... Mais ce nouvel environnement était... Difficile. Il avait sentit la tension entre lui et 9 s'estomper. L'air était... Moins opaque, plus respirable. C'était agréable... Mais 65 n'avait pas le recul nécessaire pour réellement mettre ça en lien avec son changement de comportement, fallait dire qu'il ne s'en était même pas réellement rendu compte. Que tout ceci s'était fait de manière relativement inconsciente. La minute d'avant il était le nouveau arrivé, prêt à se frayer sa place à coup de savates, celle d'après il était redevenu ce pauvre gars. Le nouveau. Et... OH PAR TOUTES LES SALOPERIES DU MONDE... Il détestait cette place. Y'avait rien de pire, c'était comme se balader dans un désert plein de vautours en robe de viande. Il se pencha un peu en avant quand son homologue reprit, répondant avec patience à toutes ses questions (... 65 à sa place, en voyant un tel margoulin de la jungle débarquer, lui aurait sans doute jeté son plateau pour faire diversion, et s’éclipser... Comme si quelqu'un pouvait venir le voir pour le questionner sur cet endroit. ). Il hocha la tête, pensif. Pas de travaux... Juste... combler le vide... Encore et toujours plus de vide, d'ennui. Il poussa un petit soupir.

"Je crois que je n'aime pas ça."

En réalité y'avait rien de pire que l'ennui. Il laissa cela de côté. C'était un exercice qu'il pratiquait couramment. Laisser les pensées désagréable loin, les jeter sous le tapis, pour ne plus les revoir, c'était la politique de l'autruche. Mais parlez lui, et surtout comparez le à ce noble animal, trop occupé à cacher sa tête dans le sable, qu'il risquerait de partir dans une sacré bouderie. Il laissa les autruches à leur place. Finissant par regarder la machine devant laquelle 9 venait de l'emmener. Manifestement il posait trop de questions dont les réponses étaient évidentes. Sa  petite fierté en prit un coup, bien qu'il ne dise mot, se contentant de glisser sa montre dans le trou, se tournant finalement vers lui. Baragouinant, un peu gêné.

"Je... Ouais... De toute façon pas sûr que je trouve d'autres choses à faire donc... Je lirais les règles... J'dis pas que je les suivrais à la lettre parce que c'est pas mon truc, mais au moins je saurais quand j'enfreins des trucs. C'est plus excitant." Il se racla la gorge. "Merci."

Craché du bout des lèvres. Comme si il le disait trop fort... Les gens allaient le prendre pour un p'tit truc au cœur tendre. Mais il fallait pas. Oh non jamais. Il récupéra son plateau, se contentant de se poser sur la même table que précédemment. Une pomme, un café bien noir et un verre de jus de fruit. Allons bon... Lui qui était déjà tendu comme un élastique, voilà qui allait assurément arranger son état. Il se saisit de sa pomme avec nonchalance, croquant un beau morceau.

"J'ai plus de questions... J'me débrouillerai pour le reste. ça fait longtemps que t'es ici toi ?"

Tout lui avait l'air tellement bizarre. Et pas seulement parce que si il ne se concentrait pas, il verrait 9 en double. -un... C'était sans doute suffisant...-
 

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21 mai:

Son homologue sortit un nom... Qui pouvait tout aussi bien être un état, qu'un pays, ou qu'une marque d'aspirateurs... 65 n'était certes pas le plus futé et le plus vil renard de ce bois métaphorique qu'était la ruche (... Il essayait de le croire assez fort pour en persuader le monde entier) il n'en était pas moins assez "intuitif" dirons nous. Et c'est ainsi qu'il haussa les épaules avec une nonchalance presque candide.

"P't'être bien. Je lui ai pas demandé son nom, elle s'est enfuie."

Oh il pourrait presque croire que c'était son regard noir qui l'avait fait battre en retraite, et pas la fin d'un message pré enregistré. Mais  il ne ferait pas cet affront, non, loin de là. Si 65 avait un peu moins ce bouillonnement constant dans le crâne, si il était un peu moins vaseux, un peu moins en position de faiblesse, il aurait peut être -sans doute, mais sans certitudes, aucunes- remarqué qu'il agaçait prodigieusement le brun. Mais il n'en fit rien... Et peut être qu'il voyait les signes, mais qu'en même temps il se refusait à constater de leurs réalités. Il était ainsi, installé avec son plateau, à écouter les bonnes paroles de 9, lui clamant qu'il se passerait "des choses effrayantes" si on ne suivait pas les règles. Mais 65 n'aimait pas les règles, il n'aimait pas qu'on lui passe une corde au cou pour le forcer à faire ceci, ou cela. La seule raison pour laquelle il ne les suivait que TRES vaguement, c'était surtout parce qu'il ne supportait pas leur existence. Néanmoins... Oh surprise... 65 prit le pli de ne pas froisser le seul gars à lui avoir tendu la main. Enfin... Le dit gars n'avait pas eu le choix... Et se retrouvait avec un rookie du genre boulet dans les pattes. Bon courage à lui. Il hocha pensivement la tête, glissant d'une voix rendue un peu moins rauque après avoir ingurgité son jus de fruit. Il se demanda un instant si les choses "très effrayantes" avaient à voir avec 9. Le colosse lui tombant sur le poil n'était pas vraiment l'image la plus effrayante qui soit. Enfin... manquer de se faire refaire le portrait, ça avait quelque part un goût de déjà vu. La violence, ça faisait pas peur à 65. ça ne l'avait jamais vraiment effrayé. Peut être y était-il habitué.

"Bon... J'tâcherai de faire attention alors."

Il baissa les yeux un instant, le blondinet, à l'évocation de "souvenirs" lui n'en avait pas non plus. Avait-il eu une vie avant ça ? Ou était-il juste "apparu" du jour au lendemain ? Il laissa cette pensée beaucoup trop philosophique pour la petite chose traînant sous sa masse de frisettes. Il s'en délaissa, la jeta au loin. Penser... C'était se donner l'opportunité de se faire du mal à soi même. Donc se perdre dans des pérégrinations constantes était exclus, du moins selon le mode de vie de 65. Mais il laissa sa voix s'élever, encore une fois pensive. Il n'avait plus ce petit ton moqueur qu'il pouvait avoir au tout début de leur entrevue, ni même ce regard qui se voulait fier et fort. Non... A cet instant, il se sentait juste comme un gamin un peu paumé, ne sachant pas où regarder, ni même où s'accrocher à quelque chose de familier.

"T'as pas peur... De découvrir un truc vraiment décevant en retrouvant tes souvenirs ? Là... Tu peux être qui tu veux d'un certain côté... C'est si affreux de ne pas savoir ? Enfin... ça m'regarde sans doute pas."

Lui se le demandait, parce que il n'arrivait pas, pour l'instant, à penser à ce genre de choses, tout était nouveau, sa tête tournait presque de par toutes, ces infos. Il releva les yeux de son trognon de pomme pour les plonger dans ceux, sombres, de 9, haussant doucement les épaules, prenant une attitude nonchalante.

"Nan j'vais pas te prendre plus de temps. Mais... C'était cool de ta part."  

Les relations sociales c'était compliqué, et 65 aurait sans aucun doute préféré se retrouver à poil sur une île déserte parmi les cocotiers à devoir s'en sortir "armé de sa bite et de son couteau" que de se trouvé ici, un peu moins bien armé, et surtout, entouré d'une flopée de gens. Il se mura dans un silence presque rêveur.