Give me something [Doc & F04-03]

Un jour. Un jour qu'elle était là, des questions plein la tête et aucune foutue réponse pour l'apaiser. On ne pouvait pas dire que la nuit dernière fut bonne : elle se sentait épiée, constamment. Et quelque part, elle l'était. Ils l'étaient tous.

Les traits tirés par la fatigue, F04-03 venait de terminer son petit-déjeuner. Elle regardait les autres se mouvoir, se demandant s'ils étaient eux aussi perdus, ou s'ils faisaient partie du jeu. Le visage de certains, pour autant, était difficilement trompeur : la mine renfrognée, les yeux dans le vide, ils ne semblaient pas tous ravis d'avoir atterri ici. Au détour d'une conversation, elle surpris une jeune fille évoquer l'infirmerie, et plus précisément celui qui leur servait de médecin. « Doc ». Oui, elle aurait pu deviner d'elle-même. Les yeux clos, elle repensa aux marques sur ce corps supposé être le sien. Elle se souvenait l'inconfort de le regarder, de le découvrir alors qu'il lui semblait évident qu'il ne lui appartenait pas. Ne pas reconnaître sa propre peau, ses propres traits est quelque chose de réellement déroutant. Quoiqu'il en soit, elle avait remarqué ces deux balafres dont l'origine lui était inconnue. Peut-être ce « Doc » pourrait-il répondre à ses questions, et peut-être ces réponses en amèneraient-elles d'autres. Cette idée, qui aurait du la réconforter, la mis pourtant mal à l'aise. Quelque chose en elle lui intimait de se méfier : après tout, rien ne lui confirmait qu'il ne faisait pas partie du jeu dans lequel elle servait de pion. Mais quelles étaient les options, finalement ? C'était bien là la seule piste qu'elle avait.

Silencieusement, elle quitta l'espace commun pour rejoindre le balcon. Si elle avait bien compris, l'infirmerie devait-être par-là. Elle se rendit cependant vite compte que son sens de l'orientation était quelque peu défaillant... ce n'était pourtant pas si grand ici ! Une âme charitable finit par lui indiquer une porte qu'elle avait du manquer, bien qu'elle ne soit en rien discrète. Elle réalisa qu'elle ne l'avait pas remarquée parce que son attention avait été happée par la salle de sport qui était à côté. Elle avait alors perdu quelques minutes à regarder le peu d'âmes qui se dépensaient, et eut envie de les rejoindre. Quelque chose, en elle, semblait vouloir courir. Suer. Cogner.
Mais elle n'était pas là pour ça, aujourd'hui. 03 se planta finalement devant la porte de l'infirmerie et, après une petite hésitation, toqua.

Codage par Magma.

Ma routine du matin ne change pas depuis que je suis éveillé. Généralement je me lève un peu avant 66 pour m’habiller et prendre le temps de noter cette nouvelle journée qui commence puis de la rejoindre à la salle de sport. Elle s’entraine avec Ivy pendant que je fais une petite heure de tapis. Cela n’a rien de particulièrement palpitant mais comme il n’y a pas grand-chose à faire dans la ruche j’ai vite réalisé qu’un minimum d’entretien physique était important pour se sentir mieux. Je remonte pour une douche puis reviens pour le petit déjeuner pendant lequel je lis généralement tranquillement, annotant les informations intéressantes que je trouve, rajoutant des questions sur tout ce qui se passe, discutant si on désire me parler. Je suis une force tranquille qui aime le calme mais je ne refuse jamais une conversation avec quelqu’un.

Comme tous les matins je suis parti vers l’infirmerie. Comme chaque fois les stocks ont été renouvelés, ce qui est une bonne chose comme j’ai eu du travail quelques jours auparavant. Première fois que j’utilise réellement au sein de cet endroit le matériel de suture ainsi que les compresses. Savoir que quoiqu’il se passe, il en aura toujours, a un petit quelque chose de rassurant.  Je me rends bien compte que le matériel est utilisé aussi pour tout autre chose que les soins : pour coudre, en arme, etc. Si bien que j’ai mis de côté mon propre matériel pour me permettre de soigner quoiqu’il arrive. Je comprends les réactions extrêmes de mes camarades mais je ne peux pas me permettre de chacun s’arme et me laisse sans rien. Qu’ils décident de se défendre, soit, ce n’est pas mon objectif mais chaque humain réagit comme il le désire mais il faut penser aux conséquences de tout cela.

Je me suis installé contre une des tables pour noter une question qui vient de soudainement apparaître à mon esprit quand tu frappes à la porte. « Vous pouvez entrer. » Cet endroit n’appartient à personne en particulier aussi je t’accueille avec un léger sourire en me redressant. « Bonjour » Je ne t’ai jamais vu ici, j’aurais remarqué tes traits asiatiques comme nous sommes quelques minorités au sein de cette ruche. « On me nomme Doc » Surnom que j’ai accepté et que j’utilise depuis pas mal de temps désormais à la place de mon matricule. « Cet endroit est ouvert à tous mais si vous avez besoin de mon aide n’hésitez pas. » Même si je ne suis pas un médecin généraliste j’ai les bases comme tous médecins qui se respectent. Nous sommes plusieurs d’ailleurs à être capable de vous soigner désormais, ce qui est plutôt une bonne chose. Chacun notre spécialité d’ailleurs même si je n’ai pas mis de mots comme 211 dans les logements. Je me contente de laisser courir les rumeurs. Parfois elles sont toutes aussi efficaces.

Codage par Magma.