Aftermath. || 5-E || Ft. H02-211

Sujet: Aftermath. || 5-E || Ft. H02-211 Ven 10 Avr - 22:28

Aftermath.

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Infirmerie. Trou dans le mur. Déluge de destruction et froide chute. La journée démarre clairement sur très mauvais pieds et si je suis descendu au départ dans l'intention de manger, je suis remonté avec l'estomac vide, un poids qui n'a rien à voir ma faim, et le pas pressé. L'inquiétude me ronge. Après ce qui vient de se passer, comment pourrait-il en être autrement? Avec les disparitions que l'on peut désormais compter?

Je gravis les escaliers quatre à quatre. Le type à la canne sort tout juste de l'ascenseur lorsque j'atteins le balcon et je préfère ne pas m'en approcher. Ce serait un coup à prendre un coup de canne, ou pire. Mieux vaut prendre l'autre côté, et c'est ce que je fais. Mes jambes parcourent la distance. Ma conscience vole vers des sphères sombres et je déboule sans la moindre subtilité dans le 5-E. C'est le premier et seul endroit qui me vient à l'esprit. Où regarder. Où le chercher.

Sa chambre vide me file un coup de froid. Je fais toutes les pièces avant de débouler dans le salon et le découvrir là, étalé par terre à côté d'un canapé- 211! - Je me jette à genoux. Saisis sa tête pour l'interpeller à nouveau. - Bordel! - Il me faut une seconde de trop pour penser à son pouls et j'attrape son poignet. Ça tambourine. Doucement. Parce que porter un matelas n'a pas suffit à entraver mes forces, je soulève 211 comme une plume et le dépose sur le canapé en position allongé, un coussin sous la tête.

M'assurant qu'il est bien installé, je me dépêche de rejoindre la salle de bain, remplir un verre d'eau et revenir. - 211, réveille toi. - Je dépose le gobelet sur la table basse. M'y assois aussi. J'ai bien compris en bas que le toucher n'était pas une bonne idée, mais je ne peux pas essayer de le réveiller simplement en lui soufflant dessus, alors j'attrape sa main. J'essaye de le secouer un peu. Chaque seconde qui passe et j'ai peur qu'il ne se réveille pas. Et avec l'adrénaline encore dans mon sang, le calme est difficile à maintenir. - TU TE RÉVEILLES, OUI!

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06 avril - ft @H02-42

Tu sens pas qu'on te relève et qu'on te mets dans le canapé. Tu commences seulement à te réveiller quand on te hurle dans les oreilles, et tout ce que tu peux faire c'est de paniquer. Tu sursautes, et tu lances un regard hagard à l'homme à côté de toi. C'est un visage familier, amical. 42, ton voisin.

— 42...

Putain de matricules, si seulement tu pouvais l'appeler autrement que par un numéro, parce que personne mérite ça. T'essaie de te souvenir de ce qu'il s'est passé, mais ça te revient pas tout de suite. Tu te souviens de quand tu t'es réveillé, de cette... carte...

Oh, un as de pique.

Et le reste est tout noir. Tu sais juste que t'es pas bien, que t'as envie de pleurer, et que t'as le goût du sang dans ta bouche. Tes mains te font mal aussi (tu récupères celle que tient 42 d'ailleurs), tu vois que tes paumes sont un peu ouvertes aux endroits où tes ongles ont pénétré la peau.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé...?

T'es pas sûr de vouloir savoir finalement, parce que 42 n'a pas l'air calme non plus. Tu cherches à accrocher son regard, même si t'as peur de ce qu'il va te dire. Des images commencent à refaire surface, et elles ne te plaisent pas.

— L'infirmerie... L'infirmerie, j'aurais pu... J'aurais dû les en empêcher... J'aurais dû...

T'essaies de pas pleurer mais c'est plus fort que toi, et tu fonds en larmes. Tu sanglotes comme un gamin et tu répètes les mêmes conneries en boucle.

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42... - Un soupire de soulagement m'échappe enfin. Un relâchement vite contrôlé parce que j'ai peur de trop mettre de poids sur cette table. Je m'aime comme je suis, mais entre les muscles et la bouffe que j'ingurgite et qui grignote les dit muscles avec le temps, je suis loin d'être un poids plume.

211 s'est redressé, complètement à l'ouest. La panique de mes cris est passée, et je réalise seulement là que crier n'était peut-être pas une bonne idée. Enfin, il est réveillé, c'est l'essentiel. Il reprend sa main, d'ailleurs, et je remarque les marques d'ongles dans ses paumes. Les perles de sang séchées. - Qu'est-ce qu'il s'est passé...? - Mon regard dévie vers le couloir. Vers la porte et l'enfer en bas. Je me souviens de chaque seconde, et à cet instant, j'aimerais bien oublié. Juste pour retrouver cette légèreté que j'avais avant. - L'infirmerie... L'infirmerie, j'aurais pu... J'aurais dû les en empêcher... J'aurais dû... - Les larmes montent. Les sanglots brisent la voix.

L'air se bloque dans ma gorge et je quitte la table pour m’asseoir à côté de lui. Je ne sais pas quoi faire de mes bras. J'hésites. Je les ouvres et... Non. Si? Ses réactions passées... - Est-ce que je peux? - J'attends tout juste sa réponse avant de passer mon bras autour de ses épaules. L'accompagner contre moi pour lui offrir un semblant de réconfort. Il n'est pas tout seul et à aucun moment il ne recevra le moindre jugement de ma part. - Ça va aller... Tu n'es pas responsable. - Je repense à Rouky. Ou plus précisément, son absence. Je repense au trou dans le mur et la pénombre derrière. Où est-il? J'aurais probablement pu prévenir ça aussi.

Si tu avais été dans l'infirmerie et que tu les avais empêché d'agir, tu penses qu'ils auraient simplement abandonné l'idée? - Je secoue la tête. - Ces deux-là sont deux têtes de mules. Ils l'auraient fait que tu le veuilles ou non. Ç'aurait probablement même été pire si quelqu'un avait cherché à les entraver. - Ma main frictionne son épaule. Je ne le retiens pas. Je ne fais que l'enserrer. Lui offrir un genre de cocon sécuritaire. J'ai tout mon temps, s'il veut pleurer jusqu'à la déshydratation. - Qu'est-ce qui s'est passé ici? - Lui demandé-je doucement. - Je t'ai trouvé par terre. Tu as eu un problème, ou...

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06 avril - ft @H02-42

Les larmes ne s'arrêtent plus. Tu ne sais pas comment faire pour que ça cesse, et tu ne peux pas plus empêcher les images de te revenir. Les sentiments aussi. Tu sens ton cœur consumé par cette rage qui était tout près de te faire tout détruire en bas, objets comme personnes, amis ou non, et que tu n'as contenue qu'au prix de ta propre sanité. Tu te sens mal, et tu te sens fou. Tu veux juste que ça s'arrête.

Tu sais que t'étais à deux doigts d'éclater des crânes dont celui de 42, mais t'acceptes son câlin. T'es pas sûr d'aimer ça, mais tu veux pas le repousser non plus. T'aimes pas spécialement, mais tu sens que t'as besoin de savoir que quelqu'un est là pour toi, malgré tout. Et ses paroles n'étaient pas non plus dénuées de sens.

Tu réponds rien, parce que tu sais pas quoi dire. L'infirmerie. Ils auraient pu faire ça n'importe où, mais il fallait que ce soit là. À un des rares moments où tu n'y étais pas... T'avais des envies de meurtre. Littéralement. T'étais pas sûr de pouvoir te contenir si tu les recroisais. Ça ne ferait pas avancer les choses et tu le savais mais t'étais sûr que le shot d'adrénaline allait te faire du bien. Le sang qui jaillit sur un mur, s'étale sur le sol, la conviction qu'il y aurait un problème de moins.. c'était affreusement familier.

— Je... J'ai dû m'évanouir, je crois. J'ai... J'ai fait une crise d'angoisse.

T'essayais de continuer à parler avec 42 pour éviter d'avoir une nouvelle absence à cause de ce souvenir qui revenait à la surface. Un souvenir dont tu ne voulais pas, un souvenir poisseux à l'odeur cuivrée et poivrée de la poudre, celui d'une exécution. Tu sens ta gorge se serrer et t'as désormais plus aucun doute. T'étais un connard dans ta vie d'avant. Et ça, fallait que t'en parles à personne.

Tu te redresses un peu plus, tu te masses les tempes, et tu prends le verre d'eau qui n'est pas loin. Tu t'es calmé un peu aussi, et tu te dis que t'es juste fatigué et que t'irait bien dormir. Les lumières ne seraient pas un problème vu ton état de fatigue.

— Je crois que je vais aller me coucher... Merci.

Tu dis rien. Tu dis pas que t'as failli lui exploser la gueule de tes poings, tu dis pas que t'aurais pu tout retourner en bas, que la rage contenue te donnait l'impression de t'arracher la peau, tu dis pas non plus que ton premier vrai souvenir soit l'exécution d'un pauvre type.

Tu regardes sur le sol, et tu vois juste cette carte, qui te nargues. Et t'entends une voix que tu reconnais pas vraiment, qui t'appelle dans un nouveau souvenir. Un mec en blouson noir, tu vois pas son visage, enfin disons que t'en pas souvenir, mais tu vois juste les patchs. President. The Murderers. Raven Riders. Et là tu percutes.

Il t'a appelé Ace.

Ace.

Un as de pique, hein ?

— Hé, 42... Tu peux m'appeller Ace. Je crois.

Au moins une bonne nouvelle ? Même si clairement, t'as rien d'un as pour le moment, plutôt même le contraire. Et tu sais toujours pas pourquoi on t'as appelé comme ça, mais ça résonne, c'est familier, c'est comme remettre de vieilles rangers. Ace, c'est évident.

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Je... J'ai dû m'évanouir, je crois. J'ai... J'ai fait une crise d'angoisse. - Pas vraiment la réponse que j'attendais, mais je préfère autant ça à une attaque quelconque des personnes encapuchonnées. C'est plus familier. Moins... Flippant. Il se redresse. Les larmes ont fini par s'apaiser. Elles ont coulé à profusion durant un moment, mais même ça a une fin. Il en avait besoin, peu importe la raison. Et je dois admettre que si j'affiche une bonne façade pour le moment, il y a quelque chose de bancal qui s'agite en moi aussi. J'ai tout le temps d'y penser ensuite. - Je crois que je vais aller me coucher... Merci. - Aucun problème. Je pense pas aller courir un marathon non plus. - Je dois dire que ma petite incursion dans les vestiges de l'infirmerie a été bien suffisante. C'est qu'il en a fallu de la force pour tenir ce matelas, et surtout le tenir dans le bon sens. J'ai dû m'en user le bout des doigts. Je n'y fais pas vraiment attention, mais c'est encore chaud.

Hé, 42... Tu peux m’appeler Ace. Je crois. - Plus grand que j'aurais pu m'y attendre, un sourire vient élargir mes lèvres. J'ai toujours ma main dans son dos et elle le tapote sans brutalité, d'un geste amical. - Avec plaisir, Ace! - Lancé-je, véritablement ravis de cette évolution. Qu'il l'ait choisi lui-même ou qu'il s'en soit souvenu ne fait aucune différence à mes yeux. C'est un mieux. Un mieux est toujours bien. - Tu t'en es souvenus? - Lui demandé-je en me levant. Pas que je veuille pousser plus loin. Je suis simplement curieux, mais je sais aussi que 211 aime son intimité. Son espace vital. Maintenant, j'en ai pleinement conscience. Et puis je ne suis pas du genre à abuser, de toute façon. Pas de questions, en tout cas.

Je contourne la table, fourrant mes mains dans mes poches. - On est pas obligé d'en parler, bien sûr. Je suis content pour toi, quand même. Adieu les chiffres qui servent à rien. - Lâché-je dans un rire. Je l'attends malgré tout. Je ne veux pas partir en l'abandonnant là. Je doute qu'il me laisse le border dans son lit, mais je compte bien au moins le raccompagner jusqu'à la porte de sa chambre. Je veux juste m'assurer qu'il va bien. - De toute façon, tu sais où me trouver si jamais tu veux parler.

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06 avril - ft @H02-42

Tu es soulagé de voir que 42 ne compte pas te border toute la journée. Tu es sincèrement reconnaissant de son aide, mais tu sens que tu serais mieux seul, au moins pour un moment. Tu as besoin de te reposer déjà, et de réfléchir à ces instincts meurtriers... Ces souvenirs, même. Tu accuses encore le choc, quelque part tu refuses mais seulement pour sauver les apparences face à toi-même : tu sais que ça fait sens. Beaucoup trop.

Tu souris doucement en hochant la tête, et tu le laisses partir, non sans évoquer ce qui était désormais ton surnom. Tu ne savais pas trop pourquoi on te l'avait donné, mais tu préférais ça à une bête suite de chiffres. C'était peut-être une identité compliquée et sombre que la tienne, mais c'était une identité et tu t'y accrochais plus que tu ne l'aurais imaginé.

Ça te fait un peu bizarre quand 42 t'appelles comme ça, mais tu sais que ce n'est qu'une question d'habitude. Et tu hoches quand il te demande si tu t'en étais souvenu.

— Oui... J'espère que tu pourras bientôt te débarrasser de ton matricule aussi, même si j'aime bien le nombre 42. Ça viendra.

T'essaies de le rassurer alors que franchement, t'en mènes pas large. Peut-être que t'essaies de compenser pour ce que tu as trouvé dans ta mémoire, qui sait ? Est-ce que tu crois en la rédemption ? T'es même pas sûr. T'étais fatigué, et tu voulais juste dormir... Tu rentres dans ta chambre, tu vois la silhouette et la présence rassurante de 42 sur le seuil. Avec un sourire tu vires tes fringues en faisant attention d'être dans un angle mort et tu te planques directement sous la couette. Tu sais pas si tu vas vraiment dormir, mais rien que d'être allongé te fais du bien. Alors tu fermes les yeux, et t'espères juste que cette journée passera vite.

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