Mornings are for coffee and contemplation - Ft Ace

Mornings are for coffe and contemplation

Ace + H04-82

26 Avril:

H04-82 était quelqu'un qu'on aurait pu décrire comme suit: Peu locace, qui prenait soin de sa réputation de bestiole à la crinière hirsute et ronchonne, mais qui, au final, sous son apparence d'ours très mal léché, pouvait être bienveillant -pour peu qu'il ne vous vienne pas l'idée de lui faire une crasse- voir d'agréable, si vous ne craigniez pas les réponses assez courtes.

Actuellement, le nez dans la cuvette des chiottes, en train de rendre un triste "rien"... Il n'était ni ours ni bienveillant. C'était une loque. Une loque tremblante, angoissée, suante. Ses jambes ne pouvant plus tenir, et sa tête enfumée comme jamais, il s'était laissé choir sur son séant. Il avait poussé un soupir, et avait appuyé son dos nu au mur de la salle de bain. En étudiant les lieux il remarqua qu'un trou avait été fait dans le mur de l'endroit qu'il squattait. Et l'odeur de menthe flottant lui donna un haut le coeur. Mais comme son estomac était vide... Il eut la délicatesse de stopper les frais.

Ah... Quelle belle, MERVEILLEUSE image l'homme donnait de lui. Magnifique ! Enfin... Pour l'heure... Il s'aida du mur pour se relever et pour se traîner jusqu'au miroir. Oh il avait une mine d'outre tombe. Il ne sut pourquoi... L'image de danseurs zombies et d'une musique s'imposèrent à lui. C'était étrange... Et très obsédant d'un coup. Le gaillard avait ouvert le robinet. L'eau était glaciale, tant mieux. Il commença par se mouiller le visage. Le bas de ce dernier était mangé par une barbe. Ah... Elle était peut être un peu trop fournie. Il n'en savait fichtrement rien. Une fois débarbouillé, il se brossa les dents avec ferveur (voilà d'où venait ce parfum de menthol.). Crachant le tout et se rinçant la bouche, avant de revenir dans cette position si chère, actuellement, à son cœur... Assis... Au sol... Là où il pourrait finir d'agoniser EN PAIX. Son visage contre la fraîcheur du carrelage. Car de la fraîcheur il en avait besoin. Il souffrait de nombreuses courbatures... Parfois... Il avait l'impression d'être passé à la machine à laver, hésitant entre le programme "pauvre tâche" et "lendemain difficile". Un bruit se fit finalement entendre... Il porta son regard autour de lui, et hésita un instant à se munir de la brosse à dent comme d'une arme... Mais s'y désintéressa au dernier moment. Préférant faire comme dans maints et maints films clichés d'un certain genre, se penchant vers l'avant pour pouvoir apercevoir le salon, et lançant de sa voix grave et enrouée:

"Y'a quelqu'un ?"

C'était d'un classique...

(c) princessecapricieuse

Mornings are for coffee

26 avril - ft @H04-82

T'avais trouvé ce logement il y a quelques temps : il était souvent vide, et tu vérifiais quelques fois que tu pouvais y squatter. Tu l'aimes pas particulièrement, ce 2-H, parce qu'il y avait cette grosse fissure qui te rappelait tes envies de meurtre, ta crise d'angoisse et ce souvenir qui t'avait pourtant donné ton surnom... Tu la regardais parfois, comme pour la défier, comme pour t'assurer que ce n'avait pas été un cauchemar, et qu'il fallait bien passer à autre chose parce que, hé, est-ce que t'avais le choix ?

Tu dors comme d'habitude : ni très bien, ni vraiment mal. Tu laisses ton corps se reposer en espérant que ton esprit se taise assez vite. Récemment, tu mets plus de temps à t'endormir, mais ça ne t'empêche pas de faire des nuits acceptables. T'espères juste que ça n'empire pas.

Cette nuit-là, tu sais pas qui est là avec toi. La Ruche est pas si mal peuplée après tout, et il est rare que tu sois seul dans un logement, même si ça t'oblige pas à parler. Tu peux toujours sauter du lit à 6h, dès l'allumage des feux, pour te faufiler jusqu'à ton logement et te débrouiller pour ne voir personne ou presque. Aujourd'hui... C'est différent.

T'as entendu quelqu'un se lever et se précipiter dans la salle de bains, ainsi que les bruits caractéristiques de quelqu'un qui vomit ses tripes. Tu n'hésites pas : tu vas voir, et tu tombes face à une nouvelle tête. Qui a l'air visiblement très désorientée.

— Euh oui... Ça n'a pas l'air d'aller, t'as besoin d'aide ?

Tu t'approches, et ne voulant pas lui faire peur, tu lèves les mains, paumes ouvertes, histoire de montrer que t'as vraiment rien dedans.

— Je suis Ace. Et toi ? Tu viens d'arriver ?

Oh dear, il avait l'air vraiment pas dans son assiette, le pauvre petit. Il te rappelle quelqu'un : toi-même, quand t'étais arrivé dans la Ruche, obligé de faire sans tes charmantes béquilles chimiques. Si c'était le cas pour lui aussi, il allait passer un sale quart d'heure.

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Ace + H04-82

26 Avril:

C'était idiot... Totalement idiot. Il s'attendait à quoi dans l'état où il était ? Ah si il avait été dans un des films d'horreur dont il s'imaginait friand, l'homme serait sans doute mort dans les premiers. Encore que... MANIFESTEMENT pour l'instant, il n'avait baisé personne. Enfin pour ce qui était de la drogue par contre... Il semblait que ce soit une autre histoire. Imaginez qu'il soit dans le purgatoire des victimes de Slashers... Quelle horreur. Enfin il était mauvais, et il se traita mentalement d'idiot. Avant de voir débouler un rouquin dont il croisa le regard. Bon... Pas de gros couteau à l'horizon. C'était que le slasher était loin derrière lui. Il chercha un instant à se redresser, mais au dernier instant il renonça. Le gaillard sentait que ses jambes ne le maintiendraient pas correctement.

Le rouquin demande s'il va bien. Il a un petit reniflement amusé. Bien sûr, il pète le feu, rien à dire là dessus. Il allait bientôt se taper une petite lambada ou une figure de breakdance en plein milieux de la salle de bain. A cette idée, son sourire se fait un instant plus présent, avant que les hauts le cœurs ne reviennent le faire grimacer. Pauvre chien qu'il était.

"J'ai l'impression de m'être fais roulé dessus par un convoi de camionneurs, et encore... J'crois que j'aurais moins douillé avec eux..."

Il lève les mains en signe de pacification, et notre homme ne fait pas mine d'attaquer. Il était dans un brouillard assez opaque. Mais il n'était pas du genre à se jeter à la gorge des gens sans raison. En réalité il était étrangement calme. Il trouvait ça limite "flippant" d'être comme ça. Genre... N'était-il pas sensé paniquer ? Juste un peu ? S'époumoner de panique ? Manifestement il en avait vu d'autres... Enfin il sentait quand même la migraine poindre le bout de son nez. Il se massa les tempes un instant de l'index et du majeur. Il se présenta comme Ace. Le brun baissais les yeux, un peu piteux et troublé, laissant retomber ses bras. Les tremblements rendaient ses muscles incroyablement douloureux.

"Moi... J'ai pas de nom. J'l'ai oublié, j'arrive pas à m'en souvenir. J'sais pas qui je suis. J'crois qu'une voix m'a appelé par un numéro. Enfin... Y'a un peu mieux comme blaze... "

Il passait une main dans sa tignasse, avant de regarder plus en détail sa première rencontre et sa tenue. Haussant un sourcil. Avant de laisser échapper un sourire pince sans rire.

" C'est moi qui suis pas à la page en matière de mode ? Ou on est en taule ? "

Bon... D'après l'image qui se dégageait dans sa tête, il voyait des affreuses combinaisons, orange ou bleue. Peut être avait-il un jour dû en porter une ? Mais dès qu'il essayait ne serait-ce que de se souvenir de quelque chose, une migraine lui écrasait la tête, et il se heurtait à une brume bien opaque. Message reçu... BON si l'homme qui se trouvait en face de lui portait réellement ça pour le plaisir -... Non mais dans quel monde vivait-il ?-, leurs futurs interactions risquaient d'êtres agréables...

(c) princessecapricieuse

Mornings are for coffee

26 avril - ft @H04-82

L'homme sur le sol de la salle de bains n'est pas bien et il te le fait savoir : l'analogie des camionneurs n'est pas mal, et tu sens un nouvel élan de compassion très spécifique à son égard. Tu t'approches, toujours paumes en l'air, avant de t'accroupir en donnant ton surnom. Là, la réponse est claire : il ne sait pas où il est, et il est manifestement nouveau ici.

— On s'y fait aux numéros, même si j'ai sauté sur mon surnom dès que je m'en suis souvenu...

Un sourire sans joie passa sur ton visage : ton surnom, tu l'avais eu avec ton premier vrai souvenir, celui où tu butes un mec avec la bénédiction de ton président. Génial, hein.

D'un autre côté, le gars en face de toi n'a pas l'air d'être un enfant de chœur, et tu veux pas faire de délit de faciès, mais quand il évoque la taule en première solution, ça résonne dans ton esprit. La taule.

— Nan crois-moi, la taule c'est pire.

Tu lui tends un bras en essayant de contenir les souvenirs qui veulent te revenir quand il a parlé de prison. Ici les barrières avaient une autre gueule et t'étais quasiment sûr qu'aucune prison n'avait de règle où on pouvait s'en foutre sur la gueule entre 16h et 22h.

T'essaies de le remettre sur pied, réfléchissant à comment il allait gérer ces premiers jours dans la Ruche.

— T'as l'air en manque. Reste à savoir de quoi : tu te souviens ou pas du tout ? En tout cas si c'est ça, va falloir t'accrocher, ça va pas faire du bien. C'est du vécu.

Hop, comme ça au moins il sait qu'il est pas tout seul et que t'es pas là pour l'enfoncer ou se foutre de sa gueule.

— Je devais être médecin avant aussi, je peux t'aider et je le ferai si tu veux. Y'a juste que pour la bouffe, va falloir sortir et descendre, je peux pas te retirer ta montre et sans ça, pas de bouffe. On n'a pas le droit de partager ou de manger en dehors des heures.

Ouais, ça ressemblait quand même vachement à une prison, quand t'y réfléchissais. Pourtant, tu refusais la comparaison. Sans vouloir te l'expliquer.

— Donc. Tu veux faire quoi : repartir dormir, essayer de manger, ou je sais pas, prendre une douche ?

Ouais. Ça allait rigolo cette partie-là.

Mornings are for coffe and contemplation

Ace + H04-82

26 Avril:

Il aurait mentit si il avait affirmé tenir une forme olympique. Mais 82 restait maître de ses actes. D'après ce que son interlocuteur lui disait... Ils avaient tous un numéro. Il le regarda un instant, surprit, avant de passer une main dans sa tignasse sombre.

"Tu veux dire que ce... Brouillard, il dure pas ? On finit par se rappeler ?"

Il baissa un instant les yeux, avant de pousser un profond soupir. Allons bon... Un numéro... Il n'était au final qu'un numéro parmi tant d'autres numéros. C'était étrange comme concept. Mais une petite voix lui soufflait déjà que c'était quelque chose d'habituel, quelque chose qu'il avait déjà ressenti tout le long de sa petite vie. Le gaillard finit par glisser d'une voix bourrue:

"Dans ce cas là... Tu peux m'appeler 82, de ce que j'ai compris... C'est mon identifiant... Ou un truc du genre..."

Ah... Notre ami sentait qu'il allait aimer ce doux sobriquet. Pas sûr qu'il apprécie qu'on lui glisse ce petit truc à l'oreille. C'était tellement impersonnel. Mais bon... Il fallait bien commencer quelque part non ? Donc ça commencerait par un numéro. Le rouquin glissa quelque chose sur la taule. Comme si il savait ce que c'était. Enfin c'était le genre de truc qu'on sortait pas au hasard ça. La boulette. Le brun se traita mentalement d'idiot. Il se mordit un instant les lèvres. Avant de glisser un simple:

"Tu as sans doute raison... J'connais pas encore l'un et j'ai aucun souvenir de l'autre alors je serais pas foutu de savoir de toute façon."

Il attrape le bras de son "sauveur", se dressant sur ses cannes dans une petite grimace. La première chose qui lui vint à l'esprit fut "Où sont passés mes vingts ans" ? Et la réponse fusa d'elle même vu comment il morflait actuellement "Peut être noyé au fond du même verre que les autres années"+. Alors même, peut être que si il récupérait un jour ses souvenirs, ce ne serait pas aussi "clair" qu'il l'aurait souhaité, la faute à lui même. Enfin... L'homme s'était détaillé du coin de l'oeil dans le miroir. Il n'avait pas l'allure des déchets qui brûlaient la chandelle par les deux bouts. Alors... Peut être que cette addiction était assez récente ? Il se passa le pouce sur les lèvres, et essaya de s'étirer pour chasser ces douleurs, mais c'était peine perdue. Il faillis louper la question de son vis à vis.

"Alcool" lâcha t-il du bout des lèvres. "Je semble connaître trop bien le sujet. Et toi ? ça... A duré longtemps ?"

Enfin il se rappelait aussi des effets de certaines substances. Mais il avait l'idée tenace que c'était de la merde et qu'il ne fallait pas y toucher. Alors il se doutait que ce n'était pas le cas. Putain il se demandait bien quelle vie il vivait pour avoir ce bordel dans sa tête. Il était en rogne contre lui même. Son sauveur se présenta comme un médecin. L'aubaine. C'était sans doute pour ça qu'il était aussi aidant ? Pff non les médecins véreux il y en avait aussi. Ce monde était ainsi fait. Il était gris. Il tenta de retenir toutes les informations qui lui étaient données, le tout en s'adossant contre le mur pour se soutenir.

"Merci Ace."

C'était sincère. Il chercha à connecter ces deux neurones dans la cacophonie qu'était sa tête, peine perdue. Puis il baissa la tête, il était encore en caleçon... Et l'idée d'un repas ne devrait pas être si déconnant. Ou pas... Il risquait de tout gerber encore. Il le sentait. Un petit sourire sans joie étira ses lippes.

"Que proposerai le médecin dans l'histoire ? Je pense pas pouvoir avaler grand chose. Y'a d'autres gens que nous deux ici ?"

Il tendit l'oreille. Oh oui... Il entendait un brouhaha au dehors, cela ne faisait aucun doute...

(c) princessecapricieuse

Mornings are for coffee

26 avril - ft @H04-82

On finit par se rappeler... oui et non. Tu secoues la tête, parce que tu t'en voudrais de faire des fausses joies à ton nouveau pote, et tu lui expliques :

— Certains souvenirs reviennent. Plus ou moins violemment, disons. Ça dépend des gens.

Le tien t'avais frappé comme une balle dans la tête et maintenant que t'y repensais, ça restait quand même ton seul vrai souvenir. Le reste c'était que de la déduction, de la logique et des impressions diffuses. Des compétences techniques aussi, que tu t'expliquais difficilement. Tu avais arrêté de chercher des explications, depuis le temps. C'était là, et c'était déjà pas mal.

— 82 hein... Bienvenue dans la Ruche. On te trouvera un surnom bien assez tôt je pense.

En espérant que ce soit pas quelque chose comme Ducon. Un jour, ça allait arriver, t'en étais persuadé. Les gens étaient cons. Quant à évoquer la taule... Maintenant que t'y réfléchissais, t'avais pas de vrais souvenirs de la prison non plus, mais tu savais que c'était pas pareil.

— T'inquiète pas va, tu viens de te réveiller et t'es pas frais.

Tu le redresses et tu lui demandes alors ce qui lui manque, parce que ça au moins c'est évident. Sa réponse te fait sourire, bien que rien ne soit vraiment drôle dans la situation. Cocasse, tout au plus.

— On a au moins ça en commun alors. Ça m'a pris trois grosses semaines, je crois, mais j'avais pas que ça. Mon petit doigt qui était médecin dans une vie antérieure m'a dit qu'il y avait bien le cannabis et la cocaïne en plus. C'est la coke surtout qui a tout compliqué.

Ça te faisait bizarre de le dire à voix haute : c'était aussi une manière d'accepter que oui, t'étais un junkie. Que ça se soit passé dans une autre vie importait peu, ton corps se souvenait, et il suffisait qu'on te pose devant quelques grammes pour que tu sois incapable de savoir ce que tu allais faire.

Il te remercie, et tu hoches la tête en réponse. N'importe qui aurait fait pareil, de ce que tu avais pu voir dans la Ruche. Il y avait bien quelques exceptions comme l'homme à la canne (H01-5) mais même lui, t'étais pas sûr qu'il aurait laissé 82 s'étouffer dans sa propre bave. Il ne t'apparaissait pas dénué de toute empathie. Juste... Plus brisé que la moyenne. Et flippant aussi un peu.

Tu reviens à 82, qui te demande s'il y a d'autres gens, parce qu'il n'est pas sûr de pouvoir avaler quoi que ce soit. C'est vrai qu'il n'est pas sorti, alors tu lui expliques un peu :

— On doit être une bonne cinquantaine je crois. Tous amnésiques, de tous les genres et d'après les rumeurs, de toutes les orientations aussi. Pas d'enfants, par contre, et finalement assez peu de gens au-delà de 50 ans.

Quant à ce qu'il proposait... C'était sûrement la proposition qui ferait le plus de bien à 82 mais qui serait aussi la plus gênante.

— Le médecin dirait la douche, mais le médecin n'a pas d'infirmier pour s'occuper de toi, et je doute que tu tiennes debout tout seul.

Et surtout, le médecin aime bizarrement pas être à poil devant quelqu'un d'autre, surtout sous la flotte.

Mornings are for coffe and contemplation

Ace + H04-82

26 Avril:

Il sentait, le gaillard, son cœur qui s'accélérait. Il espérait juste qu'il finirait pas la journée avec un arrêt ou une rupture d'anévrisme. Enfin il avait aucune idée de si il était en bonne santé ou non. Là pour l'instant... L'homme avait juste l'impression d'être un p'tit vieux de 80 ans qu'on avait passé une ou deux fois au rouleau compresseur. Histoire d'être sûr. La phrase de Ace le fit tiquer, il releva le nez pour croiser son regard.

"Toi... Pour dire ça t'as pas dû en voir de beaux... M'fin on va pas s'mentir... Vu la gueule que je me traîne je pense pas être un bisounours. J'espère quand même que... Je ne regretterai pas de me retrouver. "

Oh non... Il pensait que c'était même tout le contraire. Il y avait sa gueule, et ses quelques cicatrices. Une gêne à la mâchoire, un petit tiraillement lui fit même se demander si il se l'était pas pété un jour. Enfin... ça... C'était impossible de vraiment le savoir. Parce que de toute façon il ne s'en rappelait pas. La mention d'un surnom lui arracha un tout petit rictus amusé. Quoi comme surnom ? La loque ? Parce que pour l'instant il n'y avait pas grand chose pour le caractériser. Il leva son chapeau imaginaire à l'adresse du rouquin.

"Hm... J'demande à voir pour le surnom. Mais après tout... Pourquoi pas, ce sera moins long. Puis... Plus personnel."

Il devait avouer qu'être... Limité à un numéro... C'était désagréable. Bon une partie de lui se foutait bien comment on pouvait l'appeler. ça pouvait être 82 comme "l'autre pauvre con". Encore que "Pauvre con" impliquait que la personne ait parlé un minimum avec lui. Parce que con et buté... Il pensait qu'il pouvait l'être, dans certains cas. En réalité il n'arrivait même pas à se cerner. 82 ou quoi que ce soit d'autre, il devait se découvrir lui même... On aurait dit les conneries "New Edge" qu'il avait parfois entendu. Et puis quoi encore ? La prochaine étape serait de sautiller sur une chaise, un brin de tilleul dans la gueule et de l’encens sur le bout du nez ? Allons bon... Ses mots lui arrachèrent un petit ricanement amusé. Pas frai ? Il se sentait comme la boîte de reste oubliée au fin fond du frigo depuis bien trop longtemps pour ne pas être considéré comme une arme de destruction massive. Mais il ne répondit rien, et il se contenta d'écouter ce que Ace lui disait, posant sur lui un regard sans jugement, et plein de cette compassion de gars qui ne pouvait que savoir par quels déboires il était passé.

"Ouais... Alors j'sais que c'est une belle saloperie la coke. Qu'une fois que tu tombes dedans c'est très dur de la fuir. T'as p't'être pas eu le choix pour le sevrage pour le coup... M'enfin... T'en est sortit."

Pour l'instant. Il ne pouvait s'empêcher d'éprouver de la sympathie pour Ace à cette évocation. Lui aussi s'était donc perdu dans les chemins sinueux du "plaisir illusoire". La recherche du paradis perdu ne laissait personne indemne. Il avait l'impression que ce point commun allait les rapprocher. Etrange... Sans doute.
Il savait qu'une fois cette merde touchée, on tombait plus bas, toujours plus bas. Le kamasse était aussi un petit cercle vicieux. Généralement la ganja était d'abord belle, pleine de bons côtés, elle chassait cette garce qu'était l'angoisse, envoyant au loin les problèmes. Puis, la compagne incandescente se faisait des plus capricieuses, ses caresses se faisaient de plus en plus légères, de plus en plus lointaines, avant d'être nécessaire mais de ne rien apporter. Alors c'était là que la nouvelle venue débarquait, pleine de magie et d'étincelles, de paillettes. Mais alors même que le regard de la pauvre victime s'illuminait devant cette licorne multicolore susnommée affectueusement "Coco" il se retrouvait empalé sur cette corne en sucre d'orge. Et empapaouté bien salement dans quelques ruelles sombres.

Ace évoqua les "autres". 82 ne les connaissait pas, et il ne se sentait pas vraiment prêt à affronter une horde de poissons rouges aussi amnésiques que lui. Sa tête était une passoire, trop d'informations tuaient l'information non ? Mais il hocha tout de même la tête, laissant échapper un grognement pensif. Il faisait souvent ça. Une cinquantaine, ça allait en faire des chiffres à retenir... D'où l'intérêt des surnoms... 82 n'était pas un ordinateur, loin de là, et encore moins une foutue calculette. Et pourtant il se rattrapait avec ferveur à ce numéro, comme si il pouvait lui permettre de trouver toutes les réponses. Mais... une partie de lui savait bien que c'était inutile. L'homme laissa échapper un petit ricanement à l'évocation des "50 ans". Il ignorait son âge... Mais était en plein dans la quarantaine, ça il n'y avait pas de doute !

"Ouais... J'fais partit de l'équipe des fossiles quoi."

L'homme finit par hocher la tête face aux propos du "médecin", un petit sourire sur le visage.

"Alors le patient va choisir de soulager un peu le médecin. Il a sans doute mieux à faire... Aides moi à rejoindre mon plumard, et je te libérerai."

(c) princessecapricieuse

Mornings are for coffee

26 avril - ft @H04-82

C'était un risque à prendre en compte : avec le passé que vous aviez gravé sur votre peau, les cicatrices qu'il y avait laissé, tous les souvenirs n'allaient pas être beaux à voir. Le seul réel que t'avais pu avoir t'avais confirmé que tu préférais encore vivre dans la Ruche, avec tout ce que ça comportait de torture mentale. Alors d'avoir 82 qui se demandait s'il ne regretterait pas de recouvrer la mémoire... Tu savais pas trop quoi dire.

— Ça, je peux pas savoir pour toi. Et toi non plus, d'ailleurs.

C'était pas dans ton pouvoir de faire en sorte que tout se passe bien pour lui : ce qui devrait arriver arriverait. Tout ce que tu pourras faire ce sera d'être là pour le soutenir en tant que pote ancien-junkie et c'était déjà pas mal.

Pour le surnom, tu dis ça mais t'as pas trop d'idées. Tu le connais pas encore assez, et ce que t'en vois est bien peu glorieux. 82 ne mérite sûrement pas un nom qui le renvoie à ce qu'il dégage aujourd'hui : la pure loquerie et les ruines d'une ancienne vie désormais inaccessible. Personne n'était beau à voir en plein sevrage, et t'espères qu'il arrivera en un seul morceau au bout. La Ruche lui offrait peu de choix, en même temps qu'elle lui refusait toute aide ou béquille. Il y aurait de quoi en devenir fou, et tu serais pas étonné de le voir taper une crise de délirium. T'avais dû en faire aussi, vu comme tes premières semaines ici étaient floues et douloureuses. T'avais même cru halluciner un mec, qui en fait avait réellement existé et avait disparu. C'était tout le problème de la folie : parfois tu savais pas si elle était dans ta tête, ou dans le monde autour de toi.

Alors ouais, t'avais pas eu le choix de te sortir de la poudre blanche, et tu sentais parfois le manque t'assaillir, surtout au matin quand t'aurais bien besoin d'un rail pour te réveiller. Y avait rien pour ça, et c'était franchement tant mieux. Tu sentais qu'avec le temps ça irait de mieux en mieux, et que si un jour tu sortais de la Ruche, tu serais clairement plus le même homme. Moins... Noyé dans tout ce qui l'entourait, même si tu continuais à dériver parfois dans ton anxiété.

Tu l'avais oublié, cette angoisse, le temps de t'occuper de 82. Il te demanda s'il y avait d'autres gens, et tu donnais les informations que tu avais, comme elles te venaient. Sa réaction te fit rire :

— T'es quand même pas si vieux... Ou alors c'est l'alcool qui conserve ?

Tu parles. Tu ris de ta propre connerie, alors que tu lui demandes ce qu'il préfère faire. Pioncer, apparemment. Tu hoches la tête et tu l'amènes jusqu'au lit, où tu le laisses se recoucher.

— Faudra juste faire gaffe ce soir, tu devras trouver un autre lit. On a interdiction de dormir dans nos logements... Me demande pas.

Tu hausses les épaules face à cette absurdité, et avec un signe de la main, tu t'éclipses pour le laisser seul.

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Ace + H04-82

26 Avril:

Cette discussion avait plongé le gaillard dans une pleine introspection. Une partie de lui craignait ce qu'il pourrait découvrir de sa petite personne. L'autre se disait que si le karma lui revenait aujourd'hui à la gueule, ce serait bien fait pour sa pomme. Il ne dit trop rien aux mots du rouquin, il avait pas tort. 82 ne pouvait pas savoir ce qui l'attendait. Alors plutôt que de se torturer l'esprit, plutôt que de paniquer comme une biche affolée, il avait décidé de lourder ce carton de problème dans un coin de sa caboche. Il y fourrerait le nez plus tard. Quand il n'aurait plus d'autres choix. Il ferma un instant les yeux. L'homme avait l'impression que son corps lui appartenait plus. Ses mains tremblaient, ses jambes ne le soutenait que difficilement. Une vraie loque humaine. Et il avait sans doute cherché ce qui lui arrivait. Il n'était que ruine, et l'homme se surprit à se demander si c'était son état habituel ou pas. Etait-il destiné à passer le reste de sa vie ainsi ? Autant se faire sauter le caisson alors. Non... Il s'accrochait à cet espoir que ce n'était que passager. Car après tout, sans nom, sans souvenirs, sans rien à quoi s'accrocher autre que quelques bouts de ficelles, l'espoir, c'est tout ce qu'il avait. L'espoir... Et ce gaillard qui semblait pour l'instant être dans la même chambre que lui. Bien que 82 soit du type "ours levé de la mauvaise patte" en permanence, il savait qu'il n'était pas du genre à oublier toute main tendue. Et il savait qu'il ferait ce qu'il faut pour renvoyer l’ascenseur à Ace. Mais pour l'instant, il avait mieux à faire: comme agoniser dans son lit. Le jeune homme glissa quelque chose à propos de son âge, et de l'alcool. 82 laissa glisser un petit ricanement amusé. Avant de hausser les épaules -même ce mouvement était douloureux... Bon sang... Il se sentait vieux...-

"Tu as déjà tenté de plonger un fruit dans l'alcool ? Ils peuvent y passer des années sans s'abîmer. J'ai dis ça... J'ai rien dis ! En vrai je sais pas quel âge je peux bien avoir. Pour l'instant j'ai l'impression d'être centenaire..."

Il se fit escorter dans son pieux, et il s'y écrasa, se cachant sous les couverture, un grognement de bien être inarticulé s'échappa de ses lèvres fines, il redressa la tête quand Ace lui parla de cette idée de devoir trouver un autre lit, fronçant les sourcils. Quelle était cette règle idiote ?! Oh... Il aurait bien le temps de voir venir en théorie.

"D'accord... Merci à toi."

Et le gaillard finit par replonger dans un demi sommeil, son corps se retrouvant incapable de faire quoi que ce soit d'autre.

(c) princessecapricieuse