A lot of noise

T’as trouvé c’te batterie depuis un bout d’temps maint’nant mais tu l’as démonté et mis dans un coin parce que t’voyais pas quoi en faire. T’es déjà pas capable d’passer une journée sans faire d’la merde ou bien t’faire mal alors faire d’la musique. Blague. On a du s’tromper d’chambre. Et ton esprit à tellement décidé qu’tu pouvais faire que d’la merde que même si t’as été capable d’la défaire comme seul un musicos pourrait l’faire, tu t’es quand même dit c’tait pas pour toi. T’as foutu tout ça derrière une des tables de ch’vet d’ta chambre, empilé avec un drap d’ssus pour qu’ça prenne pas la poussière et qu’personne y touche. Et puis t’as mis ça dans un coin d’ta mémoire sans t’poser plus d’questions. Entre temps t’as juste fait… d’la merde pour pas changer. T’as pris les pilules d’la sourde pendant l’confinement et t’en a souffert plus d’une s’maine avant d’émerger d’nouveau et d’promettre à Sunbird que tu testerais c’te foutue partition qu’t’as fait apparemment quand t’étais stone.

T’es donc rendu là. T’as pris une bonne douche histoire d’te s’couer un peu les idées. T’as déjà r’poussé trois fois d’le faire mais t’as fini par t’dire que t’étais quand même un p’tain d’connard trouillard pour qu’une batterie et un morceau d’papier t’fassent peur. T’as passé un fute à trous sans rien d’autre. Pas b’soin d’chemise ou autre pour faire d’la musique. Tu trouves les clés d’batterie que t’avais mis sous tes fringues et t’enlèves le drap avant d’commencer à r’mettre les peaux sur les fûts et à tourner les clés doucement, frappant sur la peau pour vérifier l’son. Une autre façon d’accorder un instrument et tu prends l’temps d’faire ça pour la r’monter entièrement. Ton esprit est en pause t’as pas besoin d’penser, c’est dans tes doigts. Alors qu’tu trembles comme un ouf normalement, là tout t’vient naturellement. T’es sûr d’toi. C’fou…

T’es d’vant, le papier à côté d’toi mais t’as envie d’voir c’que ça donne aussi tu t’lances dans un morceau comme ça, au feeling et ça r’vient niquel. Tu t’arrêtes pourtant vite. C’est si… strange… De t’rendre compte que tu l’as dans ta peau et t’en souris même. P’tain t’es bien là et t’fais tourner tes baguettes entre tes doigts alors qu’la porte s’ouvre. « Putain… » Jamais tranquille deux s’condes quoi… Va falloir qu’tu penses à mettre un mot s’tu veux être tranquille. ‘Fin c’comme ça. Tu n’connais pas l’mec qu’est d’vant toi. Tu l’mates comme t’as l’habitude d’le faire sans trop t’poser d’questions avant d’planter ton regard bleu délavé dans l’sien. « D’quoi ? » Qu’est ce qui peut être intéressant franch’ment ? T’passes la main dans tes ch’veux qui sont beaucoup trop longs à ton gout. « T’es un musicos ? » En tout cas il est sportif vu comment il est gaulé.

Codage par Magma.

Il peut t’juger autant qu’il veut, ça risque pas d’te chagriner. L’premier à t’juger c’est toi et clairement personne s’ra jamais aussi violent qu’toi envers toi-même. C’bien l’soucis aussi tu l’laisses t’mater autant qu’il veut sans cacher quoiqu’ce soit. Tu n’comprends pas trop c’qu’il fout là mais quand il t’répond qu’il est curieux tu t’contentes d’te marrer. « Une maladie ici » La curiosité. T’comprends pas pourquoi les gens peuvent s’empêcher d’être curieux envers les autres. Ça t’fait des gens qui viennent t’parler pour savoir c’que t’as, c’que tu fais, pourquoi tu l’fais. Mais ils n’peuvent pas juste s’occuper d’leur cul en fait ? ‘Fin… C’pas comme si ça t’importait. Sauf qu’d’hab c’est pas dans ta chambre. Et puis il n’a pas l’air motivé pour s’barrer aussi t’poses tes avant bras sur tes cuisses en jouant avec tes baguettes.

Ouais la batterie c’est chelou, toi aussi tu t’demandes comment ça peut apparaitre comme ça mais voila. Tu t’contentes d’profiter d’l’avoir même si t’as pas encore eu trop l’occasion d’tester. ‘Fin seulement que’ques minutes avant qu’il débarque quoi. Tu mets mieux tes avant bras puisqu’il a décidé d’mater tes cicatrices et t’passes ta langue sur tes lèvres pour les humidifier comme elles sont défoncées par les conséquences d’ta santé. T’as pas honte de tout c’que tu portes sur toi et tu t’redresses pour qu’il r’garde c’qu’il veut. Ta vie elle est marquée sur ton corps, tu t’en branles de l’exhiber. « Bravo Captain Obvious » Tu t’moques, un sourire en coin sur les lèvres quand il t’parle d’la batterie. T’vois pas pourquoi t’aurais des infos alors qu’personne n’en a ici, même pas ceux qui s’en posent vraiment.

« Bah écoutes rends moi mes souv’nirs superman et j’te réponds. » T’as toujours l’même sourire moqueur sur les lèvres en répondant ça alors qu’il s’est appuyé contre l’mur pour t’regarder. Ptete justement qu’savoir pourquoi tu fais ça t’aiderait. Ou pas. C’est ptete juste qu’tu mérites d’te faire ça ! T’en sais rien, t'as pas envie d'revoir l'souvenir que t'as vu y'a peu alors tu t’contentes juste d’faire c’qui est gravé dans ton esprit parce que t’as envie d’crever. Pour le moment tu t’es plutôt foiré mais t’y arriveras bien à un moment. « J’peux t’dire que ma gueule c’est juste que j’suis malade. Pour l’reste… » Tu r’gardes tes avant bras un moment, clair’ment pas honteux. « … ça donne un style. » Ouais t’réponds pas à la question mais t’pas du genre à parler d’ça avec l’premier mec qui passe. Tu l’regardes quand il t’demande si t’peux vraiment jouer d’la batterie. « Jouer n’est jamais un soucis. » Et tu t’mets à jouer, tes mains n’tremblent plus, t’es capable d’tenir un bon rythme et t’en r’trouves même ton assurance parce que la musique c’est toute ta vie, tu l’sais en jouant, pas besoin d’souvenirs pour ça c’est juste … Instinctif. Tu t’es lancé dans un truc rock/punk qui bouge et tu prends ton pied à jouer avant d’t’arrêter, passant la main dans tes ch’veux. T’as chaud. « Mais j’avais l’habitude à plus grand » Pour la batterie, bien sur.

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La musique… L’rythme… C’est toute ta vie. T’as mis du temps à r’monter c’te putain d’batterie parce que tu t’jugeais pas capable mais maint’nant qu’tu frappes les fus sans t’poser d’questions, en laissant juste l’instinct r’venir tu t’rends compte qu’tu t’sens vivant là, qu’t’as jamais été aussi bien d’ailleurs. Les yeux fermés tes mains r’prennent leur agilité, leur dextérité. Les baguettes tournoient entre tes doigts entre les mouv’ments, t’as ça dans l’sang et si ta voix l’permettait tu chanterais mais les paroles restent bloquées dans l’fond d’ta gorge avec tes douleurs aussi tu t’contentes d’vivre la musique, souriant d’te sentir aussi bien. T’as changé d’façon d’être, tu l’sens. Ton corps s’est r’dressé, tes tremblements ont arrêté. Pour une fois ton corps a arrêté d’te dire FUCK pour t’dire « ouais mec, pour ça t’es bon. » Pas besoin d’être d’bout, pas b’soin d’un équilibre qu’t’as plu.

Ta main r’pousse tes ch’veux et tu joues avec les baguettes avant d’planter ton r’gard bleu délavé dans l’sien en sentant qu’il t’observe. T’es pas du genre pudique aussi tu l’laisses r’garder c’qu’il veut. Ouais t’es pas du genre dans l’déni, t’es plutôt du genre à accepter tout c’qui fait ton être. T’as fait d’la merde, tu la paies et voila. « Con j’le s’rais toujours. Marque de fabrique. » Ouais t’es du genre provocateur et t’vas pas changer. En plus c’est vrai. « Ouais c’est dans ma peau. J’sais jouer, j’sais composer, c’est toute ma vie. » Et rien d’autre. Certain’ment l’chant aussi mais ta voix est trop brisée pour ça désormais. Sunbird avait raison, fallait qu’tu testes. T’sens que ta mémoire essaie d’pousser des souv’nirs pour faire d’la place et ça t’fait du bien.

Tu l’observes s’mettre à ton niveau, souriant légèrement en l’regardant. La pointe d'ta baguette vient toucher son torse, t’as envie d’voir un peu son équilibre et d’l’emmerder aussi. Puisqu’il s’permet, tu t’permets. « Qu’est c’tu veux mec ? T’es un p’tain d’obsédé t’sais ça ? » A vouloir tout savoir, tout décortiquer. Tu lèves les yeux au ciel avant qu’une quinte d’toux vienne s’couer les entrailles. Tu mets ta main d’vant ta bouche, tournant la tête, donnant l’impression qu’tu vas cracher tes poumons et t’choppes vite un verre d’eau par terre pour l’boire. « Mon corps n’est pas d’accord pour l’moment c’tout. J’paie la merde que j’ai du faire en plus d’la musique. Ptete qu’ça ira mieux, ptete que j’serais juste une loque toute ma vie maint’nant. » C’tout. « On s’en branle. » L’tout est d’assumer et tu l’fais. « Et toi alors ? Qu’est c’que t’es ? » A part un emmerdeur qui pose plein d’questions même s’il a un beau cul.

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« C’est à moi d’choisir » Et si ça l’fait chier il n’a qu’à s’barrer. T’as jamais eu besoin d’personnes dans ta vie pour faire d’la merde comme un grand et continuer d’vivre pour autant alors c’pas parce qu’un mec que tu connais d’puis environ deux minutes t’explique que ça lui plait pas qu’tu vas changer ta façon d’faire. Ouais t’es provocateur et ça va pas changer. T’préfères poser des questions sur lui plutôt qu’de parler d’toi. D’toute façon il est mignon avec ses grandes histoires mais sans tes s’venirs tu n’risques pas d’avancer sur quoiqu’ce soit. Au contraire. Si t’es encore en vie aujourd’hui c’est qu’tu travailles p’tete justement sur toi vu qu’la seule chose qu'tu penses d’toi pour l’moment c’est qu’t’es mort et qu’tu d’vrais même pas encore respirer. Mais ça personne ne l’sait à part Sunbird et t’vas certainement pas l’dire à Kilo.

Tu l’laisses attraper son poignet, ça t’gène pas. C’plutôt quand on t’touche parce qu’on a pitié d’toi ou qu’on veut t’aider qu’t’aimes pas ça. « Mais ça c’pas à toi d’le décider. » On aide pas les gens quand ils n’en ont pas envie, on passe à quelqu’un d’autre c’tout. Il peut avoir envie d’secouer qui il veut mais il pourra jamais l’faire avec quelqu’un qui n’a pas envie d’l’être comme toi. Toi t’assumes d’être dans cet état, t’as pas besoin d’te reprendre ou aller autrement et tu t’plains pas. Faut juste t’laisser dans ton coin c’tout. T’lèves les yeux au ciel quand il t’dit que tu l’intrigues. « Bah cherches-en d’autre mon gars. » Parce qu’t’as pas besoin d’un mec comme ça sur ton dos t’as déjà Sunbird et ça t’suffit largement. Puis on en r’vient toujours au même : sans souv’nir t’avance pas et toi t’en as pas alors voila. Qu’il fasse pas chier.

Tu l’regardes s’approcher encore plus d’toi et t’décales pour qu’il s’retrouve entre tes cuisses, tirant un peu sur ton bras pour que son visage soit proche du tien. « Tu t’poses trop d’questions. » C’tout. T’observes son p’tit sourire provocateur. Alors là s’il veut jouer, il va avoir du répondant et t’as bien envie d’couper court à cette conversation aussi tu n’bouges pas mais viens passer ta langue sur ses lèvres, le même sourire que le sien sur tes lèvres. T'prends tout ton temps pour l'faire, le laissant reculer s’il veut échapper à c’contact. Après tout c’lui qui t'tient. T'arrêtes et passes ta langue contre l’intérieur d'ta joue dans un langage très imagé pour lui faire comprendre c’que t’envisages s’il continue d’toucher comme ça puisqu’il a envie d’savoir c’que tu caches. Clair'ment pas grand-chose à part un corps fatigué, la musique et une forte inclinaison pour le sexe. « A ton avis ? »

Codage par Magma.