F01-348 [PISTEUR]

Comment vous êtes-vous senti lors de votre éveil ? Quel était votre état d'esprit, vos premières pensées ?
Ce jour-là, elle saisit pleinement la définition que l'on donne au mot aseptisé. Quand tout est blanc, sans goût, sans saveur, d'une stérilité parfaite et que sa langue aurait pu se poser sur le lino plus immaculé que la Vierge en personne, qu'elle n'aurait rien pu sentir ; quand tout est d'un vide tellement abyssal qu'il n'a rien d'humain et tout d'angoissant. D'autant plus qu'il n'y a avait pas que cette pièce sur laquelle ses yeux s'étaient ouverts qui était vide, car la recherche lancée par le réseau électrique de ses synapses ne parvenait à trouver aucune autre image à laquelle se raccrocher. Elle pouvait reconnaître les vêtements qu'elle portait, comme cet objet-pantalon, qu'elle pouvait également qualifier de militaire ou de carcéral, mais tout se déroulait comme s'il s'agissait du premier lit qu'elle voyait de sa vie. Elle pouvait se souvenir de l'idée d'arbre, ou de rivière, savoir à quoi ces choses ressemblaient et où elles se trouvaient en général, sans pouvoir remonter dans son esprit au moment où elles les avait rencontrés. Et pire encore peut-être, de façon encore plus alarmante, elle avait beau savoir ce qu'était un sujet-humain, elle ne se souvenait pas en avoir jamais vu un auparavant. Pas de mère, ni de père, alors que pourtant elle était là, et donc née... Juste cette petite cellule blanche. C'était peut-être là tout ce que le divin réservait aux hommes - mais pourquoi l'idée-divin lui apparaissait-elle à l'esprit ? D'où venait ce flot de pensée si confus et décidément si au courant de toutes ces choses. Pourtant elle ne se sentait pas âme, mais bien corps et pas corps mort, mais corps vivant, balourd, matériel, profondément ancré dans ce sol éblouissant de blancheur. Malgré tout, elle comprit d'instinct qu'elle n'était pas du genre à paniquer, que le soulèvement paniqué qu'elle sentait dans ses veines ne tarderait pas à tarir et que le voile devant ses yeux se lèverait. Le sang froid, et la tête haute, et surtout : liste des priorités immédiates. Après un inventaire succinct des éléments qui composaient son environnement immédiat, elle tira la conclusion que oui, il fallait bien recouvrir la mémoire.

Comment vous sentez-vous par rapport à la perspective d'être lancé dans un endroit inconnu peuplé de gens qui, comme vous, n'ont aucun souvenir de leurs vies passées ? Craignez-vous que tout ceci ne soit qu'une mise en scène? Croyez-vous devoir cohabiter avec des gens dangereux ?
Si vie d'avant il y avait, force est de constater qu'elle ne lui a laissé qu'un gruyère pour mémoire, et qu'en l'occurrence, elle n'est pas seule dans ce cas. Aussi en vient-elle à douter jusqu'aux déclarations solennelles qui rythment parfois les petit-déjeuners dans la ruche : je me souviens. Un tel retrouve au fond de son bol ou au dos de sa cuiller ce qui manquait de matière à celle, grise, perchée dans son crâne, pour calmer immédiatement l'ébullition sanguine qui n'a de cesse de l'envahir quand il se demande : qu'est-ce que je fais ici ? Elle, ne se souvient de rien, et met ça sur le compte du il n'y a rien à se souvenir. Il n'y avait aucune vie d'avant - une perspective bien plus excitante et plausible que la thèse de l'enlèvement, quoiqu'elle ait de ces gestes d'une précision parfaitement maîtrisée, sûrement imprimés jusque dans ses muscles par une longue pratique quotidienne, en lointains souvenirs de cette vie disparue. Tout repose en réalité sur ce qu'elle accepte ou non de croire, mais peu encline à la confiance aveugle en des gens qui ne savent plus (ou prétendent ne plus savoir qui ils sont), elle préfère jouer de celle qu'on lui accorde. Elle même ne cesse de mentir - peut-être est-elle dangereuse du coup ? Le fait est qu'elle ne panique jamais, qu'elle ne montre qu'une palette restreinte d'émotions véritables, et ne s'imagine pas autrement que dans une vaste arène un peu étrange, où l'on peut découvrir toute l'étendue du psyché humain par toutes les ruses possibles.

Comment pensez-vous agir dans ce nouvel environnement ? Allez-vous suivre le mouvement ? Les règles ? Êtes-vous un leader naturel qui cherchera à regrouper les gens? Voudrez-vous vous rendre utile auprès des autres ? Chercherez-vous à percer le mystère de la ruche ?
Le souffle naturel de cette seconde naissance ne saurait la guider vers autre chose que l’observation. C’est bien là sa principale (si ce n’est sa seule) qualité. Elle est dotée de cet esprit malin et de cet instinct si étrange, qui guide ses pas jusqu’au bon couloir, derrière la bonne paroi, à l’heure qu’il faut pour observer ce qu’il y a de bon à observer. Vous vous douterez donc qu’elle n’est pas bien appréciée des autres résidents, qu’il n’y a pas d’agir pour elle, car personne pour qui agir - en partie parce qu’elle ne croit pas vraiment à cet extérieur fantasmé dont ils se souviennent tous, mais qui reste résolument trop lointain pour sa mémoire de myope. Toute cette ruche est un mystère délicieux, et ses alvéoles des énigmes délectables. C’est un peu comme une reine au milieu de ses abeilles qui savoure leur affairement frénétique et paniqué pour résorber le vaste gruyère de leurs souvenirs. Elle-même est bien curieuse de savoir ce qu’y va lui revenir, si elle saura un jour ce qu’elle peut bien faire ici… La question n’est alors pas tant de savoir si elle saura effectivement lutter avec les autres, si elle essaiera de se sortir de cette prison paradisiaque (au sens tout à fait blanc du terme), mais plutôt de savoir si elle y croira, tout simplement. Non son véritable intérêt dans son observation méthodique et savante, c’est bien de savoir ce qu’est la ruche - son fonctionnement, ses rouages, sa finalité - les autres ne sont pas d’un grand intérêt autre mesure.

Possédez-vous un signe distinctif ? Un bijou ? Une alliance ? Un tatouage ?
Ses secrets ne se révèlent pas aisément. Il vous faudra la déshabiller plus que du regard pour découvrir, d'abord au centre du ventre une petite cicatrice triangulaire, puis sous l'aisselle droite, une large tâche de naissance d'une très forte teinte caramel. Pour le reste, elle dissimule soigneusement dans sa cellule une paire de boucles d'oreilles en or, en forme de coccinelles, qu'elle retrouva dans les poches de son pantalon à son réveil, et derrière lesquelles se trouvaient deux petites inscriptions finement gravées : CJ, 26.01.85, qu'elle présume être ses initiales et sa date de naissance, si toutefois ces informations sont vraies et non pas inventées.

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Test rp (facultatif) Vous pouvez, si vous le désirez afin de vous imprégner davantage de l'univers, écrire sous forme de rp vos premiers instants dans la ruche.

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Derrière l'écran je m'appelle Hedwige et j'ai 19 ans. J'ai connu le forum sur Bazzart et mes premières impressions sont qu'il est aussi beau et génial et intriguant que ce qu'il promettait. Je confirme avoir lu les règlements du forum et les règlements de la Ruche et je m'engage à les respecter dans la joie et la bonne humeur, OUI. Ce personnage est un ninja. Dernière chose, je n'accepte pas de jumeau pour mon avatar.