F01-016 [PISTEUR]

Comment vous êtes-vous senti lors de votre éveil? Quel était votre état d'esprit, vos premières pensées?
Il n’y a rien. Plus rien. Rien d’autre que ce plafond blanc sur lequel mes yeux se fixent obstinément. Vision froide qui se floute parfois. Rien d’autre que le sol dur, blanc, sur lequel mon corps repose douloureusement, et que mes ongles raclent sous les tressautements de mes sanglots. Rien du tout. Rien d’autre que cette poupée désarticulée et vide de sens qui sanglote comme une petite fille dans cette pièce indifférente à son état. Je ne peux qu’en faire le constat. Que du blanc, autour de moi et dans ma mémoire. Je me recroqueville soudain sur le côté, gémissante, comme si l’on m’avait donné un coup de pied dans les côtes. C’aurait été peut-être moins douloureux. Je presse mes paupières, remplaçant le blanc par le noir. C’est bien le noir. Je pourrais peut-être me rendormir. C’est bien de dormir. Allé, dormir encore un peu, et m’arracher à cette cruelle neutralité.
Mais quelqu’un ou quelque chose ne semble guère d’accord. Une porte qui s’ouvre, une voix qui s’élève. Une voix qui réveille une colère enfouit en moi. Moi qui me lève d’un bon, même si ça me fait mal, et qui hurle longtemps, après ce bras robotique, cette pièce blanche, ce couloir blanc, et ma mémoire toujours vierge. Jusqu’à ce que ma voix se brise. Dans l’indifférence la plus totale. Alors quoi ? C’est tout ? Je fais quoi maintenant ? Essoufflée, épuisée, j’essuie les larmes, la morve et la bave qui me coulent sur le visage. Un visage que je ne connais même pas. Fébrilement je pars à la découverte de mon corps tout autant étranger, couvert du tissu toujours résolument blanc. Je déteste cette couleur. Même si c’est celle de ma peau diaphane. Et puis je découvre des marques, des traces, qui ne me plaisent guère à première vue. Alors quoi ? Mon passé serait-il plus merdique que la situation actuelle ?
Je dévisage à nouveau ce con de bras métallique, têtu, avec son morceau de papier. Finalement, je l’attrape ce papier, gratifiant l’engin d’un flot d’insultes éraillée par ma voix abîmée. Ok, très bien. Si tu veux jouer, on va jouer. Je souris finalement. Férocement. Et m’avance à pas décidés dans ce couloir, toujours, et encore, blanc.

Comment vous sentez-vous par rapport à la perspective d'être lancé dans un endroit inconnu peuplé de gens qui, comme vous, n'ont aucun souvenirs de leurs vies passées? Craignez-vous que tout ceci ne soit qu'une mise en scène? Croyez-vous devoir cohabiter avec des gens dangereux?
DES GENS ! Tout d’abord, j’ai été euphorique de voir qu’il y avait des gens. En mode koala. A me gluer à tout ce qui bougeait.  Peu importe leurs caractères.  Oui bon, non, je ne me suis pas attardée sur les ennuyeux mutiques, les agaçants grognons et les creepy paniqués.
Paniqués oui. Je me suis bien vite rendu compte qu’ils étaient tous dans la même mouise que moi. Dommage. Ou pas. Je ne sais pas bien ce qui est le plus inquiétant entre être la seule à ne rien se souvenir, ou être entouré de guss qui pourraient très bien s’avérer être de dangereux  psychopathes qui s’ignorent. Mais étrangement, bien étrangement, cette perspective à plutôt tendance à me chatouiller le bas du ventre plutôt qu’à me cisailler les reins. Je crois bien, ou plutôt je suis sûre, d’être loin d’être blanche neige, malgré ma couleur de peau. Alors bon, c’est peut-être moi la psycho. Mais j’en doute assez largement tout de même. Restons humble.
J’aime bien les regarder, les gens, essayer de deviner qui ils sont, ce qu’ils ont été, analyser leurs caractères, et surtout les embêter exprès pour voir si ce sont des gentils ou des méchants. Oui parce que dans ce monde tout blanc, je commence à voir le monde de façon manichéenne. Les gentils et les méchants. Les moutons et les électrons libres. Les soumis et les casse-burnes.

Comment pensez-vous agir dans ce nouvel environnement ? Allez-vous suivre le mouvement ? Les règles ? Êtes-vous un leader naturel qui cherchera à regrouper les gens? Voudrez-vous vous rendre utile auprès des autres ? Chercherez-vous à percer le mystère de la ruche ?
En fait… j’ai l’impression de jouer. Un grand jeu de rôle grandeur nature, où nous sommes à la fois les joueurs et les personnages. Et où les dés du hasard auront un impact sur bien autre chose qu’une fiche personnage.  Alors je ne compte pas gâcher mes PVs bêtement. Ni forger des alliances bancales. Ni tenter les foudres de l’intelligence artificielle qui règne en bon MJ sur notre petite ruche.  
Alors déjà, première chose, j’apprends les règles du jeu. Et puis ma propre fiche personnage, que je ne connais pas encore. Il vaut mieux ne pas préjuger de ses capacités. Voir mon endurance, ma force, mon intelligence, mes faiblesses, mes compétences … mes stats en général quoi. Et puis celles des autres ! Forcément !  Connaître avant de se lier, c’est la base non ? Alors je papillonne de personne et personne, en tout cas celles qui m’acceptent, bavarde,bienveillante, à l'écoute, prête à filer un coup de main. Bien sur que c'est intéressé, mais chut.
Je noircis obstinément les livres blancs de la bibliothèques de dessins, talent redécouvert, et surtout d'informations sur tout ce que je peux trouver. Je suis un peu trop euphorique parfois. Mais je ne sais pas… j’ai l’impression que cette course vers l’avant n’est qu’une fuite. Une fuite d’un truc trop lourd, quelque par tapi derrière le rideau blanc dans ma mémoire. Alors je cours. Je construis, j’observe, j’apprends, j’essaye de remplir ma tête d’autres choses, pour ne pas découvrir les ombres qui flottent derrière le rideau.

Possédez-vous un signe distinctif? Un bijou? Une alliance? Un tatouage?
Ce sont elles, les marques sur mon corps, qui m’ont remisent d’aplomb dans la petite pièce, et qui me pousse à fuir. Rien de grave. En apparence. Quoique. Juste des petites cicatrices, un peu partout. Et une stupide fleur tatouée sur mon flan gauche. Je sais que c’est une connerie, même si je ne m’en souviens pas. Parce qu’il me fait rire ce tattoo. Le genre de rire amusé, un peu blasé et aussi mélancolique. Jusque -là ça va.
Et puis il y a les autres marques. L’ignoble cicatrice, dégueulasse, qui me barre le bas de ventre. Rien de glorieux. Rien de chirurgical. Je me demande pourquoi je ne suis pas morte. Je me demande si je le suis, et qu’au final, tout ça n’est qu’un étrange paradis. Ou bien le purgatoire, pour tirer nos âmes vers le haut ou le bas.
Il y a la cicatrice, et il y a aussi les ailes. Pas loin en dessous. Deux ailes encore plus blanches que ma peau, angéliques, débutant sur l’os de mon pubis, et s’étendant juste au-dessus des plis de mes aines. Il est fin, sophistiqué, magnifique, mais il me rend terriblement triste. Le genre de tristesse qui secoue le corps, creuse un trou béant au creux de mes entrailles. Et qui me laisse k.o, recroquevillée, le visage aussi mouillé par mes larmes qui par l’eau qui coule du pommeau de la douche. Je déteste les douches. Je déteste me voir nue. Parce que je le voie.



Derrière l'écran je m'appelle charlie(MCK) et j'ai 23 ans. J'ai connu le forum via bazzart et mes premières impressions sont « c’est de la bombe mes enfants ! ». Je confirme avoir lu les règlements du forum et les règlements de la Ruche et je m'engage à les respecter dans la joie et la bonne humeur, OUI . Ce personnage EST UNE BOMBASSE MON UNIQUE. Dernière chose, J'ACCEPTE un jumeau pour mon avatar.