Do I know you ? [ft NB03-88]

Il était difficile pour moi de savoir si j'allais aimer ou non ma présence dans la ruche. J'imagine que, comme beaucoup d'autres, c'est une question d'adaptation. Mais entre la présence abondante de blanc, les mêmes vêtements pour chacun et une montre plutôt futuriste, j'avais un peu de mal à tout assimiler.
Entre ça et le fait de ne me souvenir de rien, j'étais dans un stade assez compliqué entre l'anxiété et le stress. Enfin.. n'est ce pas un peu la même chose ? J'avais donc découvert pratiquement toute la ruche selon moi, réquisitionné un crayon et un carnet pour y noter les informations les plus importantes. Enfin.. celle qui semblait avoir de l'importance. Jusqu'à maintenant, je n'avais noté que les règles ainsi que certains dessins. Rien de bien intéressant...

J'avais mangé un déjeuner un peu trop sucré à mon goût. Et je me demandais d'ailleurs si j'allais devoir manger ce genre de chose tout les jours. Je ne sais pas si je suis diabétique.. Mais une dose de sucre pareille ne peut pas être ce dont j'ai réellement besoin, si ? Je ne sais même pas si j'ai des allergies? Une maladie quelconque ? Non. Je m'en serais peut-être rendu compte ? Quoi que.
Ah, ce manque de mémoire me pourrissait déjà la vie. Enfin, je pense que tout le monde est dans ce cas.
Debout sur le balcon, je regardais les règles qui ne cessaient de s'afficher sur les écrans visibles depuis l'endroit où je me trouvais. Il y en a une que je ne comprenais pas. Pas du tout. Pourquoi ne pas dormir dans nos propres chambres ? J'écarquillais d’ailleurs les yeux d'un coup. C'était quoi le numéro de ma chambre ? Je n'ai pas pensé à regarder en sortant.
Enfin, est-ce qu'il s'agit même d'un réflexe que l'on doit avoir ? Comment je sais si je ne me trouve pas dans ma propre chambre une fois le couvre feu passé ?

Donc, au final, je risque je ne sais quoi si je me retrouve dans ma chambre. Est-ce qu'on est surveillé d'ailleurs ? Probablement. A force, j'ai l'impression d'avoir plus de question que de réponse. Ajoutons ça trop peu d'activité pour que je ne puisse me dépêtrer de tout ça.
Je voyais pas mal de personne passer ici et là. Il faut dire qu'il y avait peu de surface. Autant dire que l'on pourrait se marcher dessus assez facilement.
Jusqu'à présent, aucun visage ne me paraissait.. comment dire? Enfin, aucun ne semblait tiquer dans mon esprit.

Appuyer sur la bar du balcon, je poussais un profond soupire. Ma paume glissait sur la montre accroché à mon poignet. Je ne sais pas si je pourrais me contenter de rester ici et de vivre normalement. Il y a bien un moment où je ne me sentirais pas bien. Enfin, est-ce que je me sens bien, déjà ? A ce moment précis, je suis incapable de savoir vraiment. Mais ça viendra sûrement par la suite.

Une silhouette passe d'ailleurs en face de moi. De l'autre côté du balcon. Et ce visage. Lui. Semble me dire quelque chose. C'est probablement fort impoli mais je le dévisage un peu avant de bouger et de trottiner vers lui. Je m'arrête à environ un mètre de la personne situé en face de moi.

- Je.. Je suis désolé si c'est assez direct mais.. est-ce que mon visage vous dis quelques choses ? Je.. Le vôtre ne me semble pas inconnu et c'est bien la seule chose qui a l'air d'être connu ici pour mon cerveau...

Mon dieu, il y a quand même de grandes chances qu'il me prenne pour un fou. Je lève ma paume gauche pour venir frotter ma nuque. Tic gestuel assez violent quand je me sens loin d'être à mon aise.

- Je.. Pardon.. Je m'appelle. 149, c'est ça 149.

Tu cours. Ca fait combien de temps que tu cours ? Un coup d’oeil à ta montre. 14h36. Au moins une heure et demie. Et t’as fait combien de fois le tour de ce balcon ? Aucune idée. Et pourquoi tu fais ça ici et pas en bas, dans la zone sportive où ya du matos dédié ? Bah, c’est déjà chiant de courir, il te faut au moins un paysage qui change. Même si le paysage qui change c’est juste les gens de la Ruche. Et pourquoi tu cours ? PARCE QUE T’ES STRESSÉ PUTAIN. Les derniers jours avaient été pour le moins...mouvementés. Un mec dont le mode par défaut est “auto-destruction” s’est réveillé à côté de toi et a bien gerbé partout par terre, t’as trouvé la Ruche dans un état d’ivresse intense, et même pas deux jours plus tard, ya eu la réunion-des-gens-intelligents-où-t’avais-tout-à-fait-ta-place. Tout ça t’a un peu chamboulé. Donc : tu cours.

Faut dire que le manque de soleil commence à t’atteindre sévèrement. Ca et l’absence de vert. C’est pas les six plantes de l’aire commune qui vont qualifier...Est-ce que quelqu’un s’occupe de ces plantes d’ailleurs ? Est-ce qu’il faudrait que tu les arroses ? Comment elles s’en sortent sans soleil ? La photosynthèse tout ça tout ça. Elles s’en sortent mieux que toi visiblement. C’est cool, tout va bien, tu perds pas du tout la boule. C’est des pensées tout à fait cohérentes que tu as là.

18ème jour ici. Est-ce que tu t’habitues à cet endroit ? Pas vraiment non. T’as presque l’impression que c’était mieux au début. Tes premiers jours c’était de l’exploration, des rencontres. C’était un peu l’excitation du mystère aussi. Mais là...là ça fait bientôt trois semaines que t’es là, et t’as pas avancé d’un chouïa. Le mystère est plus vraiment excitant là. Agaçant ? Peut-être pas (t’as comme l’impression qu’il faut le faire pour t’agacer). Flippant ? Complètement. Et t’as un peu peur que ton temps alloué dans cette escape room géante arrive à sa fin. C’est vrai après tout, ya bien des gens qui disparaissent du jour au lendemain ici. Ya de quoi angoisser.

C’est donc avec la tête bien lourde que tu t’es réveillé ce matin. Toi qui normalement te lèves dès que la lumière s’allume et pars faire un petit jogging dans la Ruche tant qu’elle est encore calme, t’es resté une bonne heure allongé à fixer le plafond. Est-ce que pour la première fois depuis 18 jours, t’es peut-être un peu de mauvaise humeur ? C’est possible. T’es humain après tout. ‘Fin...tu crois. Ya des théories qui ont été avancées à la réunion d’hier, et ça t’a un peu retourné le cerveau.

Bref, quelques heures plus tard, tu te retrouves à rattraper ton jogging matinal en ce début d’après-midi. De toute évidence tu n’aurais pas tenu en place et il faut que t’évacues un peu toutes ces pensées et cette énergie nerveuse. Donc voilà, tu cours depuis au moins 1h30, et tu tiens la cadence. Tu regardes un peu autour de toi, et ça commence à aller mieux. Tu remarques que quelqu’un te dévisage un peu. C’est p’t’être parce que tu portes un short et une chemise sans manches sur laquelle on lit au dos “Catch me if you can” (bénie soit 123 pour son cours express de couture et de retouche d’uniforme).

Tu le fixes à ton tour, et quand tu vois qu’il commence à se diriger vers toi, tu t’arrêtes (tu vas pas non plus le faire courir le pauvre). Tu lui fais un grand sourire avenant, parce qu’il a l’air un peu stressé, et que t’as pas à déverser ta propre anxiété sur les autres...Wait qu’est-ce qu’il vient de dire ? ”Wait, qu’est-ce que tu viens de dire ?” Tu le dévisages un instant, incrédule. Ton visage...lui est connu ? Wow. CA ! C’est d’l’info ! Tu sautillerais presque sur place tant ça te rend jouasse. Et bim, vite oubliés les soucis que tu te traînes depuis ce matin.

”Salut 149 ! J’suis 88. T’inquiète pour l’aspect direct quand t’as ce genre d’info. C’est ouf si tu penses me reconnaître.” Tu le regardes, les sourcils froncés. Il a l’air d’avoir à peu près ton âge ? Peut-être un peu plus jeune ? Peut-être que vous étiez camarades de classe ? T’as quel âge d’ailleurs ? ”Hmmm...là comme ça tu m’dis rien. Mais pour être honnête, pas grand monde ici me dit quelque chose. Mais ça vaut l’coup d’y réfléchir un peu plus. T’es là depuis longtemps ? J’crois pas t’avoir croisé avant. ” Tu t’accoudes à la rambarde du balcon pour reprendre un peu ton souffle et te remettre de cette nouvelle. ”Tu t’souviens d’où tu viens ? Tu parles quelles langues ? Ca réduit pas beaucoup le champ des possibles, mais ça peut être un début.”

Une chance sur deux. Soit il pourrait être content. Soit absolument pas et il va m'envoyer boulet. Mais son visage n'a pas l'air menaçant. Il a même l'air plutôt gentil ! Il a un grand sourire et ça donne tout de suite confiance. Et ce que je viens de lui dire semble le surprendre. Ce que je peux comprendre. Ca me surprend aussi. Son visage me donne une impression de déjà-vu. Mais je serais incapable de savoir où je l'ai vu et quand. Il me dévisage un peu et je me contente de sourire.
Au moins, il n'avait pas l'air de me prendre pour un fou et ça, c'était déjà pas mal. 88 alors. Je vais devoir le retenir. Tout ces chiffres me donnent un peu le tournis quand même. Je préfère me focaliser sur le visage de la personne pour m'en souvenir que le matricule.

Mais malgré le fait que mon visage ne semble pas lui revenir, ça n'enlève pas mon sourire. J'essaye de voir le côté positif de toute chose même quand celui-ci est bien caché. Bon, intérieurement, ça me minait un peu. Un peu comme tout ici au final. Ne pas se laisser avoir. C'est rien. Ca me reviendra bien un jour. D'ailleurs, est-ce qu'il y avait quelqu'un ici qui connaissait son propre passé maintenant ?

- Je suis là depuis ce matin. Je me suis réveillé ce matin ici.. Du coup, c'est normal que tu ne m'ait pas vu avant. Sauf si on se connaît et dans ce cas, on s'est vu avant.

Je grimace avec lenteur. Je raconte n'importe quoi, mon dieu. Si je pouvais me frapper le front de ma paume sans passer pour un idiot, je l'aurai déjà fais. Je prends une profonde respiration. Je crois que je suis à cran.. Je remarque aussi que je l'ai embêter dans sa course. Peut-être qu'il préférerait faire du sport.

- Je suis désolé, je te dérange pendant que tu fais du sport.

Mais il continue à poser des questions et j'essaye de réfléchir. Je me tourne vers la rambarde et fixe le vide durant quelques secondes. La langue. Si j'en crois ce que j'arrive à lire sur les écrans de télévisions situés en bas, Anglais. Quand à l'endroit d'où je viens..

- J'arrive à lire uniquement l'Anglais. Donc.. je pense que je viens d'un pays Anglophone.

Et je me rend encore compte que ça ne va pas l'aider. Il y a pas mal de pays, d'état où l'Anglais est la langue officielle. Une légère moue se dessine sur mon visage avant que je ne repose les yeux sur 88.

- Ça ne va pas beaucoup t'aider, je pense. J'ai l'impression que mon cerveau fume alors qu'il est vide..

Je tapotais doucement mon index sur la montre. Même la montre n'aide absolument pas à donner le moindre indice. Enfin, je m'étais réveillé avec une voix robotique qui me donnait un matricule, me disait que j'étais pas mal stressé aujourd'hui. Et puis, par la suite, j'avais du manger un truc immonde sorti d'une machine défectueuse.

- Qu'est ce qu'on fait là..

Oh no, c’est un nouveau. Il est arrivé ce matin ?! Damn. Il est en vachement meilleur état que le 404 que t’as récupéré ya trois jours. Tu le vois à ses yeux, ils sont plus vifs. Et pis il dégueule pas partout aussi, c’est un autre indice. Et il tient debout sans trop de mal. Et globalement ya pas une PUTAIN DE FONTAINE D’ALCOOL qui est apparue pour le distraire, minute 2 après son réveil. Donc les circonstances doivent jouer un peu quand même. Mais tu restes impressionné parce que le mec, ça fait moins de 12h qu’il est là, et il se souvient déjà de trucs. T’es un peu jaloux. ”Oh ! Bah écoute bienvenue dans la ruche. Ca va, tout s’passe bien ? C’est toujours un peu chelou le premier jour...Remarque c’est toujours un peu chelou après aussi.” Tu laisses un blanc, un peu pensif. Ouais, et si tu t’en fies à ton état de pensée actuel, et que tu compares à certaines personnes là depuis plus longtemps que toi : les perspectives sont pas géniales. Mais tu vas pas le paniquer non plus le pauvre. ”C’est dingue que t’aies déjà des souvenirs. Tu dois être super brillant. Moi ma tête est un vide. C’est assez tragique si tu veux mon avis.”

Tu hausses les sourcils quand il s’excuse. Interrompre ton sport ? Oh, merde, t’es pas du tout présentable là en fait. Tu grimaces et fais un pas en arrière. ”Alors, tu me déranges pas du tout, mais est-ce que toi ça te dérange de me parler alors que je suis poisseux ? Parce que je peux filer me changer et revenir sinon. On est où là ?” Un coup d’oeil aux environs et tu repères ta section, à l’opposé de là où vous êtes. ”Ma chambre est en face, on peut marcher lentement et discuter si tu veux ?” Parce que t’as pas vraiment envie de le lâcher non plus maintenant que t’as trouvé quelqu’un qui te connaît potentiellement.

Il parle Anglais ? Mais toi aussi ?! Un beau point commun que vous avez là. Bon il est possible que beaucoup de gens parlent Anglais dans le monde. Et tu parles toi-même deux autres langues si tu te fies à ta compréhension des règles écrites sur les écrans. Mais c’est un point de départ. ”Je suis pas hyper sûr de quelle langue est ma langue natale, mais j’parle Anglais, Français et Espagnol. Juste trois empires coloniaux du coup. Pratique. Je peux au moins nous garantir que nous ne venons pas d’Asie.” Après à chaque fois que t’as écrit sur un vêtement, c’était principalement en Anglais, donc probable que tu sois toi aussi d’un pays Anglophone. ”Et dis pas ça. C’est ton premier jour ici. T’en veux pas de pas savoir grand chose. J’suis là depuis presque trois semaines, et j’arrive à rien non plus.”

Tu réfléchis encore un peu. Ca t’embête qu’il semble te reconnaître alors que toi non. Peut-être qu’en stimulant sa mémoire à lui, t’auras une illumination. ”T’as une idée du contexte où on aurait pu se connaître ? On a l’air d’avoir à peu près le même âge j’pense. En cours ? On était voisins ? Collègues ?” Tu le dévisages encore une fois. Nope...toujours rien pour l’instant.

Il me souhaite la bienvenue et je souris gentiment. C'est gentil comme attention. Même si la dénommée Aleksa m'avait déjà souhaité la bienvenue, ce n'était pas pareil qu'un réel humain juste en face de moi. Mais il ne me rassure pas vraiment en disant que ça reste un peu bizarre même après quelques temps ici. Ça ne me rassure pas vraiment, en réalité.

- Merci beaucoup. Même avec le temps, ça s'arrange pas alors ?

Ca me démoralise déjà. Est-ce qu'on peut au moins sortir d'ici ? Non. Je suppose que la plupart serait déjà parti si c'était le cas. Je ne devrais peut-être pas y penser maintenant. Je me suis réveillé il y a seulement quelques heures. Mais contrairement à ce qu'il dit, ce n'est pas vraiment des souvenir, plutôt un sentiment de déjà vu. Une légère moue se dessine sur mon visage.

- Boh, à part ton visage, il est tout aussi vide. C'est frustrant... vraiment.

Mais je ne serais pas dire si je suis bien brillant. Parce que je pense qu'on est tous brillants à différents niveaux, différents sujets. De mon côté, je ne pense pas être plus élevés que certains. Je ne suis pas Einstein en réalité. Il recule quand je lui fais remarqué que je le dérange pendant qu'il court. Je hausse les sourcils et agite les mains de droites à gauches, d'une certaine rapidité.

- O-Oh Non, non non. Je ne disais pas ça parce que ça me dérange ! Non, non. Je voulais pas dire ça. Plutôt si tu veux, je peux t'embêter à un autre moment, quand tu auras fini..

Je me sens un peu coupable, moi du coup. Je ne voulais pas dire qu'il puait ou quoi que ce soit d'aussi désagréables. En plus, il transpire mais je ne sens rien. Enfin, rien de désagréable, j'entends surtout. Je me tourne finalement vers la chambre. Je crois que je suis sorti de par là, non ? Je fronce un peu les sourcils et ajoute.

- Je crois que je me suis réveillé dans cette chambre là.

Mais je fini par hocher la tête quand il demande à marcher lentement vers celle-ci. Je me tourne finalement pour me caler à son allure. Il me donne des informations sur lui. Il parle trois langues ? Eh bah. Et c'est lui qui me sort que je dois être brillant. De ce que je sais, le Français et l'Espagnol sont des langues plutôt compliqués. Je me met à rire quand il me sort qu'on est pas d'Asie.

- C'est impressionnant de parler plusieurs langues. Surtout des compliqués comme le Français. Nah, je ne suis pas d'Asie.

Il était donc là depuis trois semaines. Ce n'était pas bien long aussi. Donc, je peux comprendre qu'il n'ait pas beaucoup de souvenir. Je ne sais même pas si après trois semaines, je serais mieux ou non. Je rassemble mes paumes et joue avec mes doigts. Je dois avoir l'air un peu con mais de toute façon... Je m'en fiche un peu. Quel contexte.. J'essaye de réfléchir un peu mais je ne sais pas trop.

- Je suis désolé.. Je te donne de faux espoirs. Je ne sais pas trop.. Je ne pourrais pas de donner un contexte..

Je marchais doucement et reposais les yeux sur son visage. Où je l'avais vu bordel. Ça me frustrait au plus haut point. Je penche la tête avec douceur et ajoute alors.

- Tu.. Je sais pas.. J'ai pas l'impression de t'avoir vu longtemps.. Plusieurs fois mais chaque fois, pas longtemps.. Comme quand on regarde un film, tu vois ce que je veux dire ?

Comme si c'était sur un laps de temps déterminé et qu'après, pouf. Est-ce que je l'aurai vu autrement qu'en vrai ? Je ne sais pas. Je repose les yeux sur lui.

- Je suis désolé, ça doit pas beaucoup aider..

Tu lui fais un p’tit sourire gêné. T’as un peu de peine pour lui. T’aimerais bien lui dire “Nan t’inquiète, ça va mieux au bout d’un moment. On s’adapte, c’est cool.” Mais en vrai tout ce que t’as gagné depuis que t’es arrivé, c’est une vague compréhension de comment la Ruche fonctionne (et encore), et beaucoup de questions sur ton environnement et sur toi-même. ”J’voudrais pas te créer de faux espoirs. On est un peu moins désorientés, mais c’est à peu près tout. Les gens que j’ai rencontrés sont plutôt sympa par contre.” Tu lui flashes un sourire. ”Donc hésite pas à demander si t’as besoin de quoi que ce soit. Tiens r’gardes, t’as qu’à m’envoyer un message si tu t’fais chier.” Tu tends ton poignet et lui montres comment fonctionne le bracelet. Vous êtes déjà tous coincés dans un endroit chelou, si vous pouvez pas compter les uns sur les autres, plus rien n’a de sens.

Tu lui tapotes le dos quand il te fait part de sa frustration. Il est pas au bout de ses peines. ”Laisse-toi le temps de te souvenir. Ca viendra. J’crois que yen a plusieurs qui se rappellent de leurs métiers d’avant, ou des choses comme ça.” Tu t’dis que ya des trucs plus flagrants que d’autres aussi. Quand t’es couvert de tatouages et de cicatrices, c’est que t’as probablement mené une vie mouvementée et dangereuse. De ce que tu vois de lui (ou même de toi), ce n’est pas vraiment votre cas. Mais bon, t’espères que ça viendra.

Tu souffles, soulagé de ne pas avoir été source de gêne pour lui, et ris un peu quand il s’agite dans tous les sens en voulant s’assurer qu’il ne t’a pas blessé. Tu sais qu’a priori, tu pues pas (merci pour le déo), mais ça reste pas très agréable de parler à quelqu’un de poisseux. Et toi-même, tu vas finir par attraper froid, vêtu comme tu es sans bouger, donc tu te mets quand même à marcher vers ton logement. Et là. Il te dit un truc. Ca illumine ton visage presque autant que quand il t’a dit se souvenir de toi. Il s’est réveillé dans cette chambre là ? Est-ce que, après dix-huit putain de jours ici, t’as ENFIN UN COLOC ??? ”Logement 5-H ? Juste à côté de l’ascenseur ? 2 chambres ? Des tissus colorés qui trainent dans le salon ?” Tu devrais peut-être arrêter de faire sécher tes vêtements teintés là d’ailleurs... probablement une nuisance. ”C’EST TROP COOL ! Je commençais à désespérer. Tout le monde parlait de ses colocs, et j’étais tout seul. Bon, on peut techniquement pas dormir dans nos chambres, mais ça reste trop cool !” Vraiment, ce 149 n’est porteur que de bonnes nouvelles. Faut que tu restes avec lui.

Tu hausses les épaules quand il s’étonne sur tes capacités linguistiques. Ca t’est pas vraiment utile maintenant. Peut-être que tu devrais creuser un peu ça remarque. Tu l’écoutes réfléchir à voix haute, et ça te laisse un peu dubitatif. C’est étrangement spécifique comme situation. Comme quand on regarde un film ? Tu vois pas du tout. Tu fronces les sourcils et le regardes à ton tour. ”Hmmm, chelou.” Tu commences à partager sa frustration de pas se souvenir.

A peu près ton âge, blanc, châtain...hmmmmm. ”Tu sais quoi ? J’crois que tu m’dis quelque chose au final. En même temps avec une description pareille, ça peut te rappeler pas mal de monde... ”Genre...un collègue ? T’as une idée de ce que t’aimes faire ? Ou un truc où tu penses être doué ? Ca pourrait nous aiguiller sur un secteur d’activité.” Parce qu’il est bien connu que la plupart des gens travaillent dans un truc qu’ils aiment... ”Moi j’suis plutôt travail manuel ou artistique j’pense.”