A double tour Ft NB01-13

Bon matin NB01-13. Il est 6h du matin... pour ne pas entendre le reste du laïus, je plonge la tête sous l'oreiller et le colle aussi fort que je peux à mes oreilles. la voix d'aleksa n'a pas d'âme et elle me met encore plus mal à l'aise que n'importe quelle conversation avec une abeille. je compte jusqu'à cent, mon rituel chaque matin pour ne rien entendre des recommandations de l'automate. de toute façon, je n'ai pas besoin de ses salutations, je suis réveillæ depuis longtemps. cette nuit, j'ai pas mal dormi, je n'ai ouvert les yeux qu'à peine une heure avant le levé du couvre-feu.
arrivæ à soixante environ, je prends une grande inspiration. à partir de cinquante, en général, je commence à trouver l'air vicié sous l'oreiller, mais le jeu en vaut la chandelle si cela m'évite d'entendre le discours monotone d'aleksa. là, je fronce les sourcils. mon décompte mental s'interrompt et je soulève un tout petit peu la tête, quitte à ce que les paroles d'aleksa me parviennent. je respire à nouveau. immédiatement, une grimace se dessine sur mon visage et je me redresse totalement pour observer les alentours. mes draps n'ont pas leur odeur habituelle. pourtant, j'ai bien prit garde de récupérer les miens. j'ai embêté 94 suffisamment pour que la ruche ne s'amuse pas à remplacer les draps sous mon corps pendant la nuit.
il y a anguille sous roche. je tends la main vers la table de chevet où je dépose habituellement mes livres et mon carnet avant de me rendre compte qu'il n'y a rien. mon premier instinct est de rouspéter : j'avais l'intention de noter cette expression, comme je note la plupart des expressions que je trouve intéressantes, qu'elles viennent de moi ou d'autrui. c'est alors qu'une voix résonne de l'autre côté de la porte de la chambre : Hey ! Il y a quelqu’un ? Si vous êtes là je vous attends dans le salon il a un truc louche. je ne connais pas cette voix. et je suis persuadæ d'avoir été seulx dans le logement la veille au soir. sourcils froncés, je m'extirpe du lit et m'apprête à enfiler mon pantalon, que j'ai laissé comme toujours au pied du lit, par terre, en boule. rien. ma gorge se sert. "un truc louche" a dit la voix : et elle a bien raison. je me résigne à récupérer un bas propre dans la commode. il est un peu petit et ne me met pas à l'aise. heureusement, j'ai toujours sur moi une chemise trop grande, dans laquelle j'ai dormi, qui cache mes fesses. pieds nus, j'ouvre la porte en me passant une main sur le crâne.
une femme aux longs cheveux noirs et au regard perçant m'attend sur le canapé. je fais deux petits pas timides vers elle. je l'ai déjà vu dans la ruche, elle est souvent en compagnie du médecin. j'avais prévu d'aller lui parler hier, d'ailleurs, mais avec la mort des deux abeilles, je n'en ai pas eu l'occasion. j'ai passé l'essentiel de mon temps à pleurer et à gérer mes crises de panique. le souvenir fait remonter à la surface une vague d'angoisse mais je me concentre sur l'abeille. euh... bonjour. il y a un truc louche, en effet... de nouveau, je passe la main sur mes cheveux, mal à l'aise. je ne sais pas quoi faire. la situation me paralyse et l'abeille a l'air bien trop déterminée : j'ai l'impression qu'elle attend quelque chose de moi et que j'échoue. ma respiration s'accélère un peu trop et mon regard évite celui de la femme.

@starbuck

Bonjour, je m’appelle Starbuck. Je suis désolé de t’avoir réveillé en sursaut. Je ne voulais pas t’affoler. j'écarquille les yeux. starbuck, ce n'est pas un matricule, ce n'est pas un chiffre, ce n'est pas un nom de robot. on peut s'appeler ainsi, dans la ruche ? Si tu as faim, il y a un plateau devant la porte de la chambre, je vais aller le chercher on pourra discuter en mangeant. toujours à distance, je la suis du regard alors qu'elle se dirige vers la porte. effectivement, elle y récupère un plateau plein de nourriture. je fronce les sourcils. à la panique succède l'incompréhension. s'il y a une chose qui me rassure dans ce lieu inhospitalier, ce sont mes habitudes. le cycle des journées qui se suivent et se ressemblent. je n'aime pas les contraintes qui existent avec, mais la régularité et la familiarité du schéma me sont confortables. ce matin n'est absolument pas normal.
je me dirige donc vers le canapé sur lequel elle m'a invité à m'assoir. elle possède une assurance qui m'impressionne : on dirait qu'elle est chez elle quand bien même elle se meut dans un espace aussi peu accueillant que la ruche. mais je sais qu'elle fait des efforts pour me rassurer, ça se voit à sa gestuelle ainsi qu'à ses mots. rapidement, elle revient s'installer à son tour et dépose le plateau entre nous deux. je lui souris. On ne peut pas sortir de l’appartement la porte est bloqué. Tu te souviens de quelque chose de particulier qui pourrait expliquer cela ? mon regard va et vient à travers le logement, à la recherche du moindre indice. machinalement, je me mets à jouer avec la bague passée à mon majeur et je baisse les yeux vers elle : elle est d'un vert pâle, couleur pâte d'amande presque. y a-t-il de la pâte d'amande sur le plateau du petit déjeuner ?
un coup d’œil m'informe que non et mes épaules s'affaissent légèrement. je me remets à inspecter les alentours en secouant la tête à l'intention de starbuck. je ne comprends pas... je me lève et me mets à faire les cent pas dans tous les sens, mais lentement, comme si j'étais encore engourdix par le sommeil qui m'a pourtant quittæ depuis bien longtemps. on n'est pas dans le même logement qu'hier, si ? als nous ont déplacé pendant la nuit... c'est comme quand une nouvelle abeille atterrit dans le même lit que moi : un processus magique et mystérieux qui passe toujours inaperçu.
mon regard se pose sur la porte de la chambre et, malgré moi, je vais à mon tour tenter de l'ouvrir. elle est verrouillée. non pas que je n'aie pas confiance en starbuck, mais je me suis dit que sur un malentendu... j'ai presque envie de pleurer. puis mon regard se porte sur le tableau d'affichage où se trouvent habituellement les règles de vie de la ruche. peut-être que c'est une de leurs nouvelles règ... je me coupe en pleine phrase. starbuck ? tu as vu ça ? "c'est pour votre bien" qu'als disent. ma main se perd dans les cours cheveux qui commencent à pousser dans ma nuque tandis que je grimace. la panique vibre à nouveau dans mon organisme et je murmure : tu crois que... hier... les deux abeilles sont vraiment mortes...

@starbuck désolæ du délai

A double tour Je prends le temps de manger tout en faisant bouger mes articulations une à une pour retrouver ma motricité comme tous les matins. Doc n’est pas là pour me faire mes massages quotidiens mais je ne peux pas laisser mon corps prendre le dessus. A moi de le faire redémarrer correctement. Il va falloir que j’apprenne à me débrouiller seule pour de cas comme celui-ci. Je ne sais pas pour combien de temps nous sommes enfermés il va donc falloir que je m’adapte. Encore une épreuve de plus à passer. J’ai besoin de réfléchir à la situation au calme mais pas pour le moment, ma priorité reste 13 Je sens qu’iel toujours aussi nerveux, iel s'assoit sur le canapé face à moi mais n’y reste que peu de temps. Sa nervosité est visible à l'oeil nu. Iel part vérifier que la porte est réellement bien bloquée. Je ne peux pas lui en vouloir de ne pas me faire confiance à sa place j’aurais fait exactement la même chose. Puis iel revient mais ne reste pas en place, déambulant de long en large dans la pièce. Je continue de manger tranquillement comme si de rien était mais je reste à l’observer. Il se peut qu’iel n’apprécie pas d’être scruté comme cela mais je ne peux pas aller contre mon instinct. Je ne peux pas rester à proximité de quelqu'un que je ne connais pas s’en chercher à l’évaluer et à trouver ses forces et ses faiblesses. A ce moment la, je prends conscience que je baisse ma garde que devant très peu de personnes ici. Je laisse 13 à ses pensées quelques instants pour qu’iel puisse les rassembler et voir sa réaction lorsqu’iel se sera calmé, si iel y arrive. Les premières questions tombent. Les mêmes que celles que je me suis posées à mon réveil. je lui réponds avec le peu d'élément dont je dispose. « Je ne sais pas comment, mais oui ils nous ont déplacés. Hier soir je me suis endormie avec Doc et ce matin j’étais là.» Seule dans mon lit et dans une  chambre inconnue. « Nous ne sommes pas les seuls à qui cela arrive. J’ai eu un message de Doc, il se retrouve dans une chambre avec d’autres habitants.» Et tous les autres que j’ai eu par message m’ont confirmé la même chose. Je ne sais pas comment, ni pourquoi mais nous avons tous été déplacés et enfermés. La question est pourquoi ? et pour combien de temps. « Ils disent que c’est pour notre bien, mais je ne vois pas encore ce que cela peut nous apporter d’être enfermé. Ne te méprends pas je n’ai rien contre toi, mais je préférerais récupérer le peu de liberté que nous avions.» Je sortirais peut-être de  cette expérience avec un point de vue différent mais pour le moment je suis n’est pas assez de recul pour prendre une décision à ce sujet. « Les gens qui sont morts hier ? Je ne peux pas te dire, je n’ai rien vu, au sens strict du terme. J’ai retrouvé la vue ce matin, j’ai étais aveugle pendant 24h. J’ai juste entendu des rumeurs de loin. Tu peux me parler de ce qui est arrivée ? »  Peut être que si j’ai un résumé des faits cela m’aidera à comprendre ce qui se passe. Et si iel se pose pour me raconter ce qui s’est passé, iel pourra aussi se calmer un peu. L’anxiété à outrance n’est pas bonne pour la santé.

( Pando )

v


@NB01-13 pas de soucis

Je ne sais pas comment, mais oui ils nous ont déplacés. Hier soir je me suis endormie avec Doc et ce matin j’étais là. je hoche la tête, pensive. doc, je vois qui c'est : difficile de passer à côté de la seule abeille qui semble avoir pris un rôle utile à la communauté. il a fait fonctionner l'infirmerie... à l'époque où nous en avions encore une. Nous ne sommes pas les seuls à qui cela arrive. J’ai eu un message de Doc, il se retrouve dans une chambre avec d’autres habitants. envoyer un message ? je fronce les sourcils. je ne suis pas an nouvel arrivanx dans la ruche mais la solitude à laquelle je me suis contrainx pendant plusieurs semaines a créé un décalage entre moi et les autres. il y a plein de subtilités de la ruche que je n'ai pas apprises. Ils disent que c’est pour notre bien, mais je ne vois pas encore ce que cela peut nous apporter d’être enfermé. Ne te méprends pas je n’ai rien contre toi, mais je préférerais récupérer le peu de liberté que nous avions. un sourire amer se dessine sur mes lippes. ne t'inquiète pas, je ne le prends pas personnellement. moi aussi, je préfèrerais avoir mes affaires. mon confort. mes habitudes. à nouveau je joue avec la bague, dont le vert tourne au vinaigre sans que je m'en aperçoive. je continue de faire les cent pas tandis que starbuck tente de me répondre : Les gens qui sont morts hier ? Je ne peux pas te dire, je n’ai rien vu, au sens strict du terme. J’ai retrouvé la vue ce matin, j’ai étais aveugle pendant 24h. J’ai juste entendu des rumeurs de loin. Tu peux me parler de ce qui est arrivée ? cette fois, je m'immobilise et l'observe, les yeux écarquillés. aveugle ? comment ça, aveugle ? et là tu as retrouvé la vue, comme ça ? dis-je en claquant des doigts. je secoue la tête. une fois la surprise passée, je me réinstalle sur le canapé. pardon. euh, donc, hier, eh bien... je n'ai pas très bien vu, j'étais de l'autre côté du balcon. mais il y avait une vieille femme qui marchait avec une canne. elle a essayé de descendre les escaliers et un homme est arrivé à ses côtés. c'étaient tous les deux des nouveaux, leur premier réveil. et je ne sais pas ce qu'il s'est passé, s'il a poussé la mamie ou si als se sont trébuchæs l'un sur l'autre, je n'sais pas... toujours est-al qu'als sont tombæs le long des escaliers, comme ça, ajouté-je en faisant un geste des mains pour décrire les tonneaux qu'ont effectué les corps dans leur chute. je crois que d'autres abeilles se sont précipitæs pour leur porter secours mais... ma gorge se serre. les images me reviennent par flashs successifs. je ne me souviens pas de grand chose ensuite, à part du sang qui a formé une flaque autour de la tête de la mamie. ma première crise d'angoisse s'est déclarée à ce moment-là à peu près et je n'ai rien pu faire de la journée pour aider ou comprendre ce qu'il s'était passé. de toute façon, je n'aurais pas pu faire grand chose. des petits robots sont venu récupérer les corps, il y a eu une altercation je crois, mais comme je t'ai dit, mes souvenirs sont assez flous ensuite.

@Starbuck

c'est presque comme si nous échangions les récits : la perte de cécité de starbuck contre l'aventure létale des deux abeilles. je l'écoute attentivement, perturbæ par ce qu'elle me raconte. c'est vraiment bizarre et ça finit de m'ôter toute confiance en ce lieu qui pouvait subsister. moi qui me berçais initialement d'illusions, selon lesquelles la ruche avait à minima notre bien-être à cœur... l'incident de l'infirmerie avait commencé à me mettre la puce à l'oreille mais les deux morts, la journée de starbuck et notre actuel enfermement finissent de briser tout espoir que je continuais, naïvement peut-être, à entretenir. du coup, l'indication sur le panneau que c'est "pour notre bien" ne me parait que plus risible. ironique, même. Des robots tu dis ? Et ils ont récupéré les corps ? Mais d’où sortaient-ils ? je ferme les yeux une seconde et tente de me rappeler de l'endroit d'où ils provenaient, mais je n'y parviens pas. tout ce qui me revient, c'est le rouge du sang qui s'étalait autour de la tête aux cheveux blancs. je grimace et rouvre les yeux pour regarder starbuck. je hoche les épaules sans rien dire ; elle comprendra très probablement.
Et toi, ça fait longtemps que tu es dans cet endroit ? Tu t’y fais ? le changement de sujet me tire un sourire sans joie. c'est vrai, après tout, on ne se connait pas alors qu'on va partager cette seule pièce et ce plateau repas jusque dieu seul sait quand - non pas que je crois en dieu. jouant toujours avec ma baguette, je m'installe plus confortablement sur le canapé et ramène mes jambes sous moi. je me retrouve, comme souvent, en tailleur dans le coin du canapé. ça me rappelle mes après-midis lecture dans le coin bibliothèque de l'aire commune et mes bouquins me manquent à nouveau. cela fait quatre-vingt-neuf jours que je suis arrivæ. mais j'ai passé énormément de temps seulx dans ma chambre, à ne descendre que pour picorer ce que les machines me donnaient. je me sens obligæ de le préciser car, souvent, quand on apprend que je suis là depuis aussi longtemps, on s'étonne de ne pas m'avoir davantage croisé. on ne peut pas vraiment dire que je m'y fais, quand bien même j'ai trouvé une routine qui me maintient habituellement relativement sereinx. et toi ? je crois que je t'ai déjà aperçue dans la ruche mais j'ai du mal à garder la notion du temps. et tu es souvent avec des gens... bruyants ? intimidants ? je ne sais quel adjectif choisir. beaucoup de gens, finis-je par dire. elle doit effectivement connaître pas mal de monde car un groupe assez conséquent gravite naturellement autour de doc et ses comparses.

@starbuck