Who wanna bee queen [ft Sunshine & H04-001]

505 observa l’ouverture avec curiosité. Il l’avait déjà aperçu plusieurs fois, mais ne s’y était jamais intéressé jusqu’à maintenant. La ruche avait ses particularités, et une porte enfoncée n’était pas forcément la chose la plus étrange qu’il avait vue ici. Mais il avait remarqué que quasiment personne ne se rendait dans cette pièce, et ça, c’était étrange. Comme ils étaient enfermés, les gens avaient tendance à se balader partout où ils pouvaient. Il n’y avait qu’à voir la ruée sur la serre qui s’était produite quand elle était apparue. Il en avait fait partie, bien entendu, et après s’être extasié sur le ciel (le ciel !!!! les oiseaux !!!! les arbres !!!! Il savait que ceux qui prétendaient qu’ils avaient été enlevés par des aliens étaient ridicules) un moment, il s’était de nouveau ennuyé.

Il examina avec attention la porte, puis, constatant l’absence visible de danger, passa une tête dans la salle. C’était un espace carré et vide, avec quelques armoires, deux chaises, et… un matelas ? Il avait entendu dire qu’il s’agissait d’une infirmerie, mais ce n’était pas évident au premier coup d’œil. Ce qu’il avait devant lui pouvait être tout : une salle de torture, une réserve, un salon de massage… Il ne dirait pas non à un massage tiens d’ailleurs. Mais ce n’était pas le sujet.
Entrer dans cette pièce vide que tout le monde semblait éviter n’était pas forcément prudent, mais d’un autre côté, la pièce avait l’air parfaitement vide et inoffensive. Vu le manque d’enthousiasme avec lequel les gens le mentionnaient, il s’attendait presque à trouver les murs peints de sang encore mystérieusement frais. Il était presque déçu.

S’avançant dans la pièce, il examina d’abord les armoires (vides) puis les sièges (sans taches de sang), avant de se diriger vers le matelas. C’était étrange de l’avoir mis ici. Peut-être que quelqu’un l’avait déplacé pour examiner ce qu’il y avait dessous ? Il reporta immédiatement son attention sur le sol, à la recherche d’un piège, ou d’un indice quelconque, allant jusqu’à s’agenouiller pour bien observer. Après avoir effectué un vague tour de pièce à quatre pattes, il se trouva de nouveau devant le matelas.

Et bien… si le matelas n’avait pas été déplacé pour révéler quelque chose, peut-être qu’il avait été déplacé pour cacher quelque chose. Une seule manière de le savoir, pensa-t-il en agrippant les bords du matelas à pleine mains, il fallait le dégager pour regarder.

Le 10 mai dans l’infirmerie avec le matelas. (feat. @H04-505 - @Sunshine)

Quelqu’un vient d’entrer dans l’infirmerie. Code rouge ! C’est pas une blague ! Du coin de l’œil, il a tout vu. Quelqu’un vient de passer le seuil de ce qui fut un jour, l’honorable infirmerie de la ruche. Ou alors c’est une hallucination ! Oui, c’est ça ! Les murs blancs, le sol blanc, tout ce blanc devait bien finir par lui faire péter une durite. Alors voilà, c’est la fin. D’abord les hallucinations puis les vertiges et bientôt il sera trop fébrile pour s’alimenter. Faudrait qu’il prévienne quelqu’un. Un docteur ? Vite, à l’infirmerie ! Ah ! Le piège !
Bon, ça suffit ces histoires. Faut respirer un (ou deux, ou quatre) grand coup. Première étape : rationnaliser la chose. C’est probablement pas la première fois que quelqu’un s’aventure sur les lieux depuis l’incident. Il y a bien des petits curieux, des gens qui cherchent des potins croustillants ou d’autres qui se demandent : « mais le trou, il est grand comment ? » Faut croiser les doigts pour tomber sur une âme innocente qui veut juste récupérer un cachet d’aspirine.
Deuxième étape : agir. Beurk, quel vilain mot. Néanmoins, c’est trop risqué de passer son chemin. Si ça termine mal et qu’on apprend qu’il a ignoré les signes, il va passer un sale quart d’heure. Du coup, il passe à la troisième étape : agir, pour de vrai. Ses pas qui l’amènent jusqu’à l’infirmerie semblent résonner dans tout son corps. C’est le glas qui sonne la fin. Il regrette déjà mais c’est trop tard, il n’est plus qu’à quelques mètres de l’infirmerie et… Punaise ! 505 ! Soupir de soulagement. Même s’il ne connait pas très bien son camarade d’infortune il sait au moins une chose : 505 n’est pas une personne qui cherche les ennuis.
Tandis que 001 réfléchit à la manière la plus cool de manifester sa présence, tout s’accélère. 505 s’approche du matelas. Il s’approche vraiment très près. C’est la première fois que 001 met les pieds à l’infirmerie depuis sa destruction. Jusque-là, il n’avait jamais vu le matelas mais il en avait entendu parler. Toucher ce truc c’est une mauvaise idée, une très mauvaise idée. Faut faire quelque chose. Faut que 001 fasse un truc avant que 505 et lui ne se retrouvent en prison ou que le reste de la ruche leur tombe dessus avec des regards accusateurs. Tout arrive très vite, pas le temps de trouver une bête de diversion.
« AAAAAAAAAAAAAAAAAH ! 505 ! Quoi de neuf ? Quoi de beau ?! Ça fait longtemps nan ? Un jour ? Trois ? Quelle importance, je suis bien content de te voir ! Et dans l’infirmerie ! C’est curieux comme lieu de rencontre, nan ? » Alors qu’il divague, il essaye de cacher son agitation en se passant les mains dans les cheveux. Il se rapproche de l’autre homme. « Ils sont pas super épais ces matelas hein ? ‘Fin bon, du moment que celui-ci reste bien devant le trou, c’est tout ce qu’on lui demande, ahah ! » En arrivant près de 505, 001 pose une main amicale sur son épaule. « Et sinon, la famille, les amis ? Toujours aucun souvenir ? De toute façon, c’est pas très important ! Il y a des choses plus graves ! Un peu comme ce matelas tu sais… » De l’autre main, il tapote délicatement l’objet en question. « Bon, faut pas traîner ici ! Imagine quelqu’un débarque maintenant ! Qu’est-ce qu’ils vont penser ? Enfin bref… ça te dit une partie de devinettes au salon ? »

“Chill. Retrouve ta vie sociale. Prends du temps pour toi.” C’était le dernier hit d’Echo et il le passait en boucle depuis qu’il était de nouveau à peu près sur pieds, donc au bout d’un moment, t’avais fini par céder. Et la Ruche était dans le coup en plus ! A faire pousser une serre comme ça du jour au lendemain. Une serre avec vue sur l’EXTERIEUR ! Bonjour le soleil et la vitamine D, ça fait beaucoup trop longtemps que t’as pas eu l’impression de respirer de l’air frais. Donc ouais, t’as passé un certain temps à te prélasser sur l’herbe. Mais pas de chance : aujourd’hui il pleut. Comme hier d’ailleurs. Et le bruit des gouttes qui frappent le dôme est relaxant deux secondes mais bon, ça suffit au bout d’un moment.

Donc de retour à l’intérieur à une table de l’espace créatif, pots de peintures, kit de couture et tissus éparpillés autour de toi, tu t’occupes. T’es un peu trop pris dans tes bêtises pour voir 505 passer une tête dans l’infirmerie, mais t’entends plutôt très bien le cri de 001. Et là, enchaînement d’événements rapides : tu te redresses, pousses ta chaise et te lèves pour te précipiter vers le bruit, si vite que tu ne prends même pas le temps de lâcher ce que t’as dans les mains. Il s’est passé quoi ? Quelqu’un a bougé le matelas et a été aspiré ? On a encore invoqué les silhouettes noires et on doit repartir sur une nouvelle apocalypse ? Si ya un mort est-ce que ça veut dire que vous allez être de nouveau confinés ? Si les créateurs reviennent est-ce qu’il faudra que tu perdes un nouveau meuble ? Est-ce que ça va encore se terminer mal ? C’est assez probable en vrai si tu penses au schéma de ta vie depuis quelques temps. D’abord ya eu la réorganisation de l’aire commune et l’apparition des plaids, et le lendemain ya eu l’apocalypse. Ensuite ya eu la petite aprèm dansante super cool, et deux jours plus tard ya eu les morts de l’escalier. Donc là ya eu la serre avant-hier donc par suite logique : catastrophe aujourd’hui.

A quelques pas de l’infirmerie t’entends la voix de 001 dire “Imagine quelqu’un débarque maintenant !”. Tu es ce quelqu’un et t’arrives à la porte défoncée, l’air complètement effaré, une paire de ciseaux dans une main, une jambe de pantalon dans l’autre, prêt à agir (sur quoi ? Comment ? Tu sais pas trop). ”Il se passe quoi ?! J’ai entendu un cri ??” Tu prends deux secondes pour observer un peu la scène. Tu reconnais 505 et 001 près du matelas. Dangereux mais tu vois rien de déplacé. Tu vois pas non plus de silhouettes noires, donc c’est plutôt bon signe. Tu souffles et prends la voix la plus détendue possible (même si t’es clairement en train de crier de désespoir dans ton esprit). ”Oh c’est vous. Tout va bien ? J’pensais pas que des gens venaient encore ici.” Puisque c’est un portail vers les enfers, tout ça tout ça. ”Ya pas d’souci pour rester ici hein, mais ça vous dit pas de changer de mur en revanche ?” Est-ce qu’ils étaient déjà là pendant cette débâcle ? Est-ce qu’il faudrait pas faire un PSA ? Un jour d’intégration pour les nouveaux arrivants pour leur dire les trucs à pas faire ? C’est une idée. Après ya des gens avec un fort esprit de contradiction...”C’est juste que ya un trou derrière qui mène vers du vide et ça a aspiré tout ce qu’il y avait ici, et ce pauvre matelas est tout ce qui nous empêche de mourir.” Petit silence. Ouais t’es super chill. ”Du couuup...autre mur ?” Tu désignes du regard le mur droit et fait un pas vers cette direction, le regard toujours fixé sur les deux hommes et prêt à prendre les jambes à ton cou à tout mouvement brusque.

Le cri le fit sauter bien plus haut dans les airs qu’il ne s’en pensait capable, mais son cœur se calma vite. C’était seulement 001, une personne de confiance, et pas dangereuse pour un sou, avec qu’il a déjà eu l’occasion de discuter. L’homme avait l’air nerveux, passant sa main dans les cheveux dans un geste devenu caractéristique. Faut dire, si 505 avait des cheveux aussi soyeux, il ferait pareil.

« ‘Fin bon, du moment que celui-ci reste bien devant le trou, c’est tout ce qu’on lui demande, ahah ! »

Un trou ? ça lui rappelait très vaguement quelque chose, mais il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Mais avant qu’il n’ait pu demander des précisions – ou accepter cette partie de devinettes de salon – Sunshine déboula dans la pièce, l’air hagard et armé d’une paire de ciseaux et d’un bout de tissu. Le pauvre enfant avait toujours été un peu bizarre. Mais gentil. Et bien intentionné. Il suffisait de le voir s’inquiéter d’un cri, alors qu’honnêtement, même si l’inquiétude de 001 l’avait un peu fait monter dans les aigus, il avait gardé un ton tout à faire raisonnable. Quel brave petit.

Les explications étaient assez claires, malgré l’état dans lequel Sunshine semblait se trouver. Après, être claires ne les empêchait pas de n’avoir aucun sens. Un trou dans le mur qui menait vers le vide. C’était juste ridicule. Ils n’étaient pas dans l’espace, ils avaient – depuis tout récemment – une serre qui donnait sur un extérieur tout à fait normal. Il s’agissait probablement juste d’une bouche d’aération un poil puissante, et l’imagination avait fait le reste. Voilà ce qu’il arrivait à ceux qui étaient là depuis trop longtemps, l’enfermement n’est pas bon pour les esprits.

« Du couuup... autre mur ? »

505 s’éloigna du matelas. Aucune raison d’alarmer ses camarades plus que ça. Il s’apprêtait à tapoter d’un geste rassurant la tête de Sunshine, mais avorta rapidement son mouvement devant la hauteur de l’objectif, pour se contenter d’une petite tape amicale sur l’épaule.

« Ce hum… trou a l’air d’être une source de stress non négligeable. » Il jeta un coup d’œil au matelas. Si un simple amas de tissus pouvait s’occuper du problème, ça ne devait pas être si grave, mais il était important de prendre les sentiments des gens en considération, sinon ils se braquaient. « S’il est si dangereux, il ne faudrait pas demander à… comment ça s’appelle, Aleksa ? de s’en occuper ? Ils ont ouvert une serre, ils peuvent bien ramener un peu d’enduit. Ou condamner la porte. Ou tout du moins mettre un grand signe pour expliquer pourquoi il ne faut rien toucher. Qui s’occupe de ce genre de demandes ? »