Pouvez-vous m'indiquer la sortie ? Ft H04-8

@H04-8 & H05-12

Pouvez-vous m'indiquer la sortie ?

Mais quelle est donc cette lumière qui me réveille en sursaut. Je refuse d’ouvrir les yeux aussi tôt, le service de chambre de cet hôtel, laisse à désirer. J’ai mal partout et j’ai envie de vomir. Aurais-je fait la fête toute la nuit ? Je ne bouge pas le temps que les nausées s’arrêtent, il ne sera pas de bon ton de vomir sur les draps et de donner du travail supplémentaire aux membres du personnel. Et maintenant cette voix qui parle sans s’arrêter et débite des informations qui ne me concernent pas et m’empêche de me rendormir. Je ferais écrire une lettre de réclamation pour me plaindre de ce réveil exaspérant au possible. Par la force des choses j’ouvre un œil et ne reconnais pas la pièce dans laquelle je suis. Hier je me suis couché dans une chambre… En fait je m’aperçois que je n’en sais rien, je ne me souviens pas de l'endroit où je me suis couché ni à quelle heure. Cela n’est absolument pas normal. My Lord ! Je me suis couché habiller. Cela n’est m’était jamais arrivé. Enfin, il me semble. Et là je prends que conscience que je ne peux pas répondre à cette question non plus. Je ne peux répondre à aucune question me concernant.. Je scrute mes mains ? Pas de bague, ni d’alliance. Mais sur mon poignet droit se trouve bracelet en cuir d’excellente facture, avec une plaque en argent sur le dessus et des lettres gravées H – P. Je retourne mes mains vers le ciel et trouve dans le creux de mon poignet gauche un tout petit tatouage. Une portée avec une clef de fa. Je pousse consciencieusement les draps de mes jambes pour voir si d'autres objets ou caractéristiques peuvent m’aider à me souvenir de qui je suis.

Je me lève et fais le tour de la chambre ouvrant tous les tiroirs. Ah ! Enfin un vêtement de rechange, je ne voyais pas sortir avec des vêtements fripés. Je sors et tombe sur un appartement, en poussant les portes je trouve enfin une salle de bain. L’équipement est minimaliste, mais je dois faire avec. Je quitte mon ensemble froissé pour un ensemble plus présentable et un coup d’œil dans le miroir me fait chercher un peigne pour discipliner mes cheveux. Ce n’est pas parce qu’on est dans un endroit inconnu que l’on doit se négliger. Je laisse le dernier bouton de ma chemise ouvert, un peu de folie n’a jamais fait de mal.

Je ressors et continue de visiter l’appartement avant d’entendre la porte d’entrée s’ouvrir et de vous voir rentré. Enfin une personne qui pourra me guider. Je me rapproche de vous la main tendue vers l’avant pour vous saluer. « Bonjour Monsieur. Pourriez-vous m’indiquer où nous sommes et comment sortir d’ici s’il vous plait ?»

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J'ai commencé à trembler. Il y a un jour, six heures et quarante-sept secondes. J'ai noté. Je me demandais si ça pouvait avoir un quelconque impact sur mon esprit. Sur mon corps qui ne se souvient pas davantage que le reste. J'ai noté. Je voulais savoir combien de temps serait nécessaire avant que la chose passe, mais elle n'est pas passée. Pas encore. Je sens la pression de l'endroit qui doit commencer à peser. Peut-être un peu de la perspective que je ne pourrai jamais en sortir. Je ne me sens pas bien ici, pas confortable. Je me sens prisonnier d'un environnement qui ne m'inspire en rien confiance. Prisonnier d'une ambiance lourde de présomptions que je ne peux pas valider. J'ai trouvé refuge en un ivre vierge dans lequel j'ai commencé à noter le fruit de mes journées. Un endroit pour garder une trace des obstacles que j'ai pu croiser. Des rencontres que j'ai pu faire tout autant. Un livre où pouvoir voir l'évolution de mon esprit chancelant entre la méfiance et le doute. Un recueil de mon existence ici qui ne me quitte surtout jamais. Il est coincé au creux de ma paume à chacun de mes pas, glissé sous cet oreiller emprunté lorsque je vais me coucher. C'est tout juste si je ne le prends pas sous la douche bien que mon regard peine à s'en détacher. En un sens ça me fait un certain bien de tout noter, mais cela n'a qu'ajouté une couche supplémentaire à la paranoïa qui vient m'habiter. Et si quelqu'un arrivait à le lire? Et si quelqu'un en usait contre moi?

J'y ait noté le fruit de ma nuit. Toutes ces images qui se succèdent en une suite désordonnées et qui n'éveillent rien de plus en moi qu'une peur panique s’apaisant dès que le tout est posé sur papier. Et pourtant. Pourtant je tremble et je ne sais pas comment enrayer ce mal autrement qu'en gardant ma main glissée dans ma poche pour le dissimuler et ne pas me faire questionner par tout ces gens que j'observe d'un œil critique. Ces gens à qui je ne parle pas de trop alors que je retrouve le chemin de ma chambre, la première. Celle où je ne me sens pas mieux qu'ailleurs, mais la seule où je peux me permettre de demander à quelqu'un de quitter. Je me plais à le penser.

J'ouvre la porte du logement. Figeant net sur le pas de la porte en voyant un homme, un inconnu, s'avancer dans ma direction main tendue. Je sens mon sourcil se hausser malgré l'impassible de mes traits. Ma main se resserrer plus fortement contre le livre que je tiens. À en juger par son discours il vient d'arriver. J'observe sa main sans la serrer avant de refermer la porte derrière-moi. « Personne ne sait où nous sommes ou comment sortir d'ici. Il y a entre 50 et 60 personnes en dehors de ce logement qui errent dans cet endroit. Tout le monde est amnésique. Certains sont coincés ici depuis plus d'une centaine de jours alors rien ne laisse présager une sortie prochaine. »

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La voix de ce matin a perturbé mon réveil et je n’ai pas écouté un mot de ce qu’elle disait, privilégiant mon sommeil à son babillement énervant. Mais j’ai besoin de certaines informations et je préfère m’adresser directement à un habitant de cet endroit L’homme qui passe le pas de la porte ne semblait pas s’attendre à me voir et je suis confus de le déstabiliser ainsi. Mais il est la première personne que je rencontre depuis cet étrange réveil et je me dois de l’interpeler pour trouver des réponses à mes questions. Je l’observe lorsqu’il rentre, je sais au fond de moi que la connaissance des gens et de leur attitude pourra me permettre de savoir comment négocier avec eux. Il se fige en me voyant et son sourcil levé me fait douter de ma mise. Ai-je donc un faux pli sur mes vêtements ? Un rapide contrôle m’indique que ma chemise est bien repassée et propre et que mon pantalon tombe bien. Je retends instinctivement les manches de ma chemise au niveau des poignets pour qu’elles soient à la même hauteur sur chaque bras et donnent l’impression d’un alignement parfait. Il tient avec ferveur un carnet dans sa main qu’il ne souhaite pas lâcher même pour me serrer la main. Je baisse ma main et la place le long de mon corps sans m’offusquer de son comportement. Les manières y gagneront ce que l’affection y perdra*. Je l’écoute débiter sans s’arrêter des informations les uns derrière les autres comme si cela l’ennuyait de parler avec moi. La discussion ne sera pas aisée mais je ne le laisserais pas partir sans plus de détail.

Je me dirige vers le salon que j’ai repéré quelques minutes plus tôt pour m’y installer, l’invitant tacitement à me suivre. Je ne l’imagine même pas faire demi-tour et partir. Je m’assieds sur le canapé, j’affiche une attitude sûre de moi mais pas pétante, je sais juste que je sais ce que je fais. J’attends qu’il s’installe en face de moi avant de continuer. « Tout d’abord j’aimerais me présenter mais je ne me rappelle plus de mon nom, je vous présente mes excuses pour ce désagrément indépendant de ma volonté.» Cette perte de mémoire m’affecte plus que je ne veux le montrer, des dizaines de questions s’entrechoquent dans mon esprit mais je garde un visage impassible. « Pourriez-vous être plus explicite ? Vous non plus ne savez pas où nous sommes si j’ai bien compris, mais qui sont nos hôtes ? Pourquoi nous avoir faits venir dans cette demeure et surtout comment ? » Le noyer sous mes questions ne l’aidera pas et moi non plus. Mais si je veux comprendre quel destin me réserve ma journée, je dois avant tout me renseigner.

Spoiler:

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Il me tend la main et je ne la serre pas. Je lui parle et il ne me répond pas. Préférant se diriger vers le petit salon où je le suis en fronçant les sourcils. L'ai-je choqué? Après tout je ne lui ai qu'énoncé ce qu'il en est. S'il ne l'apprend pas de moi ce sera de quelqu'un d'autre. Je n'apprécie pas tourner autour du pot dans tous les cas, mais peut-être qu'il n'a pas apprécié. Il s'assit et j'en fais de même. Détaillant du regard son attitude. Son assurance. Cette façon qu'il a eu de replacer ses vêtements. Est-ce un autre Docteur? Serais-je malchanceux à ce point? Je sens la tension dans mes épaules faire pression de nouveau. Resserrant davantage mon livre dans mes mains alors qu'il continue finalement de parler. Il a un bon parlé. Une façon bien polie de s'exprimer. « Nous n'avons pas de noms. La voix au réveil nous donne un numéro et c'est ce qui nous fait office de nom. Vous ne l'avez pas écouté. » Ça me semble une évidence puisqu'il n'a rien mentionné. Il n'a pas parlé de cette appellation dont on l'a désigné. J'affirme donc plus que je questionne avant de continuer. « H04-8 pour ma part. Certains ont des surnoms plus courts, auto-proclamés, alors j'ose croire que c'est une option si vous ne voulez pas vous encombrer d'une telle appellation. » Je ne saurais pas quoi utiliser alors je me contente du matricule faute de savoir comment me nommer autrement de mon côté. Ne pas me nommer me suffisant amplement lorsque je peux me passer de le faire.

Ses questions sont précises et je ne sais pas quoi y répondre outre ce que je sais. C'est-à-dire bien peu de choses pour contenter ses questionnements. « Personne ne sait où nous sommes. Personne ne sait qui nous a conduit ici. Personne ne sait qui gère cet endroit ou pourquoi nous y sommes. Nous ne savons pas comment nous sommes arrivés ici. Nous ne savons strictement rien. » Je marque une pause en fixant mon livre. « Tout est blanc. Tout le monde porte la même tenue. Nous sommes logés et nourris. Il y a de quoi nous occuper un peu aussi. C'est l'essentiel de cet endroit. Rien de plus que l'essentiel. Rien de moins que l'essentiel pour survivre. » De quoi vous aliéner. De quoi vous contrôler. Il y a là la parfaite recette pour laisser la folie vous ronger. Pour laisser le stresse vous dévorer comme il le fait avec moi. Sentant d'ailleurs l'agitation reprendre en mes mains, je dépose le livre à mes côtés. Me calant davantage dans le canapé pour être en mesure de glisser mes mains tremblantes dans mes poches. « Certains ont semble-t-il retrouvé certains souvenirs, mais il vous faudra parler avec ceux qui sont ici depuis longtemps. Ce n'est pas mon cas. »

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Ses réponses à mes questions ont concises et peu développés. Il énonce des faits et rien que des faits, sans fioritures. Mais est-ce vraiment ce que je recherche, cela m’apporte-t-il des réponses qui peuvent me permettre de comprendre où je suis et pourquoi j’y suis ? Comment je suis arrivée là et surtout quel est mon avenir ici ? Fait-il cela car il ne veut pas me parler, qu’il se sent mal à l’aise en ma présence ? Si j’en juge sa posture et sa manière de serrer son livre, il semble avoir envie d’être partout sauf sur ce canapé. Dans ce cas-là pourquoi reste-t-il en face de moi et n’est-il pas parti alors qu’il en a eu maintes fois l’occasion ? Je pensais avoir la capacité de cerner les gens pour mieux les comprendre et m’adresser à eux, un peu comme une capacité innée que mon amnésie avait épargnée, mais face à lui je mets en doute cette donnée. Qu’importe ! Il est là et pour le moment il est la seule personne de disponible pour m’aider à comprendre. « Ah, la voix du réveil. Oui elle m’a bien parlé ce matin mais je dois avouer que je n’ai pas prêté attention à son discours si matinal. Dois-je vous appeler H04-8 ou seulement 8 ? N’êtes-vous pas gênés de ne pas avoir de nom et d’être désigné par un matricule ? » Des surnoms ? Donc on peut s’affranchir de ces chiffres. Pourquoi pas ? « Je viens d’arriver, je ne sais pas où je suis ou si je ne fais qu’un mauvais rêve donc je réfléchirais à la question de ce nom plus tard. Mais je vous remercie, je note l’information pour l’utiliser ultérieurement.»

Les réponses qu’il me donne ne sont pas assez précises pour que je puisse en faire une utilisation efficace et cela me trouble. Sans que j’en prenne vraiment conscience je me mets à tapoter ma jambe en rythme avec ma main droite comme si cela me permettait de me concentrer et de mieux réfléchir. Dès que je m’aperçois de ce mouvement inconscient, je m’arrête et repose mes mains sur mes genoux pour afficher un calme serein que je n’ai pas mais qu’il est important pour moi de montrer. « Donc si je résume vos informations. Nous n’avons plus de noms ni de souvenirs. Nous ne savons pas où nous sommes, ni pourquoi et personne ne dis rien. Y’a-t-il une personne qui gère la vie courante ici ? Une reine par exemple ? » C’est le premier exemple qui m’a venue en tête, mais cela peut être n’importe quelle tête pensante ? Comment un tel endroit peut-il se gérer s’il n’y a personne à sa tête ? « Manger, dormir, se récréer font partie des besoins essentiels dont nous avons besoin. Mais sont-elles suffisantes à notre survie ?» La liberté de mouvement et de choix est importante. Et d’après ce qu’il me dit la vie ici ne nous laisse pas cette liberté. Je suis intrigué par le retour des souvenirs de certains, l’état actuel de ma mémoire ne me permette pas d’envisager cette possibilité, même si par moments mes réflexions me laissent penser que tout n’a pas été effacée. J’arrive à parler et à comprendre mon interlocuteur, comme si les choses les plus importantes étaient ancrées en moi et me permettaient d’avancer et d’agir quand même selon certaines de mes convictions. « Je suis désolé que vous n’ayez rien retrouvé de vos souvenirs ? Savez-vous ce qui a permis à vos compagnons d’infortune de les retrouver ? »

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« J'ai rencontré trop peu de personnes pour savoir si nous avons tous des numéros différents en fin de matricule. En cas de doute, je l'utilise dans sa totalité pour ne pas créer de confusion et créer une habitude de ce côté. » Ça ne me semble être que pure logique. Tout comme le fait de porter une certaine attention aux paroles qui sont énoncées par une tierce personne. Ce qu'il n'a pas fait ce matin. « Le nom ne définit pas la personne. Peu m'importe l'appellation que je dois utiliser pour me présenter. » Les présentations n'étant pas ma force. La socialisation n'était pas dans mes priorités. Préférant largement la solitude et le silence pour arriver à calmer cette angoisse cuisante me vrillant les tripes à l'instant même. « Ce n'est pas un rêve. Tout ici est bien réel. » Tout ici est trop réel. La douleur. La faim. Le sommeil. Le mal-être. Tout hurle une réalité que je ne veux m'approprier. La nier ne la rendra pas fictive pour autant. La nier n'en amoindrira pas l'impact sur ma santé que je sens s'effriter. Le stress. Je le sens émaner de lui également, mon regard se posant sur cette rythmique tapée à force de doigts contre sa jambe. Normal. Les questions l'étant lors des premiers instants. Le temps de prendre appui avec cette nouvelle réalité, de se l'approprier. Ce que je n'arrive à faire de mon côté. Sentant l'adrénaline pousser en mes veines sans me laisser une chance de la repousser. Faisant vibrer mes mains dans mes poches sans me laisser une chance de les empêcher. Je ne suis qu'esclave de ces réactions de mon corps pour combattre ce malaise pesant dont je ne peux me débarrasser.

Il cesse son mouvement. Je cesse de fixer ses doigts. Reportant mon regard sur son visage pour mieux écouter la suite de ses propos. « Vous résumez bien. » Une reine. Un leader. « Personne ne gère. Rien de plus que les règles. Nous sommes livrés à nous-même. Si autorité il y a je ne l'ai pas croisé depuis que je suis arrivé. » Une source de stress en moins à encaisser. « Personne ne dit rien non. La peur sans doute. » Personne n'ose lever le ton, mais des actions ont été posées. Il suffit d'un rapide coup d'œil dans les environs pour le constater. « La survie de chacun a ses propres critères. Le corps a besoin de ses bases, mais l'esprit ne fonctionne pas de la même façon pour tout être. Là où certains se contentent de peu, d'autres ont besoin de beaucoup. » Mon esprit n'a besoin de rien de plus que les livres à priori pour assurer ma survie, mais cette blancheur écrasante causera ma perte. Peut-être ai-je tord, mais ce n'est pas à moi de répondre à cette question. C'est à lui.

Mes yeux trouvent le sol. Je réfléchis. Les souvenirs. Je n'en ai pas non. Que ces impressions que je n'explique pas. Ces sentiments face à l'environnement, à certains mots. Est-ce suffisant pour déclencher l'esprit des autres là où le mien a échoué? « Ce qu'on ne sait pas ne peut pas nous faire de mal. Je ne suis pas désolé de ne rien savoir même si j'aimerais comprendre. » Mon regard retrouve son visage de nouveau. « Je ne sais pas pour les autres. Des actions. Des mots. Des repères pour l'esprit peut-être. Il faudra voir avec eux. » Je marque une pause. Fronçant les sourcils. « J'ai croisé un Docteur. Il m'a dit avoir soigné des gens. Il a peut-être su de cette façon. Vous devrez faire vos propres expériences. »

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Des numéros mais qui peut être se répéter selon lui, donc il est important de retenir le matricule au complet. Voilà une information intéressante que je vais intégrer. Les présentations sont importantes selon moi, elle permet de se faire une première idée de la personne que nous rencontrons. La manière de regarder, de serrer la main, de se positionner, face a nous et de se présenter permet sans le moindre doute d’avoir une idée du caractère et de voir les forces et des faiblesses de la personne face à nous. Cela semble être comme un instinct en ce qui me concerne. Comme si dans ma vie oubliée, j’utilisais cela régulièrement. Encore une chose a noté pour ne pas oublier.
« Je prendrais soin de bien utiliser le matricule au complet pour m’adresser aux gens, à moi que ceux-ci ne me donnent l’autorisation de faire autrement. » Il pense que le nom ne définit pas la personne mais une chose me tracasse. « Je veux bien entendre que le nom d’une personne ne la définisse pas. Mais d’après vos dires, certaines personnes, ici, changent leurs numéros par un surnom. Dans ce cas-là, ils ne le font pas par hasard, ils doivent vouloir dire quelque chose. N’est-ce pas une manière de s’affirmer et de montrer qui ils sont au travers de ce surnom ?» L’être humain a toujours cherché à se singulariser lorsqu’il se retrouve au milieu d’une foule anonyme. Changé de nom est une manière de prouver que l’on existe. Même si je ne sais pas d’où me vient cette théorie, je sais qu’elle fait partie des convictions bien ancrées en moi.

Pas de leader, de chef, quel drôle de façon de fonctionner. Mais je ne peux pas juger sans avoir vu comment cela se passe au quotidien, je vois mal une société se développer, évoluer, avancer sans avoir quelqu’un à sa tête pour donner une ligne de vie à suivre, un chemin, une voie. Sans cela, la vie devient vite chaotique si les gens font ce qu’ils veulent. Et le chaos n’est pas tolérable. Les choses ont besoin d’être à leur place pour une efficacité optimale. D’après lui , chacun vis selon ses envies et ses besoins quelle drôle de façon de vivre. Sans que je m’en aperçoive, mes doigts se remettent à tapoter ma cuisse selon le même rythme que tout à l’heure comme si cela m’aidait de me concentrer sur un rythme. Puis un bout de sa phrase me sort de mes pensées et me fait cesser ce battement. « Des règles ? Quelles règles ? » J’ai vraiment dû rater beaucoup d’informations ce matin au réveil. Mais si des règles existent il est important que je les connaisse pour les appliquer.

Nous pouvons vivre sans nos souvenirs, je l’entends bien, mais je ne sais pas encore si les retrouver m’aidera à accepter la situation dans laquelle je viens de tomber. Je dois quand même essayer de voir comment les retrouver. Son explication prouve qu’une nouvelle fois les gens sont différents et ne vivent pas, ce que je considère pour le moment comme une aventure, de la même manière. Mais certains semblent retrouver une partie de leurs mémoires grâce à des événements ou des sons. Il y a même un docteur qui aurait retrouvé les souvenirs de son métier. Tout n’est pas perdu. Voilà beaucoup d’informations que je veux absolument retenir. Pour cela il me fallait noter toutes ces idées. Noter, oui j’ai besoin de noter. Je regarde autour de moi pour chercher une feuille et un stylo comme en possède mon interlocuteur, mais je ne vois rien autour de moi.

« Où avait eu la chance de trouver ce carnet et ce stylo. Je sens que j’ai besoin d’écrire pour mieux intégrer toutes ses informations et cela ma serai bien utile»

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Qui sommes-nous? Je ne sais pas. Je ne sais pas si je saurai. Je sais du moins que je crois en ce que j'ai affirmé. L'appellation, quelle qu'elle puisse être, ne défini pas quelqu'un. Une appellation n'est qu'une façon de désigner quelqu'un. Au même titre que les surnoms. Au même titre que de pointer du doigt. Ça n'a rien de personnel en sa façon de pouvoir se répéter d'un être à l'autre. Si ça se trouve ce numéro identifie bien davantage notre unicité. Ce dossier que je crois nous être lié. Cette impression d'asile dont je n'arrive à me délaisser. Nous sommes fous tous autant que nous sommes de rester ici les bras croisés. Attendant qu'on vienne nous examiner. Laissant l'épuisement nous gagner. Laissant ces Docteurs nous déstabiliser. Je ne sais toujours pas ce qu'il m'a fait pour que je perde ainsi pied avec la réalité. Pour que la fin de ma soirée ne soit que ce vide que je ne peux pas expliquer. N'en ayant comme seul souvenir que cette migraine pointant le bout de son nez et ce pansement à mon bras parce que je ne pouvais pas arrêter de me gratter. Je devais enfoncer mes ongles dans ces sillons couvrant mes avants-bras comme si ça allait pouvoir m'aider. « Personne ici n'a le souvenir de sa vie passée. Ce serait prétendre à tord que de croire qu'un choix de surnom est réellement une affirmation de leurs personnes alors qu'ils ne savent pas qui ils sont. Ce n'est qu'un nouveau mensonge à ajouter au-dessus des autres. Ils peuvent croire que c'est une affirmation d'eux, une rébellion face à cet endroit, mais au finale ce n'est qu'un mensonge supplémentaire. » Un mensonge que personne ne peut leur arracher, car non ici il n'y a pas d'autorité. Rien de plus que ces rumeurs que je n'ai pas encore pu valider. Que ces mots qui se passent pour exprimer la crainte habitant certains. Celle que d'autres veulent défier. Ne me considérant assurément pas assez stupide pour me lancer dans ce jeu aveugle sans savoir de quoi il retourne. J'ai besoin de creuser et de savoir. Besoin de comprendre. Besoin de chercher. J'ai besoin de tout ces détails qu'ils ne veulent pas nous donner. Peu importe ce qu'est ce 'ils'. Le règne par la terreur.

« Elles sont affichées près de la porte d'entrée. Rien qui n'est pas respectable aisément. De la bien séance pour la plupart. Des heures de repas. Des indications pour passer la nuit. Elles s'affichent en plusieurs langues. Il semblerait que nous soyons tous en mesure de nous comprendre, mais à la lecture la différence de langue est perceptible. » Un détail que j'ai noté. Une étrange anomalie qui doit avoir son explication. Qui porte à croire que quelque chose a pu se glisser en nos esprits bien davantage que pour les nettoyer de tous nos souvenirs. Quelque chose d'étrange et perturbant qui est peut-être en cause de ces migraines et ces trous noirs que j'ai expérimenté avec le Docteur qui sait. Je noterai. Il noterait aussi des choses semble-t-il. Posant le regard sur mon carnet. Le mien retrouvant ses doigts tapotant de nouveau. « Ils sont disponibles à l'extérieur du logement. Il y a une bibliothèque où trouver des livres vierges ou non. Il y a un espace avec des crayons également. De quoi manger. De quoi s'occuper. Ce logement n'est que la surface de cet endroit. » Tout un monde à l'extérieur et pourtant rien de plus oppressant que ce blanc toujours présent malgré le vaste de l'environnement. « Rien n'est pensé pour nous blesser. » Et pourtant mon esprit souffre tant. « L'environnement se veut en quelque sorte sécurisant. » Et pourtant jamais je ne me suis senti si peu en sécurité. « Ce sera à vous de vous faire une tête sur le sujet lorsque vous sortirez. »

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Celui que j’ai face à moi ne semble pas bien vivre cette expérience. Mais avec le peu de données que j’ai, je ne peux pas l’en blâmer. Comment vivre sans savoir qui l’on est, sans comprendre où l’on est, ni pourquoi on est ici ? Tant de question qui me passe dans la tête, tant de réponse à trouver. Car je sais que je vais essayer de trouver. Non pas par curiosité maladive mais pour comprendre. Je sens en moi ce besoin de compréhension ou bien est-ce de la maîtrise ? J’aime maîtriser ce que je fais. Je n’aime pas être un pantin qu’on déplace à son gré et je sens qu’ici ma patience risque d’être mise à rude épreuve. La connaissance au sens large du terme est importante et j’espère pouvoir au moins assouvir cela ici. « Un surnom ou un nom ne définit peut-être pas la personne qu’on l’on était avant ou celle que nous sommes devenus ici, mais l’attribution d’un numéro pour désigner un être humain est remplie d’une connotation négative. À moins de vouloir nous sentir comme ces pauvres êtres humains considérés comme des moins que rien pendant la guerre et qui furent tuer à tour de bras. Pourquoi pas nous le tatouer sur le bras non plus ? Non porter un chiffre comme désignation ne me convient vraiment pas ?» D’où me viennent ces convictions ou ces souvenirs, je n’en sais rien. Je sais juste que cela me hérisse le poil rien d’en parler, moi qui semble avoir un bon contrôle de mes émotions, ces faits me font bouillir de l’intérieur. Je me remets à tapoter instinctivement ma jambe dans un rythme qui m’aide à me calmer et à me recentrer sur la conversation et mon interlocuteur.

Je reprends une grande respiration et me recentre sur le présent. Donc les règles sont affichées à la porte d’entrée, je vais aller les lire rapidement pour ne pas les enfreindre. Si elles sont logiques et qu’elles permettent juste une application de la bienséance, cela ne devrait pas être difficile de faire en sorte de les respecter. J’aime l’ordre et poser des règles permet une vie en communauté beaucoup plus facile. Voilà une information qui me redonne le sourire. « Je vais étudier ces règles, je vous en remercie. Et un passage dans cette bibliothèque me semble des plus utiles. Je pourrais m’y procurer en de ces carnets. J’aime poser les événements et les questions sur papier.» voilà une des premières choses que je ferais en sortant de cette chambre. Mais avant de me lever et de partir j’ai une dernière demande à exprimer. Une question bien vague, je l’avoue, mais qui pour une personne qui comme moi vient de se réveiller dans cet environnement inconnu me semble importante. . « Avant que je ne me lance à la découverte de ce nouvel endroit, avez-vous des conseils à me donner pour réussir mon intégration ? »

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Je ne nie l'intéressant de la discussion. Même si nous argumentons chacun à notre façon. Même si nos avis peuvent diverger. Cet homme reste intéressant en sa façon de s'exprimer avec conviction. Il vient tout juste d'arriver. Il semble peut-être un peu nerveux en son tapotement, mais qui ne le serait pas. Il semble néanmoins rester logique en sa façon de réfléchir. Ce que j'apprécie. Je n'en souris pas pour autant, mais je retiens la chose. Surtout si nous devrons cohabiter ensemble. Ce que je suppose être le cas puisqu'il s'est éveillé en ce logement. J'acquiesce donc simplement de la tête à ses propos avant de poursuivre avec les règles. Avec ce seul détail contrôlant notre environnement au-delà du savoir vivre naturel que tous n'ont pas. Le passé oublié semblant ne pas forcément avoir d'emprise sur notre façon d'être et d'agir. La volonté de chacun jouant sans doute également sur la donne. Un facteur de recherche parmi tant d'autres pour tenter d'expliquer ce qu'il en est de cet endroit et de nos esprits et agrémenter mes notes au passage. Faut de réponses je tente au mieux d'en trouver de mon côté malgré cette multitude de détails que je ne sais expliquer. « Nous nous rejoignons donc dans cette façon de faire en ce qui concerne les notes et événements. » Et je suppose donc que nous saurons nous rejoindre sur le respect mutuel du carnet de l'autre en cette optique bien que je m'accroche un peu trop férocement à mes écrits. Les absences, les trous noirs, n'en reste pas moins un facteur sur lequel je n'ai semble-t-il pas de contrôle et qui pourrait donc occasionner un oubli de ma part qui sait.

Il demande si j'ai des conseils à lui donner et je fronce les sourcils. Quels conseils pourrais-je réellement donner à toute âme se retrouvant coincée ici? Quels conseils pourrais-je donner alors que moi-même je peine à trouver une quelconque forme de stabilité en ce lieu? Je suis sans le moindre doute plus que mal placé pour le faire. Pour l'aider d'une quelconque façon davantage que je le fais à l'instant. « Je ne saurais réellement quoi vous dire d'autre que de respecter les règles. Chacun a sa façon d'évoluer ici, sa façon d'approcher les autres, et les conseils que j'applique avec moi-même ne seront pas forcément approprié pour vous. Le mieux est sans doute de ne pas vous laisser arrêter par la crainte de l'environnement pour arriver à être fonctionnel. Ici ou ailleurs les malheurs et les imprévus arrive et nous sommes tout de même toujours en vie. Si le monde a à arrêter de tourner il le fera avec ou sans notre accord peu importe ce que nous aurons fait de nos existence. » Je suis donc franc avec lui. Comme je le suis depuis le début de cette discussion. Comme je le suis toujours. Ne voyant assurément pas l'intérêt de mentir alors que nous sommes tous coincés ici ensemble. Quitte à dilapider mes recherches en parlant de la mauvaise chose à la mauvaise personne. Parfois il faut savoir prendre des risques pour obtenir des résultats et si je sais où se trouve ma limite je ne peux pas trouver la sienne à sa place. « Peut-être trouverez-vous quelqu'un qui saura mieux vous aiguiller que moi. »

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Pouvez-vous m'indiquer la sortie ?

Réveillé depuis peu de temps, j’avais déjà appris beaucoup de choses grâce à mon colocataire. Je ne pouvais pas dire qu’il était très éloquent, il n’avait pas l’air d’aimer converser avec ceux qui l’entourent, il n’est pas serein devant moi et pourtant il a continué de me parler. Je ne pourrais jamais oublier cette première rencontre. Qui plus est, il semble que nous partagions des idées communes et un appartement, nous serons donc amenés à nous croiser de nouveau ce qui j’espère ne lui déplairai pas. « Oui, comme vous il me semble, j’aime noter les choses pour pouvoir m’y référer plus tard. Avoir une trace des évènements et pouvoir m’y replonger en cas de besoin.» J’ai toujours utilisé l’écriture pour poser les choses et les problèmes, me libérer l’esprit et prendre du recul sur un évènement ou une décision à prendre. Vu la tournure que prend ce début de journée, je sens que cela va me devenir indispensable pour survivre ici.

Suivre les règles, semble être un des principaux conseils qu’il me donne. Pour ça, je devrais bien m’en sortir. Je sens que je vis depuis très longtemps avec des règles à suivre. « Je prends note de votre conseil concernant les règles. Et je peux comprendre que la vie en société nécessite d’avoir dû savoir vivre et un minimum d’éducation. Je ne manquerais pas de noter toutes les règles de cet endroit et de m’y conformer » Les premiers pas dans ce nouvel environnement seront les plus importants. Je vais devoir apprendre rapidement à ce que je comprends. Je ne recommencerai plus à ne pas écouter ce que me raconte cette personne au réveil. Finalement elle semblait être en possession d'information importante. Je ne manquerais pas de faire attention à elle a sa prochaine apparition.

[color=#000099 « Je tenais à vous remercier de m’avoir accordé de votre temps et de m’avoir fait partager vos connaissances. Contrairement à ce que vous pensez croire, vous m’avez été bien utile. Je trouverais quelqu’un d’autre pour m’aiguiller en sortant de cette chambre, mais je passerais cette porte en ayant compris appris, grâce à vous les principales règles à suivre ici.»[/color] Je me lève doucement du canapé et te salue. « Je vais mettre en pratique vos conseils. J’espère que nous aurons l’occasion de rediscuter ensemble. Peut-être un soir avant le couvre-feu ? » Il est temps pour moi de me jeter dans la gueule du loup, de quitter le confort de cette pièce et d’affronter cet endroit encore inconnu pour moi. Je prends une grande respiration et passe la porte de l’appartement légèrement anxieux.

(c) élissan.

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