F06-123 [insoumise]

UNE ABEILLE TU SERAS

COMMENT T'ES-TU SENTI LORS DE TON ÉVEIL? QUEL ÉTAIT TON ÉTAT D'ESPRIT, TES PREMIÈRES PENSÉES?
Dans un élan désespéré, mes entrailles se serrent, se tordent et se bousculent. Je sens monter l'acidité de la peur, l'amertume du déni. Courage, fuyons ! Si aucune étincelle n'a encore eu lieu entre les parois coriaces de ce qui me sert de caboche, là, tout au creux de mon estomac, mon corps sait qu'il est important d’évacuer au plus vite. Et avant même que mes yeux ne s'ouvrent, mon corps bascule sur le côté. Ma bouche s'ouvre d'un coup et alors mes paupières tombent, comme celles d'une poupée malmenée, que l'on secoue dans tous les sens. Une chaleur âcre déferle dans ma gorge, et je crache ma bile sur le sol trop propre. Plus si propre, maintenant. Je tousse et je hoquète, incapable de retenir ce corps sensé m'appartenir.
Je me redresse tant bien que mal, une fois la marée redescendue. D'un geste imbécile,  je frotte mes lèvres souillées d'un revers de la main et. Où suis-je ? Où vais-je ? Dans quel état j'ère ? Je ferme les yeux et secoue la tête pour chasser cette pensée inutile dont je n'arrive plus vraiment à trouver l'origine. Il y a sans doute une référence, compte tenu de l'amusement relatif qui a germé l'espace d'un instant mais… mais quoi déjà ? Je frotte mes tempes avec vigueur, comme pour dissiper le brouillard qui me ronge le cerveau, mais rien ne se passe. Je me sens… lente ? Oui, c'est un peu ça. Lente et incohérente. Ma tête dodeline doucement sur mes épaules pendant que j'observe ce qu'il y a autour de moi.

Rien ne semble anormal. Rien ne semble normal non plus. Comme si rien n'avait de sens mais que ce fait même avait un certain sens, pour moi. Où l'inverse ? Non. Je grimace, secoue la tête et je compte. Quinze souffles. Trente-sept souffles. Soixa… pourquoi je suis là déjà ? Je frotte rapidement et répétitivement mon index sur mon pouce, comme pour saisir la pensée qui m’échappe. Il y a… quelque chose. Quelque chose qui cloche. Et alors qu'il me semble que fouiller ma mémoire pour comprendre la situation serait assez cohérent, quelque chose en moi me dit de ne surtout pas l’essayer à cela. Comme un garde fou qui me protégerait du néant abyssal de mon incompréhension et de mon manque d'emprise sur la situation. Trois-cent-dix-sept souffles. Et un, deux, trois de plus. Je déglutit et d'une grande inspiration (le trois-cent-vingt-deuxième souffle), je m'offre l’élan et le courage de me mettre debout, avant de me rasseoir bêtement. Qu'est-ce que je vais faire, si je me lève ? Est-ce que ça va aider d'une façon quelle qu'elle soit ? Est-ce que je veux vraiment avancer ? Est-ce qu'il ne serait pas plus sage de me rendormir et d'attendre que les choses se révèlent à moi ?

Non parce que je sais que je ne sais pas grand-chose, pour ne pas dire rien, mais je suis certaine que jamais, absolument jamais je ne me permettrait de me retrouver dans une situation contraire à ce que je voulais. Donc si je suis là, c'est que je le voulais. Bon, je suis certaine que je n'ai pas signée pour le retournement de mes tréfonds et le vomi sur le parquet, mais j'imagine que c'est une condition nécessaire à… quoi que ce soit que je suis venue faire ici. Aussi désagréable qu'elle soit, toute condition sine qua non doit être acceptée, si j'ai bien voulu être là où je suis. Et j'ai voulu être là où je suis. Sans quoi je n'aurait aucun contrôle, donc ce ne serait pas normal, donc je ne serais pas moi, donc rien ne m'affecterait, donc aucun contrôle ne serait nécessaire, donc je n'aurait absolument rien à faire pour me dégager d'un état dans lequel je ne me trouverais par conséquent pas vraiment, voire pas du tout. Et cela étant sûr,  en même temps que j'avale mon quatre-cent-quarante-huitième souffle, je souris, vaguement rassurée, et mes ongles cessent de gratter le bord du lit. Ce qui est une bonne chose, ça commençait à être douloureux.

D'un coup je suis baignée de lumière, à l'instar de la pièce toute entière, et je détourne rapidement le regard pour que ma première image claire ne soit pas celle des vestiges fumants de mon repas de la veille. Un petit picotement d’inquiétude se niche dans ma poitrine et je peine à freiner les halètements qui me secouent brusquement. Je n'arrive même plus à compter.

« BON MATIN H01-46. IL EST 6H DU MATIN, VOTRE PRESSION EST ÉLEVÉE CE MATIN ET JE VOUS RECOMMANDE DONC QUELQUES GRANDES INSPIRATIONS AVANT DE SORTIR DU LIT. VOTRE POURCENTAGE DE VITAMINE C N'ÉTANT PAS OPTIMAL, DU JUS D'ORANGE VOUS SERA SERVIS LORS DU REPAS. N'OUBLIEZ PAS D'ENFILER DES VÊTEMENTS PROPRES AVANT DE SORTIR ET JE VOUS SOUHAITE UNE BONNE JOURNÉE. »

Je soupire avec force et me lève, sors de ma chambre d'un pas décidé et d'une respiration mesurée. Dix-neuf souffles.

J'aime le jus d'orange.

Je ne suis pas stupide. Le déni s'estompera. Mais j'ai choisi cette situation. Je ne choisis jamais rien de mauvais pour moi. Tout ira bien. Le bruit ambiant pe parvient progressivement et je réalise que je ne suis pas seule. J'ai voulu ça moi ?

D'un pas lent, très précis, tout à fait réfléchi, je rentre à nouveau dans ma chambre, referme la porte en douceur et vomis pour la deuxième fois.

Un nouvel examen de la situation pourrait être intéressant.

COMMENT TE SENS-TU PAR RAPPORT À LA PERSPECTIVE D'ÊTRE LANCÉ DANS UN ENDROIT INCONNU PEUPLÉ DE GENS QUI, COMME TOI, N'ONT AUCUNS SOUVENIRS DE LEURS VIES PASSÉES? CRAINS-TU QUE TOUT CECI NE SOIT QU'UNE MISE EN SCÈNE? CROIS-TU DEVOIR COHABITER AVEC DES GENS DANGEREUX?
Je soupire. Lentement, lourdement. Je maintiens le cap, j'ordonne mes pensées. J'appuie sur la porte du bout des doigts, puis l'entrouvre et la referme une nouvelle fois,  puis la pousse encore. J'actionne la poignée. Il faut être vigilant. Ne rien laisser au hasard. Est-ce que je connais ces gens ? Ceux qui parlent, ceux qui rient, ceux qui s’agitent et dont les pas et le vacarme emplissent l’espace au dehors de… ma chambre ? Mon appartement ? Difficile à présent de ne pas s’attarder sur l'absence de souvenir quel qu'il soit. Je sais au fond de moi que je ne me serais jamais impliquée dans une situation hors de ma portée. Qui sont-ils ? Que font-ils ? Est-ce que je les connais ? Est-ce qu'ils me connaissent ? Perdue dans mes interrogations, je continue d'actionner la poignée.

Il faut être honnête,  n'est-ce pas ? Je ne sais rien, mais je sais ce que je fais. Je sais qui je suis, même si je ne peux pas me nommer. Les détails n'ont aucune espèce d'importance. J'ai toujours le contrôle. Je ne me laisse jamais emporter dans des situations périlleuses dont je n'aurais pas convenablement estimé les risques auparavant. Je n'ai aucun exemple, aucune preuve, aucune certitude autre que celle-là : si je suis moi, alors tout va bien. Dans le cas contraire, eh bien peu importe. Si c'est un rêve, aussi dérangé et dérangeant soit-il, il aura un terme. Sinon, alors cette situation aussi inconnue soit-elle est parfaitement contrôlable.  Quand je savais encore, j'en étais assez convaincue pour me laisser porter, donc mes incompréhensions actuelles importent peu, n'est-ce pas ?

A moins que je… non. Peu importe. Je claque la porte et claque des doigts rapidement et incessamment, comme un métronome qui rythmerait mes pensées, comme une incantation qui étoufferait les doutes qui peinent à rester muets. Je ne crains pas ces gens. Peu importe qui ils sont. On ne connaît jamais vraiment les gens qui nous entourent de toute façon alors des inconnus ne sont pas plus menaçants. Si je suis là, s'ils sont là, alors ils ne sont pas un problème. Il n'y a pas de raison. Et puis je n'ai pas besoin d'eux, donc je ne les crains pas. Voilà. Je me fiche de ne rien savoir. J'apprendrai. Il n'y a rien de plus facile. Ce n'est pas leur présence le problème. Ce n'est pas mon ignorance. Je veux juste… je dois juste…

Que savent-ils, eux ? Sur la situation, sur eux, sur moi ? Que savent-ils que je ne sais pas ? Qu'ont-ils de plus que moi ? Connaissent-ils mon autre nom ? Celui qui m'a échappé ? Connaissent-ils ce nom actuel, ce matricule froid et impersonnel, sans implication, sans attente, sans contrainte ? Savent-ils comment agir, quand je suis bloquée ici, entre les effluves de bile et… et je ne sais même plus.

J'ai faim. Il faut que je sorte manger. Et des vêtements propres. J'ai failli oublier. Procédons par ordre.

COMMENT PENSES-TU AGIR DANS CE NOUVEL ENVIRONNEMENT? VAS-TU SUIVRE LE MOUVEMENT? LES RÈGLES? ES-TU UN LEADER NATUREL QUI CHERCHERA À REGROUPER LES GENS? VOUDRAS-TU TE RENDRE UTILE AUPRÈS DES AUTRES? CHERCHERAS-TU À PERCER LE MYSTÈRE DE LA RUCHE?
Si la monotonie de ma garde-robe finira très probablement par m'oppresser, elle m'apporte pour le moment un certain réconfort. Inutile de se poser des questions sans fin sur le meilleur choix quand tous les choix sont identiques en tous points. Au moins une chose de simple. Avec un sourire, emplie d'une certaine satisfaction, je choisis la première chemise, le deuxième pantalon et les troisième sous-vêtements,  afin que ma tenue s'accorde à mon nom. Comme une enfant qui vient de jouer une bonne blague en secret, d’élaborer un tour qu'elle est la seule à connaître et à remarquer, je trépigne un instant avant de reprendre une respiration mesurée et plus douce. Alors que mon septième souffle prend fin, je me libère de mes vêtements poisseux de la sueur et des peurs de la nuit.

Comment vais-je agir ? Je suis là priorité, le navire à sauver avant toute chose. Comme ils disent dans les avions, on doit d'abord assurer sa sécurité avant de porter assistance aux personnes autour de nous. Est-ce que j'ai déjà pris l'avion ? Peu importe. Je dois définir un mode d'emploi avant de sortir et de découvrir quel lien ont ces gens avec moi et quel lien je dois entretenir avec eux. Je ne me laisserai pas faire. Si l'on tente de m'imposer une vie qui ne me convient pas, quelle que soit la durée de mon séjour ici, je garderai le cap. Même s'ils savent plus que moi. S'ils veulent quelque chose, ils n'auront qu'à m'expliquer, n'est-ce pas ? Je ne dois pas leur laisser l'avantage. Je dois rester sobre, rester sage, mesurer mes émotions. Savent-ils que je ne sais pas ?

Quelle que soit ma situation, je l'ai choisie. Alors je ne serai pas privée de mes choix. Mon existence ne dépend pas de futilités comme un nom ou des souvenirs qui m’échappent. J’étais avant d'avoir ces bagages encombrants. Je suis moi. Je suis mon phare, mon ancre, ma loi. Le reste est accessoire.

POSSÈDES-TU UN SIGNE DISTINCTIF? UN BIJOU? UNE ALLIANCE? UN TATOUAGE?
Un minuscule renard délicatement tracé à l'encre noir au creux de son poignet , comme un compagnon d'infortune. Elle ne sait pas ce qu'il représente mais elle a cette manie de le caresser du bout du doigt pour s'apaiser. Elle porte une longue chaîne en or blanc, aux mailles fines et fragiles, au bout de laquelle pend un médaillon renfermant une petite boussole.






APPOSER MA PREMIÈRE GOUTTE DE MIEL
Derrière l'écran je m'appelle Moa et j'ai 30ans. J'ai connu le forum par hasard et mes premières impressions sont .

Je confirme avoir lu les règlements du forum et de la Ruche et je m'engage à les respecter dans la joie et la bonne humeur, OUI.

Ce personnage N'EST PAS UN DC.

JE N'ACCEPTE PAS DE jumeau pour mon avatar.

J'ACCEPTE de lancer un dé à la demande d'une IA pour subir un effet qui ne pourra en aucun cas blesser mon personnage, mais aura pour but de contribuer à l'avancement de l'intrigue.

J'ACCEPTE que mon personnage soit blessé lors d'une animation (aucune blessure fatale ne sera infligée).

JE VEUX UN parrainage suite à ma validation.

Félicitations ta fiche est validée! Nous te souhaitons bon jeu sur le forum et surtout n'hésite pas à contacter le staff si tu as besoin de quoi que ce soit!

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Amuse-toi bien petite abeille et soit sage sinon l'IA viendra te manger.