Prisoner || ft. H02-30

Prisoner

@H02-30 + @F02-500

“Run when you can, walk if you have to, crawl if you must; just never give up.”

Depuis les dernières journées (à noter qu'elles étaient aussi mes premières dans ce huis clos), j'étais plutôt resté calme face à toutes situations. Je n'avais pas vraiment échangé avec les autres captifs, si ce n'était pas des trois types qui m'avaient abordée hasardeusement, les jours précédents. Même moi, je m'étonnais de ne jamais avoir craqué, de ne jamais avoir eu une vraie réaction de mon emprisonnement entre ses murs. Dans le passé, je devais sûrement être une personne plutôt difficile à impressionner, ne cessais-je de me répéter continuellement. Nous étions emprisonnés, mais nous étions aussi libres de faire ce qu'on voulait. Comme un zoo où nous étions tous des animaux en captivités. Je laissais échapper un soupir ; il n'y avait même pas d'animaux ici… Présentement, j'aurais donné toutes mes possessions – c'est-à-dire mon pendentif ainsi que ma garde-robe immaculée que la maison m'eut gracieusement offerte – pour caresser le doux pelage d'un chat ou d'un chien.

Que pourrais-je faire aujourd'hui pour me changer les idées ? Art, lecture, sieste, écriture, petits sudokus ? Non. J'avais plutôt envie de courir, de me défouler sur cette place. Par chance, choyés comme nous étions, nous avions une "salle" de sport prévus à cet effet. Mais avant de me précipiter dans mes activités, je devais me mettre quelque chose sous la dent. J'avais très faim et je savais que si je sautais un repas, j'allais le regretter amèrement. Du coup, direction espace repas le temps de quelques minutes, en prenant avec moi le nécessaire pour aller m'entraîner pour ne pas refaire un détour dans ma chambre.

J'ai pris le temps de bien digérer avant de me mettre en route vers ma destination, pas question de retourner ma nourriture ou avoir de crampes insupportables en plein entraînement. J'attachais mes longs cheveux blonds pour éviter qu'ils m'embêtent dans mon entraînement et, serviette dans le cou, je montais sur le tapis roulant qui se situait à l'extrême gauche. Il y avait déjà plusieurs personnes qui avaient débuté leur activité, mais je décidais d'éviter le regard avec chacun d'eux, trop intimidée pour le moment. J'activais l'appareil où je commençais avec une simple marche avant de changer pour la vitesse rapide.

Je me donnais à fond. La sueur perlait sur mon visage et mouillait mes cheveux. Je me foutais présentement de mon apparence, j'avais seulement envie de courir. Courir pour me défouler, courir pour me sentir bien, courir pour me souvenir, courir pour m'échapper d'ici. Il y avait sûrement plusieurs personnes qui me dévisageaient ; l'espace sportif étant à la vue de tous. Cependant, eux, il m'était tous invisible. Plus rien n'existait, à part ce tapis roulant et moi. Jamais je n'aurais pensé que faire cette activité aurait été si libérateur. Étais-je une sportive dans le passé ?

J'ai mis la machine en arrêt et je posais finalement pied sur le sol. Je ne saurais dire combien de temps j'avais couru, mais j'étais épuisée. Épuisée, mais infiniment mieux. Mes pauvres jambes – que j'avais malmenées sur la machine – avaient maintenant de la difficulté à supporter mes 54 kilos. Je devais me trouver une place pour m'asseoir, et rapidement, si je ne voulais pas m'effondrer sur le plancher de ma prison.