chaos and madness all around ≈ avec F01-003 & H01-111

► jan 16 ≈ day 2 | logement 4-C

Chaos and madness all around

Les lumières sont déjà allumées quand t'ouvres les yeux. Si t'as passé un moment infernal la nuit précédente, celle-ci est une abîme de noirceur. Tu te rappelles même pas de l'extinction des feux la veille. Tu t'es endormie dès que t'as posé la tête sur l'oreiller. Tu t'es pas levée pour aller à la salle de bain. T'as rêvé à rien. Tu te souviens de rien. Alors que tu te redresses, la même voix féminine qu'hier retentit entre les murs de ta chambre pour te donner l'heure et te dire qu'elle constate une carence en fer dans ton sang, t'indiquant qu'on veillera à ajuster tes repas en conséquence. T'as dormi dans les vêtements que t'avais enfilé le matin précédent. Tu te redresses pour attraper le carnet que t'avais posé sur les couvertures près de toi, saisissant le stylo par la même occasion pour noter une réflexion sur la deuxième page du petit livre.

On nous identifie à l'aide de matricules. On porte tous les mêmes vêtements, les mêmes bracelets. On utilise tous le même savon, le même déodorant et le même dentifrice. Les prénoms, les surnoms, les odeurs et les objets familiers sont ancrés dans nos souvenirs. Ceux qui nous retiennent ici, qui qu'ils soient, veillent à nous garder de tout ce qui pourrait aider une réminiscence. Peut-être dans un but précis ?
Et si cet endroit avait été conçu pour étudier l'humain dans son état le plus primal ?

T'as noté ça à toute allure, comme si tu avais peur d'oublier. Avec raison. Quelque chose ici faisait défaillir la mémoire des gens. Au cours de ta discussion avec 67 et 234 à l'heure du petit-déjeuner la veille, t'avais bien compris que tous ceux qui erraient dans cet endroit maudit étaient dans le même bateau, que personne savait qui il était, pourquoi il se trouvait là ou même ce que cet endroit était au juste. Depuis ton réveil dans cet endroit, t'avais cette impression qui te tenaillait, celle de n'avoir aucun contrôle sur ta vie... celle d'être à leur merci. On te dictait l'heure du lever, l'heure du repas, l'heure du coucher. On t'imposait un code vestimentaire, une diète, un code de conduite. Si tu osais te révolter, on te menaçait de conséquences auxquelles tu préférais ne pas songer. Tu baisses de nouveau ton regard pâle vers les lignes noircies d'encre, t'emparant du style pour griffonner de nouveaux symboles de ta main gauche.

Et si la nourriture qu'on nous sert contenait des drogues qui contribuaient à détériorer notre mémoire ? S'ils verrouillent les portes à l'heure du couvre-feu, est-il possible qu'ils répandent un gaz dans l'air pour nous forcer à dormir paisiblement ?

Secouant la tête, tu rayes aussitôt les deux questions, les noircissant bien comme il faut avec l'encre du stylo. Tu t'amuses avec les couleurs de la plume pour noter la réflexion suivante.

Si mon identité persiste à m'échapper, j'ai déduis deux choses jusqu'à maintenant : ma langue maternelle, celle dans laquelle j'écris ces mots, est slave; et je suis ou j'ai été mariée le 13 avril 2017, pas que je sache c’était il y a combien de temps...

Un boucan dans l'autre pièce te fait brusquement sursauter. Le cœur battant, tu déposes le carnet sur les draps et te dirige vers la porte coulissante pour jeter un œil à l'extérieur. Tu avais bien vu que ce logement comportait plus d'une chambre, mais tu n'avais pas trouvé le courage de frapper à la porte de la chambre voisine la veille. Tu avais préféré te faire toute petite, toute discrète pour éviter de déranger l'autre occupant...

CODE BY ÐVÆLING // groover par une licorne

@F01-003 & @F01-052

Chaos and madness all around

Après s'être éclaté au sol, ramassé le front, mis en boule, paniqué un bon moment, il avait fini par se lever. Lentement, se tenant au mur pour ne pas tomber. Ses muscles le faisaient souffrir. Il avait l'impression d'avoir couru un marathon la veille, en buvant jusqu'à n'en plus pouvoir pour fêter sa victoire (ou sa défaite). Sans aucun doute, il vivait une grosse gueule de bois, comme il n'en avait jamais connu. Tellement qu'il ne se souvenait plus de rien. Il secoua la tête. On ne pouvait pas oublier jusqu'à son nom, même avec beaucoup d'alcool. Il n'y croyait pas. Il passa sa main libre, celle qui ne le tenait pas appuyé contre le mur, sur son visage en soupirant. Il remarqua enfin ce bracelet autour de son poignet. Il l'observa en tournant son bras devant lui. Visiblement, c'était une montre puisque l'heure y était affichée. Si elle était moderne, elle était aussi totalement moche. Ou pas au goût du brun. En analysant son poignet, il constata les vêtements qu'il portait. Une chemise blanche, qui flottait sur ses épaules. Moche. Un pantalon, gris, trop large dans les jambes. Moche. Des chaussettes basiques. Heureusement. Il grimaça. Une chose était certaine, vu son goût vestimentaire, il n'aurait jamais porté cela de son plein gré. Il espéra trouver d'autres vêtements dans la commode en bois massif, mais ça n'était pas le cas.
Il massa son front douloureux. Ca n'allait pas. Vraiment pas. Et cette voix lui avait parlé à son réveil. Qu'avait-elle dit déjà ? Elle l'avait appelé étrangement. Cent onze. Quelque chose comme ça. Ca n'était pas son prénom tout de même ? Sans prendre compte de l'hématome qui prendrait bientôt place sur sa tête, il la frappa quelques fois contre le mur.
Sou-viens-toi, épela-t'il au rythme de ses coups.
Tout à coup, il constata sa bouche pâteuse. Son esprit avait été si occupé ailleurs qu'il ne s'était même pas soucié à quel point Cent onze était assoiffé. Il se rendit rapidement compte qu'il n'y avait pas de robinet dans sa chambre. Et encore moins de fenêtre, ce qui était bien plus flippant. Perplexe, il sortit de sa chambre et se retrouva dans un petit couloir. Toujours aussi blanc et lumineux. Mais toujours sans fenêtre. Il trouva une porte entre-ouverte qui était sans nulle doute la salle d'eau. Il fonça au lavabo pour s'y abreuver. Puis il laissa le robinet ouvert et aspergea son visage et ses cheveux d'eau fraîche.
Je fous quoi là bon sang.
Son visage dégoulinant, il quitta la salle de bain mais demeura dans l'encadrement de la porte. Il était perdu Cent onze. Totalement.
Je suis seul en plus ? demanda-t'il en pensant à voix haute sans vraiment attendre de réponse en retour.

AVENGEDINCHAINS

chaos and madness all around

ft. @F01-052 & @H01-111

Etalée de tout son long un des canapés du logement, elle feuilletait les quelques pages de son tout nouveau carnet avec son tout nouveau stylo qui faisait toutes les couleurs et toutes les textures et toutes les épaisseurs et sûrement un tas d'autres choses tout aussi cool. Elle avait découvert ça la veille, vers la fin de la journée, et avait failli dépasser le couvre-feu à force de jouer avec. Parfois elle se disait qu'il lui manquait une case ou deux dans le tiroir maturité. Bref, elle relisait son beau carnet tout neuf, sur le dos -donc les bras en l'air, donc les bras douloureux- sur le canapé, et récapitulait ce qu'elle savait de leur situation. Pas grand chose, certes, mais il y avait une ou deux choses qui ressortaient.

Premièrement, cet endroit était étrange.

Bon, ce n'était pas une grande nouvelle mais c'était suffisamment important pour le noter. Il était blanc déjà. Tout blanc. Que blanc. Excepté le bois, mais ça n'aidait pas beaucoup, c'était marron. C'était un peu flippant et ça lui faisait mal à la tête ce manque de couleur. Bref. Du blanc. Et puis la déco était bizarre aussi. Y'avait du moderne, du vieux... du vieux neuf ? Ca avait l'air trop propre et immaculé pour être vraiment vieux. Et y'avait aucune putain d'ouverture. Ca, elle n'avait pas aimé. Okay, y'en avait pas dans la chambre. Bon. Pourquoi pas, c'était un choix d'architecture à chier mais pourquoi pas. Y'en avait pas dans le logement non plus. C'était déjà plus relou. Mais qu'il n'y en ait absolument nul part ? Elle avait cru étouffer dès qu'elle s'en était rendue compte. Elle avait été à deux doigts de faire une crise de claustrophobie et c'était pas cool.

Donc, que du blanc -et un peu de marron, sans importance-, une déco à chier et pas d'ouvertures.

Deuxièmement, les règles. Elle voulait bien admettre que certaines étaient justifiées, notamment concernant la violence ou la destruction du matériel. Elle ne serait pas contre casser un truc pour savoir ce que ça ferait dans l'absolu mais elle pouvait comprendre la logique des illustres-inconnus-qui-se-prennent-pour-dieu. Les sanctions l'intéressaient déjà plus. Elle voulait savoir jusqu'où ils pouvaient aller avant que ce soit considéré comme 'trop'. Et qui jugeait. Des IAs, comme Aleksa ? Ou des humains un peu tarés et pas trop éthiques pour une expérience ? L'un comme l'autre était de bonnes hypothèses. Elle supposait qu'il faudrait qu'elle tente d'enfreindre une règle à un moment donné, et voir ça de ses propres yeux.

- Un truc pas trop grave, réfléchit-elle à mi-voix en tapotant le bout du crayon sur son menton, mais suffisamment pour qu'ils réag-

Un bruit de porte violentée puis de course puis d'eau qui coule l'interrompit net et elle se redressa sur ses coudes pour regarder vers l'entrée et le petit couloir qui y menait. Tiens ? Elle avait une nouvelle coloc' ?

Elle savait qu'il y avait déjà une autre femme qui vivait ici. Elles étaient arrivées plus ou moins en même temps mais n'avait pas vraiment parlé, l'une et l'autre absorbées par leur nouvelle situation pour le moins compliqué à gérer. Elle-même avait passé toute sa journée à explorer tout ce qui lui était accessible avant de s'effondrer dans son lit, dormir, et recommencer ce jour. Et voilà qu'elles récoltaient un nouveau paumé ? Pauvre fille. Ou gars. Peu importe.

Elle chassa ses pensées parasites d'un mouvement de tête et se leva, abandonnant crayon et cahier sur le canapé. Le bruit d'une porte qu'on ouvre bien plus calmement, voire timidement, se fit entendre et elle offrit un sourire aimable à celle qui devait être sa coloc. Elle s'apprêtait à la saluer quand une voix masculine l'interrompit. Ah, pauvre gars donc.

- Nope, on est plusieurs paumés dans cette merde.

Elle souriait toujours, un peu trop détendue très certainement mais elle l'était depuis son réveil la veille -elle se disait que c'était le choc. Certainement. Peut-être. Ou alors elle était juste bizarre- et préférait ça à la panique totale de sa presque-crise de claustrophobie. Elle le regarda, complètement paumé, trempé parce que vraiment se sécher c'est un peu la moindre des préoccupations dans les moments comme ça -elle le savait, elle l'avait vécu-, et eut un peu pitié. Elle avait pas aimé se réveiller seule au monde la veille (ça avait une bonne première place dans son top 3 des pires moments pourris de sa très -très, très, si on prenait en compte qu'elle se souvenait de rien du tout avant son réveil- courte vie) alors elle pouvait bien l'aider un peu.

- T'as des canapés là-bas, ce serait p't-être pas mal de t'asseoir.

Elle désigna du pouce le salon derrière elle avant de suivre son propre conseil et s'y diriger. Elle se laissa tomber sur son canapé de base -et écrasa son carnet avant le sortir de sous ses fesses avec un léger oh merde- et de s'écrier vers la deuxième chambre.

-Tu peux venir aussi s'tu veux !

Définitivement trop enjouée. A croire qu'ils allaient faire salon de thé dans leur petit logement trop blanc.