Premier contact - H02-30 & F02-42-

Je m’assoie sur le bord du lit dans lequel je viens de me réveiller et ferme les yeux quelques secondes. Mes mains effleurent mon ventre encore légèrement rond mais je les retire à la hâte, comme si je venais de me brûler à son contact. Non, ce n'est pas possible. Je n'arrive pas à y croire. Ne se souvenir de rien, c'est une chose déjà difficile à assimiler. Mais avoir un alien dans le ventre sans savoir d'ou il vient, c'est une épreuve en plus. Je n'ose même plus regarder vers le bas. Sa simple vue me donne le vertige. Pourtant, je ne suis pas encore énorme. Tout au plus le deuxième trimestre. J'ai d'ailleurs une chemise un peu grande. Dans une pièce ou tout est pourtant si droit, si parfait, ou rien n'est laissé au hasard, je tique un peu. Est ce fait exprès de dissimuler ce bout de corps bombé ? La migraine me reprend. Cette question part beaucoup trop loin alors que je suis incapable de savoir même mon prénom. Ou celui de mon futur bébé. Lui avais-je donné un prénom ? Mes pensées vagabondèrent malgré moi sur ce sujet pendant quelques minutes. Au final, je me souciais presque plus de lui, que de moi. Et pourtant c'était moi qui me retrouvait actuellement dans une situation horrible. J'avais faim, soif. Mon regard embué parcouru la chambres aux meubles rudimentaires. Il n'y avait rien pour me sustenter ici en tout cas.

Tel un zombie, je me lève donc et décide d'explorer mon nouveau monde. J'ouvre une porte coulissante et tombe sur un salon tout aussi rudimentaire, ainsi que d'autre porte coulissantes. J'ai peur. Je suis terrifiée même. Je semble seule. Il faut que je trouve à boire, ma gorge me gratte et je me sens faible. Essayant d'être le plus discrète possible "au cas ou", j'ouvre les portes à ma disposition l'une après l'autre. Deux autres chambres identique à la mienne, une salle de bain. Personne. C'est normal ? Je ne sais pas. En tout cas, j'ai l'impression que je devrais cohabiter avec d'autres personnes ici. Une idée qui ne me ravit pas. Elle me fait même plutôt peur, cette idée. Je ne sais toujours pas quel sera le type de personne qui sont ici. Se souviendront-elles de leurs passés ? Me connaissent-elles ?  Une dernière porte. Plus épaisse. Je l'ouvre. Un couloir, toujours aussi blanc. Avec cette odeur qui pique le nez. Je passe la tête et regarde à droite et à gauche. Toujours personnes. Pourtant, j'entends maintenant des éclats de voix qui viennent d'en bas. Ces voix ont l'air plutôt détendue, normale. Mon ventre se serre. J'ai l'impression d'être une enfant qui n'ose pas sortir de sa chambre pendant que ses parents reçoivent des invités. Mais si je veux avoir des réponses à toutes ses questions dans ma tête pourtant si douloureuses, il va bien falloir que je me lance, non ? Je fais un pas en dehors du couloir. Je sens la fraîcheur du carrelage sous mes pieds nus, mais l'idée de regarder vers le bas pour ne serait ce que chausser des chaussures me terrifie. Je serais obligé de voir cet arrondis à nouveau, d'avoir littéralement cette réalité sous le nez et ne rien pouvoir y faire. Alors je préfère être pied nu, quitte à avoir froid. Cette sensation me fait même un peu de bien, me réveillant un peu plus. Je comprends alors que ce réveil n'est pas un état normal. J'ai beau me souvenirs de rien, je sais qu'un réveil normal n'est pas si compliqué sur tout les points. J'ai l'impression que mon corps entier tourne à vide, en plus de ma mémoire.

J'avance enfin dans ce long couloir. D'autres portes ressemblant à celles que je viens de franchir s'alignent. J'écarquille les yeux de surprise. Il y a l'air d'y avoir beaucoup de gens ici. J'avance et arrive au bout d'un couloir. La, j’aperçois une ombre. Une simple ombre, peut-être lointaine. A vrai dire, je ne sais pas, mais un frisson de peur m'envahit et je ne peux m'empêcher de faire demi tour spontanément. Je crois que l'idée de rencontrer quelqu'un sans savoir quoi que ce soit me terrifie. D'une démarche raide, je reviens devant ma porte et me stoppe à nouveau. Et maintenant, je fais quoi ? M'enfermer dans ma chambre, me rouler en boule dans mon lit est une idée qui me parait bien douce la tout de suite. Mais je dois me  ressaisir ! J'ai faim, j'ai soif et je ne suis pas la seule à en avoir besoin. Je refais demi tour et retourne au bout de ce couloir. J'entends des rires et des éclats de voix. A nouveau mon corps refuse d'avancer et une boule pousse au fond de mon estomac. Merde, mais qu'est ce qui m'arrive ? Les larmes me montent aux yeux et ma vue se trouble. J'en ai marre de moi et commence à faire volte face à nouveau pour retourner dans la seule pièce que je connais pour l'instant. Je suis stupide, je le sais. J’espère que personne ne peux me voir en ce moment en train de faire des allers-retours dans le vide. Je ne veux pas retourner dans la chambre. Je ne veux pas affronter l'inconnue.

Alors, faible que je suis, la seule chose que je trouve logique de faire c'est de m'asseoir contre un mur à mi-chemin entre les deux destinations, en plein milieu du couloir. Remontant mes genoux contre ma poitrine, j'y cache mon visage humide de larme et ferme les yeux, espérant me réveiller de cet horrible cauchemar.