Face to face with Darkness

Un sursaut, les battements de mon cœur qui s’accélèrent, une migraine intense… Une drôle impression de déjà-vu… Cette fois-ci, l’odeur de la pièce aseptisée, fut remplacé par celle d’une agréable effluve de pain chaud. Qu’est-ce qu’il se passait encore ? Etais-je revenue à moi ? Je n’avais pourtant, toujours aucun souvenir de ma vie passée, ni même de mon identité. La position dans laquelle je me trouvais, n’était guère confortable.

En ouvrant les yeux et à ma grande surprise, je ne fus pas aveuglé par la luminosité de ma chambre… Pour la simple et bonne raison que je n’y étais pas.

Tout était si sombre et… petit. Non, non… Impossible, je ne voyais pas de sortie ! Je ne pouvais quand même pas être coincé ici ? D’ailleurs, comment avais-je atterri, dans cette cage à lapin ?

Sous l’effet de la panique, j’avais tenté de me relever. Echec. Ma tête heurta violemment le plafond, intensifiant un peu plus mon mal de tête, déjà omniprésent. Ok. Je ne pouvais pas me lever, le plafond était bien trop bas pour ça. Au centre, sous la lumière tamisée, à même le sol, je pouvais apercevoir, une quantité impressionnante de nourriture, des sucreries, pâtisseries, mais également quelques plats chauds appétissant.

Un piège ? Une hallucination ? Un message céleste ? Je restais prudente, bien que mon envie d’engloutir toute cette bonne nourriture était bel et bien présente. Cette atmosphère un peu glauque avait le don de me stresser.

Dans l’obscurité du lieu et mon état de panique général, un détail, plutôt important, m’avais échappé.

Face à la table au sol, bras croisé, je pouvais distinguer une silhouette sombre que je n’avais pas relevé de suite.  Cette scène était digne d’un film d’horreur. Je n’avais pas besoin de mes souvenirs, pour comprendre que je ne devais pas être une grosse fanatique de ce genre cinématographique.

Un sursaut incontrôlé parcourra mon corps, me tétanisant un peu plus que je ne l’étais déjà, me collant au mur, tel un petit chaton effrayé.

« Doux jésus, sainte mère de dieu. » avais-je prononcé instinctivement, tel un rituel habituel, fermant les yeux immédiatement, n’osant même plus les rouvrir.

Qu’est ce qu’il se passait encore ? Oh… Non, je devais être morte, c’était la seule explication possible. Le monde ou j’avais atterri n’était que la première phase, j’était en enfer, c’était la seule solution logique.

J’ouvris un premier œil doucement, puis l’autre. Je n’avais toujours pas bougé, l’inconnu vêtue de noir était également encore présent dans la pièce. Il jouait avec une cerise, qu’il venait d’attraper sur le buffet. Ce qui était effrayant, c’était que le visage de l’homme était totalement couvert par un fin tissu noir, impossible donc de savoir son identité ou même de voir s’il s’agissait réellement d’un être humain !  

Je restais à l’affut du moindre geste et frissonna légèrement lorsque celui-ci tourna la tête vers moi. J’étais totalement prise au piège. Qu’est ce qu’on attendait de moi ? Tout cela ressemblait à un énorme guet-à-pent, la nourriture était probablement empoisonnée. Je restais immobile, mon regard figé sur l’inconnu, espérant avoir une illumination soudaine et comprendre exactement ce qu’il se passait.

Mon ventre commençait à se faire entendre. On avait beau manger à notre faim, il faut avouer que ce genre de chose manquait dans la ruche. Je bouillonnais d’envie de me servir, mais je ne pouvais pas supprimer cette petite voix dans ma tête qui me criais de me méfier.

En regardant l’heure sur ma montre, je réalisai qu’il était un peu plus de dix-sept heures et que mes derniers souvenir remontait à hier soir. C’est la que je vis la date, le 14 février ! Toute cette mise en scène était-elle liée ? Et qu’est ce que j’avais bien pu faire toute la matinée ?

Je pris alors mon courage à deux mains et décida de m’adresser à l’autre individu dans la pièce, non sans le petit tremblement audible dans ma voix.

« Excusez-moi. Vous… Vous savez ce qu’il se passe ? Pourquoi on est là ? Et pourquoi vous ne portez pas la tenue de la ruche ? » Je ne sais pas si j’attendais réellement une réponse, j’espérais même sincèrement que cet individu, quel qu’il soit, ne soit pas du genre bavard. Je n’aimais pas trop parler, surtout dans ce genre de situations pas très rassurante.

Je ne sais pas si je m’attendais réellement à une réponse de cet inconnu… Probablement pas étant donné le sursaut incontrôlé qui s’empara de mon corps lorsque celui-ci pris la parole. Enfin devrais-je dire celle-ci ? Car il était évident que cette chose ou cette personne, possédait une voix très féminine avec un accent prononcé.

Je ne savais vraiment pas sur quel pied dansé. Je me contentais d’observer, toujours dans mon coin immobile et tétanisé. Rien de tout ça n’avait du sens, ce n’étais qu’un casse-tête que d’essayer de trouver une logique à la situation.

« Qui nous dit que la nourriture n’est pas empoissonné ? » continuais-je sur mes gardes tout en me décrispant légèrement. Je ne semblais pas être dans un danger imminant pour le moment, mais ce n’étais pas une raison suffisante pour me perdre dans la dégustation de ce buffet qui, mon dieu, me donnais tant envie !

Je m’approchais pourtant de celui-ci, tout en jetant constamment un œil à l’inconnue qui recommençait à jouer avec la cerise. Regardant avec détail la nourriture présente et curieuse de savoir ce qui pouvait se trouver sous ses cloches recouvrant certaine assiette. Était-ce raisonnable de les soulever pour regarder ?

« Je suis F02-054 et vous qui êtes-vous ? » avais-je enfin trouver le courage de demander à cette parfaite inconnue avec qui je partageais ce moment plus qu’étrange.

Le gloussement de cette femme, puis ses paroles me glacèrent le sang. Elle n’était vraiment pas du genre rassurant. Je n’étais même pas sûr qu’elle était réelle !!! J’eu instinctivement un mouvement de recule lorsque celle-ci se mit à bouger ! Mon dieu, comme je détestais être aussi craintive ! Il y avait pourtant peu de chance que je me fasse tuer, sinon, comme elle l’avait si bien dit, elle l’aurait déjà fait !

« Comment ça, vous savez qui je suis ? Juste mon matricule ou tout ce qui a à savoir ? » Ma timidité habituelle, c’était presque envolé quelques secondes, laissant place à la curiosité de connaitre ma vie d’avant. Il semblait avoir des facettes de ma personnalité que j’ignorais encore à en croire la spontanéité soudaine que j’avais eu, ce qui me surprenait moi-même.

Je me doutais bien que, quand bien même elle savait qui j’étais, la probabilité qu’elle me le dise, était très mince.

« Je n’ai même pas le droit de connaitre votre prénom, votre surnom ou votre matricule ? » Le fait de savoir que je n’allais pas mourir ici, me permis de me détendre un peu.
Je me rapprochai du buffet, regardant le pain chaud qui avait l’air bien meilleur que celui que l’on nous servait à la cafétaria. Finalement, je pensais sérieusement à me laisser tenter par toute cette nourriture. Je jetais un coup d’œil vers l’inconnue, un peu gêner d’avoir à faire ma prière devant elle, avant de manger. Peut-être pourrais-je m’en passer pour cette fois ? Une voix en moi me dictait que c’était mal, l’enfreindre me ferait peut-être retrouver des souvenirs ? « Tant-pis » m’étais-je murmurer à moi-même, avant d’attraper une assiette.
« Vous ne mangez pas ? » demandais-je à la femme plus par politesse que par véritable envie.