To the unfortunates, sleep is sweet || F03-123

To the unfortunates, sleep is sweet.

✣ F03-123 & F03-012 ✣

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Un battement sourd et diffus qui s'estompe en quelques vibrations profondes. Puis un autre, d'une parfaite similitude. Ils se suivirent tous ainsi, résonnant faiblement dans ma poitrine durement éprouvée. Ces palpitations qui petit à petit prenaient du mouvement afin de me sortir de ma torpeur. La respiration se faisait plus aérienne et j'eus alors un soupir de protestation : ma nuque, mon dos, mes épaules, mes bras, mes jambes...mon corps entier n'était que douleur. Jamais de toute ma vie je n'avais eu à ressentir pareille souffrance physique. Du moins, je n'en avais pas le souvenir. Mais j'espérais que ce soit vraiment le cas, par égard pour moi-même. Qu'avais-je donc fait pour me retrouver dans cet état ?
Soudain, une lumière aveuglante s'embrasa au-dessus de moi. Mes paupières, restée closes se plissèrent et la lueur du néon sembla dessiner un une curieuse forme en négatif sur mes rétines tant elle était forte. Quoique cela puisse être, le but n'était certes pas de me ménager. Un manque de courtoisie certain.

J'eus une nouvelle plainte alors que j'essayais cette fois de me redresser sur mes coudes et me laissais mollement retomber sur l'oreiller, la mâchoire crispée. De dépit, je me contentais d'ouvrir enfin les yeux pour découvrir un espace clos, blanc et froid. Une chambre visiblement, qui m'était totalement inconnue. Si j'avais tout d'abord pensé qu'il s'agissait du bloc opératoire, ou d'une simple chambre de repos je me rendis vite compte que ce n'était ni l'un ni l'autre. Aucun matériel d'aucune sorte, ni aucun personnel médical n'étaient présents. Pourtant chacun aurait été le bienvenue étant donné que j'étais loin de me sentir au meilleur de ma forme. Ma tête était douloureuse, mais peut-être que cela était dû aux rayons persistants qui brillaient à outrance. En somme, j'avais fait des rêves plus agréables, bien qu'aucun n'ait jamais semblé si réel.
Je me sentais égarée, tant et si bien que malgré mes efforts, je ne parvenais pas à me rappeler le moindre détail, quel qu'en soit la nature. Ni cet endroit, et aucun autre, ni un seul visage connu, ce que j’aimais, ce que je faisais dans la vie...je semblais avoir tout oublié jusqu'à mon propre nom ! Soudainement sujette à une anxiété parasite, je fermais les yeux, sourcils froncés pour tenter d'abolir cette angoisse qui m'étreignait la poitrine. Dans un instant j'allais me réveiller sans aucun...« Bon matin F03-012. Il est 06h00, votre pression est très élevée aujourd'hui. Je vous recommande donc quelques grandes inspirations avant de sortir du lit. Votre pourcentage de vit...» J'eus un sursaut considérable et par réflexe, avais donné un grand coup du plat de la main sur cette espèce de silhouette qui venait d'apparaître à mes côtés. Mes doigts étaient bien évidemment passés au-travers sans que je pus entendre la fin de la tirade et l'hologramme s'était envolé l'instant suivant, me laissant la main sur le cœur pour tenter d'apaiser ma respiration saccadée. Heureusement que je ne suis pas cardiaque...j'eus une seconde de doute en constatant qu'en vérité, je n'en savais rien. L'étais-je ? Hmmm...

Méfiante, je restait à l'affût d'éventuels autres invités holographiques surprise mais il semblerait bien que je doive maintenant me débrouiller seule. Ce n'était pas gagné d'avance, mais au moins, personne ne pouvait me voir dans cette espèce d'accoutrement sordide. Jusqu'à-ce que j'entende un bruit émanant de la pièce voisine et que je me raidisse brièvement sous les couvertures. Je soupirais ostensiblement, un peu agacée que cette personne ne prenne pas le temps de voir ses patients, aussi affligés étaient-ils ❝Un peu d'aide ne serait pas de refus, vous savez ?❞ fis-je pour tenter de faire rappliquer l'individu fainéant...qu'il ou elle puisse enfin faire son travail. Je croisais alors mes bras tant bien que mal et tapotais d'un geste impatient, remarquant au passage une manucure méticuleusement réalisée qui n'était pas pour me déplaire.

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Les bras croisés sur ma poitrine et le nez en l'air j'attendais patiemment que quelqu'un daigne s’occuper de moi. Non pas que je sois pas en mesure de le faire moi-même, mais j'estimais être en droit de savoir ce qui était en train de m'arriver. C'est pourquoi j'avais appelé dès lors où j'avais entendu une voix dans la pièce voisine. Le bruit avait cessé pour pour cela, j'étais certaine d'avoir été entendue. Puis, il y eut une espèce d'agitation derrière ma porte et l'instant d'après, une femme entrait en trombe dans ma chambre. Un seul coup d’œil était nécessaire pour comprendre qu'elle n'était ni médecin, ni infirmière, ni quoique ce soit en rapport avec le corps médical. Qui plus est, personne n'aurait salué son patient comme elle l'avait fait, bien que je sois effectivement nouvelle. La seule chose dont j'étais certaine en revanche, c'est qu'elle semblait ravie de me voir. Un sourire aussi large qu'éclatant qui pouvait aisément rivaliser avec le néon au-dessus de moi.
Un peu désarçonnée par cet enthousiasme débordant, je la regarde -interdite- avant de replier mes jambes légèrement et en hâte lorsqu'elle saute pour s'asseoir près de moi sur le lit. C'était un peu...intrusif et je m'étais raidie par réflexe, mais après tout : pourquoi s'encombrer à demander la permission n'est-ce pas ? Elle me regarde et m'annonce que les nausées et autres désagréments partiront d'eux-même. Plus tard. Avais-je donc si mauvaise mine que ça ? Soit. C'était fort probable. Mais me rendormir, ah ça non ! Je pinçais d'ailleurs les lèvres à cette idée, j'avais eu ma dose de mauvaises surprises pour la journée. ❝Je ne préfère pas essayer...❞ admis-je dans un souffle, plus pour moi-même tandis que j'analysais ses paroles. Le premier réveil ? Combien d'autres fallait-il subir ici ? Visiblement, elle aussi s'est retrouvée dans la même situation que moi ce qui signifie qu'elle sera peut-être à-même de répondre à toutes ces questions qui m'oppressaient.

Elle se présenta ensuite sous le matricule 123. Je la détaillais, sans doute avec plus de curiosité que je ne l'avais voulu mon regard se posant sur les crayons colorés dans ses cheveux, une nouvelle fois sur son sourire radieux et sur sa tenue qui ressemblait assez à la mienne, à la différence que des motifs -qui semblaient dessinés à la mains- parsemaient sa blouse. Assurément, cette femme aimait la fantaisie et ces associations étaient quelque peu étranges...à moins que cela soit dû au fait que c'était les seules couleurs que j'avais pu voir depuis mon réveil. J'avais froncé les sourcils, essayant de comprendre où elle voulait en venir. Puis je soupirais, en faisant le lien avec la voix entendue précédemment : ❝Ah oui. Elle a dit...je crois bien qu'elle a dit 012.❞ déclarais-je sobrement sans mesurer véritablement l'impact de cette information. En fait j'avais été trop surprise par cet espèce de robot, de farfadet qui était soudain apparu sans prévenir pour prêter attention à son discours. Je continuais de l'observer et je me rendis compte que cela pouvait peut-être être gênant. Je baissais alors les yeux sur mes mains et demandais-je, hésitante : ❝Vous n'avez donc pas de...et bien, de vrai nom ? Il serait peut-être plus facile de commencer par là...Enfin je veux dire : c'est étrange, juste un numéro.❞ fis-je un peu perdue. Devoir l'appeler par un nombre me donnait l'impression de discuter avec la poignée de la porte. Je n'étais déjà pas à l'aise avec ce que je voyais et ce que je ressentais...
Je redressais le menton, pour me redonner contenance et tenter de cacher mon trouble. Parce que ça semblait naturel de le faire, aussi. ❝Où sommes-nous exactement ?❞ demandais-je plus posément. ❝Et...qu'est-ce que nous sommes supposées faire ici ?❞ Travailler ? Servir de cobayes à quelques expériences médicales ? Peut-être que c'était pour cette raison que chaque centimètre carré de mon corps me faisait souffrir ? On m'avait injecté quelque chose, c'est ça ? Cette pensée me donna un vertige et je fus bien heureuse de ne pas m'être levée.

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A toutes ces interrogations, d'autres venaient s'ajouter de secondes en secondes, si bien que cela achèverait bientôt de m'oppresser si je ne les confiais pas à celle que l'on de devait appeler 123. Mais je ne voulais pas paraître insistante, aussi je choisis de me taire pour l'instant, mais ne faisant toutefois pas une croix sur toutes ces interrogations.
Celle-ci fit un nouveau petit bond pour se rapprocher davantage mais je la laissais faire car j'étais en cet instant, plus avide de réponses qu'indisposée. Et puis, bien que légèrement excentrique, sa présence avait quelque chose de rassurant car c'était avant tout une oreille attentive et je sentais que j'en avais bien besoin dans ce nouvel environnement qui m'était inconnu.

Je haussais les sourcils, ne saisissant pas le sens de ce qu'elle était en train d'énumérer : 12, 23 ? J'ai bien peur de ne pas saisir ce qu'elle était en train de m'expliquer, peut-être que c'était un peu trop tôt encore. Pour ne pas la vexer, je me contentais de hocher la tête à l'affirmative. En tout cas, j'avais bien compris que cette personne se considérait comme ma colocataire et...attendez ma quoi ? Était-ce pour ça qu'elle s'étalait sur mes couvertures ? Étais-je allongée sur son lit ? Devrons-nous le partager ? Je n'en voyais aucun autre dans la pièce... je rosis légèrement sans m'en rendre compte, mais décidais de reporter cette théorie à plus tard.

Lorsqu'elle reprit la parole, elle mit en lumière un autre point accablant, celui de la perte de nos souvenirs, de notre identité. Mais elle semblait s'être fait une raison à cela et en moi-même je me dis alors que je pourrai sans doute faire la même chose, du moins pour un temps. Alors, on m'appellera 012, j'imagine.
Mon regard se posa sur sa chevelure ébène, quoique parsemée de crayons pour les faire tenir en équilibre précaire, et sur son pendentif délicatement ouvragé et mon premier sourire apparu. Raven, mon corbeau, voilà comment j'allais l'appeler de mon côté. Après tout, c'était elle qui s'était postée à mon chevet, dès mon réveil. J’acquiesçais, admettant le fait de ne plus être qu'un matricule banal et vulgaire.
❝Tous réveillés ? Il y en a d'autres ici comme nous ? Vous êtes là depuis longtemps ?❞ me risquais-je à demander, quitte à ce que la réponse ne me plaise pas. J'avais encore bon espoir de me rendormir et de me volatiliser d'ici pour me réveiller chez moi, je ne sais-où, et de réaliser que tout ceci n'avait été qu'un cauchemar saisissant. Étrangement, à peine eus-je formulé cette pensée qu'elle me sembla utopique. On dit des rêves qu'ils ne durent en réalité qu'une fraction de secondes durant un cycle de sommeil. Or celui-ci était déjà bien trop imposant.

Elle décrivit l'ensemble comme un bâtiment rond, et en effet en promenant mon regard dans la pièce, je constatais qu'il n'y avait aucun angle, aucun recoin. Ses mains faisaient au mieux pour décrire cet endroit et je m'y accrochais autant que possible pour tenter de mieux comprendre ce qui était en train de m'arriver. Rien ne semble manquer à notre bien-être, ce qui était déjà les prémices d'une bonne nouvelle. ❝Avez-vous déjà essayé...d'en sortir, je veux dire ?❞ demandais-je avec intérêt. Que se passait-il le cas échéant ?
Elle me proposa ensuite une petite visite, mais à la condition que je me sente mieux. Ce n'était pas vraiment le cas pour le moment, mais je ne pouvais concevoir de rester ici, immobile à broyer du noir. Je hochais la tête, sûre de moi : ❝Volontiers.❞ Je me redressais dans une grimace, l'ensemble de mes muscles se joignant de concert pour me rappeler à l'ordre. Je tentais d'en faire abstraction et d'avoir bonne figure. Une fois assise, je m'octroyais une première pause. Je tournais la tête pour l'observer : ❝Vous savez, pour cette histoire de matricule....Peut-être qu'on pourra y remédier, plus tard ?❞ proposais-je hésitante. C'était la moindre des choses, après tout ce qu'elle était en train de faire pour moi. Un échange de bons procédés, mon corbeau.

Puis je m'appuyais sur son avant-bras pour me servir de soutien et laissais échapper une exclamation de stupeur, les yeux rivés vers l'alliance que je portais au doigt. En or blanc, délicatement travaillée et sans aucun doute, une finesse de joaillerie. Je la scrutais un instant avant de la lui montrer :❝C'est une plaisanterie, n'est-ce pas ? Dois-je m'attendre à d'autres surprises de ce style ?❞ Il faut me comprendre, c'était un moyen assez rude de voir qu'on était mariée par le passé. Sans savoir avec qui d'ailleurs. Qu'y avait-il d'autre dans ce paquetage de l'oubli ?

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Patiemment, elle répondait à mes questions qui étaient pourtant nombreuses. Si bien que petit à petit, je commençais à entrevoir toute l'étendue de cette fiction, et la tournure qui s'en dégageait ne me plaisait pas du tout. D'après 123, nous étions un peu plus d'une cinquantaine à être retenus ici et cette indication m'arracha un léger frisson dans le dos. Autant...mais qu'avons-nous donc bien pu faire par le passé pour être enfermés de la sorte ? Outre le mal-être que je ressentais déjà, j'eus alors une curieuse de sensation à l'intérieur comme une sorte de culpabilité dont je ne parvenais pas à me souvenir la cause. Était-elle seulement fondée ?

J'avais hésité à demander, peut-être que c'était trop personnel ou qu'on ne parlait pas de ces choses-là ici mais en tous les cas, elle me déclara qu'elle avait décidé de ne pas compter les jours qu'elle avait pu passer ici. Par choix.
❝C'est donc si terrible que ça ici, pour que vous renonciez à le faire ?❞ demandais-je, ne sachant pas quelles étaient les raisons qui avaient poussé 123 à ne plus rien notifier. En l'observant un peu plus, je constatais qu'elle n'avait pas l'air malheureuse auquel cas elle était habile à le cacher. Cette femme semblait être l'optimisme incarné, ce qui rendait mon réveil plus agréable. Peut-être état-il encore un peu tôt pour ce genre de questions...après tout, notre rencontre ne datait que d'une poignée de minutes à peine.

Elle émit un petit rire et sembla plus que ravie de me dire que cet endroit ne comportait ni portes, ni ouvertures, ni quoique ce soit qui nous permettrait d'en sortir. Mon visage, en parfait contraste, prit un air désemparé mais je fis de mon mieux pour lui rendre un timide sourire qui se crispa lorsque je tentais de me redresser. Elle m'aida comme elle le pu pour que me puisse remonter sur mes oreillers et m'asseoir convenablement. Compatissante, elle partagea l'affliction que je pouvais ressentir. ❝Trop fait la...❞ répétais-je naïvement. Déroutée l'espace de quelques secondes, un éclair de lucidité passa dans mon regard et je posais sur elle un regard perdu. Avais-je moi aussi fait la fête ? Jusqu'au petit matin et jusqu'à en perdre tous mes moyens ? Ce serait fort étonnant. Surtout à mon âge, enfin...quel qu’il soit. Et puis à y bien penser, les symptômes ne ressemblaient pas du tout à ceux d'un lendemain trop arrosé. ❝Finalement, vous avez trouvé à quoi tout ceci était dû ? Je ne voudrais surtout pas recommencer, quoique cela puisse être, car ce n'est pas agréable du tout.❞ fis-je, un peu éteinte.
Elle accepta volontiers ma proposition de chercher un nouveau nom, autre que cet horrible matricule dont nous étions sous affublés. Peut-être que je pourrais alors lui rendre service comme elle était en train de le faire pour moi. Je hochais la tête et lui lançais un regard entendu : ❝Dans ce cas, marché conclu.❞. J'avais un nouvel objectif et je me sentais utile, ce qui par conséquent contribuait déjà à me sentir mieux. Du moins, moralement. Apparemment, j'aimais bien aider à défaut d'être une adepte de la fête...

La découverte de l'alliance se fit l'écho d'un véritable choc pour moi : d'une part parce que je ne gardais aucun souvenir de cet épisode de ma vie et d'autre part, car j'étais incapable de mettre un visage sur la personne aimée. Nous voilà toutes les deux penchées sur l'anneau finement ciselé, 123 plutôt approbatrice et moi, effarée de constater que j'étais enfermée dans une relation dont je ne savais rien. Alors, elle me montra son pendentif, que j'avais déjà repéré plus tôt et m'expliqua qu'elle l'avait aussi depuis son réveil et qu'elle était heureuse de savoir que quelqu'un de cher le lui avait offert, avant. ❝Oh..oui oui, sans doute...❞ fis-je, pas vraiment certaine de ce que je venais d'acquiescer. Peut-être parce qu'elle parlait de cette personne au passé ? Comme si...enfin, vous savez bien. ❝Il vous va bien, en tout cas.❞ complimentais-je poliment sur une note plus joyeuse. Peut-être ne l'avait-elle simplement pas encore trouvé au sein de la Ruche. Ce devait être ça, et il en ira de même pour moi...il, elle devait forcément se trouver là, quelque part.

Alors fut venu le temps de me lever. 123 m'y encouragea, à la seule condition d'y aller en douceur et je trouvais ça adorable de sa part. Elle avait quitté mon lit, et posé sa main sur la mienne pour m'enjoindre à la suivre, prévenante.  
Avec précautions, je me soulevais du lit afin de me mettre debout. Au moment d'entamer le premier pas, je vacillais, prise de vertiges et resserrais subitement ma prise sur le bras de mon guide afin d'éviter de chuter. ❝Désolée..❞ soufflais-je tout bas en détendant immédiatement mon étau, soucieuse de ne pas lui faire de mal. Partagée entre l'aveuglement de cette lumière brutale et les douleurs qui me faisaient me demander si je n'avais pas été rouée de coups, la mise en route était de toute évidence difficile. Malgré tout, après une nouvelle pause, je réitérais l'expérience avec un peu plus de succès cette fois. Me servant d'elle comme d'un soutien bienvenu, je me laissais conduire, essayant d'anticiper le mieux possible les petits bonds qu'elle faisait parfois. Une drôle de démarche, ah ça oui, et qui faisait des à-coups dans mon équilibre général.

La visite débuta par la découverte de notre logement, somme toute assez...blanc. Du sol au plafond. Néanmoins, j'appréciais l'odeur de propre qui se dégageait de l'ensemble même si tout semblait impersonnel et froid. En moi-même j'étais soulagée de ne pas devoir partager mes couvertures et que nous ayons chacune notre chambre. Peut-être aurais-je choisi de dormir dans le salon si ça n'avais pas été le cas et je lui aurait très certainement laissé le lit. ❝C'est effectivement assez monotone et cela manque cruellement de recherche. A mon avis, on ne s'est pas vraiment donné beaucoup de mal pour rendre cet espace accueillant.❞ déclarais-je en promenant un regard hautain et critique sur cet espèce de glaçon grossièrement meublé. ❝A qui appartient la troisième chambre ?❞ Je la fit pivoter légèrement avec moi en direction de la pièce du fond.

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J'étais maintenant bien rassurée sur le fait que ces douleurs lancinantes allaient disparaître progressivement. Apparemment, elles était là plutôt comme...disons, un cadeau de bienvenue. Je doutais fort que qui que ce soit l'ait accueilli avec ravissement, ceci dit...mais en attendant, j'allais devoir prendre mon mal en patience et m’accommoder de ces désagréments manifestes.
J'avais simplement hoché la tête, acceptant avoir mal cerné la situation. Je comprenais désormais les raisons qui poussaient 123 à laisser le temps filer et une partie de moi ne pouvait s'empêcher d'être d'accord et que c'était effectivement-là une torture supplémentaire que de s'astreindre à aligner nos jours d'enfermement. Mais d'un autre côté, est-ce que ça ne serait pas comme se voiler la face ? Ou tout bonnement accepter la situation telle qu'elle nous était présentée ? Hmm...J'imagine que j'aurai tout le temps d'y réfléchir un peu plus tard. De toute façon, je n'étais jamais rendue qu'au jour 1 alors, cela ne faisait pas de différence pour le moment.

Clairement, j'avais été gravement déçue par la sobriété de notre appartement, logement, ou je ne sais même pas comment il convenait d'appeler cet espace sans goût. J'ignorais qui était nos hôtes mais il me semblait évident que le cadre de vie n'était pas leur priorité. Peut-être que ma guide le savait ? ❝Vous parlez de 'ils' mais connaissez-vous leurs véritables noms ? Peut-être serait-il bon de leur faire un retour, de les appeler ? Après tout, ce sont eux les propriétaires. Ils ne doivent pas être bien côtés, c'est vraiment dommage...avec un peu de bonne volonté, il serait facile de remédier à cela.❞ suggérais-je dans l'espoir que notre gîte devienne plus accueillant à l'avenir. En effet, si je devais séjourner un moment ici, je n'allais certes pas me contenter de cet simulacre d'hôpital mal-fagoté. Qu'on se le dise.

Elle était vigilante à ne pas me brusquer, ce dont je lui étais gré. Ayant la stabilité restreinte d'une personne ayant vieilli bien avant l'âge, je n'étais pas mécontente du soutien qu'elle m'offrait. Côte à côte, nous visitâmes le reste de notre demeure, qui se composait d'une salle d'eau assez bien apprêtée et d'un petit coin à vivre, invariablement...blanc. Elle m'indiqua que la dernière chambre était inoccupée. Ou en tout cas, que personne n'en était sortie et je notais intérieurement, d'aller vérifier régulièrement si celle-ci n'abritait pas une âme en peine ou un corps sans vie, dont personne ne se serait occupé à temps. Finalement, j'étais bien contente d'avoir donné de la voix. ❝Votre réveil a dû être particulièrement angoissant, sans personne pour vous guider comme vous le faites pour moi.❞ commentais-je avec compassion. Après qu'elle se soit rendormie une seconde fois, j'entends. Quoique, de premier abord, elle ne me semblait pas être quelqu'un de sujet à l'angoisse. Ou alors, elle le cachait bien.

Ah oui. Sortir, là maintenant. Mes rhumatismes et moi étions évidemment prêts à se mettre à l'épreuve. Mais il y avait, un détail qui me chiffonnait et que je ne parvenais pas à occulter :❝Je serai ravie de descendre dîner et d'étudier la carte des repas...mais : pensez-vous que je sois assez présentable pour cela ?❞ demandais-je, légèrement confuse par cette chevelure qui mériterait tout de même un petit coup de peigne d'avoir été ainsi étalée sur l'oreiller de la sorte. ❝Il serait regrettable de ne pas faire bonne impression, vous ne croyez pas ?❞.

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