Nous avons pris la très difficile décision de fermer le forum en date du 18 octobre 2020. Merci à tous pour ces beaux moments passés en votre compagnie. On vous aime tout plein! <3
L'activité, bien qu'une certaine source d'angoisse pour toi, a au moins eu le mérite de suffisamment occuper ton esprit pour laisser le temps filer sans que tu ne t'en rendes réellement compte. Tu n'as pas même jeté un coup d'oeil à ta montre, te disant que ça ne t'apporterait rien de bon de toute façon de compter les minutes qui passent alors que vous ne saviez pas combien de temps vous resteriez enfermés dans cet endroit. Tu t'es donc contenté de faire de ton mieux avec l'histoire, les rebondissements, l'intrigue, de ta voix toujours un peu hésitante et incertaine même s'il te semblait évident que quatre-vingt-quatorze te laissait parfois une porte bien grande ouverte vers la suite que tu puisses te lancer un peu plus aisément et tu l'en remercias d'ailleurs lorsque Moby s'éclipsa dans la salle de bain pour aller se doucher. Tu aurais pu mal le prendre, mais ce ne fût pas le cas. Tu acceptas simplement que tu avais là un beau défi à travailler et qu'il y avait de quoi faire pour occuper ton temps lorsque tu chercherais quelque chose à faire. Pas dans l'optique d'être meilleur la prochaine fois que vous seriez enfermés, ce que tu espérais tout de même ne pas voir arriver trop souvent, mais simplement pour au moins profiter du confinement pour durée indéterminée dans la Ruche entière pour améliorer quelques aspects de ta personne et ta personnalité. Ça te semblait préférable à simplement te morfondre sur la situation ou sur le fait que tu ne te souviens de rien maintenant que tu arrivais à passer outre la terreur des premiers temps.
Le reste de la journée s'était déroulé rondement et vous arriviez visiblement à vous entendre suffisamment bien tous les trois pour arriver à discuter un peu de tout et de rien avant de retrouver vos lits d'emprunts pour la nuit, espérant sans doute tous tout de même trouver la porte ouverte à votre réveil du lendemain matin... Ce qui ne fût pas le cas. Un peu dépité tu l'étais, mais ce n'est pas comme si vous aviez le choix de toute façon. Vous l'aviez plus que rarement en ces murs à dire vrai. Le plateau repas te parla au moins davantage que la veille tu y avais plongé sans hésitation pendant que quatre-vingt-quatorze était aller occuper la douche... et y était visiblement tombé à en juger par le bruit qui t'a fait te lever et au moins lui demander si tout allait bien. Tu n'allais tout de même pas simplement t'engouffrer dans la salle de bain pour ne pas le mettre mal s'il n'y avait pas de raison, mais l'ecchymose à son bras lorsqu'il en sorti confirma la théorie de la chute. Je suis allé occuper la salle de bain à sa suite, profitant de la chaleur plus qu'appréciable de la douche à mon tour tout en réfléchissant au planning potentiel de la journée. Aujourd'hui aussi il faudrait bien qu'on arrive à s'occuper et si tu pouvais t'éviter une autre séance d'histoire à relais pour le moment ça te ferait bien plaisir. Sans doute est-ce la raison pour laquelle tu te concentras à ce point à chercher autre chose pour passer le temps.
Douche prise, pantalon et chemise enfilés, tu avais donc retrouvé le salon et laissé le temps à tous de se poser que vous puissiez vous concerter à ce sujet. Continuer l'histoire fût bien envisagé, mais c'était la panne sèche de ton côté et les autres ne semblaient pas davantage inspirés à poursuivre votre blocage de la veille. Tu proposas donc ce qui t'avais traverser l'esprit et qui ne vous occuperait peut-être pas toute la journée, mais au moins un peu avec de la chance. « On pourrait simplement essayer de théoriser sur ce qu'on faisait l'un l'autre avant cet endroit. » Parce que nos attitudes respectives ou facilités à réaliser certaines choses devraient y être lié d'une façon ou d'une autre, c'est ce que tu supposes du moins. Quatre-vingt-quatorze décide de se lancer en premier et lorsqu'il se tourne vers toi tu affiches un sourire un peu amusé parce que oui curieux de savoir ce qu'il va dire tu l'es tout de même il faut l'admettre.
Il parle de tes mains et tu les observes en haussant un sourcil, te demandant bien ce qui peut lui donner cette impression alors qu'elles ne semblent pas particulièrement abîmées. Il parle de ton physique et ça oui tu avais déjà remarqué, mais ça ne t'évoquais rien de particulier. « Pas de soucis. C'est intéressant d'entendre le cheminement. » Mentionnes-tu simplement lorsqu'il s'excuse de ses réflexions. En bout de ligne il suppose jardinier ou architecte d'extérieur et tu te dis que sans doute aurais-tu les mains plus abîmées si c'était le cas, peut-être serais-tu un peu plus bronzé également même si le bronzage se perd avec le temps. Tu aurais probablement trouvé mieux comme agencement de fleurs la veille lors de votre élaboration d'histoire, mais l'exercice reste amusant. « Peut-être que je vais me découvrir un don pour parler avec les poissons. »
Tu souris avant de te tourner vers Moby pour l'analyser un peu. Il te semble de nature plutôt calme avec un don certain pour expliquer et raconter des histoires à en juger par ses propos de la veille. Pas musclé à l'excès, mais pas chétif non plus. Les traits sérieux, mais doux à la fois. « Je dirais quelque chose qui touche les livres pour toi. Peut-être écrivain ou... bibliothécaire qui sait. Tu as une bonne éloquence quand vient le moment de raconter des histoires visiblement alors j'imagine qu'à l'écrit ce doit être tout aussi appréciable. Pas que tu aies une tête de rat de bibliothèque, mais tu sembles plutôt calme et tu as dit aimer les livres alors ça me semblerait logique un minimum de s'enligner dans cette direction. Quelque chose de calme qui te permet de rester dans ta bulle un peu. Avec des passe-temps un peu plus éclatés peut-être pour contrebalancer ce petit côté mystérieux. »
Nouvelle journée, même pièces blanches dans le même appartement à la porte toujours verrouillée. Nouvelles distractions à trouver pour ne pas devenir fou à cause de l'enfermement. Il s'était levé après les deux autres, s'étant rendormi momentannément, malgré la lumière vive qui accompagnait chaque nouveau jour, malgré la voix d'Aleksa qui au fil du temps était devenu d'une platitude parfois rageante. Il ne leur adressa qu'un bref signe de la main, déjà tout installés qu'ils étaient dans les canapés du salon, et se contenta de rejoindre rapidement la salle de bain, non sans faire un crochet par la chambre ou dormait Quatre-Vingt-Quatorze pour aller y récupérer des vêtement propres. Si le locataire de ladite pièce ne semblait pas particulièrement pudique, passant le plus clair de son temps à éviter le port de chemise, lui même préférait n'avoir à rester exposé comme il l'était alors que le temps de trouver un change et d'aller s'enfermer dans la salle d'eau. La porte refermée derrière lui, il abandonna son boxer dans le panier à linge avant d'aller se glisser sous l'eau, laissant les derniers fragments de sommeil accrochés à sa peau se dissoudre sous le filet brûlant.
Une fois propre, il enfila l'ensemble qu'il avait récupéré avant d'enfin rejoindre les deux autres dans la pièce principale, ses cheveux encore humides larguant quelques gouttes d'eau dans son sillage.
Nouvelle occupation donc... Il se remplit un bol de céréales, fruits et yaourt alors que Deux expliquait son idée pour occuper au moins une partie de leur journée et que Quatre-Vingt-Quatorze embrayait immédiatement en lançant quelques théories sur la vie qu'aurait pu mener Deux avant la ruche. Un travail manuel... Jardinier ou paysagiste...
Il pouvait le voir lui aussi, un peu. Peut-être plus le côté jardinier qu'architecte. Quelque chose de simple et de calme...
Vint le tour de Deux de parler, et il expliqua ce qu'il imaginait pour lui. Un domaine proche des livres. Il avait sans doute raison, il s'était senti tiré vers eux dès qu'il avait posé les yeux sur la bibliothèque de la Ruche... Bibliothécaire, ou quelque chose qui lui permettait de rester dans sa bulle. l'idée n'était pas complètement pour lui déplaire.
L'idées de passes-temps un peu plus éclatés pour le coup le fit sourire. Si Deux l'imaginait adepte des sensations fortes, il se plantait tout du long. Non pas qu'il se souvienne de suffisamment de choses pour pouvoir le démentir avec des contre-exemples, mais il se sentait tout sauf l'âme d'un aventurier. Il était prudent, instinctivement, et il avait du mal à faire autre chose que douter du fait qu'il appréciait de se mettre en danger à un degré ou un autre... Il se prêta néanmoins au jeu. Parce que c'était le meilleur moyen qu'ils avaient de meubler le temps. Parce qu'il était curieux de connaitre l'image qu'il renvoyait à ceux qui le connaissaient encore peu...
- Quel genre de passe-temps éclaté ? Il va falloir que tu sois un peu plus précis que ça, parce qu'entre chanteur dans un groupe de punk et champion local de parkour, il y a un monde...
Et il ne se sentait d'attrait ni pour l'une ni pour l'autre de ces disciplines, mais il était curieux de voir pour quelle option pencheraient ses deux co-confinés, où s'ils en rajouteraient même une autre...
Il reporta son attention sur Quatre-Vingt-Quatorze lorsque Deux eu terminé, et le fixa un instant. Autant l'exercice de la veille, consistant à inventer une pure fiction, lui était venu naturellement et sans problème... Autant dans ce cas précis...
Difficile de projeter des idées sur la vie d'une personne qui existait bel et bien, sans faire complètement fausse route, risquer de la vexée ou autre... Ses yeux s'arrêtèrent brièvement sur les cicatrices rondes qui ornaient quelques points du torse de son vis-à-vis. Une idée germa dans son esprit en les voyant, et il la repoussa violemment.
Rester sur quelque chose de léger, en surface. Rien de trop sérieux, comme ce que les deux autres l'avaient fait.
Son regard remonta pour trouver celui l'homme à qui il devait inventer une vie.
- Tu as un physique efficace... Du genre sportif mais pas à pousser de la fonte en salle... Donc un mode de vie qui t'amènes à rester en forme plutôt que vraiment un effort de ta part... Je dirais que tu es plutôt spontané... Quelque chose en rapport avec la nature peut être ? Et tu comprend plusieurs langues et apprécie les livres alors... Je te verrais bien globe-trotteur. Du genre à voyager de pays en pays, à bivouaquer à la belle-étoile, à randonner pas mal, et à écrire les récits de tes voyages...
Il vint passer une main dans ses cheveux, fit tomber un peu d'eau qui vint tâcher le tissu couvrant ses épaules.
- Je sais pas si c'est vraiment un métier, mais comme ça, je trouve que ça te va bien. Une existence un peu vagabonde...
La description que fait Deux de Moby est plutôt cohérente. Amoureux des livres au travail en accord mais aux activités plus diverses. Une dose de diversité dans un monde de calme et d'ordre. Pas que je le vois comme un maniaque du contrôle, mais je suppose que d'une certaine manière ça ne serait pas si invraisemblable. Qui suis-je pour juger, j'ai vite réalisé être moi-même un adepte du bordel organisé. - Avec des cuisses pareilles? Cycliste? Ou peut-être coureur d'obstacle? - Dis-je en tournant la tête vers Deux. Des suggestions seulement. Si on suit notre ordre désormais devenu habituel, il est en charge de Moby, tout comme Moby est en charge de moi.
D'ailleurs, mon tour est arrivé et quoi que son regard sur mon torse a le don de me faire rentrer la tête entre les épaules, il finit par ouvrir la bouche et détourne mon attention. - Ça a plutôt l'air d'une activité qu'on fait quand on a déjà l'argent pour, mais j'aime beaucoup. Je dois dire que le plafond blanc manque d'étoiles, alors t'es peut-être pas totalement dans le faux. - Quoi qu'avec le ratio de cohérence, il serait plutôt presque totalement dans le vrai, mais qui calcule les statistiques ici? À part mon cerveau malade? Je fais passer cette torture d'un bout de tomate. - Et puis, sexy vagabond, c'est plutôt cohérent avec ce visage, non. - Dis-je d'un air exagérément narcissique en désignant mon propre visage de la main.
Ok, round 2! - Enchaîné-je presque immédiatement en tournant la tête vers Deux. Tiens, jeu de mot. - Pourquoi pas... né avec une altération hormonale qui fait que tu gagnes du muscle sans avoir à faire grand chose, et... pourquoi je bloque sur ça moi. - Je secoue la tête à mes propres conneries et reprend. - Et donc, tu étais... oh, je sais. Vétérinaire! Certes, on a pas d'animaux ici pour confirmer ou pas, mais t'as l'air d'être quelqu'un qui aime les animaux. - Je hausse les épaules. - Je sais pas. C'est le regard, peut-être. T'as quelque chose de... doux dans les yeux. Fondamentalement gentil. Tu trouves pas? - Lancé-je à Moby pour avoir son opinion.
Particularités physiques : Tu portes un anneau argenté qui ne semble être rien de plus qu'une vulgaire bague sans but précis autre qu'orner ton doigt.
Orientation : Bisexuel
Langues : Anglais (Britannique)
Logement : 5-B
Sujet: Re: Behind locked doors. || 1-C || Ft. 523 & 2 Sam 5 Sep - 17:04
BEHIND LOCKED DOORS.H03-2 & H04-94 & Moby
Il te demande quel genre de passe-temps éclaté tu l'imagines faire et tu l'observes un moment en esquissant un fin sourire grandissant lorsque quatre-vingt-quatorze mentionne cycliste ou coureur d'obstacles, faisant suite aux propositions de Moby de chanteur punk ou champion de parkour. Ça aurait pu être une idée oui, mais peut-être pas totalement non à la fois. Tu avais du mal à poser le doigt sur ce qui te donnait réellement cette impression lorsque ton regard se posait sur lui. « Je ne sais pas. Tu me sembles un peu mystérieux alors j'imagine que dans mon esprit ça va de pair avec le fait d'avoir une activité un peu en dehors de ta zone de confort. Quelque chose pour te vider la tête qui serait un peu comme ton jardin secret. Pas forcément quelque chose d'aussi éclaté que d'aller faire du saut à l'élastique, mais... je ne sais pas... faire du surf ou quelque chose comme ça. Pouvoir rester dans ta bulle sans forcément être au calme comme dans une potentielle bibliothèque. Juste le petit plus qu'il faut pour t'évader. » Et peut-être que tu as tout faux, mais après tout c'est le but du jeu non?
Jeu auquel enchaîne d'ailleurs Moby concernant le troisième élément de votre petit trio imposé. Ses suppositions semblent faire du sens d'une certaine façon et quatre-vingt-quatorze semble d'accord. Un 'sexy vagabond' comme il le dit de son côté là où tu souris simplement parce que tu admets que tu ne t'es pas attardé plus que nécessaire sur son apparence. Pas plus que sur celle de Moby a dire vrai, mais ça tu l'as déjà remarqué dès ton arrivé que tu n'étais pas du genre voyeur ou à attarder ton regard de trop en général. Comme si ton cerveau te disais que tu n'avais pas le temps pour ça plus que par non envie parce que de ce côté ça te semblait être une évidence que tu ne te sentais pas dégoûté par l'idée de les observer plus amplement. Ce que tu ne fis pas pour autant au-delà des besoin de votre passe-temps du moment. Pas comme certains à en juger par les paroles de quatre-vingt-quatorze qui relance la boucle et te fait ouvrir la bouche un peu gêné sans que tu ne saches réellement quoi répondre à cette fascination qu'il semble avoir pour ces muscles que tu as pourtant à peine dévoilés. A-t-il une vision à rayon X et il ne l'a pas mentionné? « Pourquoi bloques-tu sur ça oui? » Que tu demandes finalement d'une voix amusée avant d'écouter la suite.
Vétérinaire, ça ne te semble pas complètement tiré par les cheveux même si tu te sens peut-être un peu trop intérieurement stressé pour songer pratiquer un métier où la moindre erreur peut coûter une vie. Il n'a toute fois pas tout faux en ce qui concerne l'amour des animaux que tu crois en effet avoir. Et en ce qui concerne le doux du regard tu ne pourrais pas dire, mais Moby semble d'accord alors tu supposes que c'est le cas. « J'aime bien les animaux, plutôt chat que chien je dirais même si j'aime bien les deux. Pour ça je crois que tu as misé juste, mais vétérinaire je n'imagine pas trop. Simple impression. » Et ce serait donc ton tour de continuer avec le deuxième rond.
Ton regard se reporte de nouveau sur Moby et tu pinces les lèvres pensif. « Hum. Un artiste peut-être? À savoir si bien imaginer et raconter des histoires peut-être que tu ne les écrivais pas, mais que tu les peignais ou autre chose comme ça. C'est une autre façon de transmettre de l'information. Quoique... ça ne colle peut-être pas avec le côté orateur donc... hum... quelque chose qui nécessite de parler devant des gens peut-être? Comme une personne qui donne des conférences ou des cours peut-être. On perd un peu l'aspect plus calme et bulle, mais qui sait c'est peut-être ça le côté mystérieux. Que tu n'as pas de mal à te tenir devant une foule pour exprimer tout ce qui pourrait te passer par la tête. »
Le qualificatif de "mystérieux" lui tira un sourire flottant. Il avait conscience de se tenir à l'écart, d'être discret et de ne pas forcément parler beaucoup, ni à beaucoup de monde. Il se serait plus qualifié lui-même de "renfermé", mais le terme était un peu plus péjoratif, et il commençait à trouver assez peu appréciable cette manière qu'il avait de constamment observer ses propres actions et manière d'un œil critique, comme s'il n'était jamais vraiment satisfait de ce qu'il faisait, ou même, plus à cœur encore, de qui il était. Cette pensée lui tira pincement au cœur, et il vient inconsciemment planter ses ongles dans le haut de sa cuisse, comme pour s'obliger à se sortir de ses pensées et à replonger dans le réel.
La remarque de 94 sur les muscles de 2 sembla mettre ce dernier légèrement mal à l'aise. Il pouvait comprendre... Si cette manière un peu évaporée et innocente de 94 de lancer des vérités sans filtre avait quelque chose d'amusant, il n'était pas sûr qu'il aurait forcément été très à l'aise lui même avec une critique -aussi positive soit-elle- de sa musculature...
Leur discussion continua, s'orientant vers la douceur de caractère de 2, et la suggestion que celui-ci avait peut-être été vétérinaire. L'image collait plutôt correctement dans son esprit, et il acquiesça à la question de 94. Oui, il y avait définitivement quelque chose de doux dans le regard du concerné, une gentillesse qui se reflétait dans ses actions et ses paroles... Quelque chose de touchant...
Ledit regard se tournant vers lui, il sursauta presque en se sentant tiré de ses pensées, alors que son vis-à-vis repartait sur sa vie hypothétique à lui. Artiste. Conteur. Maître de conférence... Professeur...
La dernière suggestion fit resurgir des images dans son esprit. Des fragments de souvenirs qu'il avait déjà perçu dans la Ruche, mais qui cette fois étaient plus nettes... Tableau noir immense, sensation de la poudre de craie dans sa paume. Odeur de café, posé sur un coin du bureau. Feuilles de notes. Encre.
Un amphithéâtre, imposant. Vide d'abord. Peuplé d'une foule sans visage ensuite. Murmure d'un groupe d'étudiants dissipés dans un coin. Sa propre voix, les incitants, calme mais ferme, à quitter la salle.
Costume trois pièce. Grincement des semelles de cuir sur le parqué patiné. Odeur de vieux bois. Pierre usée par le temps.
Oxford.
Il senti ses yeux s'écarquiller un peu face à la quantité d'informations, comme si un barrage s'était ouvert brusquement dans son esprit, libérant une flopée de souvenirs confus avant de se refermer aussitôt.
Son regard passa de 2 à 94, et de 94 à 2.
- Je... Crois que tu as raison... Oh god, je me souviens.
Un mélange de joie et d'appréhension fit vibrer sa voix alors qu'un sourire incertain étirait ses lèvres.
- J'étais prof... Je crois... Oui. A Oxford. Prof de littérature...
Sa main rejoint ses cheveux dans un tique nerveux, passant dans ses mèches brunes encore humides, n'aidant pas vraiment à leur donner une forme disciplinée...
- Wow, désolé, j'interrompt un peu notre... Jeu... Mais... Je crois que c'est le premier vrai souvenir complet que j'ai depuis que je suis ici.
La première vérité, certitude à son sujet. L'idée avec quelque chose de vertigineux, à la fois rassurant et terrifiant. Comme s'il venait de découvrir une partie des fondations de sa personne. Une vérité ancrée dans le marbre au delà des vagues impressions dont il avait pu se contenter jusqu'alors.
Faut que je consulte. - Ai-je simplement répondu, d'un air désolé. Pourquoi est-ce que bloque sur ça, oui. Suis-je à ce point superficiel? Il ne me semblait pourtant pas. Ou alors c'est juste qu'il m'a fait bonne impression, mais suis-je de ces hommes à ne pas pouvoir tenir sa langue? Je sais n'avoir aucun mal à dire ce que je pense, généralement sans filtre, même si je sais également en avoir, mais tout de même.
Ayant terminé ma proposition, je laisse Deux poursuivre. Orateur, conteur, professeur. Une idée qui se précise, et si j'étais amusé par le cheminement, l'air ahuri de Moby me tire du jeu. - Ça va? - Son regard vole. Passe de l'un à l'autre. - Je... Crois que tu as raison... Oh god, je me souviens. - Il sourit. Un sourire étrange, mélange de perplexité et de joie. Soulagement. Satisfaction? - J'étais prof... Je crois... Oui. A Oxford. Prof de littérature... - Mon dos se raidit. Les petits cheveux sur ma nuque se dresse. C'est comme si c'était dans l'air. La souvenance. Et si c'était contagieux? Un nuage coloré se matérialise dans mon regard, comme une vague brumeuse, porteuse de mémoire. Si seulement.
Peu importe notre petit jeu, ceci est bien plus important. Je lui souris, lance un regard à Deux également. Je souris depuis qu'il a mentionné se souvenir. C'est important. Ça se fête. Ça se célèbre, même. - Dommage qu'on ait que de l'eau et des jus, on aurait pu trinquer. - Encore que, il suffit de verres pour ça. - En plus, les campus d'Oxford sont superbes. Tu devais être bien là-bas. - Dis-je en me souvenant me balader entre les arbres du parc, les vieux bâtiments au style gothique, les.. Attendez. Quoi?
Tu ne soulèves pas davantage la réponse de Quatre-vingt-quatorze à ton questionnement, te contentant de poursuivre en commentant ses suppositions à ton égard, professionnellement parlant, puis en faisant à ton tour de nouvelles pour Moby. Tu tentes de rester dans la même ligne de pensées que celle que tu as déjà employé puisque cela te semble simplement logique face à ce qu'il a dévoilé de sa personne et que tu as pu relever de ton côté. Artiste, conteur, conférencier, professeur peut-être même, mais lorsque tu vois l'expression de son visage soudainement changer tu ne sais pas si c'est parce que tu as dit quelque chose qu'il ne fallait pas ou si c'est plutôt parce que quelque chose a illuminé le vide de son esprit. Quatre-vingt-quatorze lui demande s'il va bien et tu n'en ajoutes pas, attendant simplement que Moby sorte de sa tête pour vous expliquer la raison de sa réaction et lorsqu'il le fait un sourire s'installe sur tes lèvres pour accompagner le sien. C'était donc ça, il se souvient et ça te semble en effet faire beaucoup de sens de l'entendre affirmer avoir été prof de littérature. « Ne t'excuse pas pour ça! C'était un peu le but du jeu après tout d'aider nos têtes à se souvenir non? » Et si de ton côté tu n'as pas eu une quelconque forme d'illumination dans l'immédiat, peut-être parce que tu avais un emploi obscure qui sait, le troisième membre de votre groupe semble aussi avoir partiellement un souvenir de son côté. Du moins, tu le supposes en l'entendant mentionner la beauté du campus d'Oxford. « Tu as été à Oxford aussi? » Demandes-tu donc histoire de clarifier le tout. Après tout, il a simplement pu avoir vu des photos dans l'un des livres se trouvant en bas où tu sais trouver un peu de tout pour avoir vaguement zieuter leurs contenus. « Peut-être que vous vous connaissiez d'avant qui sait. Et trinquer au jus conviendra très bien je crois, non? » Tu esquisses un nouveau sourire en fixant Moby de ton regard semble-t-il si doux. « Je suis content pour toi. J'espère que c'est de bons souvenirs qui sont revenus. C'est... uniquement l'environnement ou tu as vu plus clair? » C'est toujours bon à savoir après tout non? Un jour toi aussi retrouveras-tu sans doute un souvenir ou un autre et savoir un peu comment la chose se présente à l'esprit pourrait aider qui sait.
Les souvenirs défilaient dans son propre esprit comme un vieux film en super 8, à l’image passée et pleine de grain, à la fois familiers et comme lointain, étrangers. Il y avait quelque chose d’étrange à se souvenir d’un seul détail de cette manière, en ignorant toujours beaucoup du reste, comme s’il avait ouvert une fenêtre sur un passé qui ne lui appartenait pas complètement. Le mélange de sentiment qui en résultait était chaotique. Joie, nostalgie, peur. Joie à l’idée de retrouver un sens de l’identité, nostalgie face à une ambiance réconfortante, des souvenirs qui n’étaient visiblement pas mauvais, peur parce qu’une part de lui redoutait toujours de découvrir qui il avait pu être, quelle vie il avait pu mener pour en porter des cicatrices, aussi invisibles fussent-elles. Peur aussi parce que malgré l’aspect globalement positif des images qu’il avait retrouvé, il y attachait aussi une certaine forme de stress, comme s’il avait aimé le lieu, et sa profession probablement, mais que l’un comme l’autre étaient également source d’angoisse pour lui…
Il était tellement plongé dans ses pensées qu’il ne réagit pas directement à ce que disais 94. C’est l’intervention de 2 qui l’amena à reporter son attention sur celui-ci. L’autre homme avait aussi fréquenté Oxford ? En tant qu’étudiant ou personnel ?.. Dans un cas comme dans l’autre il était effectivement possible qu’ils se soient connu, malgré le nombre de collèges différents qui ponctuaient le campus immense, et la foule non négligeable qui circulaient chaque jour dans chacun des bâtiments… Une probabilité faible donc, mais une probabilité tout de même…
- Trinquer au jus ce sera très bien…
Sa réponse fut faite d’une voix un peu lointaine, tout plongé qu’il était dans ses souvenirs et les interrogations nouvelles apportées par ceux-ci. Un jour peut-être qu’il apprendrait à se contenter de profiter de l’instant présent, sans en faire un problème, un casse-tête à résoudre… Est-ce qu’il avait toujours été comme ça, où était-ce l’influence de la Ruche qui le poussait à tout analyser de cette manière ?..
La nouvelle question de 2 le ramena à nouveau à la réalité de l’instant, sans pour autant parvenir à le tirer tout à fait de sa réflexion. Et pour cause, l’interrogation portait sur ces même souvenirs dans lesquels ils était tenté de se plonger pleinement.
- Ce n’est pas uniquement l’environnement non… C’est… Flou. Complexe. Un mélange de souvenirs de lieu, d’impressions et de certitudes… Je suis sûr que j’étais prof. Je suis sûr que j’aimais ce que je faisais… En grande partie du moins. Mais il y a des détails plus flou… C’est un peu comme regarder une vieille photo dont une partie aurait été brûlée, il manque des détails importants j’imagine ? Mais c’est comme si… Vous savez, quand vous cherchez un mot, et que vous l’avez sur le bout de la langue, et qu’à chaque fois que vous vous sentez proche de le retrouver, il s’éloigne un peu plus ?
Il ponctua sa tirade d’un léger sourire, passa son regard de l’un à l’autre, comme pour s’assurer qu’ils suivaient, et qu’il n’était pas en train de passer pour un illuminé complet.
- C’est à peu près pareil. Je sens qu’il manque des choses, et que je ne suis pas loin de m’en souvenir, mais je n’arrive pas à saisir les fragments manquants.
Un léger soupir franchit ses lèvres, mélange paradoxal de frustration et de soulagement. Il se tourna ensuite à nouveau vers 94.
- Dans tout ça, ça ne nous dit pas comment tu connais Oxford. Est-ce que ça te revient un peu ou tu coinces comme moi avec mes morceaux manquants ?..
Tu as été à Oxford aussi? - Peut-être. Pas sur. - Dis-je bêtement, perdu dans mes pensées. La suggestion d'avoir pu connaitre Moby par le passé me fait lever un regard mort vers lui. Peut-être, oui. Je le décortique des yeux. Peut-être. Il raconte sa propre expérience, les images qui se mélangent et la sensation du mot sur la langue. Une idée qui me fait racler la mienne contre mes dents, comme pour en chasser le souvenir et le forcer à se formuler. Raté. Alors plutôt que de m'arrêter sur ça, je me penche et sert du jus à tout le monde.
Dans tout ça, ça ne nous dit pas comment tu connais Oxford. Est-ce que ça te revient un peu ou tu coinces comme moi avec mes morceaux manquants ?.. - Je lève les yeux, comme un enfant pris sur le fait. - ... j'en sais trop rien. - Dis-je en prenant mon verre pour le poser devant moi. - Je me vois marcher dans l'un des campus, à observer les bâtiments. Je sais que c'est Oxford et que c'est magnifique, juste parce que.. je le sais. - Assis en tailleurs, le regard dans le vide, j'essaye de forcer ma mémoire mais je ne fais qu'arrêter de cligner et sécher mes yeux. - Je crois me souvenir d'un amphithéâtre, mais je pourrais tout aussi bien inventer l'image dans ma tête. - Une mémoire forcée n'est jamais très fiable.
Pour autant, elle parait bien réelle, mais mon esprit pourrait me mentir aussi. Ne serait-ce pas trop beau? Je secoue la tête. - Je sens qu'il y a plus que ça, mais impossible de me souvenir du reste alors... - D'un air joueur, je lève mon verre. - Au peu déjà retrouvé. - Déclamé-je dans un large sourire. - Et au reste qui reviendra surement. - Parce qu'autant être positif. Les gobelets qui s'entrechoquent au son du plastique. Une lueur d'espoir au milieu de l'inconnu. Au moins, ces quelques souvenirs auront rendu la fin de cet enfermement moins désagréable. Plus supportable. Pas que leur compagnie ne soit pas agréable, mais je ne dis pas non à la distraction. Même si j'ai été le premier dehors aussitôt la porte ouverte. Cette intense oppression face à l'enfermement, elle, n'a jamais disparu.
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