pain(t)
Je ne sais pas quelle heure il est. Je sais que j'ai mangé au moins une fois dans cette journée. Mais sinon... Je ne sais pas. Je pourrais regarder sur la montre. Un seul regard et j'aurais une réponse. Je serais instantanément réimplantée dans l'espace-temps de la
Ruche. Avec le temps, justement, les semaines allant, je trouve moins d'intérêt à être dans cette temporalité. Le temps de l'ordinaire, d'une norme qui n'a pas vraiment de sens. En tous cas pas à mes yeux. Ce n'est qu'une boucle. Une boucle, qui se répète encore et encore -et encore- sans qu'on n'ait de prise dessus. De prise sur rien.
Alors, pourquoi dois-je m'imposer plus de contrainte qu'ils ne nous en impose déjà ? Il n'y a pas de raison. Pas de cadeau à attendre pour bonne conduite. Puisque c'est l'inverse qu'il font. Nous punir dés que l'on ne fait pas
exactement ce qu'il faut. Que ce soit dans une simulation ou dans une RV. Ou je ne sais quelle autre système binaire. Je ne suis pas une enfant. Je ne fais rien de mal. Je ne vois pas pourquoi je devais être punie.
Je ne sais pas comment mon esprit en est encore arrivé là. Je suis de nouveau distraite. C'est comme ça, chaque fois, après une réunion collective. Chaque fois que je suis dans un groupe. Ils bouscule tout. Plutôt que de participer au chambardement, je me retrouve coincée. Je ne sais pas à quel moment ça a commencé. A quel moment j'ai commencé à apprécié davantage le silence des couloirs aux bavardages du salon. Je ne l'ai pas cherché. Je ne l'ai même pas voulu...
Je pousse du bout du doigt la porte entrouverte de la salle de musique. Pour une fois il n'y a personne. C'est rare. Les gens aiment venir ici. Je les comprends. La porte s'ouvre en grand. J'entre. J'observe ce carré restreint. Si sobre. Je fais lentement le tour de la pièce. Un pas après l'autre. Je me met inconsciemment à compter mes pas. Je me met à mesurer l'espace. Il bonifie ma carte mentale du lieu. J'attends, j'espère presque un grincement. Un nouveau
mystère à élucider.
Je repousse une chaise sur mon passage. Je me baisse. Je m'étend dos au sol. Je le fais entièrement. J'étends mes bras le long de mon corps. Mon regard se fixe sur le plafond qui est au-dessus de ma tête. Je tend l'oreille m'attendant à attendre bruits de pas et chuchotis. Mais il n'y a rien. C'est un silence complet. Propre. Je m'y enfonce. Je me laisse absorbée.
codage par aqua