Under pressure. || Ft. Pat

J'allais bien. C'est vrai. Je me suis réveillé dans les bras de Pat, son cœur martelant mon dos à l'irruption sonore des 1 et 0 crachés par Aleksa. Mais peu importe le choc de ces alarmes tempétueuses, ses bras suffisent à rendre ça plus appréciables. Une bonne façon de commencer une journée. Déposer un baiser sur le dos de sa main. Trainer un peu dans le silence et l'abri des draps. Finalement poser pieds au sol, s'armer de courage et d'énergie, visiter la salle de bain et prendre un bon petit déjeuner. L'envie brûlante de l'embrasser lorsque l'heure vient de se séparer.

Je vais du côté sport, il va... ailleurs. Je n'en suis pas sûr, mais peut-être ne voulais-je simplement pas savoir. Fier sur mon tapis roulant, je cours à en perdre le souffle. J'étouffe du manque d'oxygène ma capacité de réflexion. Je laisse mon esprit se balader dans le néant, profitant de l'effort cuisant pour m'abandonner un peu. Je ne suis pas sûr du temps qui passe, pas plus que l'heure à laquelle j'ai commencé. Ce que je sais, c'est que j'ai atteins l'objectif fixé et qu'une bonne douche m'attend. J'allais bien. C'est vrai. Et puis je l'ai vu.

Je ne voulais pas voir. Je ne voulais pas savoir. Comme beaucoup de chose dans ma vie passée, j'ai voulu ignorer, mais la réalité a cette tendance à revenir au galop. Leurs mains qui se touchent. Leur proximité. Leurs rires qui concordent et s'accordent. Je ne sais même pas si leurs mains se tenaient. Je ne sais même pas si leur souffle se joignaient ou si leurs corps se supportaient. Ce que je sais, c'est que j'ai tourné les talons d'un mouvement brusque et gravit les marches quatre à quatre, le crâne comprimé dans un étaux invisible et les mains moites. - I can't do this...

Je passe la porte. Elle claque dans mon sillage. Le logement est vide. Je voulais prendre une douche. Mes pas me trainent jusqu'au salon. Au salon, je me souviens que je ne voulais pas venir là, alors je fais demi-tour. À la salle de bain, le feu souffle sur mon esprit et la simple idée de l'eau roulant sur mon corps me donne l'impression de me noyer. Volte-face. Couloir. Les murs me hantent et me surplombent. - I can't... - Mon esprit tente une fuite. Replis stratégique. Projection mentale de montagnes aériennes. Je flotte dans le ciel, survole les plateaux sauvages dans une liberté étrange, mais lorsque les nuages se transforment en voiles suffoquant, le poing file. La porte reçoit, tient le coup. La douleur remonte le long du bras comme un choc électrique. - I can't do this. - Je ne suis plus seul.

Un pas en arrière. Un réflexe. Une étincelle de culpabilité alors que je fixe ses pieds. Et puis l'image de leurs chaleurs s'impose à on esprit et je secoue la tête. Il se passe quelque chose? Je n'ai pas le droit d'être en colère. Ma main lance et je serre le poing. - I'm sorry. - Dis-je simplement, secouant un peu la main comme pour en chasser les gouttes de douleurs. Ce coup, cette colère, elle est égoïste. Il n'aurait pas dû voir ça. Je n'aurais pas dû y céder.

Je n'aurais pas dû céder.

I need to talk to you. - Finis-je par dire, les mains gelées. Les jambes brulantes, mouvantes, comme si le sol était un tapis roulant. Le besoin de bouger, de marcher. Je tourne en rond, incapable de le regarder dans les yeux. - I said I could do it. And I can't. And I hate it. And... - Les mots sortent, les pensées fusent, la langue n'arrive pas à suivre. Mes doigts glissent nerveusement dans mes cheveux encore humides. Mon regard trouvent son ventre, c'est le plus haut que j'arrive à aller. - Remember when we talked about you getting involved with multiple people? I said I'd be ok. - Un frisson remonte le long de mon dos. Au même moment, ma gorge se serre. - I was wrong. - Le son est comme une lame. Elle transperce mes entrailles. - I saw you down there with smoke and it made me so... angry. Not to you. I said I'd be ok. To me. Because I said that and I'm not ok. I'm not ok...