Under pressure | ft. Fred ou Queeny

La collection de livres de la Ruche m'impressionnait. J'étais sûre que je pouvais trouver de nombreuses réponses dans les pages de ces bouquins. Aussi j'avais décidé de passer mon temps entre le salon et l'espace créatif. Loin de moi les romans à l'eau de rose dont la lecture m'aurait rendue triste à cause de la médiocrité de leurs histoires. Et d'ailleurs, j'étais beaucoup trop en colère pour lire ce genre de choses. Ce que je voulais surtout, c'était comprendre la Ruche et retrouver mes souvenirs. Comme tous ici.

J'attrapais des livres et j'emmenais ma sélection jusque dans le canapé victorien que je m'étais attribué. J'éparpillais mes bouquins sur les coussins et gribouillais des notes illisibles dans mon calepin. Parfois, quand la motivation ou l'anxiété commençaient à me prendre aux tripes, je commençais à dessiner distraitement dans le coin d'une page. Des petits bonshommes sympathiques ou des êtres mystérieux et flippants, j'étais guidée par mes émotions et non plus par ma raison. J'aimais bien griffonner des choses sur les pages et je m'autorisais à le faire lors de mes pauses, dans l'espoir que l'un de ces gribouillages puisse aussi me révéler quelque chose à propos de moi.

Aujourd'hui j'avais axé mes recherches sur les abeilles. Pourquoi appeler cet endroit "la Ruche" ? C'était la question qui m'avait frappée dès le réveil. Peut-être existait-il un réel lien avec l'apiculture ou l'organisation de ces insectes. Je savais qu'il s'agissait d'animaux particuliers, mais je ne savais dire en quoi exactement. Je ne me sentais pas spécialiste des abeilles, ça c'était sûr. La tâche me paraissait compliquée, car il semblait qu'il y avait des différences selon le type d'abeilles. J'eus un soupir, lâcha mon encyclopédie et pris mon carnet pour relire mes notes. J'étais beaucoup trop concentrée pour remarquer les regards exaspérés des autres abeilles qui étaient agacées que je mobilise autant de place pour moi seule. Je m'en fichais, de toute façon : s'ils voulaient quelque chose, qu'ils le disent ou passent leur chemin.

Je ne me sens pas comme quelqu'un d'égoïste. Mais je n'ai pas envie de me replier sur moi-même ou de donner l'impression d'être une petite chose fragile facile à impressionner ou que l'on pourrait brutaliser. Ici on est dans une prison, et il y a toujours une hiérarchie qui se met en place dans ce genre d'endroit. Hiérarchie. Cette pensée me donna un élan d'inspiration dans mes recherches et m'apporta une concentration telle qu'il me serait difficile de me déloger de mes occupations. Plus que jamais, je me plonge dans mon travail en ignorant mon environnement.