It's a new day, it's a new life | Feat H01-88 [4-H]

La réponse à ma question « Aurais-je moi aussi un colocataire ? » arrive très rapidement après mon propre réveil. Le lendemain à vrai dire. Je commence tout juste à trouver un rythme dans cet endroit quand tu vas te réveiller dans la chambre d’a côté. Je n’en ai pas encore conscience, je suis allongé dans mon lit en train d’émerger. Qu’il est agréable de ne pas avoir les membres aussi engourdis que la première fois et l’estomac loin du bord des lèvres. J’ai détesté cette sensation de ne rien contrôler quand je me suis éveillé pour la première fois. Je pense que tout le monde le ressent mais pour moi c’était vraiment détestable, comme si le fait de ne pas pouvoir contrôler ce qui était en train de m’arriver me prenait aux trippes. Je l’ai mis sur le compte de ma mémoire défaillante et certainement de drogues qu’on avait du me faire prendre. Après tout, qui se réveille dans un lieu qu’il ne connait pas sans avoir de souvenirs de s’y être déplacé ? Je suis persuadé de ne pas être le genre d’homme qui boit ou se drogue. Ou alors je me fourvoie complètement mais je ne sais pas pourquoi, cette pensée me révolte.

Je finis par repousser la couverture et m’assoie sur mon lit. Les mêmes affaires blanches se trouvent là, je n’ai pas le choix quand je regarde ma penderie. Tout est blanc. A part les quatre rayures sur mon bras c’est tellement monochrome que ça en fait tourner la tête. Je prends un exemplaire lambda de mes affaires et pars prendre ma douche histoire de finir de me réveiller. C’est agréable au moins de se laver, le seul plaisir qu’on puisse avoir avec un bon café. Enfin si c’est vraiment ça que nous buvons comme notre régime alimentaire est tellement adapté que nous ne pouvons manger dans le plat des autres. Etrange réalité. On se croirait dans un futur où nous ne sommes plus maitres de rien. Je reste sous l’eau pas plus que nécessaire, me sèche et repasse la même tenue que la veille en propre, déposant mes affaires sales dans le panier. Tout est toujours vide le matin, si seulement on pouvait apercevoir ceux qui agissent dans l’ombre, peut être aurions nous des réponses mais ce foutu couvre feu les aide bien.

Dans mes pensées, je sors de la salle de bain pour tomber nez à nez avec toi. Je ne peux retenir une moue de surprise, faisant un pas en arrière. Ce sentiment de freeze me crispe un court instant, comme si ce genre d’évènements non prévus m’était insupportable et je suis obligé de réprimer un court sentiment de colère pour t’observer. Après tout ce n’est pas ta faute et je reconnais sur ton visage les signes du réveil que nous avons tous vécu. « Oh bonjour. Vous devriez vous asseoir. » Avant de t’écrouler car parfois nos jambes nous lâchent et je te fais signe qu’un geste de la main de faire quelques mètres vers le salon pour te poser dans un canapé. « Le premier jour le corps est plutôt taquin » J’essaie de ne pas me dresser de toute ma hauteur pour être moins impressionnant et ne pas te paniquer. « Cela va vous paraître étrange je pense mais je suis H01-88 comme on nous nomme ici et j’ai vécu le même réveil que vous. Je n’aurais pas de grandes réponses à vous apporter mais demandez moi. » Si je peux faire ce qu’on n’a pas pu faire pour moi à mon réveil, ce sera avec plaisir. Au moins je pourrais t’aider pour ta première journée. La clé de notre survie est, pour moi, la réflexion et l’entraide.

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Je m’installe en face de toi après que tu aies pris place. Penché légèrement en avant, les avant bras sur mes cuisses je joins mes mains. Une position d’écoute que je me découvre, t’observant avec intérêt. Je me rends compte qu’étudier les gens est important pour moi. C’est étrange d’avoir l’impression de se découvrir comme si on était encore enfant. Et encore ? Est-ce qu’un enfant fait vraiment cela ? Je ne le pense pas. Cette situation ne ressemble vraiment à aucune autre. Enfin aucune autre que je connais mais au fond de moi j’ai bien l’impression que jamais je n’ai eu à vivre cela. « Oui c’est cela, vous entendrez souvent ce matricule » Car on n’y échappe pas. J’ai entendu que certains se donnaient des surnoms, certainement pour que cela fasse moins impersonnel. Je comprends tout à fait l’objectif mais pour le moment je n’ai étrangement pas vraiment de soucis avec cette histoire de matricule. « Non. Aucun prénom ou nom. Certains se donnent des surnoms mais à vrai dire, pour cet endroit, nous restons F01-17 et H01-88. »

Je frotte doucement mes paumes l’une contre l’autre, te laissant me poser toutes les questions que tu désires mais te laisse le temps de le faire. J’ai été incapable de me lever aussi vite que toi mais mon esprit lui était plus à même de saisir ce qui se passait. Pas de se souvenir ou comprendre pourquoi je me trouvais ici mais au moins j’ai essayé d’analyser cet endroit. J’ai trouvé les informations sur les murs, imité ce que les autres faisaient puis j’ai parlé à quelques personnes que j’ai croisées. A vrai dire ce n’est pas si compliqué que ça, je m’inquiète juste de ce qui va se passer quand cela fera plusieurs semaines que nous serons là. Est-ce que nous le supporterons ? « Je ne saurais dire. Nous sommes dans une sorte de bâtiment en cercle. Nous n’avons pas accès à grand-chose. Ici nous avons les logements et au rez-de-chaussée plusieurs zones : repas, détente, sport, création. Rien de plus. Quand vous vous sentirez mieux je vous montrerais comment cela fonctionne » Cela t’évitera d’être totalement perdue.

« Je ne sais pas. Tout est blanc, très aseptisé à vrai dire et nous portons tous les mêmes affaires. Seule notre montre change. » Je te montre la rose que tu as au poignet alors que la mienne est bleue. « Elle vous servira pour avoir votre repas. Vous ne devez jamais la quitter. » On va commencer par les obligations déjà car clairement c’est très important ici. « Nous sommes tous pareils. Enfin je n’ai pas discuté avec beaucoup de personnes pour le moment, je me suis réveillé hier dans l’autre chambre. Nous sommes que deux dans cet appartement. » Pourquoi nous deux je ne saurais dire. « Je me suis éveillé sans aucun souvenir sur ma vie ou qui je suis. J’ai l’impression que certaines choses restent car j’ai réalisé que j’étais capable de lire plusieurs langues du règlement que vous verrez afficher partout ici mais je n’en sais pas plus. Je ne sais pas pourquoi nous sommes là ni ce que je faisais avant ou qui j’étais. » Et c’est perturbant. J’ai l’impression d’être un prisonnier, chose qui semble clairement me hérisser le poil et c’est bien pour cela que je suis autant à la recherche d’informations sur moi.

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« Je le pense oui mais pour le moment je me sens incapable de le faire » Me donner un surnom… Je ne sais pas mais pour moi un petit nom c‘est une façon de raccourcir son prénom ou bien de faire référence à un moment de sa vie. Et pour l’instant je n’ai absolument aucun souvenir de qui je suis alors c’est impossible. Peut être qu’à force de vivre dans cette ruche je finirais par trouver quelque chose qui semble me convenir ou peut être que les autres finiront par m’appeler d’une certaine façon et cela deviendra un surnom. En tout cas, à aujourd’hui, je n’en suis pas capable et même si 88 est clairement impersonnel, cela ne me dérange pas forcément tant que ça, j’ai l’impression qu’il y a plus important.

Tranquillement, essayant d’être le moins stressant possible même si je me rends compte que j’ai peu de réponses à tes questions, je t’explique comment sont faites les zones auxquelles nous avons accès et ce qui est important à savoir. Je suis calme, je suis toujours très calme. Parfois j’ai des réactions un peu vives comme tout a l’heure quand tu m’as surpris mais je me rends compte que j’arrive à les calmer assez vite. En tout cas pour le moment. « Oui tout est aussi blanc partout » Tout est très aseptisé. En fin de journée il y a plus de « couleurs » et de « vie » car nous sommes présents, les choses ont été déplacées, les artistes ont pu faire quelques œuvres magnifiques mais c’est tout. Dès le lendemain matin tout a repris sa place et le blanc ressort.

J’hoche la tête. « Oui nous devons être une quarantaine de personnes mais je n’ai peut être pas vu tout le monde » C’est le nombre de personnes que je semble voir pendant les heures de repas mais je ne suis pas là depuis assez longtemps pour être vraiment précis. « Le fait de ne pouvoir sortir fait penser en effet à une prison. Est-ce que nous sommes prisonniers ou sommes nous là pour une bonne raison par contre, c’est difficile à savoir puisque nous n’avons pas de souvenirs. » Il peut y avoir des tonnes de raisons à notre présence ici. Aussi bien voulue que non voulue. Pour le moment j’ai beaucoup trop d’idées pour vraiment être cohérent. « Je pense que tout le monde a son hypothèse sur notre présence ici. » Et c’est tellement étrange de se retrouver dans cette situation qu’il est difficile de dire si toutes ces idées sont aberrantes ou pas.

« Tout à fait. J’ai su lire tout de suite certaines langues par exemple » Je n’ai pas eu besoin de m’en souvenir, c’était automatique. « Je pense que nos souvenirs manquants font forcément une sorte de pertes de comportements puisque ce sont eux qui orientent notre façon d’agir et d’être mais pour ce qui est de la mémoire des gestes et l’apprentissage, nous les avons toujours. Il faut faire des expériences pour se retrouver. » Essayer de savoir en quoi nous sommes bons pour que cela fasse appel à un moment à nos souvenirs. De toute façon il n’y a que ça à faire pour s’occuper ici vu que les journées semblent se dérouler toujours de la même façon. A moins que nous ayons une surprise d’ici quelques jours bien entendu mais j’en doute fortement.

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