Il est 7 heures. Nouveau réveil au sein de la ruche. 161 ouvre doucement les yeux, espérant avoir rêvé avant de constater qu’il a face à lui ce même univers inconnu. Cette couleur blanche qui l’aveugle à moitié. Cet uniforme qu’il est censé porter, qu’il enfile tel un automate, des gestes qu’il trouve presque rassurants. Cette fois-ci, il ne vomit pas. Il n’a pas la nausée mais cette impression désagréable d’avoir tout oublié perdure. Il soupire en quittant la pièce qui lui a servi de chambre, marchant lentement, le regard méfiant. Il regarde à gauche, à droite, il essaye d’analyser cet espace qui l’entoure, croisant de nombreuses personnes portant le même uniforme. Des numéros, à l’identique, des gens comme lui qui ne se souviennent de rien et qui font leur vie dans cet étrange endroit. Il a faim, alors bêtement, il suit les autres tel un robot, petite abeille qui s’envole à la suite des autres en quête de nourriture. Son ventre gargouille, il n’a rien avalé depuis son arrivée.
Réfléchissant à tous ces mets délicieux qu’il serait capable de savourer, il ne se rend pas compte tout de suite qu’il est arrivé dans l’aire commune, et avant même de réagir, il percute une jeune femme sans le vouloir. [
@F01-013] Elle est brune, plutôt jolie, le genre de fille qui pourrait lui plaire, il pense.
« Excuse-moi, je ne regardais pas vraiment où j’allais. », dit-il en lui adressant un sourire qu’il veut amical. Il ne sait pas encore quelles sont les réactions de ces numéros qui vivent ici comme lui. Il n’a pas envie de se faire déjà des ennemis alors même qu’il est encore en phase d’analyse. Son regard se perd dans le paysage qu’il découvre, cet espace rond surmonté d’un balcon, découpé en plusieurs zones. Il adresse un nouveau sourire à la jeune femme et s’avance vers la destination qu’il souhaite. La zone repas. C’est tout ce qui l’intéresse pour le moment. Ses yeux couleur de l’océan fixent les machines devant lui dont il ne comprend pas le fonctionnement, alors, un peu bêtement, il stationne à proximité, attendant qu’une abeille utilise l’une d’entre elles pour ensuite l’imiter dans ses gestes. Cinq minutes défilent et personne en vue. Il n’y a-t-il donc personne qui a faim le matin à part lui ? Soupirant, agacé, il hésite à s’avancer vers l’une des machines…