Free fall | Doc

-Free fall
@Doc

Le noir complet. Paralysé, son corps figé, inerte, sauf ses paupières qui continuent de battre. Le temps est suspendu, il est incapable de le calculer. Puis, elle apparait devant lui, ce visage oublié qu’il reconnait pourtant aussitôt, cette voix ; *Angel, réveille-toi* qu’il entend presque dans un écho. Sa mère. Il veut répondre, mais n’y parvient pas, il veut bouger, mais ça lui semble impossible. Le visage de cette femme se tord alors, devient difforme, se transforme  en un autre, cette fois, celui d’un homme, autoritaire, en colère. Son père. Il voit ce dernier tendre les mains dans sa direction pour le saisir. * Angel, ça suffit, lève-toi!* Il a l’impression que tout valse, il tombe de nouveau dans le vide, dans le noir. Cette fois, il a l’impression d’entendre sa respiration beaucoup plus qu’il ne la sent, il peut bouger, se débattre, il tombe toujours. Ça recommence. Ça n’arrêtera jamais. Les flashs se succèdent, des images de son passé, des moments, des échos, rapide, comme un film qui déraille, incohérent. Il danse, draine une bouteille, la musique est forte, les lumières vrillent, il a la tête qui tourne. Tout bascule dans l’obscurité. Une main se tend vers lui, il tente de la saisir, mais elle s’évapore aussitôt. Il hurle ou croit s’entendre hurler, il ne sait pas. Il voit tout à coup le ciel, le soleil, la verdure en bas, tombe toujours, mais cette fois c’est beau, cette fois il est bien, puis tout change à nouveau, tout vole en éclat, il entend de nouveau son père *Qu’est-ce que t’as fait encore Angel? Quand est-ce que tu vas enfin t’arrêter? * Il a mal au cœur, il va vomir, il a le vertige, il tombe toujours. Tout à coup, une chambre, il entend un rire, il roule sur les draps avec elle, cette fille, elle est tellement belle. Puis, le noir, la chute de nouveau. *Un jour tout le monde en aura marre de toi Angel, et tu te retrouveras seul, tu verras.*  Il sent les larmes couler de ses yeux sur ses joues, tente de s’agripper quelque part, mais il n’y a rien, rien de réel, rien de tangible. Il tombe. Il hurle, il hurle à s’en arracher les poumons, mais il ne s’entend pas, personne ne l’entend. Il est seul, maintenant, comme avant. Oh Angel, pauvre idiot, qu’est-ce que t’as encore foutu? Est-ce qu’un jour tu comprendras?

Sauf que cette fois, il y a bien une fin, un fond, il le heurte de plein fouet. Tout s’arrête. Le choc le force à ouvrir les yeux, à se réveiller. Il est sur le sol, juste à côté de son lit. Il prend une bouffée d’air comme s’il avait été une éternité sans respirer, il se tord, roule sur le côté pour se retourner dos au sol. La douleur de son corps se rallume aussi, le happe. Il a mal, il tente de respirer, de voir quelque chose, désorienté, la vue brouillée, la peau en feu. Il brûle, il a l’impression de brûler de l’intérieur, de l’extérieur aussi, tout autant qu’il a froid, il gèle. La lumière est revenue. Est-ce qu’il pleure? Ou c’est la sueur qui perle de son front? Il tente de se redresser, la tête lui tourne, il s’écroule de nouveau. Il est vivant, vivant et toujours dans cette ruche, toujours en enfer. Il a soif, tellement soif. Il doit boire. Dans sa tête, c’est le bordel, il cherche à se souvenir de quelque chose, de quelqu’un. Qu’est-ce qu’il peut faire, qui est-ce qu’il peut appeler? Comment? Il tousse, lève un bras pour agripper la couverture du lit, y crispe les doigts. Il parvient à s’assoir, regarde la montre à son poignet. Il peut demander de l’aide, mais à qui? Qui peut l’aider? Il finit par y taper deux coups pour envoyer un message. « Doc…j’ai besoin…d’aide. 3-A. » Il tremble, et se laisser mollement retomber au sol, repliant les jambes vers lui. Cette fois, il pleure, il abandonne. C’est trop, même pour lui. Et il resterait simplement ainsi si la panique ne le gagnait pas finalement, alors qu’il se remémore ce qui l’a amené là; l’infirmerie, le démon. Qu’est-ce qu’il s’est passé? Qu’est-il advenu des autres? De Sixteen, de Friday…Il s’agite de nouveau, tente de se relever une fois de plus. Il doit aller voir, il doit s’assurer qu’ils vont bien, que personne n’est mort à cause de lui.  Il parvient à se remettre sur pieds, titube, réussi à atteindre le mur pour s’y soutenir. La peur du pire lui coupe le souffle, mais il continu d’avancer, il doit juste atteindre la porte du logement, il doit juste voir, s’assurer, qu’ils y sont encore.

-Free fall
@Doc

La fièvre le désoriente, se rendre à la porte du logement en devient un défi, alors qu'il a encore l'impression d'être entre deux mondes, de n'être pas tout à fait revenu, qu'une part de lui est toujours en train de tomber dans ce vide sans fin. Il est pourtant déterminé, poussé par cette panique qui fait débattre son cœur et qui brouille sa vue, la couvrant de tâches informes et sombres qui vont et viennent. Il va perdre conscience, il peut presque le sentir, mais il s'accroche, il s'accroche comme il l'a fait depuis il ne sait combien de temps. Il n'a pas le choix. Sa main se tend vers la porte du logement, tente d’atteindre la poignée qui s’agite dans tous les sens sous ses yeux. Il y parvient néanmoins, ouvre la porte, mais n'a pas le choix de s'immobiliser, cherche à reprendre son appuie contre le cadrage ou le mur, qui semble aussi se dérober devant de lui. Le vertige lui revient une fois de plus, la sensation de tomber, mais il sent quelque chose l’agripper tout à coup, le retenir. Il cligne des yeux, relève le nez pour voir le visage de Doc qui vient d'arriver. Il n'était pas certain qu'il vienne, pas certain de le mériter. Pas après les problèmes qu'il a dû provoquer, même si à cet instant, il en ignore l'ampleur. « Je suis là Rouky. » Les mots sonnent comme un écho dans sa tête, se mêle à ces voix qui le hantent, qui surgissent de ses souvenirs. Rouky? Pas Angel, non. Il est Rouky, il ne peut pas être deux personnes à la fois. Le contact de Doc est rassurant, même s'il semble rallumer l'incendie qui court sur sa peau. Il veut parler, lui dire qu'il doit sortir à tout prix, aller à l'infirmerie, mais même s'il voulait résister, il n'en aurait probablement pas la force. Il se laisse donc ramener à sa chambre docilement, jusqu'à s'assoir sur le lit.

« Dis-moi où tu as mal. » Il respire, relève les yeux sur le visage de Doc, secouant légèrement la tête. « Je sais pas...partout. » Non, il doit se ressaisir, se calmer. Il doit se concentrer. Il ferme alors les yeux, tente de cibler les douleurs les plus irradiantes. « C'est mon dos...j'ai...y'avait un scalpel dans l'infirmerie, j'ai tiré dessus pour l'enlever. » Est-ce que c'est ça? C'était douloureux oui, mais ce n'est pas supposé l'affecter à ce point. Sauf si c'est infecté, mais ça vient juste d'arriver, non? « Ça fait combien de temps? Qu'est-ce qui s'est passé? » Il veut se relever de nouveau, mais l'étourdissement l'empêche de seulement esquisser le mouvement. « J'ai tellement chaud, ou froid, je sais pas...ma peau brûle. » Son cerveau passe d'une idée à une autre, tiraillé entre la douleur et la panique, il regarde de nouveau Doc. « Je suis désolé, est-ce que tout le monde va bien? Je voulais blessé personne. » Il sent de nouveau les larmes venir brûler ses yeux. Il a merdé, il le sait. Son père avait raison, il ne s'arrêtera jamais, il est une cause perdue. Une déception. Il a déçu tellement de gens. Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez-lui?

-Free fall
@Doc

Il est difficile pour lui de se concentrer, de remettre l'ordre dans ses pensées, trop de question, trop d'image qui s'y entremêlent, l'infirmerie, ses souvenirs, la douleur. Il fait de son mieux pour rester composé, pour ne pas juste s'émietter devant Doc et lui faire perdre son temps. Pourtant, c'est bien la seule chose dont il a envie, s'effondrer, se rouler en boule et pleurer comme un enfant qui vient de voir son monde de merveille voler en éclat sous ses yeux. Oh il n'avait pas l'impression d'être au pays des merveilles avant ça, loin de là, il se considérait déjà en enfer, mais il vivait dans une bulle quand même, cette bulle dans laquelle il s'était réfugié depuis le premier jour, qui le protégeait, le rendait imperméable au regard des autres, à leur mot. Une bulle qui a éclatée, et ça c'est bien pire que les blessures physiques, bien plus difficile à réparer

Il laisse Doc le manier, l'aider à retirer sa chemise, la douleur le fait grimacer, sursauter quand il touche la plaie avec le drap. « Tu as disparu sept jours. » Sept jours. Il ignore si ça fait du sens ou non, il a complètement perdu la notion du temps, mais vu son état, sans doute. Il poursuit, explique que lui et Friday sont allés secourir Sixteen. Et c'est bien, non? Ça veut dire qu'elle s'en est sorti. Il évoque ensuite l'état de l'infirmerie, le fait qu'elle soit désormais complètement vide et Rouky évite, cette fois, de croiser le regard du médecin. Fautif, coupable. Ce n'était pas ce qu'il voulait, mais est-ce que ça change quelque chose maintenant? Il est désolé, mais encore plus à la suite, quand il révèle que Sixteen a été blessé et le croit mort. Sauf qu'ils étaient tous les deux conscients des risques qu'ils prenaient. Le pire, ce n'est pas ça, le pire c'est ce qu'il ajoute ensuite. « Friday a été emporté par la femme en noir comme nous avons commis une infraction en enfonçant la porte. » Rouky ne bronche pas, toujours figé dans son mutisme, mais il sent les larmes s'échapper de ses yeux sans qu'il ne puisse rien faire pour les retenir. Il est trop épuisé pour contrôler quoique ce soit de toute façon. Doc poursuit son discours, enfonce le clou, encore et encore, mais franchement, c'est probablement tout ce qu'il mérite alors il n'a pas le cœur de l'interrompre. Il le laisse parler, absorbe les paroles à défaut de les encaisser. Il ne sait pas quoi répondre, est-ce qu'il y a seulement quelque chose à dire? Continuer d'enligner des excuses ne changera rien. Rouky se contente donc de hocher légèrement la tête, fuyant toujours le regard de Doc.

« Cela ne va pas être agréable mais il faut que tu prennes une douche, je vais t’aider. » Une part de lui a envie de faire l'enfant, de s'accrocher au lit et lui dire qu'il ne veut pas, qu'il ne veut plus se lever, mais ce n'est certainement pas le moment de faire chier, en plus du reste. Il obtempère donc plutôt en automate, se laisse aider pour se rendre jusqu'à la salle de bain, s'appuyant contre le mur alors que Doc s'occupe de lancer la douche et en régler la température. Il le regarde pendant cet instant où il lui tourne le dos, entrouvrant les lèvres pour parler avant de se raviser une fois de plus. Il suit plutôt les directives et glisse les mains à sa taille pour retirer pantalon et sous-vêtement. Puis, il relâche son appuie contre le mur pour s'avancer vers la douche, laissant Doc l'aider. Le contact de l'eau sur sa peau le fait grimacer, mais il tente au mieux possible ne pas trop laisser paraitre sa douleur. Il n'est pas vraiment en droit de se plaindre. Puis, ça fait du bien malgré tout, alors qu'il sent rapidement l'effet sur sa température corporelle. Quand Doc se recule pour aller chercher de quoi nettoyer la plaie, il parle finalement. « Je sais que tu fais seulement ça parce que t'es médecin, mais...je savais pas qui appeler d'autre...» Il serre les dents dans un grognement quand le docteur commence à nettoyer la chair infectée. « Et je sais...que tout le monde me déteste en ce moment...c'est correct, mais je voulais vraiment blessé personne, c'était pas le plan. » Il souffle l'eau qui coule sur son visage, frissonnant, avant d'ajouter bassement; « Je me déteste probablement aussi pour ce que ça vaut. » S'il lui répond que c'est bien mérité, il ne lui en voudra pas. Le problème étant qu'il les déteste, eux, les créateurs, encore plus qu'il peut détester n'importe qui d'autre et que cette guerre, elle n'est probablement pas terminée.

-Free fall
@Doc

Il regrette, oui. Il regrette d'avoir causé des problèmes aux autres, de les avoir privé de l'infirmerie. Il regrette de savoir que certains ont été blessés et tout particulièrement de savoir que Friday a été emporté à cause de tout ça. Il se sent coupable pour toutes ces raisons, mais certainement pas pour le principe derrière. Il ne regrette pas d'avoir tenté quelque chose, il ne regrette pas d'avoir envoyé un fuck you supplémentaire aux créateurs de cet endroit. Et aussi triste, ou mal, que ça peut l'être, si c'était à refaire, il le referait certainement. Enfin non, maintenant qu'il sait que derrière les murs il n'y a rien d'autre que le vide, il n'ira pas en briser un autre juste pour vérifier si c'était un cas isolé ou non. Il n'est pas si con. Refaire la même erreur deux fois, non. Refaire une nouvelle erreur, il en est bien capable. Il ne lâchera pas si facilement, et tant pis si ça fait de lui un égocentrique connard. Évidemment, il ne peut pas le dire, surtout pas à Doc parce qu'il n'a pas envie qu'il abandonne l'idée de le soigner en chemin. Ni aux autres, parce qu'à ce stade, il y a probablement personne dans cette ruche qui a envie d'entendre que le rouquin n'a pas appris sa leçon une fois pour toute. Il y a des gens qui sont disposés à se plier, qui sont disposés à accepter les règles en se basant sur l'hypothèse qu'elles sont là pour leur bien, pour les garder en vie. Rouky ne fait pas parti de ces gens, il n'en fera jamais parti. Personne ne lui dira ce qu'il a le droit de faire ou de ne pas faire, personne ne l'obligera à se plier à une situation qu'on lui impose contre sa volonté. Il écoute néanmoins les paroles du médecin avec attention, il a raison, évidemment. Tout le monde a probablement un peu raison, chacun à leur façon, chacun avec leur vision des choses. Sauf que pour Rouky, il n'y a plus de nuance, il n'y a plus de doute, ces créateurs, qui qu'ils soient, ne veulent pas leur bien, pas après ce qu'on lui a fait subir, pas après trois punitions, pas après qu'il en revienne à moitié mort. Doc a raison, c'est avec sa propre conscience qu'il doit voir ça et il le fera.

« Veux-tu rester encore un peu sous l’eau ? » Le rouquin hésite. L'eau lui fait du bien, mais rester debout le fatigue. Après quelques instants il finit par tourner la tête pour regarder de nouveau le médecin, la secouant légèrement. « Non, c'est bon...ça va. » Regagner son lit et ne plus en sortir lui semble l'ultime but à atteindre à cet instant. Il laisse donc Doc couper l'eau et lui récupérer une serviette dans laquelle il s'enveloppe dans un frisson pour éponger l'eau de son corps. « Est-ce que c'est grave? » Parlant de sa blessure, bien conscient qu'ils n'ont pas le moindre médicament pour aider à traiter une infection. Il tente un mince sourire, approximatif, avant d'ajouter; « Est-ce que tu crois que je devrais préparer un testament? » S'il est pour crever, aussi bien remettre ses choses à des gens qui en feront bon usage, non? C'est une tentative d'humour certes, mais c'est une possibilité qui subsiste quand même, personne n'est à l’abri d'une mauvaise blessure qui tourne en terrible infection et qui se termine en mort pénible et douloureuse. Une autre preuve que cet endroit n'est pas de leur côté selon lui, pourquoi personne ne l'a soigné avant de le ramener dans sa chambre? Ou au minimum, pourquoi ne pas lui avoir envoyé le nécessaire pour être certain qu'on puisse le soigner? Il hausse finalement légèrement les épaules. « Une chance pour moi, je crois que je suis assez difficile à tuer, ils vont devoir trouver mieux que ça. » Un commentaire qu'il échappe, parce qu'il ne peut pas s'en empêcher peut-être, mais il sait que ça a des chances d'être mal reçu selon qui se tient devant lui, et il ne connait pas tellement Doc, ni ses convictions, ni sa vision des choses. Dans tous les cas, cacher son hostilité pour cet endroit n'a jamais été dans ses intentions, et il ne compte pas commencer à le faire. « Juste...merci...merci d'être venu. »

-Free fall
@Doc

C'est rassurant quand Doc lui dit finalement qu'il y a peu de chance qu'il crève de cette blessure. Tant mieux, pas de gangrène, ni d'histoire d'horreur qui finie en mort prématurée. Prématurée parce que somme toute, il est beaucoup trop jeune pour crever. Il ne connait pas son âge exact, mais c'est une conviction. Il n'y a pas grand chose à faire, il en est bien conscient, la ruche n'offre rien pour accélérer une guérison, il n'est donc pas particulièrement surprit d'entendre Doc lui conseiller du repos, de se ménager. Ce n'est pas lui qui obstinera à ce niveau de toute façon, oh il se connait bien le caractère pour argumenter sur presque tout, mais comme il considère que le médecin lui fait déjà une faveur en venant le soigner, il va éviter le risque de lui tomber sur les nerfs en faisant son sale gosse qui ne veut écouter personne. Le repos lui va, pour une fois, il ne sera pas contre l'idée de rester vautré dans son lit et ne plus en sortir. Rien d'autre ne lui fait plus envie en ce moment. Le rouquin ne chigne donc pas sous la douleur de sa blessure que Doc termine de soigner et à laquelle il appose deux points de suture pour l'aider à se refermer. Il se contente de serrer les dents et attendre que ça passe. Ça semble être la chose à faire dans cet endroit de toute façon; endurer son sort. Ceci dit, il a bien une ou deux blagues poisseuses qui lui traversent l'esprit, mais il décide de les retenir, n'ayant pas détecté de succès avec sa plaisanterie sur le testament. Peut-être que le médecin n'a simplement pas d'humour, ou il n'a pas la moindre envie de rire. Il n'en sait rien. Peut-être que les médecins ne rigolent simplement jamais pendant qu'ils exécutent leur travail. Autant ne pas insister et se contenter de le remercier. Réellement sincère, malgré sa mauvaise foi généralisée.

« C’est normal Rouky. Et je le ferais de nouveau si tu as besoin de moi. » ll sourit légèrement, s'appuyant contre l'homme qui l'aide à revenir vers la chambre. Il passe près de le rectifier, de lui dire qu'il s'appelle Angel en fait, et non pas Rouky. Rouky, ça lui semble un peu débile comme surnom tout à coup, mais quelque chose le bloque, l'empêche de prononcer ce prénom à voix haute. Il n'est sans doute pas prêt encore, à l'accepter tout simplement. À accepter qu'il est autre chose que ce Rouky, que ce personnage qu'il s'est créé malgré lui, faute de souvenir et de repère sur la personne qu'il est réellement. Et s'il n'a pas envie d'être ce Angel, tout simplement? Est-il obligé d'en tenir compte, ou il peut prétendre ne s'être souvenu de rien? « N’oublies pas que tu n’es pas tout seul » Il hoche la tête, se posant péniblement sur le lit. « Je sais. » Qu'il répond simplement, sachant que c'est vrai, même s'il en doute néanmoins, ne pouvant se débarrasser de cette impression d'être seul contre tous. Seul contre une énorme conspiration qui le dépasse complètement. « Je crois que je vais me tenir tranquille un moment, ouais. Ça vaut mieux. Dormir, boire, manger, repeat. » Il tapote légèrement sa tempe du bout du doigt comme pour signaler que les directives sont bien enregistrées dans sa caboche. Une résolution qu'il prend, mais la question est de savoir combien de temps il la tiendra. « Encore désolé...tu sais...d'avoir pété votre infirmerie, si je peux trouver un moyen de réparer, je le ferai. » Bien qu'il n'a pas la moindre idée de comment il pourrait réussir ce tour de force, il est de toute évidence bien plus facile de briser des choses que d'en créer. Sauf que bon, l'humain a bien réussi une fois, non? À monter une civilisation entière à partir de simplement quelques roches...et quelques esclaves. Ça doit être possible. Les esclaves y'a moyen de moyenner. Manque que les roches.