Feeling good ~ Ace ~ Terminé

Les escaliers sont montés après le repas du matin, les dents doivent être brossées, puis elle décide de s'entraîner ensuite dans sa chambre. Elle a toujours préféré s'entraîner dans cette dernière. Elle n'a jamais aimé les tapis. Elle n'a jamais aimé avancer nulle part. Ce qui ne fait pas une très grande différence entre s'entraîner, se pratiquer, courir autour du balcon ou bien sur un tapis. Elle ne supporte pas vraiment la dernière option malgré tout. Elle va dessus parfois, juste pour amener de la variété, il en faut aussi, mais pas trop souvent non plus. C'est ensuite vers la douche qu'elle se dirige, où elle attache ses cheveux pour éviter qu'ils ne soient trop trempés. Puis, elle se fait une tresse française. Elle recommence jusqu'à ce qu'elle soit assez serrée, mais pas trop, elle a toujours tendance à la faire trop serrée ou pas assez. Entre les deux, juste correct, elle n'y arrive pas encore en une seule fois. Cela prend moins de fois qu'avant. Qu'elle n'y arrive toujours pas du premier coup ne la dérange pas, elle aime bien se coiffer et cela permet aux secondes de s'écouler. Ce qui est toujours bien pratique.

Une fois ses cheveux bien tressés, elle récupère un pantalon, fils et aiguilles, ciseaux, et c'est d'un bon pas qu'elle descend les escaliers. Pas qui ne font pas exceptions à ceux qu'elle fait d'habitude. Sa bonne humeur est retrouvée depuis que Friday va mieux, elle n'a plus besoin de s'inquiéter. Enfin, pas autant. Elle va sûrement continuer de le faire encore. Ce qu'il a vécu est assez difficile, elle n'aimerait pas vivre la même chose. Elle le trouve changé, elle ne peut pas le reprocher. Cela doit être normal après être passé par là. Elle n'aime pas trop y penser. Il est revenu, va mieux, et c'est le plus important. Elle s'arrête pour parler et saluer quelques personnes en cours de chemin, remonte un peu pour continuer de parler. Elle n'est pas pressée de toute façon.

Une fois descendue, elle décide de s'installer à la serre, ce super nouvel endroit qui est arrivé il y a quelques jours. Elle pense y penser beaucoup de temps. Elle s'installe directement sur l'herbe, puis, comme bien souvent, elle enlève ses souliers pour se retrouver en chaussettes et croise ses jambes. Elle commence à couper le pantalon pour le rendre plus court, elle compte ensuite défaire les coutures pour le transformer en jupe. Elle sait qu'il y a des ateliers pour cela, mais elle aime bien aussi le faire comme tue le temps, un peu n'importe quand. Elle relève la tête lorsqu'on lui adresse la parole. « Bonjour Ace, ça va ? » Elle lui fait un sourire. Elle est toujours contente de le voir et de lui parler, elle ne sait toujours pas ce qu'elle aurait fait sans lui enfermée dans cette boite. Un autre truc dont elle n'aime pas trop aborder le sujet. Elle a appris quelque chose sur elle-même... elle aurait préféré que ce ne soit pas le cas. Surtout pas savoir qu'elle était claustrophobe, ça ne mène nulle part ! « Tu veux t'asseoir ? » lui propose-t-elle, continuant de lui sourire. Elle ne sait pas trop s'il va accepter par contre, il semble toujours être hésitant par rapport à elle. Elle ne comprend pas pourquoi, mais elle ne le force pas. « C'est génial hein ? » fait-elle, parlant de la serre.

Le soleil, le ciel, les nuages, l'herbe, les fleurs... il en faut peu pour être heureux. Elle ne sait pas trop d'où cela sort exactement, mais c'est bien vrai. Elle ne sait pas trop ce qu'ils ont fait pour que la serre arrive de cette façon et peu lui importe en fait. Il faut juste qu'elle reste, aussi longtemps que possible. Si elle se fie à l'infirmerie qui est aussi apparue et qui est toujours là, cette nouvelle place ne devrait pas disparaître. Il faut juste espérer que personne n'essaie de la détruire. Il y a un extérieur, mais est-ce qu'il est réel ? Elle ne peut s'empêcher de penser que c'est peut-être une sorte de vidéo. Peut-être que le vrai extérieur n'est pas du tout aussi normal que ce qui est montré. Elle a beaucoup de théories, ne sait pas à quel point elles sont plausibles ou pas. Elle n'a pas trop envie d'y penser maintenant.

Ace s'installe à ses côtés, est d'accord avec elle. « Ça m'a manqué aussi, même si je le savais pas. » Il est vrai que de juste se satisfaire de ce qu'elle a aide beaucoup. C'est en voyant l'endroit qu'elle s'est rendue compte que cela lui avait manqué. Elle se dit qu'elle va passer beaucoup de temps dans cette place. Elle n'a pas l'impression d'être la seule. Cela fait tellement du bien de voir autre chose que des murs ou du blanc. Cela lui donne de l'espoir sans trop savoir pourquoi, vidéo ou pas vidéo. « Ce serait bien de pouvoir dormir aussi... » Mais il y a toujours le couvre-feu et cette pièce n'est pas une chambre. « C'est une autre manière de s'occuper... et si ça te fais rire, ça t'occupes aussi. » Donc, c'est très bien. « Pour un médecin ça colle. » fait-elle, riant légèrement. « Je sais pas à quoi ressemble des points de suture. » Ce qui n'est pas nécessairement mal en fait. Elle n'a pas dû en avoir de besoin ou cela fait bien longtemps, et c'est tant mieux, non ? Surtout avec tout ce qu'elle a fait vivre avec ses pieds, ses hanches et le bas de son corps en général. Elle semble avoir été épargnée sur les incidents en général.

Elle prend une autre aiguille, elle en amène toujours deux juste au cas, coupe un bout de fil. « Tu veux me montrer ? » lui propose-t-elle, en lui tendant le tout avec une des jambes du pantalon qu'elle a coupé. Cela va faire moins mal de cette façon que directement dans la peau. Sa main se pose un instant dans l'herbe, caresse cette dernière, le léger chatouillis la fait sourire, puis elle reprend son aiguille pour se remettre à sa jupe.

Déjà que 013 se sent de bonne humeur la plus grosse majorité du temps, avec l'apparition de la serre, cela n'a fait qu'augmenter. Cela fait du bien de voir le ciel, de toucher l'herbe. Agréable changement. Elle sait qu'il faudrait se concentrer à en savoir plus, mais la réflexion n'est pas trop son truc. Elle a surtout des idées et des théories plus au moins farfelues. Pas nécessairement fausses car tout est possible, sauf qu'elles ne tiennent pas toujours la route. Elle sait qu'il y a eu plusieurs tentatives dans le coin des mystères et que depuis que 023 a fait apparaître les socles, il n'y a pas eu grand-chose. Elle ne voit pas en quoi elle pourrait être utile. Se concentrer sur ses souvenirs est une meilleure idée. Si elle se souvient de tout, elle va bien finir par savoir pourquoi elle est là et pourquoi les autres sont là. « Tu travaillais à l'urgence ? » demande-t-elle, curieuse Elle est loin de se douter de ce dont il parle vraiment. Pour elle, c'est logique : personnes qui ont trop bu et points de suture, ça ressemble à une urgence, ou à l'idée qu'elle se fait d'une urgence peut-être. Il se met ensuite à faire quelques points de suture sur le tissu, elle le regarde faire. On ne sait jamais. Soit ça peut-être intéressant sur du tissu, soit elle va peut-être de voir le faire sur quelqu'un... elle n'aime pas trop cette idée, surtout qu'il y a au moins deux autres personnes totalement capable de le faire. Bref, elle s'approche un peu pour mieux voir ce qu'il fait. « Ça fait changement. » confirme-t-elle, après avoir regardé les points durant quelque instant. Elle ne sait pas trop ce que cela donnerait pour tenir les vêtements par contre, mais peut-être comme décoration.

Elle reprend son aiguille et son fil ainsi que le pantalon en voie de devenir une jupe. « Ça ne devrait pas être très long. » Elle ne trouve pas cela très compliqué à faire. Couper aux bons endroits et ensuite arranger pour que cela tienne bien. « Tu vas pouvoir mieux me regarder marcher comme ça. » Son ton est taquin. Si elle n'aime pas trop penser aux circonstances de leur rencontre, elle peut tout de même faire une exception. « J'aimerais bien faire une fleur... peut-être une marguerite ? C'est simple à faire et j'suis vraiment pas douée en dessin... pourtant Friday et Rainbow m'ont souvent donné des cours. » Elle hausse les épaules, rit doucement. « J'ai tout eu dans les jambes et les pieds j'imagine. » C'est mieux que rien. Surtout qu'elle a finalement un talent, à part celui de coudre. Si dessiner n'est pas donner à tout le monde, danser non plus et encore moins au niveau du ballet.

013 ne pensait pas que sa question amènerait de la réflexion chez Ace. Elle a bien vu les cicatrices, les tatouages, mais elle a toujours pensé que c'était derrière lui et qu'il s'était repris par la suite. Rien de très compliqué. Il lui répond, il n'a pas travaillé dans une urgence. Elle hoche la tête et la penche un peu pour le regarder. « Un groupe... de musique ? » fait-elle. C'est très gentil de sa part de suivre un groupe comme ça pour les soigner en cas de besoin. Elle est vraiment convaincue que c'est derrière lui, de bien avant leur arrivée dans la Ruche, que la vraie réponse lui échappe. Le jeune homme n'a pas non plus de talent en dessin. « J'me sens moins seule. » Parce qu'elle trouve qu'il y a plus de personnes qui savent dessiner que le contraire. Ou elle ne s'est pas entourée de ces personnes. Ce n'est pas très important. Son talent est ailleurs. Il en faut bien de toutes les sortes.

Elle cligne des yeux une fois en regardant Ace et elle se rend compte qu'elle n'a pas partagé l'information à propos de ce qu'elle faisait avant. « Je me suis rappelée que je suis... étais... ballerine. » Elle fait un grand sourire, contente de savoir ce qu'elle est (était ?), c'est encore mieux que agente de bord ou que n'importe quoi d'autre qu'elle a pu penser. « La veille de la cata' à l'infirmerie, alors... j'me suis inquiétée pour Friday et j'me suis occupée de lui, alors c'est un peu passé à la trappe je pense... » explique-t-elle. Elle a eu de nombreux jours occupés et ensuite c'est devenu naturel, alors elle n'a pas pensé à le dire, juste comme ça, à tout le monde. Quand ça venait dans une conversation, oui, mais sinon... il le sait à présent. « Je sais même pas comment j'ai fait pour ne pas le savoir avant... juste avec mes pieds, j'aurais dû ! » Pieds cachés par des chaussettes la majorité du temps, parce qu'ils ne sont pas très beaux selon elle, déformés par ses chaussons. Elle hausse les épaules, tant pis. « Je me pratique à tous les jours maintenant. » Elle n'a pas l'impression d'en avoir beaucoup perdu malgré les quelques mois de pause qu'elle a eu, sans le vouloir. Il est vrai qu'elle est toujours restée active et qu'elle a entretenu sa flexibilité sans trop y penser.

Ace secoue la tête. Non, pas médecin pour un groupe de musique. Elle hausse les épaules, cache (mal) une envie de rire qu'elle a suite à ce qu'elle a dit : elle a essayé ? L'autre option se fait donc un peu plus évidente, mais 013 a bien du mal à le croire. À moins que ce qu'elle a en tête ne soit que cliché. Elle ne peut pas dire... et elle ne pense pas que cela compte vraiment dans cet endroit. Que cela ne compte pas avec comment le jeune homme s'est toujours comporté avec elle, avec les autres aussi de ce qu'elle sait. Alors, elle ne s'y attarde donc pas trop. Il ne rajoute rien, il ne doit pas vouloir lui expliquer encore plus et elle ne voudrait pas le (re)mettre dans l'embarras à ce sujet. Le dit sujet est donc changé pour un plus léger : soit leur grand manque de talent artistique commun. Il trouve aussi qu'il y a beaucoup d'artistes. « C'est une bonne chose... on est pas tous pareils, on peut s'entraider à se désennuyer de cette façon. » Tous pareils, avec les mêmes talents, les mêmes intérêts, il n'y aurait rien de très original, personne ne pourrait vraiment apprendre. Là, même si elle sait que cela risque de ne rien donner, elle aime bien tenter de dessiner que ce soit seule, avec Friday ou Rainbow ou Zéro. Quelques minutes passent et c'est déjà ça de pris.

Elle hoche une autre fois la tête. Avec un peu plus d'explications, c'est plus facile de comprendre pourquoi elle a tout dans les jambes. Et vraiment tout dans ces dernières, pas dans les mains (sauf en couture) ou la tête qui fait preuve de distraction assez régulièrement. Elle est certaine que si elle n'était pas solidement reliée à son cou, elle l'oublierait quelque part. Sa couture est reprise, tandis que Ace garde le silence, regarde les fleurs. Elle peut se montrer bavarde, mais elle n'a rien contre le silence de temps à autre. Surtout cette sorte de silence qui n'est pas lourd, ou embarrassant. Un silence calme, agréable. Elle lève devant elle ce qui ressemble de plus en plus à une jupe pour voir le début de résultat lorsque le jeune homme se met à parler. Elle baisse le tissu, le regarde alors qu'un grand sourire se forme. Puis, elle se jette dans ses bras pour l'entourer des siens, et pose ses lèvres contre sa joue. Elle se met ensuite à rire. « J'veux bien être Poppy ! J'adore ! » Adjugé, vendu ! Elle a cherché quelques surnoms, mais aucuns ne lui ont semblé appropriés. Friday a un surnom pour elle, mais elle a un surnom pour lui aussi. Elle s'éloigne ensuite, elle a un peu (beaucoup) envahi le médecin. « Poppy... » Elle murmure, sourire toujours présent, n'ayant déjà aucun mal à s'habituer à ce nom.

Poppy n'a pas pensé une seule seconde que ce qu'elle a pu faire aurait pu mettre mal à l'aise Ace. Ce qui est un assez gros défaut chez elle : son impulsivité. Ce qui peut avoir du bon, mais aussi du mauvais. La réaction qu'a le jeune homme est quelque part entre les deux. Il est rouge, et elle pince les lèvres pour éviter de se moquer gentiment de lui. C'est adorable ! Elle se contente de sourire, les lèvres toujours pincées, ce qui doit donner un drôle de résultat. Il s'exuse ensuite de sa réaction et elle secoue la tête. « J'devrais y penser... j'vais recevoir un coup un jour par réflexe. » Elle ne pense pas, fait n'importe quoi et les réactions peuvent être diverses. « Hum... si tu veux t'habituer, je suis pas très loin. » fait-elle, avec un clin d'œil. Parce qu'ils ne peuvent pas être très loin puisqu'il n'y a nulle part où aller. Après tout, s'ils trouvent tous les deux cela agréable, pourquoi s'en priver ? Parce qu'elle a trouvé cela assez agréable, plus qu'avec d'autres, même si ce n'était pas totalement partagé. Elle va bien voir. De toute façon, pour l'instant, elle a autre chose à faire.

Elle se lève, sa jupe est prête, elle doit l'essayer. Elle hésite un instant entre enlever son pantalon tout de suite, mais elle se dit que ce n'est peut-être pas conseillé si elle veut qu'il reste du sang ailleurs que sur le visage de Ace. Elle met donc la jupe, par-dessus le pantalon, qu'elle enlève ensuite, tirant un peu pour le faire glisser. Elle l'envoie valser d'un coup de pied lorsqu'il est descendu. « Tada. » Elle tourne sur elle-même (prenant la quatrième position sans y penser), la jupe s'arrêtant un peu en haut de ses genoux, là où elle le voulait. Elle sourit, contente, puis elle se réinstalle sur l'herbe, aux côtés du jeune homme. « Aïe ! » fait-elle, se relevant d'un seul coup. Elle cherche au niveau de l'arrière de sa cuisse. « J'me suis assise sur mon aiguille. » explique-t-elle, montrant la coupable, qui s'est enfoncée elle ne sait trop comment légèrement dans sa peau. Elle se met à rire, se rassoit ensuite, aucune douleur. Elle plante l'aiguille dans le tissu qu'elle a coupé, se relève pour aller chercher le pantalon qu'elle a envoyé promener, et se réinstalle... et ne bouge plus, finalement.

Ace se met à rire et Poppy se dit que c'est un son qu'elle aime bien entendre, elle est contente qu'il soit produit à cause d'elle. Elle pense qu'il mérite de rire, surtout avec le passé qu'il semble avoir. Elle ne sait pas tous les détails, elle ne fait que se douter, avoir une vague idée, mais elle ne pense pas que ce soit important. Pas avec comment il se comporte. « Oh ! » Elle fait un grand sourire, se retient (comment elle y réussi, aucune idée) de se jeter dans ses bras une nouvelle fois. « Génial ! Tu me diras quand tu vas te sentir prêt. » En espérant que cela arrive un jour, sinon, elle va aller le lui rappeler. De toute façon, si elle a été capable de se retenir cette fois, ça ne veut pas dire qu'elle va réussir à le faire encore une fois elle ne sait quand.

Une fois rassise de façon plus confortable qu'avec une aiguille dans la cuisse, elle regarde Ace qu'elle a mis dans l'embarras sans le vouloir. Elle serre les lèvres l'un contre l'autre pour éviter de se mettre à rire devant l'air qu'il a. « J'vais essayer de plus rien faire de rougissant... » Elle ne sait pas trop comment elle va faire par contre. Elle cligne ensuite des yeux à une des remarques qu'il fait. Et hoche lentement la tête. « J'avais jamais pensé à ça, mais tu as raison. L'habitude ! » Ce qui tombe complètement sous le sens, avec les vestiaires, les changements rapides de costumes parfois, les essayages... ce n'est pas pour rien qu'elle est à l'aise quand elle ne porte pas grand-chose. « Puis, j'ai pas grand-chose à cacher. » Elle a vraiment tout dans les jambes. Ce n'est pas très grave, elle pense que le contraire serait assez encombrant pour certains mouvements.

Elle prend un air sérieux lorsqu'il se met à parler du pourquoi il n'est pas à l'aise. « Si tu veux en parler, ne te gênes pas. » Elle le propose, sans savoir si elle est la personne la mieux placée pour cela puisqu'elle, elle n'a aucun problème. C'est aussi une façon de lui indiquer qu'elle est là pour lui peu importe la raison. Ou pas, pas avec ce qu'il rajoute. « Euh... » Elle ne sait pas trop quoi répondre à cela, alors qu'elle sent son ventre se serrer légèrement. Elle ne sait toujours pas où se situer par rapport à Ace. Elle lève la tête pour éviter le regard du jeune homme, voit le ciel, les nuages. « Tiens, on dirait que le nuage a une forme d'éléphant. » fait-elle diversion, tout en se couchant dans l'herbe et en pointant du doigt le dit nuage. Voilà, c'est un sujet plus innocent.

« J'vais essayer d'y penser quand t'es là... » Ce qui fait beaucoup de données à prendre en compte pour quelqu'un d'impulsif comme peut l'être Poppy. Elle ne voudrait pas que Ace se retrouve trop souvent embarrassé, même si elle trouve que le rouge lui va plutôt bien. Le sujet nuage est donc un peu plus approprié, assez neutre et qui peut être assez drôle aussi. Elle, elle voit un éléphant, le jeune homme indique qu'il voit un camion australien. Elle regarde, plisse les yeux, bouge la tête... elle ne voit pas trop. « Ils ont des... trompes leurs camions ? » Son ton est incertain. On trouve des drôles de trucs en Australie, alors pourquoi pas ? Elle ne sait pas trop comment elle sait qu'il y a des drôles de trucs par contre, mais elle ne s'en fait pas. Ce n'est pas une première et certainement pas la dernière fois, malheureusement. Elle passe assez de temps à se prendre la tête, de temps à autre, à propos de cet endroit, elle n'a pas trop envie de le faire en ce moment, « T'as déjà été là-bas ? » Parce qu'elle, l'image est assez drôle à présent qu'elle a associé camion et éléphant dans sa tête. « Oups. » Elle se met à rire, parce qu'il ne peut pas vraiment se souvenir de s'il y a déjà été ou non, sauf exception. « On regarde peut-être pas le même nuage... car y'a un qui ressemble à un autobus à côté de l'éléphant. » Elle pointe les deux nuages, qui sont assez proches, mais qui ont chacun une forme particulière. Elle veut bien croire que son autobus puisse ressembler à un camion australien, mais pas que son éléphant puisse y ressembler. « Lui, on dirait une sorte de dinosaure. » Son doigt change de place une nouvelle fois. Elle ne pourrait pas dire quelle sorte de dinosaure, c'est peut-être même un iguane ou un crocodile. Les nuages font des dessins aussi flous que les siens et elle a l'impression que les nuages sont plus précis.

Elle cligne ensuite des yeux, frissonne sans trop savoir pourquoi lorsqu'elle voit un nuage qui ressemble à une arme à feu. C'est vrai que ce n'est pas très joyeux, mais c'est pour une autre raison qu'elle frissonne : un étrange sentiment de déjà-vu. « Ace... ? » fait-elle, son ton se fait plus sérieux et inquiet ; inhabituel pour elle. « J'ai fait un drôle de rêve y'a quelque temps et quand j'me suis réveillée en hurlant... j'avais des sifflements dans les oreilles et un peu de sans sous le nez. C'est un signe de quelque chose ? » Elle aurait pu en parler avant, mais elle a gardé cela pour elle, voulant l'oublier. Ce qui n'est peut-être pas une très bonne idée au final.

Poppy se met à rire à la réaction de Ace. Elle se doute bien que l'idée de camions avec des trompes doit être étrange, mais il semble avoir vraiment été surpris qu'elle aille eue cette idée. C'est vrai qu'en y repensant un peu c'est très étrange. Cependant, elle ne sait pas trop les sortes de camions qu'il peut y avoir en Australie et le jeune homme est plus renseigné qu'elle à ce sujet. « J'ai pas dû voir beaucoup de films australiens... et j'pense pas avoir été portée sur les documentaires. » Ou elle ne pense pas avoir eu le temps d'en regarder comme elle le souhaite. Plus elle a des souvenirs à propos du ballet, et pas grand-chose d'autres de sa vie, elle se dit qu'elle n'a pas souvent avoir dû le temps de faire d'autres activités. Tant pis, elle se rattrape en quelque sorte aujourd'hui, bien que le peu de choix n'est pas très intéressant. Il se met ensuite à rire lorsqu'il comprend qu'ils ne regardent pas le même nuage, et elle aime bien entendre ce son.

Malheureusement, autre chose lui vient en tête et elle doit en parler. Elle n'aime pas trop, surtout après avoir fait rire Ace, mais c'est peut-être important. Assez important pour qu'il se remette en position assise. Elle l'imite, se met face à lui, les jambes croisées. « Je l'ai fait juste une fois de ce que je me rappelle... » Elle ferme ensuite les yeux afin de mieux se remémorer, elle pense se souvenir de tout, mais elle préfère en être certaine. « J'étais...  j'étais dans la boue, j'avançais pas, il pleuvait, je savais pas quoi faire ni où aller... j'entendais des explosions, des tirs. J'me suis retrouvée dans une tranchée... j'entendais des voix mais personne me répondait et je savais pas où elles étaient. Je... je voyais leurs silhouettes, mais elles me voyaient pas non plus. Les explosions et les tirs ont augmenté... puis je me suis réveillée en criant. Avec les oreilles qui sifflent, la sensation de la pluie sur moi, mais sans pluie, essoufflée, en pleurant, et un peu de sang séché sous une narine. »

Elle frissonne, rouvre les yeux, elle a envie de pleurer juste à y repenser. « C'était tellement réel... j'ai pas pensé que c'était un rêve, mais que j'étais vraiment là... même là, on dirait un très mauvais souvenir... » Elle pince ses lèvres l'une contre l'autre, elle ne sait toujours pas quoi penser de cela.

Ace l'écoute sans ne rien dire, ce qu'elle apprécie. Poppy a l'impression que ce qu'elle dit n'est pas très clair et si en plus il l'avait arrêté d'une manière ou d'une autre, elle se serait encore plus perdue dans ses paroles. Elle essaie de tout dire, de ne rien oublier, ce qui est assez compliqué puisqu'elle a mis ça à l'arrière-plan dans son esprit. Pour une fois, trop concentrée sur elle-même, elle ne se rend pas compte des réactions du jeune homme à son écoute, il la laisser parler et c'est très bien pour elle. Lorsqu'il pose sa main sur son épaule, elle va poser la sienne et la serre légèrement. « J'sais... mais j'ai déjà eu des rêves très réels, avec des impressions après mais rien de physiquement comme les sifflements ou le saignement de nez. » Elle hausse les épaules, elle ne sait pas. Ce n'est pas elle le médecin. Elle a une sorte de base, elle s'en est rendue compte en se rappelant qu'elle était ballerine, niveau foulures et entorses, ampoules et petites blessures de toutes sortes, mais surtout par expérience que parce qu'elle s'en est intéressée. N'empêche, elle n'aime pas trop ce rêve. Elle a essayé de faire comme si de rien n'était, mais cela n'a pas fonctionné et elle veut en avoir l'esprit net à présent.

Elle aurait bien aimé que le moment reste aussi simple et léger, c'est plus dans ses habitudes et elle pense que le jeune homme n'en a pas souvent eu (mais elle ne le lui dira pas, ce n'est pas vraiment de ses affaires et elle peut se tromper). Il est trop tard pour reculer, sinon elle risque d'y repenser et elle n'aimerait pas vraiment vu l'état dans lequel cela la met. « J'ai pas saigné du nez depuis » Elle secoue la tête, ni avant, ni après, ce qui n'est pas très normal connaissance en médecin ou non. « Et j'veux bien. » Juste au cas, on ne sait jamais. Elle n'a senti aucun changement depuis, se sent toujours aussi bien que possible que ce soit physiquement ou moralement. Elle se sent comme avant et Aleksa lui redit la même chose à tous les matins, mais une vérification de plus ne peut pas faire de mal. Elle libère la main de Ace pour qu'il puisse l'examiner et attend, ne sachant pas trop ce qu'il comptait faire.

Poppy hoche la tête lentement. Un souvenir, non, elle ne pense pas, mais... « Moi non plus... mais on se souvient de rien de toute façon, ou presque. J'ai pensé que peut-être tout le monde avait été obligé de se battre avant et qu'on est ici car on est des survivants ou bien des ennemis ? Ou bien... que c'est le souvenir de quelqu'un d'autre ? On sait pas trop pourquoi on se souvient de rien... ils se sont peut-être mêlés avec quelqu'un d'autre... ou bien c'est peut-être juste une sorte de jeu de réalité virtuelle très réaliste... même si je me vois pas jouer à quelque chose comme ça, » Sauf pour faire plaisir à quelqu'un, naturellement. Elle hausse ensuite les épaules, tout cela peut être faux ou vrai avec le peu d'informations qu'ils ont. C'est peut-être aussi beaucoup trop tiré par les cheveux, cela ne serait pas la première fois qu'elle raconte des trucs qui n'ont pas trop de sens. Pour quelqu'un qui a essayé de ne pas trop y porter attention, tout lui revient assez vite en tête.

Elle opine ensuite la tête, et ferme les yeux pour laisser faire Ace elle ne sait trop quoi. Elle ne sait pas trop pourquoi elle ferme les yeux, probablement pour mieux sentir si elle va avoir mal ou non. Il se met à mettre des pressions, à tapoter son visage à différents endroits. Cela fait un peu mal parfois, mais ce n'est pas douloureux. « Hum... j'ai rien senti d'anormal. » fait-elle, rouvrant les yeux, lorsqu'il s'excuse. Elle secoue ensuite la tête, un petit sourire apparaissant. « C'est déjà gentil d'avoir accepté. » Et elle le pense. Elle s'approche ensuite rapidement pour déposer ses lèvres sur la joue du jeune homme, retient un rire. Elle se couche ensuite la tête dans l'herbe, regarde les nuages et met ses mains dans son dos : promis, elle ne va plus rien lui faire.

Ace ne l'arrête pas de parler, ne dit pas que ses théories sont ridicules ou trop perchées. « On a beaucoup de rigueur et on a plus de force qu'on pense. » fait-elle, riant. Certes, elle n'en a pas vraiment l'air, mais c'est parce qu'elle a été entrainée et s'est construite physiquement depuis l'âge de trois ou quatre ans (elle se rappelle avoir commencé jeune, mais elle ne peut pas dire exactement à quel âge), alors ça ne paraît pas. Elle endure aussi la douleur relativement bien. Sauf que entre la guerre et la danse, surtout le ballet et l'idée de tutu, il y a tout un monde. « Peut-être... » Elle ne sait pas trop, c'est une idée. Peut-être qu'elle s'est vue à la place du drone. Si elle refait un rêve de ce genre, elle va pouvoir s'y pencher plus et porter un peu plus attention. Elle n'espère tout de même pas en refaire un.

Elle remercie ensuite le jeune homme, l'embrasse sur la joue. Étonnamment, ce dernier ne rougit pas. Elle ne sait pas trop quoi penser. Est-ce que c'est parce que cela passe, mais pas les câlins ? Ou qu'il s'est déjà habitué ? Elle aurait bien voulu le voir rougir une nouvelle fois, mais s'il est plus à l'aide déjà, c'est tant mieux. Dans tous les cas, elle ne va pas tester, elle a l'impression de lui en avoir fait voir de toutes les couleurs déjà. « Promis. » Elle tourne la tête et sourit au jeune homme. Elle continue de regarder les nuages, recouchée sur le sol, et de dire à voix haute ce qu'elle pense voir. Rien de très compliqué ou inventif, mais elle aime bien. Tout comme le temps passé avec Ace, vraiment plus qu'elle ne l'aurait pensé.