Too good to be real | ft. F01-7

Too good to be real

« Mmh. » Un grognement, voilà le premier mot prononcé, tandis qu’un sentiment d’émergence vient ponctuer la difficulté de l’instant. Les paupières papillonnent, la bouche se fait pâteuse, et il te faut encore quelques secondes pour recouvrer tes esprits. Le paumé que tu es ne tarde toutefois pas à se redresser, te tirant d’un sommeil au sein duquel tu ne te souviens pas avoir sombré. Du moins pas aussi lourdement. Tu passes une main molle sur ton visage puis dans tes cheveux, usant de ce temps gagné pour acquérir une conscience pleine et totale, fortement recommandée. Et enfin, enfin, tu es éveillé, captant soudainement que les lieux ont changé. Loin de te redresser dans les draps, sommes toutes confortables, épurés et familiers de ton lit, tes paumes frottent une toute autre matière, plus particulière, plus moelleuse également. En fronçant les sourcils, tu finis par comprendre que tu as quitté ton matelas pour rejoindre un canapé, toutefois aussi large pour supporter ta silhouette dans sa totalité. « Qu… » Tu commences à t’interroger, te demande comment tu as pu finir dans ce coin, n’ayant, curieusement – ironie quand tu nous tiens – aucun souvenir d’avoir franchi les portes d’une telle pièce.

C’est d’ailleurs à cette pensée, celle d’une ouverture permettant l’accès à ce nouveau lieu, que tu relèves enfin la tête pour observer le reste du mobilier. Si tu ne l’as pas senti de prime abord, l’odeur, alléchante, de la nourriture exposée sur de nombreuses tables vient désormais t’agresser agréablement les narines. Par réflexe, ou par simple contre-coup psychologique, ton ventre en vient à gargouiller sans aucune discrétion. Portant ta main à celui-ci, tu te mords les lèvres, et tu détournes la tête, pour finalement poser tes yeux sur quelque chose, ou plutôt quelqu’un. Là, avec toi, se trouve une femme que tu ne penses pas avoir réellement connu depuis que tu es là. Peut-être l’as-tu croisé, peut-être pas. Toujours est-il que la brune semble aussi surprise que toi à se retrouver dans cette pièce, ma foi autant se le dire, bien trop accommodante. Entre la nourriture étalée, l’alcool qui semble autant couler à flot par le biais de bouteilles préparées, et ces bougies électrisées qui contribuent à une sorte d’ambiance tamisée, on dirait que la Ruche vous a préparé, à toi et l’étrangère, un rancard improvisé. A cette idée, alors, tu avales difficilement, ne sachant comment agir, quoi dire. Devrais-tu te rapprocher de l’inconnue ? Lui proposer de la servir ? C’est qu’il ne faudrait pas en oublier tes manières. « Hm… hello ? Bienvenue chez le traiteur de la Ruche, apparemment ? » Tu tentes de plaisanter, grattant ton crâne, un peu gêné. Oui vraiment, c’est presque un rendez-vous idéal. Il ne manquerait plus qu’un écran géant pour peaufiner la parfaite petite soirée de cinéma rien que pour vous deux, et vous rempliriez le parfait cliché des amoureux transis un soir de Saint Valentin. Si tant est-il que tu puisses seulement comprendre le sens de ce nouveau délire.

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La brune avec toi semble aussi surprise de ce que vous réserve la Ruche. T’es assez rassuré quand tu constates son état, te sentant un peu moins con d’être ainsi pris au dépourvu. Ce n’est toutefois pas la première fois que vous vous réveillez dans un endroit sans souvenir, alors peut-être que vous devriez prendre le pli de cette apparente mauvaise habitude. Toujours est-il que ton souffle est de suite bien plus détendu lorsque l’inconnue te rend tes regards et s’exclame, presque enjouée par ces mets préparés. Toi aussi, mon vieux, tu dois bien admettre que t’es contenté par tout ça. D’immenses canapés, des tables à n’en plus finir, avec un énorme buffet à volonté, que demander de plus ? Mais c’est si suspicieux que vous ne pouvez totalement vous en réjouir. « C’est presque trop beau pour être vrai… » Tu chuchotes à ton tour, encore indécis quant à l’attitude à adopter. D’un côté, t’as envie de croire qu’on vous a préparé un truc sympa, histoire de vous féliciter. De quoi, t’es pas bien sûr, mais ça changerait certainement des derniers jours éprouvés, à douter de tout et de n’importe quoi. Et puis vous avez survécu à une sorte de tremblement de terre, ce n’est pas rien quand même. Imitant l’étrangère, tu t’apprêtes à te servir une tranche de ce qui ressemble à un poulet rôti, quand elle t’interpelle. Sa crainte est justifiée et toi aussi tu te figes, avant de la regarder en te mordillant les lèvres. « Je crois bien qu’on a qu’une seule manière de le savoir. » Tu fais, comme si t’avais vraiment la bravoure nécessaire pour tenter le tout pour le tout. Et faut croire que oui, car tu te mets à déguster un petit morceau de poulet, non sans prendre le temps de le couper religieusement. Tu fermes les yeux alors que tu mâches lentement, repoussant le moment où tu dois avaler la nourriture pour enfin l’ingérer. Tu restes immobilisé, quelques secondes, avant de pousser ta tête en arrière, et d’y laisser filtrer un sourire, t’égosillant presque : « Ptain gke ché bon ! » Tu achèves ta bouchée, et tu reportes ton regard pétillant sur l’inconnue, l’encourageant même : « Ecoute, si c’est ça notre repas de condamné, je suis pour. » Tu t’apprêtes à te servir à nouveau, lâchant même un : « Tu ne crois pas qu’on mérite une petite coupe ? » avant de te souvenir. Ce flash que tu as eu, en repoussant ton crâne en arrière ? Attends voir un peu… « Tu vois ce que je vois ? » T’aimerais bien l’appeler par son nom, mais tu te souviens que tu la connais pas. Alors tu la tires par le bras, espérant qu’elle n’en lâche pas une bouteille au passage, et désigne le plafond. Ou plutôt cet écran de cinéma géant découpé en plusieurs images différentes, donnant un aperçu sur… beaucoup de choses, à priori.

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Bon, bah la soirée n’est pas si terrible, finalement. T’es plutôt contenté de te trouver là, à boire du champagne et manger du poulet, enfoncé dans un canapé. Même si t’as pas encore vraiment profité de ce buffet de chef, tu es emballé par ce réveil imprévu, mais ma foi bien plus agréable que ton tout premier en ces lieux étranges. Décidément, c’est tout l’un ou tout l’autre ici. Soit ça passe, et vous êtes traités comme des princes, soit ça casse et les châtiments tomberont d’une manière ou d’une autre. A noté dans ta tête, peut-être que tout ça est lié à votre comportement ? M aurait-elle eu raison en pensant à une expérience sociale ? Mmm, voilà qui mérite réflexion.

Mais t’es pas là, ce soir, pour ça, du moins pas de prime abord. Tu souris bien volontiers à la demoiselle qui s’apprête à vous servir en liquide doré, quand vous captez tous les deux la réalité de la situation. La votre ? Elle est très bien, vous êtes posés comme des grands dans un immense salon avec des tables à n’en plus finir. Les autres ? Vous pouvez voir qu’ils sont tous casés dans des pièces ultra petites, pour ne pas dire aussi étroites que des cercueils. Et chaque salle accueille deux personnes, qui ont l’air aussi abasourdies que vous. A ceci près qu’elles sont plus en difficulté que toi et l’inconnue. Comme la brune à tes côtés, tu plisses les yeux, et tu cherches à discerner les visages de ceux qui vous entourent. « Mais oui, tu as raison ! Là c’est ma colocataire aussi ! » fais-tu en pointant 991 du doigt. Mais tu te rembrunis quasiment aussitôt : « Et ça, c’est M. Avec Rouky. Je me demande ce qu’ils font, ce qu’ils se disent… » Parce que la voir piocher dans le plat du garçon avec une familiarité naturelle te déconcerte, voire te déplaît fortement. Tu dérives ton regard, avalant difficilement ta salive pour une raison qui t’échappe, avant de manquer de t’étouffer. « Attends, tu vois ce que … je pense voir ? » Tu désignes deux grands gaillards, que tu connais de visu simplement à cause de leurs carrures imposantes. Tu penses bien sûr à Doc et un autre bourdon, 45, qui semblent tous deux profiter de la plus radicale des façons de leur rendez-vous improvisé. En haussant les sourcils, tu te demandes un bref instant dans quoi vous êtes tombés. Et t’as l’air de réaliser. « Mince, ce serait quoi… soirée romantique pour tout le monde ? » Tu pensais bien au terme de rencard plus tôt, mais c’était une blague dans ta tête. C’est donc réel ? « Wow, mais qu’est-ce que ça veut dire ? Et pourquoi nous on est aussi bien placés comparé aux autres ? » Que de questions, et de doutes supplémentaires. Tu en retombes sur ton canapé alors que tu réponds à la femme, qui se présente sous le nom de 7. « Enchanté, moi c’est 210. Mais je travaille sur un surnom, les chiffres deviennent compliqués à retenir par ici, tu trouves pas ? » Et t’as bien quelques idées en tête, mais toutes s’assemblent à des références policières. Voilà qui en devient particulier.