I solemnly swear that I'm up to no good

626 n'aimait pas cette ruche mais pour ceux le connaissant un peu, c'était déjà une évidence. L'entre deux ne semblait pas exister dans cet endroit et c'était à en devenir fou. Certaines journées étaient rythmées par des choses improbables comme une fontaine déversant de l'alcool ou bien un ancien prisonnier faisant un trou mortel dans l'infirmerie et le reste du temps, c'était l'ennuie le plus total qu'on puisse connaitre. Mais aujourd'hui ça avait dépassé tout ce qu'il aurait pu imaginer. Pour la première fois, des personnes étaient mortes dans la ruche. Pas comme quand les gens disparaissent et qu'on soupçonne qu'ils le sont sans en être sûr non. Il ne put s'empêcher d'avoir une pensée pour son ancien colocataire et laissa échapper un soupire. Non, là ils étaient morts dans la ruche et certains avaient pu voir les cadavres. Pour sa part il était dans son logement à ressasser de noires idées lorsque ça c'était produit et ne pas avoir assisté à tout cela lui allait bien. Mais les gens n'ayant parlé que de ça toute la journée, il était aussi bien renseigné que n'importe quel témoin de la scène.

Lors de son récent passage en prison, 626 avait eu la certitude que sa dernière heure était venue. Certes il s'était trompé, mais il se souvenait du sentiment atroce que cela pouvait être et ne pouvait s'empêcher d'imaginer les derniers instants des deux malheureux morts aujourd'hui. Foutu créateur. Rien de tout cela n'arriverait sans cet être abjecte et ses délires de psychopathe.

Comme souvent lorsque sa tête était trop pleine, il se plongeait dans ses carnets. Et depuis sa discussion plus que tendue avec 903, c'était souvent. Ce soir, il s'était de nouveau mis à la recherche d'un surnom. Parce qu'au fond, 626 représentait tout ce qu'il détestait. Un matricule attribué par le système qu'il haïssait tant palliant à l'identité qu'on lui avait volé, ne faisant de lui qu'un numéro parmi tant d'autres. Utilisable et jetable selon l'envie. Mais il s'était avéré que trouver un surnom était plus difficile qu'il n'aurait pu l'imaginer, surtout lorsque l'on ne se connait pas soi-même.

Mais là, il touchait au but. De nombreuses informations parsemaient sa page. Malgré les rayures, on parvenait à lire "Dépendant à l'alcool". Il avait décidé de ne pas le prendre en compte pour ne pas que cela le définissent. Non, la piste qu'il avait décidé de suivre était lié à un de ses tatouages. Noté en gros, le nom de Frank Sinatra dont il avait le portrait sur le bras. La bibliothèque étant bien fournie, il avait réussi à trouver un ouvrage parlant brièvement de l'homme en question. Un grand chanteur parmi les grands semblerait-il. Peut-être se l'était-il gravé sur la peau parce qu'il s'agissait de son grand-père ? Auquel cas, il avait pensé à se renommer Sinatra ou Sin, pour les intimes. Mais il était vite passer à autre chose en découvrant que l'homme avait réuni quelques unes des stars les plus populaires de son époque pour monter quelque chose qu'il avait décidé d'appeler "Le club des Rats". Ça aussi, ça lui parlait.

Sans bien savoir pourquoi, chaque fois que l'image d'un rat lui était venu en tête, il s'était senti étrangement enthousiaste. Ce qui l'avait naturellement mené à la lecture d'un ouvrage sur ces animaux. Du moins un qui en traitait brièvement, faute de pouvoir en trouver un entièrement à leur sujet. Et plus il en découvrait sur eux, plus il se surprenait à les aimer. Tout comme lui, les rats semblaient avoir mauvaise réputation et être mal vu par l'avis public. Ils étaient réputés pour être très curieux, malins et débrouillards. Très doués pour se tenir hors de la vue des autres, évitant ainsi les ennuis. De vrais survivants et ça lui plaisait. Ce fut lorsqu'il arriva à la dernière ligne qu'il su avoir enfin trouvé son surnom. "A group of rats is called a mischief". Le double sens du mot était la cerise sur le gâteau.