Canopy of heaven. || Ft. H04-9

Un coussin. Une couette. Un livre sous le bras et ma tête déjà dans les étoiles. Quelques jours se sont écoulés depuis notre première conversation au sujet des étoiles, avec 9. Quelques jours et un peu plus, d'ailleurs. Il a fallu nous montrer patients. Attendre que la lune soit haute dans le ciel pour mieux travailler. Mieux observer. Mieux comparer, surtout. Et je dois dire qu'outre l'expédition au court trajet, je suis surtout excité de dormir à nous à la belle étoile. Bizarrement, ou pas, le plafond de ma chambre parait bien triste maintenant que j'ai expérimenté le camping sauvage dans la Ruche.

Il fait noir dans la Ruche. Les lumières se sont éteintes depuis déjà un petit moment. J'avais préparé mes affaires avant l'extinction des feus, prévoyant, mais ai tout de même fais l'erreur de penser avoir le temps de prendre une douche. J'ai fini aveugle, mais j'ai fini quand même. Je me suis habillé comme j'ai pu, ai manqué de tomber deux fois, et ai fini par me mettre en marche. Longer le balcon n'a rien de bien compliqué. Il suffit de suivre la rambarde. L'ascenseur a le petit écran tactile pour l'activer, ce qui rend son utilisation plutôt simple également. Traverser la salle commune jusqu'au couloir, en revanche, est un petit parcours du combattant, mais il suffit de rejoindre les banquettes, puis le mur, et le longer ensuite. Ensuite, le couloir est tout droit jusqu'à la lumière céleste. Une délivrance, comme une bouffée d'air pur, même si je sais que tout est fermé. Cela dit, la lumière n'est pas bien forte. Sur le coup, occupé à m'installer, je ne m'en suis pas préoccupé.

D'abord, j'ai étendu la couette au centre du parterre d'herbe. J'ai déposé le bouquin à côté, puis l'oreiller sur le bord. Enfin, comme un imbécile, j'ai réalisé avoir enfilé ma chemise à l'envers et étais entrain de la retourner lorsque des pas se sont fait entendre dans le couloir. D'un regard, je reconnais la silhouette de 9. Ses épaules basses et ses cheveux tombants. - Bonsoir! - Lui lancé-je d'un ton bas malgré l'engouement. Ton inutile vu que nous sommes seul, mais un réflexe dû à l'obscurité. - Viens. Installe-toi là. - Je me bas avec une manchette qui refuse de se retourner, mais lance tout de même un sourire à 9. - Alors, prêt à profiter des étoiles?

Ouais ! J'ai même fait une sieste dans la journée, histoire de pas m'endormir tout de suite. Ce serait dommage ! - Mon sourire se fane en un air concerné. - Ah. J'ai pas pensé à faire ça. - Commenté-je tout en finissant de me rhabiller. Je hausse finalement les épaules et prend un instant pour décaler ma couette afin de recouvrir un peu la sienne. Si jamais elles bougent dans la nuit, au moins on ne se retrouvera pas à moitié sur l'herbe. Encore qu'il n'y a rien de mal à ça, mais bon. C'est plus confortable comme ça. Et il n'a pas oublié le carnet de note. Parfait.

Alors, on fait comment, on se partage le ciel ? - J'esquisse un sourire, jette un œil vers le couloir puis me laisse finalement tomber à mon tour. - C'est presque poétique, dit comme ça. - On aurait bien à faire si on devait gouverner un bout de ciel chacun. - Dis-je en me débarrassant de mes chaussures. - Je pense qu'il vaut mieux qu'on regard tout le plafond. Ce n'est pas si vaste, au final. Autant s'assurer qu'on ne rate rien. - Je glisse le livre au milieu également, pour qu'il soit à portée de main. - On ne sait jamais. C'est fréquent, de chercher quelque chose tellement fort qu'on l'ignore, alors que c'est juste-là sous nos yeux.

Attrapant le cahier que 9 a ramené, je l'ouvre et égraine les pages déjà utilisées, sans lire, pour atteindre les pages encore vierges. Je dépose le crayon dans la tranche pour marquer la section où nous allons prendre nos notes, et le referme. Patience. Le moment viendra sous peu. Il faut dire qu'il suffit de lever les yeux et commencer. - J'ai passé la journée à finir de mémoriser les constellations, donc je te laisse le livre. - Dis-je en me laissant aller en arrière, la tête bien enfoncée dans l'oreiller et le regard ininterrompu, plongé dans les étoiles. - C'est quand même magnifique. J'adore cette vue. - Même si je n'ai pas encore pleine réalisé que, sous mes yeux, alors que je cherche et regarde si fort, quelque chose cloche.

Nos cerveaux ne fonctionnent effectivement pas de la même façon. Les hémisphères principaux différents de l'un à l'autre. J'ai un esprit très intellectualisé. J'en ai conscience. Lire, apprendre, savoir, recracher ces connaissances d'une façon ou d'une autre. Je me galvanise de ces lumières, parfois à en oublier que mes pieds sont sur le sol et pas au plafond. 9 a des difficultés à lire. Accéder à la connaissance est plus compliqué pour lui. Pour autant, il ne manque en rien d'intelligence. Contrairement à moi qui accumule une intelligence extérieure, il a développé une intelligence intérieure. Un savoir pratique. Une sagesse de vie. Dormir en anticipation d'une longue nuit ne m'est même pas venu à l'esprit. Mais s'il avait été capable de lire aisément, aurait-il tout de même passé sa journée à mémoriser les constellations et les étoiles?

94. - Je tourne la tête. Ses yeux exorbités fixent le ciel. Son corps tendu. - 94, y a pas de lune. - Je fronce les sourcils, lève les yeux. Effectivement, voilà ce qui manque. Pour autant, cette réalisation ne me fait pas bondir sur mes pieds et tourner en rond. Lui, en revanche, le voilà qui fait les cents pas dans l'herbe. - 9? Tout va  bien. Il est encore t... - Elle devait être là ! Y a pas lune... C'est pas possible ! On s'en fout des étoiles ! - Je le regarde tourner et virer durant ce qui parait une éternité avant de voir sa main sur son bras. Les mouvements des doigts dans la pénombre. Tic nerveux évident.

Ni une ni deux, me voilà également debout. - 9. Arrête. - Je me rapproche, hésite à le toucher ou à me mettre dans la tranchée de ses pas répétés. - 9. Il est encore tôt. Elle n'est peut-être simplement pas encore visible pour nous à cause des hauts murs. - Le ciel est clair. Pas un nuage à l'horizon. Les étoiles sont tellement nettes qu'on pourrait les compter. Pourtant, même avec l'orientation des rayons et les hauts murs, la clarté lunaire devrait offrir plus de visibilité que ça. J'en ai bien conscience. J'essaye simplement de le calmer. Apaiser la crise avant qu'elle n'aille trop loin. - Tu vas te faire mal. - Dis-je en posant à nouveau les yeux sur ses doigts qui grattent grattent grattent. Je tends la main vers celle-ci. - Tout va bien. On a le temps. Et si... Et si tu prenais une profonde inspiration, hein? Inspire. Cherche loin. Sent l'air infiltrer tes poumons. - Main toujours tendue, l'autre accompagne le mouvement imaginaire de l'air qui descend. - Garde-le en toi. Il est tient. Puis laisse-le aller. Laisse ton souffle s'étendre jusqu'aux limites de la salle. Doucement. - J'attends, j'espère, toujours qu'il me donne sa main. Une façon de l'empêcher de gratter encore plus fort. Déjà la rougeur de la peau est visible. J'aimerais autant éviter qu'il se fasse saigner. - La nuit n'est pas encore terminée.

Rien à faire. Ma tentative de le calmer via la respiration échoue lamentablement. Je me sentirais con si je n'avais pas plus important sur les bras que mon propre ego. Il a raison, bien sûr. On devrait voir plus clair que ça, même si la lune n'était pas visible au-dessus de nos têtes. Pleine, ses rayons devraient noyer cette colonne d'une lueur pâle. Nous montrer l'herbe et la terre d'un gris nocturne. Au lieu de ça, tout est sombre. Je vois autour de moi avec une difficulté que je niais jusque-là.

Mais... et les étoiles, je saurais pas dire, mais elles sont bizarres. Ce ciel... Ce ciel ne va pas ! Ce n'est pas naturel ! C'est pas normal ! - Le ton qui monte. La frustration qui s'exprime. Quelque chose de plus profond qui chercher à revenir à la surface. Les étoiles n'ont rien de bizarres. Le ciel, dans son ensemble, ne me semble pas si impossible. Simplement cette mystérieuse lune qui se fait désirer. Je serais bien incapable de justifier une explication avec des arguments concrets. Comment le pourrais-je? En trouvant une constellation dans le ciel? J'ai plus urgent sous les yeux pour le moment. - ...Ça sert à rien... On sortira jamais...

Le voilà qui tombe au sol. Jambes repliées. Têtes enfoncées entre ses mains. Le dos rond montre les prémices de pleurs étouffés. En une fraction de seconde, ma prudence de ne pas le toucher s'envole. - Bien sûr qu'on va sortir... - Dis-je d'une voix douce en m'installant à côté de lui. - Il faut seulement être patient. Ne pas perdre espoir. - Doucement, je glisse mon bras sur ses épaules et l'attire contre moi sans pour autant forcer. Une simple pression, pour lui intimer que je suis-là, mais libre à lui de refuser. - On en apprend tous les jours. On se souvient un peu plus de notre passé en permanence. Regarde, hier encore, je ne savais pas ma date de naissance. Aujourd'hui, je peux te dire être un Bélier. - Regard rivé vers le mur tout en me balançant doucement d'avant en arrière en un mouvement étrangement apaisant, je continue d'un parle d'un ton calme. - Je m'en suis souvenu en étudiant la constellation. Je ne m'y serais jamais pensé si on avait pas planifié tout ça. Donc c'est toi que j'ai à remercier pour ce souvenir. - J'expulse un soupir, pensif. - Je sais, c'est pas grand chose, mais c'est la preuve que malgré tout, on continue d'avancer. Qui sait si demain on n'aura pas le souvenir de quelque chose de plus utile à notre situation?

C'est les étoiles ça... C'est pas moi... - Je secoue la tête en le gardant contre moi. - Bien sûr que c'est toi. - Etudier la constellation a généré le souvenir, c'est vrai, mais je me connais. Je n'aurais probablement jamais ouvert ce livre sans son intervention. Sans son idée. Sans notre soirée camping qui ne fait que démarrer et qui parait déjà avoir duré des heures. J'ai l'impression de tenir un enfant blessé entre mes bras. Ma mère m'a-t-elle un jour tenu ainsi? Mon père, peut-être? - Et... Et si ça n'arrive jamais ? - Avec des Si, on peut refaire un monde.

Balancier apaisant, je glisse une main innocente dans ses cheveux. Doigts doux. Massage instinctif. - Et si on mourrait tous demain? Et si le toit s'effondrait? Et si la nourriture nous empoisonnait? Et si on était tous des meurtriers en série dans une expérience grandeur nature? - Mes yeux roulent. Mes sourcils se froncent. Théorie crédible. Réflexion pour plus tard. - Ou alors... - Je le force à relever un peu sa tête, essuie ses larmes d'un pouce adroit. - Et si on trouvait une porte? Et si on résolvait l'énigme? Et si on venait nous libérer? Et si on recouvrait notre mémoire avec le temps et qu'on comprenait enfin ce qui se passe? - Après tout, pourquoi pas? Je ne suis pas certain que ce plein d'espoir soit très naturel pour moi, mais je préfère autant ça que m'imaginer mort dans un coin, à la fin de l'éternité ou au début de la suivante.

Tu comprends ce que je veux dire? - Les regards se croisent. - "Et si" est une phrase magique. Elle s'adapte à ce que tu désires. Et ce que tu désires revient à faire un choix. - Desserrant mon étreinte, je me relève, époussette mon auguste fessier de quelques brins d'herbe, et fais deux pas pour retourner aux couettes. Là, je me laisse tomber avec légèreté et tapote sur son côté. - Moi je fais le choix de voir le verre à moitié plein. De croire qu'on va s'en sortir, d'une manière ou d'une autre. La lune est en retard? Il y a une explication. Il y en a toujours une. Qu'est-ce que tu penses de venir-là et essayer de la découvrir?

Je n'ai pas attendre bien longtemps. 9 se lève presque immédiatement, comme une obéissance passive, et me rejoins. Une fois installé, je me laisse aller en arrière et laisse mon crâne s'enfoncer dans l'oreiller replié en deux. D'un geste ample, je me couvre de la couette. Une jambe dedans, repliée. Une jambe dehors, tendue. Les bras croisés sous ma tête et un œil porté sur 9 entre deux étoiles. - Une explication... - Mon regard se perd dans la voûte céleste. Les clignotements de chaque point lumineux. Combien de temps a-t-il fallu pour que cette lumière nous atteigne? Si ces rayons ont pu nous rejoindre, alors pourquoi la lune se fait timide? - Le ciel nous ment.

Sourcils froncés. Vide entre mes deux oreilles. En d'autres temps, d'autres lieux, je me serais probablement inquiété de cette personnification du ciel. De cette crise de larmes face à une aberration. Étrangement, la situation met en perspective bien plus qu'une simple complication. Cet endroit a ses propres règles. Peut-être que le fonctionnement de ses habitants réponds à de nouvelles constantes. De nouvelles variables. De nouveaux codes.

Un mensonge. De quel type? De quelle importance? À quel but? Une nouvelle variable de contrôle? Ou une nouvelle expérience? Les deux? Tant de questions soulevées par un simple doute. Mais je ne devrais pas m'en étonner. Un simple doute peut ébranler toute certitude. Aussi grande et solide puisse-t-elle paraître. - À quoi est-ce que tu penses? Comment est-ce qu'on aurait pu cacher la lune? - Demandé-je en observant la voûte céleste. Certes, la lune y est absente et devrait être là, pleine et belle, mais le reste semble commun. Véridique. Cohérent? Les étoiles sont-là, pulsantes. Désordonnées. Nombreuses. Comme une cascade de lumière scintillante. - On s'est peut-être trompé, aussi. J'ai pu te donner la mauvaise position de la lune pour tes calculs. - Mais nous savons tous deux que j'ai une bien meilleure mémoire que ça. - Regardes les étoiles. On va bien trouver une constellation pour nous rassurer.

Cassiopée est là. - Il a au moins réussi à se calmer le temps de plonger son attention dans la voûte céleste. Cassiopée? Je lève les yeux en suivant son doigt, fronce les sourcils. Cassiopée est une constellation en W aux angles larges, entité céleste nommée d'après la reine Cassiopée qui a insulté les Néréides et déclenché la colère du dieu Poséidon. - T'as une constellation préférée toi ? Ou une étoile ? Je connais pas toutes les histoires, mais j'aimerais bien. - Je te les lirais, si tu veux... - Fais-je, distrait.

Mes pensées sont ailleurs, perdues dans les étoiles. Je me hisse sur mes coudes, bouche entrouverte. - Je crois que tu as raison. - Finis-je par dire après quelques secondes. - Le ciel nous ment. - Cassiopée s'est évadée de sa prison astrale, absente du ciel. La Petit Ourse devrait se trouver dessous, mais quoi que semblable, ce que je vois n'est qu'un assemblage hasardeux d'étoiles. - Ce n'est pas Cassiopée. - Pas de W large. Pas de petite casserole. Pas de Céphée à son bras. Même en allant vite, je devrais être capable de repérer quelques étoiles plus fortes que les autres et deviner une forme familière. Au moins une. Pourtant, où que je regarde, les étoiles fortes ne dessine rien que je ne reconnaisse.

Le cœur s'emballe et le cerveau fulmine. Le ciel nous ment. Comment? Comment est-ce possible? Préférant rediriger cette énergie, je l'envoie dans mes mains qui s'emparent du carnet de note de 9 et commencent à griffonner. Point par point, je reporte ce que je vois. J'essaye, en tout cas. C'est une tâche impossible, mais si les navigateurs de l'histoire étaient capables de créer des cartes du ciel par simple observation, il n'y a aucune raison pour que je n'en sois pas capable non plus. J'y perdrais un œil ou deux, dans le pire des cas. Rien de grave.

Hé... On perd rien à tout noter hein, mais... Peut-être que ça sert à rien ? - Je secoue la tête sans cesser de travailler. - Tout est toujours bon à noter. - Le mensonge n'est qu'une autre vérité. Peut-être que ce ciel est différent, ou peut-être qu'il est faux. Dans les deux cas, enregistrer ce qu'il dit est toujours une bonne chose. Au pire, ça permet de ne pas oublier. - On n'a pas de lune, et tu dis que c'est pas Cassiopée alors... Soit c'est pas le vrai ciel, soit... C'est pas la vraie Terre ?

L'un ou l'autre. - Dis-je, concentré. Sur le papier, j'ai dessiné un grand cercle représentant la forme du plafond de verre. Divisé entre quartiers, j'essaye de représenter les étoiles les plus brillantes. Placer toutes ces loupiotes serait impossible à la main, mais reporter les principales pourrait nous donner de quoi chercher. - Dans les deux cas, on apprend quelque chose. - Devrais-je être un peu plus alarmé à cette idée que nous ne nous trouvons plus sur Terre? Je suppose qu'un pourcentage de déni s'occupe de ça. Me concentrer sur la tâche pour mieux ignorer la réalité. La vérité, c'est qu'on en sait rien. Nous n'avons que nos yeux et ce qu'ils nous montrent, et quand on a une IA qui se téléporte magiquement n'importe où, je doute qu'un ciel menteur soit si incroyable. Ça l'est, bien sûr, mais mon déni s'occupe de ça aussi.

J'essaye de relever les étoiles les plus fortes pour deviner leurs constellations. Et demain on pourra les étudier et les comparer à celles du livre. - Le papier si proche des yeux que j'en sens l'odeur, je l'éloigne un instant pour tourner la tête vers 9. Mauvaise idée, mon focus change et il me faudra me réhabituer à observer le ciel. - Que ce soit vrai, faux, ou différent, je pense que c'est important de tout relever. On pourrait en apprendre énormément sur notre situation et l'extérieur en étudiant ce ciel.

Je vais essayer de les mémoriser aussi, même si c'est pas évident. J'y vois pas assez pour lire ou noter des trucs... - Ouais, je monopolise le carnet. J'y vois probablement pas beaucoup mieux, mais j'arrive à être précis malgré la pénombre. Question d'habitude. - Dis-je, concentré, sans détourner le regard du ciel. J'ai déjà fais cette erreur. Une fois suffit.

Je crois aussi qu'il faudrait revenir, noter les étoiles d'une nuit sur l'autre, pour voir comment tournent les constellations. Et la lune aussi. - Oui, je pense que tu as raison. La lune était-là, on l'a tous vu, donc son cycle est peut-être différent. C'est peut-être un indice. Et les étoiles, aussi. On peut calculer leur position et leur déplacement. - Je ne me sens pas l'âme d'un mathématicien, mais je sais compter, 9 aussi, et je suis certain qu'il y a des bouquins sur le sujet dans la bibliothèque. - Savoir est toujours utile.

Reporter les étoiles prend du temps, et de l'énergie. Surtout, ça use les yeux. Bêtement, je me force à continuer de peur que demain, le ciel soit différent. Comme si rien ne tenait longtemps. C'est le ciel, comment pourrait-il changer? Et d'un autre côté, il l'a déjà fait, alors pourquoi pas une seconde fois? Alors je tiens bon, et 9 est de bonne compagnie, mais quand ma vision se fait floue et que les étoiles se dédoublent, je comprends qu'il est temps de m'arrêter. Faire une pause. Fermer les paupières un instant.

9 et moi avons dormis-là, comme prévu. Ce soir-là, et plusieurs autres. Cartographier le ciel, s'assurer qu'on a pris les bonnes images, découvrir le cycle inversé de la lune qui a perturbé le brun, ou encore profiter de sa lumière pour qu'il fasse ses propres cartes. Mieux vaut deux paires d'yeux qu'une seule. Savoir est toujours utile. Allez deviner ce que ces nouvelles informations pourront apporter.