Installe-toi et raconte-moi ! ft. Starbuck

J’entre dans l’ère commune alors qu’un petit groupe en sort. On se croise à peine deux secondes. Mais j’ai le temps de capter leur sujet de conversation. Bien sûre ils parlent de ce qui est arrivé dans l'infirmerie. Le sujet est sur quasiment toutes les lèvres depuis hier. C’est choquant… Une explosion ici. On a déjà eu quelques choses de surprenant, entre les fontaines et les mystères. Mais ça atteint un autre niveau quand ça met la structure en péril. Après tout, on ne sait pas du tout ce qu’il y a en dehors de la Ruche; La question se pose donc… serait-on en sûreté en dehors de ces murs ?

Je vais ranger le recueil de contes que j’ai finis en début d’après-midi. Je ne sais pas encore ce que j’ai envie de lire maintenant. Je vais me laisser la fin de journée pour trouver une idée. Je viens me poser sur un coin de canapé en attendant 66. Enfin, je ne dois plus l’appeler comme ça d’après ce qu’elle m’a dit. Quel alias a-t-elle choisi ? Je lui ai fait des suggestions qu’elle n’a jamais pris. Je me demande ce qui a eu son assentiment…

_“ Coucou! ”

Je me lève pour accueillir son approche de la zone. Je sens le sourire venir sur mon visage de façon automatique. Les choses ont été un peu compliquées entre nous depuis quelques jours. Mais ça ne retire rien à cette amitié que je ressens pour elle. Je viens lui prendre un bras pour l’attirer avec moi. Je lui fais la bise rituelle. Je la regarde attentivement, dans tout son ensemble.

_“ J’ai encore manqué une folie ! J’ai eu quelques échos de Sixteen. Mais que s’est-il passé ? ” Je viens dégagé son visage d’une mèche rebelle. Je la replace derrière son oreille, tranquillement. C’est devenu naturel avec elle. Probablement parce qu’elle est la seule avec qui je partage une sorte d’intimité.

_“ J’ai proposé mon aide. Mais Doc m’a dit que ça irait. … Ca ira ? ” Je sais qu’elle me dira les choses sans détours.

Installe-toi et raconte-moi

La journée d’hier à bouleversé nos vies et la vie de la ruche. Qui aurais pu croire, hier matin au réveil, qu’en moins de 24 heures, l’infirmerie serait détruite, Rouky aurais disparu et Friday enlevé par les gardiens de cette prison. J’ai passé mon après-midi d’hier à me reposer et à repasser en boucle les événements de la matinée et leurs conséquences sur la Ruche ou sur moi. Les décisions prises par Rouky et Sixteen ont fait ressortir des souvenirs, des sensations qui finalement m’ont aidé. Un sourire s’était plaqué sur mon visage lorsque j’avais reçu le message d’Ivy qui voulait prendre de nos nouvelles et voir si elle pouvait être utile. Hier, je n’étais pas en état de la rencontrer, je devais gérer avant tout la douleur liée à mon nez cassée. Doc m’avait redressé le nez et l’avais immobilisé avec les moyens du bord pour qu’il se ressoude le plus droit possible, mais il ne pouvait rien faire pour la douleur. J’avais enfin réussi à dormir à peu près correctement et pour la première fois depuis mon arrivée ici j’avais enfin fait une nuit sans réels cauchemars. Je m’étais donc levée assez reposée, ce qui m’avait permis de gérer le passage de F404 à l’appartement pour le massage que je lui avais promis. Malgré les courbatures, elle avait réussi à ne pas tenir en place pendant son massage. Cette gamine est pleine d’énergie et épuisante, mais elle est attachante.

En début d’après-midi, je traverse la salle commune, l’ambiance est électrique, la majorité des discussions parlent de ce qui s’est passée hier. Je repère rapidement Ivy assise sur un des canapés de la bibliothèque. Sa chevelure flamboyante ne lui permet pas de passer inaperçue. J’ai une petite boule au ventre en m’approchant, ces derniers jours l’ambiance a été un peu tendue entre nous. Nous avons continué à faire du sport ensemble, mais c’est la première fois que nous allons nous retrouver pour discuter. Notre complicité d’antan me manque et je suis heureuse de la retrouver. Lorsqu’elle prend mon bras et qu’elle m’attire vers elle pour me faire la bise, la tension quitte mes épaules et je lui souris, heureuse de la retrouver comme avant. « Hello ma belle, comment vas-tu ? » Je la laisse m’observer. Je  ris en l’entendant parler de folie. « Ce sont mes supers hématome sous mes yeux et mon magnifique nez qui te font penser à ca ?» Elle écarte une de mes mèches de cheveux et la positionne derrière mon oreille comme elle avait l’habitude de le faire et je savoure notre complicité retrouvée.

« J’arrête de blaguer promis. Viens, on va s’asseoir, je vais tout te raconter. » Je l’entraîne vers un des canapés et j’attrape un des plaids de couleurs qui y traînent depuis 2 jours. Je m'assois en tailleur face à elle et pose le plaid sur nos genoux. « Mais avant tout, je te rassure, Doc va bien et moi aussi à part un nez cassé. » Je sais qu’elle à besoin de l’entendre pour se rassurer et je n’ai aucune raison de lui mentir.
« Dis-moi ce que tu sais et je comblerais les trous.»  

Je lis dans ses yeux la petite appréhension qui est la sienne, la nôtre. Je n’ai pas envie que ça flotte entre nous. Je déteste l’idée qu’on ne puisse plus être totalement sincères l’une envers l’autre. Donc, oui, j’ai décidé de faire tout mon possible pour avancer… à ses côtés. Je n’ai pas beaucoup d’ami. 66 e fait partie. Je ne veux pas la perdre.

_“ Ca va. … Oui ! Mieux que toi visiblement.” Je pointe son nez cassé. Je sens mes lèvres formés une grimace de compassion. Je n’ai pas été blessée au visage. Mais je sens que ce n’est pas ma première à voir une gueule cassée. “Tu as très mal ? ” Je sais que 66 est une courageuse une vaillante. Je sais qu’elle affronte des douleurs au quotidien. Oui, je sais tout ça. Mais là ça a l’air bien abîmé.

Je me pose devant elle, en tailleur aussi. J’ai un petit sourire parce que je sens qu’on est naturelle. J’ai presque envie de le lui dire. Mais j’ai un peu peur que l'oralité casse ce bon départ. Donc je préfère poser mes mains sur le plaid. Je pose une main sur la sienne. Mais je la recule quand elle parle tout de suite de Doc. Elle me prend de court.

Sur le coup, je lui souris. J'ai les émotions d'hier encore en tête. J'ai angoissé à mort quand j'ai appris qu'il se passait quelque-chose. Je m’ouvre spontanément:

_“ J’ai eu peur. Quand j’ai appris ce qui s’est passé j’ai eu peur pour vous deux. … Je ne veux plus de “dispute” avec toi. J’ai été jalouse. Je le suis encore … un peu. Mais ça ce n’est pas grave. Je ne veux pas vous perdre. Ni lui. Ni toi.” Eh bien… au moins j’ai enfin lâché le sac. Ce n’était pas du tout au programme. Mais je crois que je suis claire. Oui je pense l’avoir bien dit. Avec ça 66 peut être sûre qu’elle compte. Autant que je n’en dise pas trop non plus ça aurait l’effet inverse finalement. “Bref. Je voulais que tu le saches. Maintenant tu sais. Merci de penser à moi.. à Doc… Bref, c’est attentionné. J’apprécie. ” Je pose une main sur la sienne en signe d’affection.

Je lui souris.

_“ Je sais trois fois rien. Tout ce que Sixteen m’a dit c’est qu’elle est “Friday” ont tenté quelque chose avec… une batte et que ça à tourné au carnage. C’est ça ? ” Elle a été dans le "feu" de l'action. Je suis assez curieuse d'avoir son récit propre.

Installe-toi et raconte-moi

Son regard sur ma blessure me fait comprendre qu’elle s’inquiète pour moi. Je prends sa main pour la rassurer et rétablir le contact entre nous. « Ce n'est pas grave juste un mauvais moment à passer»  Dans quelques semaines il n’y paraîtra plus. Doc a tout mis en œuvre pour que mon nez se ressoude droit. « Et pour la douleur ça va déjà mieux qu'hier. Je fais avec» Sans médicaments on n'a pas le choix. Se plaindre ne fera pas partir la douleur. Il fait laisser le temps agir. « Je suis privée de sport au moins pendant 11 jours et c'est cela le plus difficile pour moi" Car sans sport j'ai du mal à évacuer la pression qui ne cesse de s'accumuler en moi. Même si j’ai bien dormi cette nuit et que j’en ressente les effets sur mon moral je ne sais pas si cela va durer.

Lorsque sa main quitte la mienne quand je mentionne Doc, je me dis que j’ai encore fait une bourde et je palis légèrement, je ne veux pas perdre son amitié bêtement. Je sais qu’il y a un truc entre eux deux et je ne veux pas être celle qui gâche cela. Mais elle se met à m’expliquer ce qu’elle ressent et ce qu’il pense. Et je comprends enfin son sentiment.

Je me rapproche vers elle et je reprends sa main que je caresse machinalement. « Ma pauvre, je suis désolé mais tu n’as aucune raison d’être jalouse. La relation que j’ai avec Doc n’est en aucune façon la même que celle qui semble vous relier.»  Nous n’avions jamais pu en discuter franchement entre nous et je tenais à mettre les choses au clair. Je la prends dans mes bras pour lui montrer qu’elle n’a plus rien à craindre, qu’elle ne me perdra pas et que tout peut redevenir comme avant entre nous . « Je serais toujours là. Je ne partirais pas. Je le protégerais toujours, tout comme je te protégerais même si je sais que l’un comme l’autre vous n’allez pas accepter cette protection. Je m’interposerais toujours entre vous et le danger si je suis en mesure de le faire» On en a longuement discuté avec Doc et nous n’avons toujours pas trouvé de terrain d’entente sur ce point, chacun campant sur ses positions. Je sais que j’aurais le même problème avec Ivy mais je ne peux pas changer ma nature profonde. Et avec ceux que j’aime mon instinct de protection est encore plus développé.

Je la laisse s'asseoir confortablement dans le canapé et commence mon récit des événements de la veille. «Je vais essayer de te faire un résumé mais si quelque chose n’est pas clair, interrompt moi que je te donne des précisions.» Je soupire avant de me lancer. «Hier matin on était au sport avec Doc quand une énorme boum a retenti et la porte de l’infirmerie s’est fermée d’un coup sec.»  Ne la voyant pas sur les tapis de course, je m’étais dit qu’elle avait dû s'entraîner plus tôt et qu’elle devait être dans sa chambre. «La porte était impossible à ouvrir. Doc et Friday ont décidé de la défoncer avec des haltères car Sixteen avait envoyé un message disant qu’elle était blessée dans l’infirmerie et que Rouky avait disparu dans un trou sans fond. Après deux tentatives ils ont réussi à l’ouvrir mais la femme en noir qui était apparu dans la salle commune à emmener Friday.Je n’ai toujours pas compris pourquoi elle avait épargné Doc mais je suis bien contente qu'il n’est pas fini une nouvelle fois en prison. «J’ai vu Doc foncé dans l’infirmerie, j’ai donc suivi le mouvement, je ne pouvais pas le laisser y aller seul. À l'intérieur, tout était en ruine. Il y avait un trou dans le mur du fond et une forte aspiration d’air qui nous empêchait d’avancer normalement. J’ai réussi à rejoindre Sixteen qui était blessé, pendant que Doc parlementait avec la créature noire et vaporeuse qui semblait en vouloir à  Sixteen et Rouky car ils avaient fait un trou dans le mur avec une masse» ils avaient cassé un mur pour chercher une pièce cachée ou une sortie. Qui aurait pu penser que cela aurait mis les créateurs de cet endroit dans une rage folle.   «L’entité à décider de nous punir est de casser le reste de l’infirmerie. Je n’ai pas pu éviter un bout du mur qui a été projeté vers moi et mon nez à été cassé à ce moment-là. F404 m’a lancé une corde faite avec les plaids de la pièce commune et nous avons pu sortir avec Sixteen. Doc accompagné de 42 à boucher le trou dans le mur avec un matelas pris dans une des chambres. A sa sortie il est venu nous soigner avec les moyens du bord» Je pense que cela serait bien de trouver une solution pour boucher le trou et remettre le matelas à sa place, mais cela n’est pas de mon domaine de compétence.

J’ai lâcher les informations en vrac, sans réellement faire attention à faire des phrases mais je voulais donner un maximum d’information en un minimum de temps. Je lui laisse le temps de digérer ces informations et de me poser des questions si elle veut plus de détails

_“ Jusqu’au 11. D’accord… C’est long pour toi. ” On partage le goût pour l’activité physique toutes les deux. La dopamine circule dans mes veines chaque matin. Les jours où je manque la session du matin je ne suis pas très bien. Je pense que c’est la même chose pour 66. J’ai une moue désolée pour elle. Je cherche s’il n’y a pas une alternative à lui proposer. “ Même le Yoga ? C’est moins agressif. Ca peut passer ? Je peux en faire avec toi au même horaire. Qu’est-ce que tu en penses ? ”

Une fois que je réussi à lui dire ce qui n’a jamais été dit entre nous, j’ai les épaules moins lourdes. J’aurais probablement dûe lui parler plus tôt. Je me suis défilée. En plus avec tout ce qui se passe dans la Ruche elle même j’ai eu tous les prétextes pour repousser la discussion. Je me retrouve dans le creux de ses bras. Une fois passé mon étonnement, je soupire doucement de soulagement et je rend l’étreinte. Ce n’est que maintenant que je comprends que c’est ce que j’attendais: la paix.

_“ Vous n’êtes pas… en couple ?” Je ne sais pas quoi penser. Je commençais à me faire à l’idée qu’ils sont ensemble. Je débutais un “deuil” des étranges sentiments que j’ai pour Doc. Tout comme ceux qui la concerne elle. Mais si 66 n’est pas amoureuse de lui tout reste possible! Mon soulagement devient encore plus grand. “ J’ai crus que… Je me sens idiote...” Je m’éloigne de son corps chaleureux pour la regarder dans les yeux. “ De quel danger tu parles ? ” Je viens caresser ses cheveux en étudiant son visage. Je veux lire ses expressions. C’est quelque-chose qui m’aide beaucoup pour deviner ce que la personne pense vraiment. J’arrive de plus en plus à détecter les mensonges. Je crois que j’ai appris ça “avant”. “ De toute façon il est hors de question que je laisses quelqu’un d’autre prendre des risques à ma place et encore moins toi. Je t’aime trop. ” C'est dit si naturellement qu'il n'y a pas de doute à avoir. Mais c'est bien de le dire. C'est bien ce qu'elle vient de faire.

Je pose mes mains sur le plaid.

_“Okay.” J’écoute le début de son témoignage. Le mot me vient spontanément en tête. C’est un terme qu’on utilise pourtant pas souvent. Ca concorde là aussi avec l’hypothèse que j’ai partagé avec Zéro. Bref, j'écoute. “ Une femme en noir ? ” Ici tout le monde se ressemble. Sauf quand 123 est passée par là avec sa paire de ciseaux. Mais tout de suite je me doute que c’est un élément nouveau de la Ruche. Je ne suis pas surprise que Doc se soit porté en médiateur. Cela lui ressemble. Je suis honteuse de ne pas avoir été présente pour les aider dans un moment pareil. “Vaporeuse… ? ”

_“... ” Je ne sais pas quoi dire après avoir entendu la fin de la scène. Sixteen ne m’a pas donné tous ces détails. Ca semble plus grave que ce que j’ai crus. Ils ont frôlés la mort. Je me rend compte de ça. Je sens mon ventre se tordre de l’intérieur. Je sais que des gens disparaissent tous les jours. A aucun moment je n’ai envisagé que ça pourrait être Sixteen, 66 ou Doc. Ce que je suis idiote ! Cette fois, c’est moi qui vient serrer 66 contre moi. Je pose mon nez contre son épaule. Je bouge mes mains dans son dos. Je le caresse doucement pour m’assurer qu’elle est bien là, pleine, entière. “ Je n’arrive pas à croire que vous avez failli disparaître. Promet-moi de ne pas disparaître 66 ? ” Personne ne peut faire une promesse pareille. Je le sais de façon intellectuelle. Mais je sais que sans l’un d’eux je perdrais la tête en quelques jours. C’est une réaction très égoïste. Mais je ne peux pas la nier. J’ai besoin d’eux. “ Je ne veux plus jamais que ce soit tendu entre nous. Maintenant on se dit tout. D’accord ? ” Que cette frayeur me serve de leçon pour la suite.

Installe-toi et raconte-moi

Oh oui !  L’attente avant de reprendre le sport va être très longue et il va falloir que je trouve un moyen de m’occuper pendant ce temps. Mais lorsque je me représente en train de faire du yoga, je sens que cela ne me correspond pas. « Je ne pense pas être assez calme pour faire du yoga, Ivy. » Je n’ai malheureusement pas sa capacité à me focaliser et me calmer. Cela serait bien que j’apprenne à le faire mais cela n’est pas ma priorité pour le moment. « Par contre je ferai bien du stretching avec toi si tu es d’accord. Ça reste doux et ça permettra à mon corps de se mettre en marche le matin malgré  mes cicatrices» Et faire du sport à deux me manque.

La  tension entre nous s’est estompée, elle accepte que je la prenne dans mes bras, Je pense que cela aurait été impossible il y a quelques heures. Je la sens se détendre contre moi.

« Non, on n'est pas un couple. On ne la jamais été et crois-moi on ne le sera jamais. » Même si notre complicité peut le faire croire. Doc est comme un frère pour moi. On ne couche pas avec un membre de sa famille ça serait beurk… Enfin non je suis sûr que cela serait parfait car il est exactement le genre d’homme qui me plait et me fait craquer, mais dans notre cas il n’y a aucune chance que cela se fasse. Et je rajoute en riant « Tu serais plus mon style Ivy. »   J’ai toujours adoré les rousses et je ne m’en cache pas. Mais dans le cas d’Ivy, je ne tenterais jamais rien entre nous. Je tiens à la garder comme amie près de moi.

Je la garde contre moi pour lui expliquer ma vision des choses. « Chaque action apporte ses conséquences. Si un jour tu te trouves face à un danger, quel qu’il soit, je tenterai de m’interposer. Même si je sais que tu n’es pas d’accord.» Tu es aussi têtu que Doc. J’ai l’impression de reprendre cette vaine conversation que j’ai eue avec lui la veille. Ils restent campés sur leurs positions l’un comme l’autre, mais je suis aussi têtue qu’eux. Cela me fait râler intérieurement, mais je les aime aussi pour leurs convictions donc je passe outre. « de toutes façons on verra bien ce qui se passe dans le feu de l’action» En espérant que nous n’avons jamais à tester mes théories.

Elle accuse le choc après mon récit des évènements de la veille et me serre encore plus fort contre elle, comme pour vérifier que je suis toujours vivante. « La vie ici n’est pas toujours facile. Tu les sais bien tu as été la première à me parler de disparitions. » Et ce qui s’est passé hier n’a été que les conséquences d’action menées par Sixteen et Rouky. Cela nous a aussi permis de voir comment les autres habitants se comportaient en cas de problème. C’était très instructif, je sais vers qui je peux me tourner maintenant. Je souris à sa demande de promesse « Je ne peux rien te promettre Ivy. Je peux juste t’affirmer que je ferais tout pour rester en vie.» Même si la vie ici n’est pas parfaite il me reste l’espoir de sortir et de recommencer une nouvelle vie cela me motive pour continuer.   « Mais je n’ai jamais eu de secret pour toi. Je ne me confie pas naturellement mais je suis franche. Donc si un jour une chose te gêne ou si tu te poses une question, ne la garde pas pour toi. Demande-moi. Je répondrais toujours » Moi aussi je veux que l’on reparte sur des bases solides. « Je suis sûr que tu as encore des questions qui te trottent dans la tête. Vas-y, je t’écoute. Mettons les choses à plat une bonne fois pour toutes.»

La forme du sport m'indiffère un peu. J’aime surtout le principe d’une activité à deux qui me tente. Je ne sais pas encore si c’est très avisé de lui montrer mon attachement à elle. L’expérience vécue avec Doc m’a donné une leçon que je ne vais pas oublier. Mais je trouve cela rageant d’avoir peur de confier la vérité. Je ne veux pas être une femme qui a peur. Bon sang!

_“ On garde la même heure ? ” Le sommeil est indispensable en période de guérison.

Ce n’est peut-être pas très humain de m’apaiser d’apprendre l’absence d’une relation amoureuse. Mais c’est la première sensation qui vient. Il y a aussi une réaction physique. La boule au creux de mon ventre se dénoue. La pression corporelle se dissout.

_“Moi ?  ” Je fais écho avec un enthousiasme qui me surprend moi-même. Je lui souris. J’incline le menton. Elle a raison… on se plait beaucoup. Je veux dire par là qu’on se plaît sur beaucoup de plans. J’aime son tempérament. Je la trouve belle aussi. Je le lui ai déjà dit. Je ne sais pas si j’ai eu des relations … “féminines”. Mais je sais que j’ai confiance en 66. Je n’ai pas trop de difficultés à imaginer être dans ses bras d’une autre façon. Mais… Doc.  “ Je suis flattée... ”

_“ Dans ce cas tu me permettra de faire de même ! Je crois bien que je suis tout à fait à même de te protéger, enfin de vous protéger tous les deux. Je ne vois pas pourquoi tu aurais l’exclusivité. Non mais. ” Je lui souris avec un rien de désinvolture. C’est pour que cette question de protection ne tourne pas au vinaigre. Mais qu’elle ne s’y trompe pas. Je peux être obstinée. L’une des choses pour laquelle je suis têtue en premier c’est de faire en sorte que tout le monde soit en sécurité. Enfin quand  je ne passe pas complètement à côté d’une Alerte !

Enfin 66 a raison, dans le fond, elle n’est pas celle qui a biaisé notre relation. A la base, oui à la toute base, je suis celle qui a fait blocage. L’envie m’a éloigné d’elle. Avec un peu de recul, maintenant, je n’ai pas le visage que j’ai montré. Je n’aime pas les émotions qui m’ont empoisonnée. Notre nouvelle base va me permettre de me racheter. Je vais essayer…

_“Bien sûre que j’ai des questions pour toi. Tu ne le fais peut-être pas exprès mais tu as pas mal de mystère qui t’entoure encore. Ce n’est pas une critique attention. Et puis tu me connais les mystères et moi... ” Ce n’est pas comme si je passe la moitié de mon temps à chercher à résoudre des énigmes de base! Je m’écarte pour pouvoir la regarder dans les yeux. Je me sens libérée d’un énorme poids. C’est en grande partie grâce à notre envie de se comprendre. Je viens presser sa main. Mon pouce forme des cercles sur sa paume. Je ne sais pas où j’ai appris ça. Mais je trouve ça apaisant. “Parle-moi de tes cauchemars ? On n’en a pas encore réellement parlé. ” Je sais que ça fait partie de sa vie à cent pour cent, et je ne sais rien.

Installe-toi et raconte-moi

Qu’elle accepte qu’on fasse du stretching ensemble m’amène à penser qu’elle  a fait une croix définitive sur notre dispute et que nous repartons sur des bases solides comme à nos débuts. « Même heure cela sera parfait.» On arrive toujours très tôt le matin avec Doc. On aime quand la salle de  sport est quasiment vide le matin. On peut s’entrainer au calme avant d’aller prendre notre petit déjeuner. Donc je serais là quand elle arrivera.

On aurait dû avoir cette conversation plus tôt, elle aurait surement moins souffert.

Elle semble étonnée que je la trouve à mon goût. Je n’ai jamais su choisir entre les hommes et les femmes même si mon cœur balance un peu plus vers les femmes et elle correspond totalement à mon type. « J’ai toujours aimé les belles rousses et soyons franches tu es magnifique. Mais je sais qu’il y a Doc et ça c’est sacré pour moi. » Dans autre vie, j’aurais surement tenté ma chance avec elle.

J’éclate de rire face à son besoin de me protéger aussi maladif que le mien. « Je m’entoure vraiment de gens têtus. Entre toi et Doc, je suis cernée ! » Je dis cela sur le ton de la plaisanterie car je sais qu’ils ne changeront pas et que cela ne sers à rien de me battre face à eux. Mais je les aime comme ils sont et cela me suffit. « Je te fais confiance pour me protéger en cas de besoin. Tu fais partie de celle avec qui je ferais équipe sans soucis. J’ai confiance en toi. Mais ne t’avise jamais de vouloir me laisser à l’écart même si c’est pour me protéger. On forme une équipe, on va au front ensemble. D’accord ?»

Moi des mystères ! Je ne pensais pas être si mystérieuse que ça. «Tu ne me vexes pas, je ne pensais pas être aussi intéressante en fait» Je referme mes bras autour d’elle, bien contente de sentir les  cercles qu’elle forme avec ses doigts sur ma paume. Cela m’aide à me détendre et pouvoir parler de mes cauchemars plus facilement. Je prends une grande respiration car même si depuis les évènements de l’infirmerie j’ai mieux dormi, ils restent difficiles à vivre. « C’est toujours la même chose. Je suis dans un dortoir, je retire mes rangers et je monte dans un lit en hauteur. Je dois bonne nuit la fille qui est couchée dans le lit du dessous et je m’endors. Une explosion me réveille et tout ce dont je me souviens c’est d’être écrasée sous des tonnes de gravats, j’essaye d’appeler au secours et je ne fais que m’étouffer et me sentir écrasé. Je sais que je vais mourir » Des larmes coulent le long de mes joues en silence pendant que je parle. Je sais que je n’ai pas à me cacher d’Iyy. « Je me réveille en sursaut et en hurlant à chaque fois. Incapable de refermer les yeux sans revivre cette scène horrible.»

Je n’ai pas encore entendu de compliment aussi explicite sur mon physique. Peut-être 123 quand elle a remasterisé mon uniforme. Elle a eu l’air de dire que je suis bien proportionnée. Le souvenir de cette soirée me procure encore du bonheur par infusion. Là c’est même plus fort. Je me sens “belle”. J’ai un petit frisson dans le creux du ventre. Je crois qu’on a pu manquer un coche elle et moi. Ou bien est-ce qu’en faisant une fixation sur notre ami commun je passe à côté d’elle ?

_“ Je... ” Je cherche les mots qui pourront décrire ce qui se passe dans mon crâne. “Doc ? Quoi Doc ? ” Je me mord la langue de ma bêtise. Je suis idiote. Je lui pose la question alors que je ne suis pas du tout préparée pour cette conversation là. Etant donné que je ne sais pas moi-même ce qu’il y a dire sur notre relation. J’hésite presque à l’arrêter avant qu’elle me réponde. “ Je... ”

_“ Un drôle de triangle qu’on forme. ” C’est dans son rire que j’ai eu l’image qui est venue en tête directe. Je trouve qu’elle me correspond plutôt bien. D’un côté elle, de l’autre côté lui, le tout formant mon équilibre. Je lui souris et frotte doucement son bras. Je suis heureuse que l’on rit de nouveau ensemble. “ Une équipe ? Entendu. Je te fais confiance moi aussi. Je sais que tu es une femme forte et… bien entraînée. ” Je fais un signe vers ses biceps. J’ai vu son tatouage de l’armée pendant nos douches. “ On veille l’une sur l’autre. ”

Pour pouvoir se protéger on doit aussi savoir qui on est l’une l’autre. Je veux nous éviter de passer par un moment de frayeur sans savoir tout ce que je peux savoir sur les personnes qui comptent. Je vais devoir prendre le temps de papoter avec Sixteen aussi tiens. Je l’écoute et son visage se décompose petit à petit.

_“ Oh non. Pardon. Je ne voulais pas te faire pleurer.” De mes mains je viens éponger ses larmes. Je le fais doucement, tout en l’observant. Mes doigts remontent caresser sa chevelure d’un mouvement apaisant. Je voudrais l’apaiser. “ Ca ressemble à du TSPT ? Doc te l’a confirmé non ? ” Je suis touchée par son mal être. Je m’en veux de l’avoir provoqué. Dire qu’on a si bien commencé. Je l’attire doucement contre moi pour une embrassade. Je lui embrasse la joue avec une affection encore plus sincère qu’avant. “ Tu es vivante. Tu es bien en vie. On a de la chance. ” J’essaye de trouver les mots qui pourront la conforter dans le présent. Maintenant, je comprends son besoin d’avoir un soutien de Doc. J’ai été tellement… égocentrique. Je lui caresse plus fermement les cheveux pour apaiser ma culpabilité.

Installe-toi et raconte-moi

Ma réflexion sur sa relation avec Doc n’est pas faite pour la mettre mal à l’aise ou la gêner, elle est juste là pour mettre les choses aux claires entre nous. Je sens que j’ai touché un point sensible. Mais on vient de se promettre d’être franches  donc malgré  son léger malaise je continue sur ma lancée.   «Oui ma  belle, entre Doc et toi il y a une certaine tension. Je sais que vous étiez très proches avant mon arrivée. Maintenant, il reste ce quelque chose d’indéfinissable, comme une tension»   Au  début je me suis demandé si j’étais la cause de cette distension entre eux mais Doc m’a rassuré sur ce point. Maintenant c’est à eux de voir entre eux comment régler le problème.

« Comme tu le dis, un drôle de triangle. Tellement différents les uns des autres mais avec tellement de points en commun. »    Cela pourra être une force. Nous nous complétons. « Oui l’armée  m’a bien entrainée. J’en ai pris vraiment conscience hier »   Je sais qu'elle a vu tous mes tatouages. Celui de mon biceps est le seul dont j’ai réellement compris la signification. Les autres sont importants je le ressens au plus profond de moi. Je suis particulièrement attaché à celui qui est caché dans le creux de mon aine et que peu de gens on vu. Il me semble  important, sécurisant.

Je mets à lui raconter mes cauchemars et il est normal que je pleure un peu en y pensant. Je ne veux pas qu’elle se sente coupable de m’avoir fait pleurer, je la  laisse essuyer mes larmes et je pose un baiser léger sur ses  lèvres pour me faire pardonner de l’avoir fait culpabiliser. « Tu n’y es pour rien ma belle. Les responsables sont ceux qui ont ordonné l’explosion»   Une TSPT ? Pourquoi pas je n’y avais pas pensé. « On n'a pas posé de mot, ni de diagnostic.Doc a toujours été là pour me rassurer en pleine nuit. On a très vite compris, qu’il le faisait déjà dans la vie d’avant.»   Dans cette vie dont je commence à peine à me souvenir. Celle que j’ai eue entre l’explosion et mon arrivée ici. « Tu as raison je suis en vie et j’en suis heureuse. Mes cicatrices me rappellent chaque jour que la vie est un trésor dont il faut profiter car on ne sait pas quand elle peut vous être reprises.»  Et même si  nous sommes enfermés ici pour des expériences ou pour autre chose, je suis bien décidé en profiter. «Je vais un peu mieux depuis hier. Pour la première fois depuis mon arrivée, j’ai réussi à avoir un sommeil plus reposant cette nuit.»  Et ça c’est un sacré pas dans mon évolution.

«Et toi ? Que t’est-il arrivé pendant ce temps où nous sommes moins vus.»   Je ne me ferme pas à ses questions en posant la mienne. Je suis vraiment intéressé par ce qu’elle a vécu pendant cette période. Elle pourra continuer de  me poser toutes les qu’elle désire, mais  je m’intéresse sincèrement à elle.

Tension, c’est en effet, un mot proche de ce qui émane de entre le Doc et moi. 66 a bien mis le nez dessus. Est-ce que tous les autres le sentent également ? Je ne parle pas de ça avec les autres. Même Sixteen, que pourtant j’aime beaucoup. Je crois que je n’ai pas envie de savoir, de tout savoir. Je peux faire “comme si”.

_“Je ne sais pas ce qui motive le fond… 66. C’est un homme posé et … très attirant. Mais je sais que ce n’est pas ça. Ce n’est pas que ça qui me pousse vers lui. Je… je n’arrive pas à l’expliquer. ” Même quand je veux m’ouvrir sur ce sujet ça n’avance pas. Je sais qu’il y a des éléments manquants. Je suis sûre qu’il y a quelque-chose entre lui et moi. Probablement pas de l’amour, comme je le croyais. Mais… quelque-chose. “Ne pas pouvoir s’expliquer ses propres réactions. C’est ...”

_“ J’aimerais être formée moi aussi. ” Zéro a raison, j’ai des capacités physiques. Je peux être la Ninja qu’il a imaginé. Mais ce que je sais ne suffit pas. Il faudrait que je sois mieux préparée. J’en avais l’intuition avant le drame. Maintenant, je sais que c’est une obligation, un devoir, pour veiller sur les autres. “Quand est-ce qu’ils nous laisserons faire d’autres sports...” Aucun des derniers changements n’ont été dans ce sens. Pourtant, il est clair que je ne suis pas la seule, non que nous ne sommes pas les seules, à avoir envie de faire des sports plus physiques. “Je suis une bonne élève.”

Je la sens bouleversée en contant son mauvais rêve. Je sais que les cauchemars peuvent avoir une sacrée emprise sur nous. Les miens sont plus comme des images, des flashs, qui surgissent et me paralysent. J’espère que les siens finiront par s’estomper…

Je ne m’attend pas au baiser furtif. Mais, en fait, ça me semble presque naturel. Nous avons une complicité physique toutes les deux. Je sais que sa chaleur et sa douceur me feraient du bien. Dans un autre contexte je le lui aurais rendu. Mais, pas alors qu’elle est en pleure dans mes bras, et perdue dans ses émotions. D'autant qu'elle m'a fait comprendre que ça n'était pas quelque-chose qu'elle imagine entre nous. Je lui souris et j’embrasse sa tempe.

_“Tu veux dire que vous vous connaissiez… avant ? ” Ca explique peut-être pourquoi les abeilles vont plus facilement vers certain.es. On est peut-être plus imprégné de notre passé qu’on se l’imagine ? Entendre cette sagesse dans la bouche de 66 cela ajoute une profondeur. Parce que je sais qu'elle a dût se battre pour rester en vie. Je ne l’en admire que d’autant plus. C’est elle la super-héroïne. “Ah oui ? C’est une très bonne nouvelle ! Enfin ! J’espère que ce sera le cas ce soir. Tous les autres soirs. ”

_“Ca a été beaucoup plus calme. ” Ce qui n’est pas dur à imaginer. Je n’ai pas échappé à la mort moi. Je me suis seulement écartée des activités de groupes. J’ai pris le partie de la créature solitaire qui fait son bout de chemin. “ J’ai essayé d’avancer dans les recherches. Sur la Ruche. Mais je rame ! ”

Installe-toi et raconte-moi

C’est vrai que sa relation avec Doc est assez énigmatique On pourrait parler de tensions sexuelles entre eux, mais sans nier qu’ils doivent avoir une attirance réciproque, je ne pense pas que cela soit le nœud du problème. Mais s’il y a bien une chose dont je suis sûre c’est que c’est à eux de régler le problème et je ne veux pas m’en mêler, ni jouer les entremetteuses. « J’aimerais t’aider ou te conseiller mais cette histoire doit se régler entre vous deux. Laisse-lui un peu de temps, il viendra te parler quand cela sera le bon moment. »  Je la serre contre moi car je sais que ce que je lui dis est difficile à admettre

« Je n’ai aucun doute sur tes capacités physiques et d’apprentissage, tu dois être une élève appliquée»  j'ai eu le temps de l’observer pendant nos séances de sport du matin, elle ne lâche pas facilement, elle aime le challenge. « Je ne sais pas si un jour on pourrait pratiquer un sport de contact, mais je me dis que si cela t’intéresse je pourrais te faire faire deux ou trois exercices sans contact. Un peu comme une danse pré établi qui te permettrait d’apprendre les bases de ce que je sais. » Je sais au fond de moi que je sais faire ça et je veux bien commencer à lui transmettre mes connaissances. L’apprentissage est très long mais il faut un début à tout. Un jour on pourra peut-être mettre ces exercices en applications.

Je soupire et calme mes larmes après son baiser sur ma tempe. Je prends une grande respiration avant de lui répondre. « Hier, lorsque Doc a redressé mon nez, j’ai eu comme un flash. Lui et moi dans la même position, mais au lieu de remettre mon nez en place, il vérifiait la bonne cicatrisation de mon visage. D’après les flashs que j’ai eus hier et les jours d’avant, nous avons compris qu’il avait été le médecin qui m’avait pris en charge après mon accident. » Je sais qu’il a été là pendant ma reconstruction physique et psychologique mais nous n’avons pas d’autres souvenirs. « C’est surement de cette période que vient notre complicité .»  Je n’ai aucuns autres souvenirs de ma vie d’avant et je ne sais pas si nos retrouvailles ici sont justes une coïncidence ou un test des concepteurs de cet endroit, mais sans lui je ne serais pas aussi sereine aujourd’hui et je lui en serais toujours reconnaissante « Je prie les esprits pour que mes nuits soient plus sereines Je verrais avec le temps comment cela évolue» C’est déjà un grand pas pour moi de ne pas me réveiller en hurlant Je pourrais supporter les nuits agitées, il semble que j’ai déjà l’habitude de ne pas dormir beaucoup.

« Parle-moi de tes recherches, où en es-tu  ? Peut-être que d’expliquer tes théories à une autre personne donnera un regard nouveau à ce que tes théories. De mon côté, j’ai fait aussi des recherches et je t’expliquerais le peu que j’ai trouvé »  ou plutôt ce que je n’ai pas trouvé.

On ne peut pas obliger quelqu’un à communiquer s’il n’en a pas l’envie. Je le vois bien puisque je me suis échinée ces derniers jours à aller vers lui. Il peut y avoir l’impression d’une femme écourtée par celui qu’elle convoite. Pourtant comme le 66 cela va au-delà d’une attente charnelle. Je sens qu’il me doit des réponse. C’est la seule personne dans la Ruche avec qui j’ai autant d’attentes.

_“Advienne que pourra. De toute façon, je ne vois pas ce que je peux faire de plus de mon côté. C’est comme ça. Mais, je sais que je finirais par avoir des réponses. Ca tu peux me faire confiance. ” C’est une certitude qui me tient. Elle me permet aussi de garder la tête froide quand j’ai envie de m’énerver.

L’analyse de 66 est positive. Je me sens valorisée par ce qu’elle voit de moi. Sans faire d’excès de zéle je trouve qu’elle a raison. Je m’en aperçois. Quand je suis plongée dans une étude je peux être concentrée pendant une longue période. Je sais que mon esprit et musclé à la recherche. Mais ce n’est pas que ça.

_“On commence demain matin ? ” Je me dis que ce type d’exercice n’est pas trop violent pour le corps. On devrait y arriver ensemble. Et puis, j’ai personnellement besoin de défi. Je ne peux pas me concentrer d’entretenir ma forme. Je veux avancer. Dieu que j’aimerais que ça soit aussi le cas pour la Ruche… “Je trouverais cela classe de nous trouver notre chorégraphie de combat. On pourra demander à 123 qu’elle nous fasse des uniformes de guerrières. ” Je veux être un peu plus légère. Après ce qui vient de se passer. Après les sujets qu’on aborde toutes les deux… Il nous faut bien un peu de rires. Ce qui me manque le plus c’est la douceur. Mais ça, je le trouverais plus tard… ou pas. Je commence à me faire une raison.

_“Bon sang. Je sentais qu’il était médecin. Ce dont tu te souviens le confirme. ” Je pose une main sur sa joue. C’est toujours étrange de me dire que ce que je vois n’est pas ce que la nature lui a mis de base. Je me suis imaginé qu’elle pouvait être une espionne. Quelqu’un qui a eu besoin de changer d’identité. C’est un vieux truc de roman policier. Mais je crois que c’est un peu moins romanesque. Elle a du souffrir le martyr… _“C’est une chance que vous soyez retrouvés ici. Je suis sûre que tu vas finir par dominer tes démons. Quand je vois comment tu fais avec la douleur corporelle, il n’y pas de doute. Tu as la détermination pour. ”

_“Oui! Justement! Je comptais venir t’en parler… avant “tout ça”. ” Je lui adresse un sourire complice. Je vais lui changer les idées tant que je le peux. A nous deux on va peut-être élucider une partie de tout ce mystère. Même si on n’y arrive pas cela me fait toujours du bien d’en parler avec une autre personne. C’est comme ça que je pose mieux les hypothèses. “Je cherche à trouver ce qui fait qu’on est ici donc tu te souviens ? Donc j’essaye d’établir des critères de sélections. Une grille qui pourrait permettre d’établir pourquoi sur les 8 000 000 000 d’êtres humains, c’est nous qui sommes là. ” Je pose mes deux mains sur les siennes. Je la regarde droit dans les yeux. “ Mon souci c’est que pour le moment, je n’ai trouvé que des critères d’exclusions! ”

Installe-toi et raconte-moi

Je souris en t'attendant dire que tu trouveras les solutions. Je me pensais têtue mais j’ai trouvé mon maître quand je t’entends. Car ce que je sais de Doc c’est qu’il faut lui laisser du temps et de l’espace lorsqu’il le demande. Non qu’il agisse ainsi de façon égoïste, mais juste qu’il a besoin de faire le point sur les choses et d’arriver à les comprendre avant d’en parler. Toi et moi nous sommes constamment dans l’action et lui dans l’analyse avant l’action. je lui ai dit qu’il ferait un très bon général d’armée mais il ne veut pas en entendre parler. Il ne se sent pas une âme de leader selon lui.Encore une de ces discussions que nous avons entre nous et sur laquelle nous ne serons jamais d’accord lui et moi. «Je sais que tu cherches des réponses et je souhaite que tu les trouves. J'espère juste que tu ne seras pas déçue. »  L’attente crée des désirs qui ne sont toujours pas comblés à la mesure de nos rêves.

Je suis heureuse de voir ton enthousiasme pour tester une nouvelle manière de faire du sport à deux.   « Oui on peut commencer demain après notre séance d’échauffement, je ne peux toujours pas démarrer ma journée correctement sans avoir fait travailler tous mes muscles et détendus mes cicatrices.» Mais une fois lancée on pourra s’y mettre sans soucis. J’ai essayé de voir ce dont je me rappelle il y a quelques jours et mon corps à retrouver ses marques sans soucis et s’est mis à enchaîner les mouvements. Je suis prise d’un éclat de rire à ton idée d'uniforme. Cela me fait du bien de penser à des futilités « Sans parler d'uniforme de guerrière, on pourrait lui demander de nous faire un short et un haut plus pratique que ces chemises pour faire du sport » Cela nous permettrait  une meilleure liberté de mouvement.

Doc est même un très bon médecin au vu de ce que je vois tous les jours dans la glace. « Vu le travail sur mon visage, je dirais chirurgien esthétique. Et un bon selon moi » Je ne sais pas ce qui a fait que la première personne à qui j’ai parlé était lui mais cela a été une bénédiction. Un signe des esprits peut-être. «Oui je ne sais pas ce que j’aurais fait sans lui je dois avouer. Je me demande même des fois si notre rencontre n’était pas programmée ? Merci j'espère que tu as raison. J’ai fait de fait gros progrès hier, il y a des chances pour que cela aille en s’améliorant » Je fais une prière silencieuse espérant que ma demande soit entendue par ceux qui veillent sur nous.


Je me redresse sur le canapé sans te lâcher pour mieux me concentrer sur tes explications concernant tes recherches. « Des critères d'exclusions ? Lesquels ? Cela peut être une bonne piste à suivre» Et je repense à ma discussion avec Doc d’hier soir et à sa théorie qui n’est pas à négliger selon moi. « Je sais que cela ne va pas obligatoirement avec nos caractères mais on pourrait envisager que nous sommes volontaires pour cette expérience ?  » je sais que cela peut paraître dingue comme théorie mais en y réfléchissant je pense qu’on ne peut pas la mettre de côté sans recherche

_“Merci. ” Je sais qu’elle est honnête. C’est une de ses plus belles qualités. C’est aussi pour cela que je peux lui parler en toute confiance des choses qui m’arrivent. Parce que je sais que fasse à elle j’aurais une réaction sans compromis. Ca me semble indispensable pour avancer.

Cela me fait donc plaisir de prévoir et d’organiser notre prochaine séance d’exercices commune. Je sens que l’on est reconnectées. Cela me soulage je ne pense pas que j’aurais bien pris un second deuil de complicité. Cependant, cette vulnérabilité me raconte quelque-chose d’important sur moi-même. Il faut que je rencontre plus de monde. Oui, je dois me faire plus de connaissances.

J’acquièce silencieusement sur son hypothèse. Je reconnais que la possibilité que tout soit programmé par une entité extérieure ne m’a pas échappée non plus. Je ne trouverais pas ça délirant.

_“J’en  suis convaincue 66. Tu es une battante. Les victoires continuent chaque jour. ” Aujourd’hui c’est à moi d’être la catch du moral. C’est un rôle qui me convient. Je suis contente de soutenir les autres. J’aime aider à ce que chacun trouve son potentiel. Avec 66 tout ça est encore plus vrai.

Je la regarde bouger sur le sofa. Je me replace également pour être encore bien face à elle. Je trouve ça bien que l’on puisse avancer sur un sujet mon dur. Enfin moins dur disons un autre sujet. Je ne m’attend pas non plus à ce que l’on trouve la clef du mystère mais...

_“Volontaire ? Tu veux dire… Comme à l’Armée ? ” Elle a raison, cela me paraît inconcevable au premier abord. “Même si c’était ça ? Je ne vois pas quel serait l’intérêt de gommer une mémoire. On chercherait à l’inverse à l’améliorer. Tu ne crois pas ?  ”  Sa réflexion me plonge dans mon propre esprit. Est-ce que j’aurais été capable de prendre une telle décision ? Pourquoi ? La science, l’argent… quoi ?

Installe-toi et raconte-moi

Je suis vraiment heureuse de voir que nous nous reconnectons petit à petit et que nous avons des chances que tout redevienne comme avant. Je suis bien contente de reprendre le sport avec toi. Je prépare déjà un programme bien adapté pour arriver à faire des progrès assez rapidement tout en continuant de nous raffermir musculairement. Je sais que tu seras là pour m’arrêter si je vais trop loin et que je ne fais pas attention à la cicatrisation de mon nez. Cela serait dommage de gâcher un si beau travail. Et peut-être que cette manière de faire du sport attirera des gens qui n’osent pas se lancer dans une activité sportive de peur de ne pas pouvoir suivre le rythme. Je me ferai un plaisir de les aider s’il y a des volontaires.

Je pose ma tête sur son épaule et me cale contre elle heureuse de la retrouver. « C’est gentil de croire en moi . C’est toujours bon de se sentir soutenu »   Je sais que cette nuit n’a été qu’une petite étape dans mon évolution mais c’est déjà un bel avancement. L’avenir semble être souriant. Et avoir des gens de confiance pour m’accompagner dans cette évolution me fait plaisir. Sans le savoir, Ivy a pris une place importante de ma vie ici, et je prie pour que rien ou personne ne nous sépare à nouveau.

Je sais que ma théorie peut paraître folle, mais les expériences de ce genre sont monnaies courantes à l’armée. On nous a fait tester des vaccins et des vitamines qui nous ont boostés sans qu’on en connaisse les conséquences. Je ne serais pas surpris qu’ils se lancent dans une expérience de ce genre. « Oui l’armée ou n’importe quel groupe ayant assez de puissance et d’argent pour monter un plan aussi fou»   Quand je regarde autour de moi, je vois bien toute la logistique et le budget qui doit être mis en œuvre pour faire tourner une telle structure. « Quant à savoir pourquoi nous aurions accepté une telle expérience, là je sèche.»   Je réfléchis un instant avant de te donner mes propositions. « L’argent, la survie, le plaisir. Je ne sais pas qu’elles étaient mes convictions avant d’arriver ici, donc je ne peux pas deviner ce qui m’aurait fait accepter une telle expérience »   Par contre le fait de nous effacer la mémoire ne me choque pas tant que ça. « L’avantage de nous faire perdre la mémoire, leur permet de partir de zéro, comme face à une toile vide. Ils peuvent même chercher à savoir en combien temps nos souvenirs reviennent et sous quelles conditions.»  Mes idées sont peut-être complètement dingues mais elles ne peuvent pas être mises de côté sans avoir été étudiées d’après moi. Je sais que tu es friande de mystères et que cela va t’amener à des réflexions que je n’aurais jamais.