hungry like the wolf ≈ avec F01-67 & F01-234

Les symptômes de manque qui deviennent de plus en plus rare et te voilà qui, enfin, sembles réussir à sortir la tête de l’eau. Les rêves sont toujours agités de cauchemar –qui n’ont encore ni queue ni tête à tes yeux– et l’anxiété au bord des lèvres, mais au moins t’en as fini de passer ta journée la tête dans la cuvette des toilettes. Tu sembles enfin réussir à garder le peu de repas que t’ingères, et t’as plus une si sale tête que ça. Ton teint n’est plus si blanc, si cadavérique, et même s’il persiste quelques cernes dus à tes difficultés à t’endormir au moins tu ne fais plus si peur à voir que pendant les premiers jours. Du coup, tu oses t’aventurer en dehors de ton logement un peu plus souvent que juste pour prendre ton repas. T’as découvert, ainsi, la zone où il y a des livres. T’en as ramené quelques uns dans ton logement, préférant passer le temps en lisant plutôt qu’en ruminant. La zone où il y a des appareils pour faire du sport, tu préfères ne pas l’approcher encore pour le moment. Parce que t’es encore trop faible. Une prochaine fois, surement. Quand tu auras repris des forces et que tu seras en pleine possession de tes moyens.

Tu vas mieux, en tout cas, ça c’est indéniable. Si ton humeur est toujours changeante et irritable, au fond, tu te demandes si c’est pas simplement parce que toi, de base, tu es comme ça. Et puis l’anxiété que tu ressens au quotidien… N’est-ce pas que vous ressentez tous depuis que vous êtes ici, privés de vos souvenirs ? Du coup, t’aurais tendance à affirmer que t’es guérie, et c’est pas pour te déplaire. La voix qui résonne le matin –Aleksa si t’as bien suivie ?– t’avait dit que t’en aurais pour environ deux semaines, et tu le sens, tu touches le bout.

C’est donc avec une attitude presque enjouée que tu quittes ton logement pour te diriger vers la cafétéria. Ton plateau t’est rapidement donné, et c’est avec un soupir de soulagement que tu constates qu’il est bien garni. Une tasse de café, ainsi qu’une grosse tortilla composée d’un œuf sur le plat, de sauce tomate, de riz, d’haricots rouges, de fromage et d’avocat. Un plat haut en couleurs et en gouts qui te donne déjà l’eau à la bouche. C’est la première fois qu’on t’accorde autre chose qu’une simple tasse de thé au gingembre et ton estomac, à en croire ses gargouillis, a hâte de goûter. Même si jusqu’ici dans la Ruche tu n’en avais jamais mangé, tu sais, au plus profond de toi, que t’avais l’habitude, avant, de manger un tel plat. C’est donc avec une certaine impatience que tu vas t’installer à la première table qui passe, curieuse de redécouvrir ces saveurs oubliées.

Un peu plus loin à côté de toi une jeune femme aux yeux très pâles qui te fixe pendant un long moment avant de reporter son attention vers les alentours. Elle semble perdue, et tu devines donc assez aisément qu’elle est nouvelle ici. Une autre femme dont il te semble déjà avoir croisé la route durant ces derniers jours –mais difficile d’être sûre étant donné que tu ne faisais que des passages éclairs– vient de s’installer et la salue pour commenter son plateau. « Au moins c’est plus consistant qu’une tasse de thé au gingembre pour simple repas, que tu peux pas t’empêcher de commenter, ajoutant, J’y ai eu droit pendant deux semaines, mais faut croire que les privations sont finies. » T’attrapes ta fourchette avec une certaine impatience, découpant un bout de ta tortilla pour la fourrer dans ta bouche. « Ce que c’est bon… que tu marmonnes la bouche pleine, plus pour toi-même qu’autre chose, Maintenant je me rends compte que ça m’avait manqué… » La hâte est d’autant plus grande, maintenant, qu’on te fasse manger d’autres petits plats typiques que t’avais l’habitude de manger et d’apprécier avant.