Inconnus vs La Ruche - Round one || Feat. F02-500

Il faut vraiment que je prenne le temps d'explorer un peu plus cet endroit. Ça devrait déjà être fait pourtant, je suis ici depuis plusieurs jours déjà, mais non. J'ai simplement appris à maîtrisé l'art de la téléportation chambre/coin bouffe en un temps record pour me concentrer uniquement sur l'essentiel. C'est-à-dire dormir et manger en essayant de ne pas paniquer. Pourquoi paniquer alors que je ne sais pas ce qui se trouve de l'autre côté de la porte de mon logement? Il n'y a pas de raisons. Aucune raison de panique alors que tout ce que je connais de cet endroit c'est le sol avec lequel je continue presque systématiquement de faire un face à face tous les matins, le fait qu'il n'y a pas assez de bouffe dans les plateaux qu'on me sert et que cette dame étrange qui me parle tous les matins n'arrête pas de me nommer d'un truc étrange dont je ne retiens que le 0. Peut-être que je suis un gros zéro, un loser en puissance, et que je vis dans le déni comme je le fais avec cet endroit. Oh, pire. Peut-être que je suis le patient zéro et que je vais muter, qu'il va me pousser des yeux ou des bras en plus. Peut-être même que je suis malade, le premier de tous à avoir été malade. Ce n'est pas parce que je ne mouche pas mauve et que je ne passe pas ma journée à tousser que je ne suis pas malade pas vrai? Peut-être que je suis contagieux. Peut-être que si je touche quelqu'un il va devenir vert! Peut-être que je suis à l'origine de la création d'une espèce de grenouilles mutantes avec de super pouvoirs et que je n'en ai pas la moindre idée. Oh... la maladie... ça expliquerait peut-être pourquoi je ne me souviens de rien, je ne me souviens pas de moi. Pourquoi en me fixant dans le miroir je ne me reconnais toujours pas, comme si j'étais coincé dans le corps d'un autre. Ah bon sang! Peut-être qu'on a inséré mon esprit dans le corps d'un autre pour la science. PATIENT ZÉRO. Misère... Je pense et parle définitivement trop pour mon bien, ça ne peut pas être normal, ça ne le peut pas. Il faut que j'arrête de vivre dans le déni de cet endroit. Aller, je ne suis pas une chochotte. Je suis, tout ce qu'il y a de plus normal avec mon gros zéro bien appuyé à chaque nouveau matin qui passe. Et les autres hein, les autres? Ce sont des zéros aussi? Je ne sais pas, parce que je n'écoute pas les conversations des autres. La peur de les entendre dire qu'on nous engraisse pour devenir le dîner d'un monstre gigantesque. Quoique je dis ça, mais on ne mange définitivement pas assez. À peine que je termine un bon, gros, juteux, savoureux morceau de viande bien trop bon pour être réel que mon estomac se révolte en une suite successive de gros glouglous qu'on doit entendre à des kilomètres. Peut-être que je dois faire copain copain avec cet endroit. Ça me parle le matin, je dois bien pouvoir lui parler en retour non? Ok, allons. Je peux faire ça. Je l'ai déjà fait plus d'une fois. Il suffit de passer le pas de la porte et juste... ne pas fixer l'horizon et mécaniquement marcher en direction des effluves de nourriture. Il faut juste que... j'ouvre les yeux et je respire un bon coup. Sans hurler. Si je hurle c'est pire. Si je hurle je vais faire paniquer tout le monde. NE PAS HURLER.

Ok, aller, super, parfait. Je tourne la poignée, je bombe le torse, je garde la tête bien haut et j'ouvre la porte. Ok. Woh, c'est que c'est aveuglant un peu par ici quand on prend le temps d'observer plus amplement. C'est blanc, très, trop blanc et triste. Ça manque de couleur. Ça me donne envie de lancer de la peinture partout pour moins avoir l'impression de me trouver dans un hôpital quelconque. Donc, blanc. Blanc avec un balcon et un sol et... des escaliers plus loin. Ça je le sais parce que je me souviens vaguement du mouvement de mes jambes alors que j'avais la vision en tube la plus parfaite. Bien. Super. Hum. Toujours pas posé le pied en dehors de mon chez-moi, ou du moins ce que je suppose être mon chez moi. Ok. Aller, je peux le faire. C'est pas compliqué pourtant de marcher. Un pied à la fois sur le sol, on respire, on avance, on garde un minimum d'équilibre... MAIS BON SANG QU'EST-CE QUI VA PAS AVEC MOI. Ça fait bien quoi? Deux? Trois? Je sais plus... jours que je me balade par ici, mais soudainement parce que je me motive à observer et découvrir et visiter alors là mes jambes et mon cerveau ne sont plus d'accord. Super, parfait, GÉNIAL. Cerveau, tu paniqueras si une banane mutante géante essaie de nous dévorer. Jambes, c'est pas vous le patron alors on écoute et on avance.

Je me racle la gorge, mine de rien, glisse mes mains dans mes poches pour donner l'impression que tout va bien. Ça ne doit tout de même pas se lire sur mon visage si sympathique de toute façon que je suis visiblement complètement paniqué par la situation et le bordel de cet endroit. J'essaie de faire que tout va bien, que c'est cool c'est bon je gère, mais à l'intérieur c'est plutôt AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA ou quelque chose qui s'en rapproche beaucoup. On inspire, on expire, on inspire, on pose un pied sur le balcon... c'est bien super. Maintenant on continue. Direction l'escalier. JE PEUX LE FAIRE. Je vais le faire. Je marche les mains dans les poches en fixant l'escalier que je vais atteindre et puis voilà. Rien ne viendra perturber mon sanctuaire. Rien. Nada. Ça va. Aller je vais bien arriver à me le rentrer dans le crâne à force de le répéter.